AFRIQUE DE L’OUEST

BENIN (17 novembre)

La saison des pluies, qui a commencé fin mars, a dans l’ensemble été favorable. Cependant, la période sèche, qui survient généralement fin juillet/début août, s’est prolongée bien au-delà de la normale, ce qui a retardé les semis des cultures de la seconde campagne dans le sud. Les images obtenues par satellite montrent que l’indice de végétation était normal ou supérieur à la normale en octobre. On rentre en ce moment les récoltes de mil et de sorgho dans le nord. Pour 1997/98, les approvisionnements alimentaires s’annoncent satisfaisants dans la province d’Atacora, mitigés dans le département de Borgou à cause des pluies irrégulières, et à peu près normaux dans le sud. Les superficies ensemencées durant la première campagne agricole sont inférieures à la normale pour le maïs, mais bien supérieures pour les autres cultures, notamment pour le mil, le sorgho, le riz et l’igname. D’après les premières estimations, la production de céréales atteindrait 916 000 tonnes et celle de racines et de tubercules 2,5 millions de tonnes, ce qui est nettement au- dessus de la moyenne.

La situation générale des approvisionnements alimentaires est satisfaisante. Après la récolte d’ignames et la moisson du maïs et du sorgho de la première campagne, les prix ont fléchi sur les marchés qui sont bien fournis. Le gouvernement met en place un stock de sécurité d’environ 1 000 tonnes de maïs et encourage la constitution de stocks au niveau des exploitations. Il reste environ 11 000 réfugiés togolais au Bénin. Les besoins d’importations céréalières pour 1997 (janvier/décembre) sont estimés à 190 000 tonnes (y compris les réexportations), principalement de blé et de riz, dont 16 000 tonnes d’aide alimentaire.

BURKINA FASO (2 décembre)

La saison des pluies de 1997 a démarré relativement tôt au début du mois d’avril dans le sud-ouest du pays. Les pluies se sont ensuite déplacées vers le nord en mai et couvraient l’ensemble du pays en juin. En juillet, certaines zones du centre, de l’est et du nord sont restés sèches. En août, les pluies ont été plus faibles que durant les années précédentes, surtout pendant la première décade. Les opérations d’ensemencement et de réensemencement se sont échelonnées jusqu’à la fin août, en particulier dans le centre, le centre- nord et l’est, où il a fallu réensemencer jusqu’au milieu du mois d’août, à cause de la sécheresse. Après une amélioration pendant la première décade de septembre, la situation a quelque peu dégénéré pendant les deux dernières décades, et les cultures encore jeunes et au stade de la floraison ont été endommagées, surtout dans le nord et le centre. En octobre, les pluies sont arrivées trop tard pour que les cultures puissent se reprendre, dans de nombreuses régions du pays.

En ce qui concerne les ravageurs, la situation a été calme pendant toute la saison de végétation, si l’on excepte quelques infestations de sauteriaux dans les cultures de mil, de sorgho et de maïs.

Une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes qui s’est rendue dans le pays de fin octobre à novembre, a estimé la production céréalière pour la campagne de 1997/98 à 2 275 000 tonnes, soit 8 pour cent de moins qu’en 1996 et 7 pour cent de moins que la moyenne sur cinq ans. Ce niveau, le plus bas depuis 1990, reflète un recul des productions de mil (- 9%), de sorgho (- 13%), et de riz (-12 %). En revanche, les productions de maïs et de fonio ont augmenté respectivement de 13 et de 18 pour cent. Par rapport aux niveaux moyens pour la période 1992/93 à 1996/97, les productions de riz et de maïs devraient progresser de 39 pour cent et de 14 pour cent, alors que celles de mil, de sorgho et de fonio devraient enregistrer des diminutions comprises entre 9 et 14 pour cent. Six provinces sur 30 seulement bénéficieront d’une récolte plus abondante que l’an dernier, et de nombreuses provinces pourraient connaître des baisses notables - de plus de 40 pour cent, dans certains cas, par rapport à 1996.

La récolte étant inférieure à la moyenne, la situation générale des approvisionnements alimentaires sera précaire dans les zones qui ont rentré de faibles récoltes. Les marchés sont généralement bien approvisionnés, sauf pour le maïs. Les prix des céréales restent stables et plus bas que l’an dernier, sauf à Ouagadougou et à Fada N’Gourma. Le Gouvernement a prévu une réunion avec des représentants des donateurs au début du mois de décembre, pour présenter un plan d’action en vue de fournir une assistance dans les zones touchées. On estime qu’une aide alimentaire d’urgence de 67 200 tonnes sera nécessaire pour couvrir les besoins de consommation de 800 000 personnes pendant 7 mois. Il est possible, avec une aide extérieure, de combler les déficits des zones affectées par des pénuries par des transferts de céréales en provenance des provinces où la production a été excédentaire. Les besoins céréaliers pour les programmes d’aide alimentaire en cours peuvent également être couverts en achetant des denrées sur place. Des réfugiés touaregs en provenance du Mali reçoivent actuellement une aide alimentaire.

CAP-VERT (20 novembre)

Les pluies ont été inégalement réparties en 1997. Elles sont arrivées avec un mois de retard à la fin du mois d’août et ont cessé au début du mois d’octobre, quand le maïs était au stade de la floraison. La majorité des cultures semées en juillet sur les îles de Santiago et de Fogo ont été perdues et il a fallu réensemecer dans les deux îles. Pendant les deux premières décades de septembre, les précipitations abondantes sur toutes les îles ont favorisé la croissance du maïs. Cependant, le manque de pluies à partir de la deuxième décade d’octobre, qui a coïncidé avec le stade de la floraison, a nui aux cultures de maïs dans tout l’archipel.

La situation des ravageurs a été relativement calme, quoiqu’une infestation d’acridiens sur les îles de Santiago, Maio et Boavista ait un peu endommagé les cultures de maïs et les pâturages. Les fortes pluies d’août et de septembre ont reconstitué les nappes souterraines, ce qui a permis d’étendre la surface irriguée et eu une incidence bénéfique sur la nutrition et la santé du bétail dans les zones pastorales.

L’amélioration des pluies sur les îles de Santiago et de San Nicolau et la disponibilité de semences ont permis d’augmenter les superficies sous maïs: 33 311 hectares ont été ensemencés cette année contre 32 127 hectares en 1996/97, soit une augmentation de 3,7 pour cent par rapport à l’an dernier et une expansion de 2 pour cent par rapport à la moyenne sur cinq ans. Cependant, le manque de pluies en octobre a détruit les cultures de maïs partout sauf dans les îles de Santiago et de Fogo, où les perspectives de récoltes sont un peu plus favorables. La production nationale de maïs est estimée à 1 137 tonnes, contre 1 304 tonnes en 1996/97, soit une baisse de 13 pour cent. Cette récolte, qui est la plus faible depuis 1987, est inférieure de 84 pour cent à la moyenne sur cinq ans.

En dépit de deux faibles récoltes de suite, la situation générale des approvisionnements alimentaires demeurera satisfaisante dans la mesure où le pays couvre l’essentiel de ses besoins de consommation par des importations. Toutefois, les populations rurales, notamment dans les zones semi-arides ou arides, seront gravement touchées et auront probablement besoin d’une aide.

COTE D'IVOIRE (17 novembre)

La saison des pluies a démarré début mars dans le sud, et fin mars dans le nord, et les pluies ont été abondantes et généralisées jusqu’à la fin du mois de juin. Elles se sont considérablement affaiblies en juillet, en août et au début du mois de septembre sur le sud et le centre, où les précipitations ont été bien inférieures à la normale. Les pluies ont repris et sont restées généralisées de la fin du mois de septembre au début du mois de novembre. Dans le nord, la récolte de mil et de sorgho touche à sa fin et l’on prévoit une bonne production grâce aux conditions de végétation favorables. Dans le sud, la récolte du riz est en cours. Les pluies ayant été insuffisantes de la mi-juillet à la mi- septembre dans le sud, la récolte du maïs et du riz de la campagne principale devrait être plus faible que les années précédentes. Le riz de plateau, qui représente l’essentiel de la production rizicole ivoirienne a gravement souffert de la période de sécheresse. Les semis du maïs de la seconde campagne, qui ont normalement lieu fin août/début septembre n’ont pas pu commencer avant la fin du mois de septembre à cause du manque de pluie. De ce fait, la récolte du maïs de la seconde campagne risque d’être médiocre si la saison des pluies cesse avant qu’il ne soit arrivé à maturité.

La situation des approvisionnements alimentaires est dans l’ensemble satisfaisante et les marchés sont bien approvisionnés. Cependant les prix du riz sont plus élevés que l’an dernier à la même période, probablement par suite de la diminution de la production et de l’augmentation des taxes d’importation. Les besoins d’importations céréalières pour 1997 (janvier/décembre) sont estimés à 505 000 tonnes, principalement de blé et de riz.

Environ 305 000 réfugiés libériens sont présents dans les départements de l’ouest. Leur état nutritionnel est jugé satisfaisant. La plupart d’entre eux devraient regagner leur patrie en 1998, compte tenu de l’amélioration des conditions de sécurité au Libéria. Une aide alimentaire est fournie à 50 000 personnes vulnérables, et à 30 000 enfants par le biais de programmes d’alimentation scolaire.

GAMBIE (20 novembre)

Les pluies tombées en mai dans l’est et en juin dans le reste du pays ont permis de semer tôt les céréales secondaires et le riz de plateau. Les pluies se sont maintenues jusqu’à la première décade de juillet puis ont été interrompues par une vague de sécheresse. Du fait que les pluies ont cessé à la mi- juillet, les cultures précoces de maïs et de mil ont manqué d’eau à un stade critique de leur croissance. L’état des pâturages s’est également détérioré, en particulier dans la Division de la Rive Nord, où les agriculteurs ont dû déplacer leurs troupeaux vers le sud. Cependant, les pluies abondantes du mois d’août ont regénéré les pâturages. De grandes surfaces ont été réensemencées, en particulier dans la Division de la Rive Nord, qui était la région la plus touchée. Le manque de pluies a aussi retardé le repiquage du riz. Bien que les pluies aient repris à la mi-août, pratiquement toute la récolte de maïs a été perdue, de même qu’une partie des cultures précoces de mil et de sorgho. Le repiquage du riz de plateau a été entrepris, mais n’a pu être achevé faute de semences. Le riz de mangrove qui a été repiqué au début du mois d’août se développe bien. Le mil précoce a été récolté avec un mois de retard, à la fin du mois de septembre. La récolte d’arachides devrait être bonne malgré une pénurie de semences, à condition qu’il continue à pleuvoir en octobre. Les précipitations ont été abondantes dans la plupart des régions pendant la deuxième décade d’août jusqu’au début octobre. Elles n’ont été faibles que dans le sud de la Division du Haut Fleuve. Globalement, les pluies cumulées ont été proches de la normale et plus élevées que l’an dernier.

Les cultures ont aussi été infestées par des chenilles. Une attaque de pucerons a aussi endommagé les cultures de mil et d’arachide. Le maïs et le mil ont aussi été affectés par le mildiou à la fin du mois de septembre dans la Division du Haut Fleuve. Une invasion de striga a été signalée dans plusieurs divisions du pays.

Une Mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé la production céréalière totale pour 1997 à 84 750 tonnes, niveau inférieur de quelque 24 pour cent à celui de l’année passée et sensiblement inférieur à la moyenne. Ceci s’explique dans une large mesure par une forte baisse des productions de maïs et de riz de plateau.

En conséquence, la situation des approvisionnements alimentaires devrait être précaire. Les régions les plus touchées sont celles de Badidou et de Jokadou dans la Division de la Rive Nord, de Saloum dans le nord de la Division du Fleuve Central; de Wullli et Sandou dans le nord de la Division du Haut Fleuve. Cependant, comme la production d’arachide s’annonce bonne, les revenus des agriculteurs devraient s’améliorer dans quelques zones.

GHANA (18 novembre)

La saison des pluies a commencé début mars et les précipitations sont restées généralisées jusqu’à la dernière décade de juin où elles se sont considérablement raréfiées. Elles sont restées très faibles dans le sud et le centre en juillet et pendant la première quinzaine d’août, puis ont repris de la fin août à la fin octobre. Bien qu’en août le temps soit habituellement sec dans le sud, la période sèche a été particulièrement longue cette année, ce qui a probablement nui aux cultures de riz et de maïs dans cette zone et retardé les semis du maïs de la seconde campagne. On rentre en ce moment les récoltes de mil et de sorgho dans le nord et les perspectives sont favorables. Dans le sud, la production céréalière devrait être de l’ordre ou en-deçà de la moyenne, en raison des pluies irrégulières. Comme en 1996, la production de racines et de tubercules devrait dépasser la moyenne et compenser la baisse de la production céréalière. Les premières estimations pour 1997 établissent la production de céréales à 1,724 millions de tonnes, niveau inférieur à celui de l’an dernier, et celle de racines et de tubercules à quelque 13 millions de tonnes.

La situation des approvisionnements alimentaires est satisfaisante. Il reste encore au Ghana quelques réfugiés togolais, après les rapatriements massifs de 1996. Environ 30 000 réfugiés libériens reçoivent aussi une aide alimentaire. Les besoins d’importations céréalières pour 1997 sont estimés à 387 000 tonnes, principalement de blé et de riz.

GUINEE (17 novembre)

Les pluies ont commencé fin mars dans l’extrême sud-est, ont augmenté dans le sud en avril et sont devenues abondantes sur l’ensemble du pays de mai à septembre. Le cumul des précipitations au début novembre est supérieur à la moyenne. Les superficies ensemencées pour la campagne agricole de 1997 sont légèrement plus importantes que l’an dernier, normales ou supérieures à la moyenne pour le riz, le manioc et les arachides, et inférieures à la moyenne pour le maïs et le fonio. La récolte des cultures vivrières principales est en cours et devrait être de l’ordre de la normale. Cependant la présence d’un grand nombre de réfugiés dans quelques-unes des principales zones de production a d’importants effets négatifs, notamment dégradation des sols et déboisement.

D’après les dernières estimations, on dénombre au total 545 000 réfugiés libériens et sierra-léoniens en Guinée. Une aide alimentaire est fournie à 60 000 Sierra-léoniens et à 105 000 Libériens. De nouveaux réfugiés sont arrivés de Sierra Leone, notamment en Guinée maritime et forestière. Quelques réfugiés libériens devraient regagner leur pays en 1998, mais la présence de réfugiés accroît la demande de vivres si bien que les stocks disponibles s’épuisent rapidement et que les prix montent. Les besoins d’importations céréalières pour 1997 sont estimés à 375 000 tonnes.

GUINEE-BISSAU (20 novembre)

Dans tout le pays, les précipitations ont été satisfaisantes cette année. Les premiers semis ont commencé en mai et, durant les mois suivants, les pluies ont été abondantes et régulières. En août et en septembre, il y a eu des inondations localisées dans les mangroves du sud et les basses-terres de l’est. Au 30 septembre, les pluies cumulées étaient plus abondantes que l’an dernier mais inférieures à la normale. Cependant, les fortes pluies tombées en octobre pourraient avoir une incidence négative sur le volume des récoltes, en particulier pour le riz de bas-fonds dans le nord et dans l’est.

Une sérieuse infestation de chenilles a affecté les cultures de riz, de mil et de fonio. Quelque 5 000 hectares ont été infestés, et 15 à 20 pour cent des cultures auraient été endommagées. Grâce aux bonnes pluies qui ont favorisé la pousse des pâturages et rempli les points d’eau, le bétail a été bien nourri.

Une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes s’est rendue dans le pays à la fin du mois d’octobre. La superficie ensemencée est estimée à 156 300 hectares, soit une légère augmentation par rapport à l’an dernier et 26 pour cent de plus que la moyenne 1992-1995. Par rapport à la campagne agricole de 1996/97, la surface sous céréales non irriguées a progressé de 4,6 pour cent alors que celle sous riz a reculé de 0,6 pour cent, principalement à cause d’une diminution notable de la culture de riz de mangrove due à une pénurie de main-d’oeuvre. Les évaluations préliminaires établissent la production céréalière totale à 186 600 tonnes, niveau supérieur de 29 pour cent à celui de l’an dernier et dépassant la moyenne des cinq dernières années.

La situation des approvisionnements alimentaires est dans l’ensemble satisfaisante. D’une manière générale, les marchés sont bien approvisionnés et les prix restent stables. Après l’entrée de la Guinée-Bissau dans l’Union monétaire ouest- africaine (UMOA) et dans la zone franc, les prix des produits alimentaires ont un peu augmenté, surtout ceux du riz qui sera par conséquent moins accessible aux habitants pauvres des villes. De ce fait, la situation nutritionnelle demeure assez préoccupante, en particulier dans les zones urbaines. Alors que les cultures non céréalières, telles que le manioc, la patate douce, le haricot et l’anacardier contribueront à couvrir une partie des besoins alimentaires dans les zones rurales, le faible pouvoir d’achat dans les villes et l’inflation galopante risquent de compromettre sérieusement l’accès des citadins aux approvisionnements alimentaires.

LIBERIA* (17 novembre)

Les pluies ont diminué en juillet et août dans l’ouest et cessé dans l’est, puis repris au début septembre pour se généraliser à l’ensemble du pays à la fin du mois. D’après les rapports, le cumul des pluies à fin novembre est normal, mais les précipitations ont été plutôt irrégulières pendant la saison de végétation. La moisson du riz est en cours. La paix et la stabilité relatives qui continuent de régner dans l’ensemble du pays ont créé un climat favorable aux activités agricoles. Celles-ci ont été à peu près normales pendant la saison de végétation dans les comtés de Lofa, Bong et Nimba, qui sont considérés comme le grenier à céréales du pays. Un programme de distribution massive de semences et d’outils a permis d’atténuer les pénuries d’outils manuels et de semences de riz, qui limitaient la production. D’après les rapports préliminaires, 118 000 familles vulnérables, ou quelque 55 pour cent du total, auraient bénéficié de ce programme. Aucun aléa climatique ou ravageur important n’a été signalé. Les rendements du riz et du manioc devraient être de l’ordre de ceux estimés pour la campagne agricole de 1996 et, d’après les estimations actuelles de la FAO pour 1997, les récoltes de paddy et de manioc devraient être nettement plus abondantes que l’an dernier, et atteindre respectivement 170 000 et 280 000 tonnes.

Depuis le retour de milliers de Libériens réfugiés dans les pays voisins, le prix du riz monte rapidement. La majorité des habitants a donc remplacé cette denrée par le manioc, mais les prix augmentent aussi. La situation des approvisionnements alimentaires s’améliore du fait de la reprise des activités commerciales. Une aide alimentaire est actuellement distribuée à quelque 250 000 personnes déplacées, 165 000 personnes vulnérables, 125 000 enfants par le biais de programmes d’alimentation scolaire, et 94 000 bénéficiaires de programmes vivres-contre-travail. L’offre d’aliments sur les marchés urbains est stable, mais la plupart des denrées disponibles proviennent d’une aide humanitaire. La situation des approvisionnements alimentaires se détend dans les zones rurales, car la récolte de la campagne principale est en cours. Dans l’ensemble, le Libéria reste fortement tributaire d’une aide alimentaire, surtout dans les comtés où le nombre de rapatriés est élevé.

MALI (20 novembre)

En 1997, les précipitations ont dans l’ensemble été régulières et bien distribuées, ce qui a compensé les pluies tardives localisées et les plages de sécheresse qui se sont vérifiées tout au long de la saison. La saison des pluies a débuté comme prévu en mai, et les données pluviométriques enregistrées dans la plupart des stations météorologiques étaient normales ou élevées. Les pluies de juin ont été inégalement réparties mais généralement plus abondantes que l’an dernier. Les différentes zones agricoles ont reçu d’abondantes pluies en juillet et leur volume cumulé était normal ou supérieur à la normale dans la plupart des stations du sud et du centre. Les précipitations ont également été abondantes sur l’ensemble du pays en août, et le cumul des pluies au 31 août était normal. Les pluies ont généralement été normales pendant tout le mois de septembre et les deux premières décades d’octobre sur l’ensemble du territoire.

Les semis des cultures pluviales ont débuté en mai et en juin dans la zone soudanienne et dans une partie de la zone sahélienne. Ils se sont généralisés en juillet. Bien que cette année, les semis aient commencé en avance dans la zone sahélienne grâce à l’arrivée précoce des pluies en mai et en juin, l’interruption des pluies à la fin du mois de juin a entravé les semis et obligé à réensemencer dans plusieurs zones. Cependant, les cultures céréalières principales (maïs, sorgho, mil et riz) n’ont pas souffert, sauf dans les régions de Tombouctou, Gao et Mopti, où les pluies excessives ont provoqué des inondations avant la germination du riz, si bien que les rendements ont été inférieurs à la normale.

En ce qui concerne les acridiens, la situation a été calme dans l’ensemble, mis à part la présence de quelques criquets pèlerins ailés isolés dans l’Adrar des Iforas dans le nord. De nombreux oiseaux granivores ont endommagé les cultures de riz dans la région de Ségou. Des traitements aériens et au sol ont contribué à prévenir les attaques d’oiseaux et à minimiser les pertes, mais il faudra être vigilant car les nids n’ont pas été détruits. En ce qui concerne l’élevage, les perspectives sont satisfaisantes car les pâturages étaient généralement en bon état, sauf dans les régions de Nara, Tombouctou, Menaka, et dans le nord des régions de Kayes et de Mopti.

Une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé la production céréalière totale de 1997/98 à 2,4 millions de tonnes, niveau supérieur de 7 pour cent à celui de l’an dernier et supérieur à la moyenne sur cinq ans. Cette augmentation est essentiellement due à une expansion de la superficie sous maïs et sorgho et aux bons rendements du riz, du maïs et du sorgho. La production de mil devrait aussi dépasser la moyenne sur cinq ans, la légère diminution de la superficie ensemencée ayant été compensée par une augmentation des rendements. La récolte de sorgho est inférieure de 14 pour cent à la moyenne des cinq dernières années, mais la production des cultures de la campagne secondaire, comme le blé et le fonio, a progressé. Dans l’ensemble, on prévoit une production céréalière plus abondante dans les principales zones agricoles (Koulikoro, Sikasso, Ségou), mais on s’attend à des déficits dans les régions de Mopti et deTombouctou.

Grâce à la bonne récolte, la situation générale des approvisionnements alimentaires est satisfaisante. Les marchés sont bien approvisionnés et les prix des céréales ont baissé depuis août/septembre, pour tomber à des niveaux beaucoup plus bas qu’en 1996 à la même période. Le stock national de sécurité est évalué à 29 500 tonnes de mil ou de sorgho, niveau plus abondant que l’an dernier, ce qui facilitera d’éventuelles interventions pendant la prochaine campagne commerciale. Des réserves sont disponibles dans les zones les plus vulnérables, notamment dans les régions de Tombouctou et Gao. Une aide alimentaire est distribuée aux Touaregs qui sont revenus des pays voisins. Des excédents exportables sont disponibles pour des transactions triangulaires avec les pays voisins dont la production est déficitaire, notamment le nord et le sud du Sénégal, la Mauritanie et quelques zones du Niger et du Burkina Faso.

MAURITANIE* (20 novembre)

Au début de la saison, en mai, les pluies ont été faibles et éparses dans les zones agricoles du pays. En juin, de fortes pluies sont tombées dans le centre-sud, le sud et l’est. Cependant, du fait de l’interruption des pluies en juillet- août dans le sud-ouest, les cultures non irriguées se sont flétries. Il n’y avait pas suffisamment de semences pour réensemencer lorsque les pluies ont repris à la fin du mois d’août. Ces pluies ont rempli les barrages et les réservoirs dans la quasi-totalité du pays et ont même rompu les barrages de retenue et les diguettes de terre dans le sud et le sud- est. Dans les zones situées en amont des barrages et dans les basses terres, les bonnes réserves d’eau ont favorisé les travaux agricoles. Les crues du fleuve Sénégal ont été plus fortes qu’en 1996, du fait que les eaux du barrage Manantali s’y sont déversées à partir du 27 août pendant 45 jours. Des pluies légères sont tombées sur la plupart des régions en septembre. Pendant la première décade d’octobre, les précipitations ont été abondantes, mais sensiblement plus faibles que l’an dernier à Maghama, Timbedra, Kiffa et Ould Yengé.

En ce qui concerne les acridiens, la situation est demeurée calme. D’importantes attaques de sauteriaux ont obligé à réensemencer à plusieurs reprises et parfois à abandonner les champs dans la zone de Diéri. Des traitement aériens et au sol sont en cours pour lutter contre les nombreux oiseaux granivores. Quelques criquets pèlerins ailés isolés ont été signalés dans le sud pendant l’été et plus récemment dans le nord. Des équipes de terrain postées dans tout le pays, surveillent en permanence la situation.

Une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé à la fin du mois d’octobre la production céréalière totale de 1997/98 à 153 400 tonnes, niveau dépassant de 26 pour cent celui de 1996/97, mais inférieur de 5 pour cent à la moyenne des cinq dernières années. On prévoit des augmentations considérables pour les cultures de bas-fond et les cultures irriguées dans plusieurs zones. En revanche, la production des cultures pluviales, qui sont celles qui ont le plus souffert de l’irrégularité et de l’inégalité des pluies et des attaques de sauteriaux, sera à nouveau faible cette année.

La situation générale des approvisionnements alimentaires devrait être difficile pour les paysans pratiquant l’agriculture pluviale dont la production a été réduite par le manque d’eau, notamment dans les régions des deux Hodhs, de Gorgol et de Guidimaka. Grâce à des importations massives, les prix du blé et du riz demeurent stables, ou ont fléchi. En revanche, les prix des céréales secondaires locales ont monté, par suite des perspectives de récolte défavorables pour les cultures pluviales.

NIGER (20 novembre)

Les premières pluies importantes de 1997 sont arrivées à la fin du mois d’avril dans le sud-ouest et le centre-sud. Elles se sont affaiblies dans le sud-ouest pendant les deux premières décades de mai. En juin, les précipitations ont été faibles et sporadiques, malgré de grosses averses localisées. Leur intensité a augmenté au début juillet sur la plus grande partie du pays, en particulier dans les départements de Dosso et Maradi, dans le sud du département de Zinder et dans les districts de Bouza et Birni N’Konni (département de Tahoua). Pendant la deuxième décade de juillet, les pluies se sont raréfiées, mais se sont améliorées à la fin du mois dans l’ouest et le sud-ouest. La pluviométrie est cependant restée inférieure à la moyenne dans le centre et l’est en août, malgré des pluies torrentielles localisées dans la bande du nord.

Les semis ont commencé à l’arrivée des pluies en avril dans le sud des départements de Dosso et de Tahoua, et en mai dans les départements de Maradi, Zinder et Tillabéri. Les superficies sous mil et sorgho ont été étendues à l’ensemble du pays en juin et en juillet. Les pluies étant inégalement réparties et irrégulières, les semis ont progressé le long d’un axe sud-nord, d’avril à juillet. Dans certaines zones des départements de Tillabéri (Ouallam), Dosso, Tahoua, Zinder et Diffa, les semis précoces n’ont pas pris et d’importantes superficies ont dû être réensemencées. L’insuffisance des pluies pendant les deux premières décades d’août a limité la croissance des cultures dans la majorité des départements. Les cultures tardives risquent de souffrir du manque d’eau, dans certains endroits, en particulier dans les départements de Tahoua et de Maradi.

D’importantes infestations de sauteriaux et d’insectes antophages, de foreurs et de criocères des céréales ont été signalées dans le mil. Le sorgho et le niébé risquent d’être affectés, mais du fait que des mesures de lutte ont été prises en temps voulu, les dégâts aux cultures devraient être limités. Au 24 octobre, sur une superficie totale infestée de quelque 800 000 hectares, quelque 293 000 hectares avaient reçu des pulvérisations aériennes.

Une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé la production céréalière pour 1997/98 à 2,25 millions de tonnes, soit une très légère baisse par rapport à 1996, mais une hausse de 4 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Malgré cette récolte moyenne, on prévoit que les approvisionnements alimentaires seront précaires dans plusieurs zones déficitaires qui ont rentré de mauvaises récoltes, dans certains cas pour la deuxième ou troisième année d’affilée. Les régions les plus touchées, en partant de l’est vers l’ouest, sont les suivantes: Tera, Tillabéri, Ouallam, Filingué, Kollo, Tahoua, Bouza, Keita, Tanout, Myrriah, Gouré, Maina, Diffa et N’Guigmi. Le gouvernement a estimé le déficit céréalier national à 151 000 tonnes, et a lancé un appel pour solliciter une aide internationale pour les populations touchées dans les zones vulnérables. Il a demandé en particulier que les projets en cours dans les zones touchées organisent dans les prochaines semaines des activités productives de contre-saison, en vue de prévenir les déplacements de population. Le Système national d’alerte rapide réunira un atelier national début décembre pour déterminer avec plus de précision les zones touchées et les populations qui devront être suivies au cours de l’année prochaine. En outre, le stock national de sécurité est pratiquement épuisé. Son niveau est à présent d’environ 2 500 tonnes, plus 1500 tonnes à titre de réserve financière. L’Office des Produits Vivriers du Niger (OPVN), qui est l’organisme chargé de la commercialisation, projette d’acheter environ 10 000 tonnes, en plus des 15 000 tonnes promises par un donateur pour reconstituer le stock national de sécurité. Les prix du mil sont relativement élevés, probablement à cause de la forte demande pour les achats locaux de l’OPVN ou des donateurs.

NIGERIA (17 novembre)

Si l’on excepte la pénurie d’engrais qui a continué à entraver la production de certaines cultures, notamment du riz, les conditions de végétation ont été favorables pendant tout le cycle végétatif et la production devrait être normale ou supérieure à la normale, sauf dans le sud-ouest, où quelques zones productrices de maïs ont reçu de très faibles précipitations en juillet et pendant la première quinzaine d’août. La période sèche, qui a normalement lieu en juillet, a duré beaucoup plus longtemps que d’habitude. Dans de vastes zones, il n’a pas plu du tout entre la mi-juillet et la fin septembre, ce qui a retardé les semis des cultures de la seconde campagne. Fin octobre, les images obtenues par satellite montraient que l’indice de végétation était de l’ordre de la moyenne dans le sud et supérieur à la moyenne dans le nord, et les perspectives de récolte sont dans l’ensemble bonnes. Dans le sud et dans le centre, le maïs de la seconde campagne se développe bien et la récolte du riz irrigué est en cours. Des infestations de criquets migrateurs africains risquent de gagner le nord-est du pays, des essaims ayant récemment été signalés dans le sud du Tchad, et les récoltes de mil et de sorgho que l’on rentre en ce moment risquent d’être endommagées.

Les approvisionnements alimentaires restent limités par l’importance des pertes après-récolte et par les coûts de distribution élevés. Des pénuries d’engrais, de semences améliorées et de pesticides ont été signalées pendant toute la saison de végétation. De ce fait, de nombreux agriculteurs ont abandonné le riz et le maïs au profit du mil, du sorgho et des arachides qui sont moins tributaires des engrais. Un recul de la production de riz et de maïs est attendu pour 1997, mais il pourrait être compensé par une progression des productions de mil et de sorgho, sous réserve de l’évolution de l’infestation acridienne. Ceci pourrait avoir une incidence dans les pays voisins, notamment au Niger et au Tchad, qui importent habituellement des céréales secondaires du Nigéria pour couvrir leurs besoins. Les besoins d’importations de riz pourraient également être accrus. Les besoins d’importations céréalières pour 1997 sont estimés à 1 250 000 tonnes, dont 900 000 tonnes de blé et 250 000 tonnes de riz.

SENEGAL (20 novembre)

Après les premières pluies supérieures à la moyenne en mai dans le sud-est et en juin dans le reste du pays, les précipitations ont cessé au début juillet sauf dans le nord- ouest, où il a un peu plu pendant la dernière décade. Les pluies sont redevenues régulières à la mi-août, ce qui a un peu amélioré les conditions de croissance dans le nord-est du pays. En septembre et en octobre, les pluies sont dans l’ensemble tombées en quantité suffisante et en temps voulu. Cependant, on signalait que les pluies cumulées étaient inférieures à la moyenne dans la plupart des zones.

Les premières pluies abondantes de mai et de juin ont permis de préparer les sols et de commencer les semis plus tôt que d’habitude, surtout dans le centre et le sud. La levée des cultures a été satisfaisante mais avec la longue interruption des pluies du début juillet à la mi-août, les premiers semis ont été détruits dans la majorité des zones du centre et du nord. Les rares cultures qui ont résisté et se sont développées étaient principalement concentrées dans les basses terres du nord et dans le centre-nord. La situation n’est pas trop préoccupante pour le sorgho, qui peut atteindre la maturité avec peu d’humidité, mais le manque de pluies en octobre dans le nord et le centre-nord réduira les rendements du mil. L’état des cultures semées tardivement est particulièrement préoccupant dans les régions de Saint-Louis, de Louga et de Thiès, et dans une moindre mesure dans les départements de Kaffrine (région de Kaolack) et de Tambacounda (région de Tambacounda).

Le niveau du fleuve Sénégal a été plus élevé que l’an dernier, mais plus bas qu’en 1995. L’eau du barrage de Manantali s’y est déversée à partir du 27 août pendant 45 jours, mais les champs n’ont pas toujours été inondés pendant suffisamment longtemps pour que les cultures de décrue puissent se développer comme il convient, dans quelques zones de dépression du Matam et du Podor.

La vague de sécheresse prolongée a favorisé des infestations localisées de ravageurs, par exemple de chenilles et de sauteriaux, qui ont détruit quelques cultures, notamment dans la région de Fatick. Sur un total de 294 600 hectares infestés, principalement par des sauteriaux, 171 500 hectares ont été traités. La situation doit être suivie de près afin de détecter la présence d’individus en phase solitaire et de prendre des mesures préventives pour que les cultures semées tardivement ne soient pas endommagées.

En octobre, une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé, sur la base des résultats de l’enquête sur la production nationale, la production céréalière non irriguée de 1997 à 774 000 tonnes. Ce niveau est inférieur de quelque 25 pour cent à la moyenne, et de 20 pour cent à la production de 1996. Si l’on ajoute à cela la production des cultures de contre-saison, qui devrait atteindre 37 100 tonnes, la production céréalière totale s’élèverait à 811 100 tonnes, soit 20 pour cent de moins qu’en 1996 et 21 pour cent de moins que la moyenne. Les récoltes les plus touchées sont celles de mil et de maïs.

Compte tenu de cette récolte inférieure à la moyenne, la situation générale des approvisionnements alimentaires sera précaire pendant la campagne de commercialisation de 1997/98. Les zones les plus vulnérables se trouvent dans les régions de Fatick (notamment les zones de Tattaguine, Niakhar, Colobane Djilor, Fimela et Wadiour), Louga, Thiès (Tivaouane, Méouane, Niakhène et Médina Dakhar), Tambacounda (zones de Koumpentoum, Koutiaba, Fadayacounba et Missirah) et Saint Louis. En septembre, le gouvernement a commencé à distribuer des denrées dans les zones touchées par la sécheresse. Dans le nord, l’impact de la mauvaise récolte peut être en partie compensé par la production des cultures de décrue ou des cultures irriguées. Une aide extérieure est nécessaire pour mettre en oeuvre des activités de production de contre-saison et mobiliser des céréales dans les zones excédentaires du sud en vue de les transférer dans les zones déficitaires du nord. Actuellement, les marchés sont généralement bien approvisionnés. Les prix des céréales ont fléchi en août et en septembre, avant la récolte, sauf ceux du maïs.

SIERRA LEONE* (17 novembre)

Après les émeutes politiques du 25 mai 1997, les conditions de sécurité demeurent précaires, mais quelques livraisons d’aide alimentaire sont encore en cours. La situation générale des approvisionnements alimentaires s’améliore car on rentre en ce moment la récolte du riz, qui est l’aliment de base. Les pluies sont restées généralisées pendant la saison de végétation et l’analyse du couvert végétal, effectuée à l’aide de techniques d’imagerie par satellite, montre que l’indice de végétation était normal durant cette période. Grâce aux conditions météorologiques favorables et à d’importantes distributions d’intrants agricoles par les ONG, la production vivrière devrait être plus abondante que l’an dernier. La récolte du riz pluvial est bien avancée dans les principales zones de production et le riz aquatique pousse bien. Les cultures de manioc, de patates douces, de bananes, d’arachides et de légumes couvrent de grandes surfaces et assurent une part importante des approvisionnements alimentaires d’ici l’arrivée de la récolte principale de riz. Les principales contraintes qui entravent les activités agricoles sont le mauvais état ou l’absence d’infrastructures, l’insécurité, le petit nombre de commerçants restés dans le pays et l’embargo qui interdira toute exportation. Les ménages ont donc des possibilités de revenu extrêmement limitées.

Dans les principales villes, la situation des approvisionnements alimentaires est de plus en plus difficile, après l’embargo imposé par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Bien que l’embargo ne s’applique pas à l’aide humanitaire, les pauvres et les personnes vulnérables seront probablement gravement pénalisés par le ralentissement des activités commerciales et les prix élevés des denrées sur les marchés. Les prix des produits alimentaires sont très élevés à Freetown et les approvisionnements en vivres et en eau se dégradent. On estime que la consommation alimentaire journalière a été réduite d’environ 20 pour cent par rapport à la normale. On signale aussi une pénurie aiguë de combustible qui affecte gravement toutes les activités économiques. Seul un petit nombre de boutiques et de marchés ont réouvert car de nombreux commerçants ont quitté le pays. En raison de l’insécurité, les échanges entre les zones rurales et Freetown sont très limités. D’importantes quantités de riz ont cependant été importées en Sierra Leone avant l’embargo, mais elles sont vendues à un prix très élevé.

Le nombre de personnes déplacées est actuellement estimé à environ 100 000. Une aide alimentaire prélevée sur les stocks existant dans le pays avant l’embargo a été fournie à 26 000 personnes déplacées à Kenema, 15 000 à Makeni et 22 000 dans la zone de Bo, mais ces stocks sont à présent épuisés. L’aide humanitaire est très limitée, en raison de l’insécurité. Environ 60 000 Sierra-léoniens réfugiés dans la Guinée voisine reçoivent aussi une aide alimentaire.

D’après le bilan céréalier national, qui a été dressé début 1997 après la Mission FAO/SMIAR d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de décembre 1996, les besoins d’importations céréalières pour 1997 étaient de 260 000 tonnes, dont 180 000 tonnes d’importations commerciales et 80 000 tonnes d’aide alimentaire. On estime que de janvier à fin août, environ 120 000 tonnes d’importations commerciales ont été reçues et d’après les rapports des donateurs, à la fin septembre, quelque 115 000 tonnes d’aide alimentaire ont été promises pour la Sierra Leone. Ainsi, si aucune importation commerciale supplémentaire n’est possible jusqu’à la fin de l’année, 230 000 tonnes seulement auront été reçues d’ici la fin de 1997, ce qui laisse un déficit de 30 000 tonnes. Le bilan révisé indique que la consommation de céréales par habitant et par an tombera probablement de 114 à 101 kg. Les besoins d’importations céréalières de la Sierra Leone pour 1998 sont actuellement estimés à 300 000 tonnes, à couvrir en quasi- totalité par une aide alimentaire si l’embargo met fin aux importations commerciales.

TCHAD (20 novembre)

En 1997, les pluies ont été irrégulières et inégalement réparties. Excepté des précipitations sporadiques à la fin du mois de mars dans l’extrême sud de la zone soudanienne, les pluies ont généralement été bonnes dans cette zone jusqu’en septembre. Dans la zone sahélienne, les premières pluies sont arrivées pendant la première décade de juin. Les précipitations ont généralement été bonnes en juin et en juillet dans toutes les zones de production, mais en septembre elles ont le plus souvent été sporadiques, inégalement réparties et insuffisantes. Les pluies cumulées à la fin du mois de juillet, c’est-à-dire au terme de la saison des pluies, étaient proches de la moyenne et légèrement plus faibles seulement qu’en 1996.

Dans la zone soudanienne, les semis ont démarré pendant la troisième décade d’avril et les opérations d’ensemencement et de réensemencement se sont poursuivies jusqu’en juillet/août. Les cultures étaient en relativement bon état dans cette zone, bien que celles de mil et de sorgho aient été un peu endommagées par des infestations d’insectes et flétries par endroits à cause des vagues de sécheresse. Dans les zones soudano-sahéliennes, les premiers semis ont eu lieu en juin, mais les cultures de mil et de sorgho se sont flétries lorsque les pluies ont cessé pendant la troisième décade de juin. Il a donc fallu réensemencer en juillet et en août. Les pluies ayant été très faibles en septembre, les cultures se sont à nouveau desséchées et quelques champs ont été abandonnés.

En ce qui concerne les criquets pèlerins, la situation a été relativement calme pendant toute la saison. En revanche, des criquets migrateurs africains sont signalés depuis le début du mois de septembre dans la zone de Dourbali (Massenya) et le long de l’axe Mandalia-Guelendeng (Mayo-Kebbi), à l’intérieur d’une bande de 10 km située de part et d’autre d’une ligne entre les fleuves du Logone et du Chari ainsi qu’à Doum-Doum (Lac). Les pontes ont été échelonnées et les populations acridiennes sont à tous les stades de croissance. Des larves ont été signalées dans le canton de Madiago et le long de l’axe Linia-Dourbali, au sud-est de N’Djamena. De graves attaques ont également entraîné en certains endroits la destruction de pépinières de sorgho et des cultures de décrue repiquées. Les cultures pluviales de mil et de sorgho ont aussi été un peu endommagées. Si des mesures de lutte ne sont pas prises à temps, le criquet migrateur africain menace les cultures, non seulement au Tchad, mais aussi dans le nord du Cameroun. Ailleurs, des sauteriaux ont été signalés dans les cultures tardives de mil et de sorgho dans les préfectures de Ouaddaï, Biltine, Lac, Kanem, Batha, Guera, Chari-Baguimi et Mayo-Kebbi. Leur présence a incité quelques agriculteurs à récolter leurs céréales avant qu’elles n’aient atteint la pleine maturité.

Une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé la production céréalière totale pour 1997/98 à 993 300 tonnes, soit 13 pour cent de plus qu’en 1996 et 9 pour cent de plus que la moyenne sur cinq ans. La hausse concerne principalement le maïs et le riz, qui ont respectivement progressé de 36 et de 47 pour cent. En revanche, la production de mil chandelle devrait diminuer d’environ 7 pour cent. Ceci suppose que des mesures soient prises pour lutter contre le criquet migrateur africain, en particulier dans les zones où l’on cultive des céréales à cycle long et du sorgho de décrue.

On prévoit que la situation générale des approvisionnements alimentaires sera meilleure en 1997/98 qu’en 1996/97, sauf dans les zones où des criquets migrateurs africains auront attaqué les cultures de décrue. Les marchés sont généralement bien approvisionnés et les prix du mil baissent dans la zone sahélienne grâce aux bonnes perspectives de récolte. Le stock national de sécurité est épuisé, ce qui rendra impossible toute intervention dans les zones vulnérables. Le niveau recommandé de ce stock est de 22 000 tonnes, ainsi que l’a estimé une mission de la FAO en 1995. Les donateurs sont instamment priés de contribuer, par des achats locaux, à la reconstitution du stock national de sécurité.

TOGO (17 novembre)

Les pluies ont été abondantes de la mi-août à la fin octobre, et se sont affaiblies au début novembre. Grâce aux conditions climatiques favorables, la production céréalière de 1997 devrait être supérieure à la moyenne. Quelques zones, notamment dans le centre, ont connu des périodes de sécheresse en juillet et en août qui ont probablement retardé les semis des cultures de la seconde campagne. On rentre en ce moment les récoltes de mil et de sorgho dans le nord. Dans le sud, la moisson du riz est en cours et le maïs de la seconde campagne se développe bien. Les estimations préliminaires pour 1997 établissent la production de céréales à environ 755 000 tonnes, celle de racines et de tubercules à 1,2 million de tonnes et celles de légumineuses à 102 000 tonnes, ce qui donne une production totale nettement supérieure à la moyenne.

Les marchés sont bien approvisonnés en produits alimentaires. Il reste dans le pays environ 10 000 réfugiés ghanéens.