TCHAD (20 novembre)

En 1997, les pluies ont été irrégulières et inégalement réparties. Excepté des précipitations sporadiques à la fin du mois de mars dans l’extrême sud de la zone soudanienne, les pluies ont généralement été bonnes dans cette zone jusqu’en septembre. Dans la zone sahélienne, les premières pluies sont arrivées pendant la première décade de juin. Les précipitations ont généralement été bonnes en juin et en juillet dans toutes les zones de production, mais en septembre elles ont le plus souvent été sporadiques, inégalement réparties et insuffisantes. Les pluies cumulées à la fin du mois de juillet, c’est-à-dire au terme de la saison des pluies, étaient proches de la moyenne et légèrement plus faibles seulement qu’en 1996.

Dans la zone soudanienne, les semis ont démarré pendant la troisième décade d’avril et les opérations d’ensemencement et de réensemencement se sont poursuivies jusqu’en juillet/août. Les cultures étaient en relativement bon état dans cette zone, bien que celles de mil et de sorgho aient été un peu endommagées par des infestations d’insectes et flétries par endroits à cause des vagues de sécheresse. Dans les zones soudano-sahéliennes, les premiers semis ont eu lieu en juin, mais les cultures de mil et de sorgho se sont flétries lorsque les pluies ont cessé pendant la troisième décade de juin. Il a donc fallu réensemencer en juillet et en août. Les pluies ayant été très faibles en septembre, les cultures se sont à nouveau desséchées et quelques champs ont été abandonnés.

En ce qui concerne les criquets pèlerins, la situation a été relativement calme pendant toute la saison. En revanche, des criquets migrateurs africains sont signalés depuis le début du mois de septembre dans la zone de Dourbali (Massenya) et le long de l’axe Mandalia-Guelendeng (Mayo-Kebbi), à l’intérieur d’une bande de 10 km située de part et d’autre d’une ligne entre les fleuves du Logone et du Chari ainsi qu’à Doum-Doum (Lac). Les pontes ont été échelonnées et les populations acridiennes sont à tous les stades de croissance. Des larves ont été signalées dans le canton de Madiago et le long de l’axe Linia-Dourbali, au sud-est de N’Djamena. De graves attaques ont également entraîné en certains endroits la destruction de pépinières de sorgho et des cultures de décrue repiquées. Les cultures pluviales de mil et de sorgho ont aussi été un peu endommagées. Si des mesures de lutte ne sont pas prises à temps, le criquet migrateur africain menace les cultures, non seulement au Tchad, mais aussi dans le nord du Cameroun. Ailleurs, des sauteriaux ont été signalés dans les cultures tardives de mil et de sorgho dans les préfectures de Ouaddaï, Biltine, Lac, Kanem, Batha, Guera, Chari-Baguimi et Mayo-Kebbi. Leur présence a incité quelques agriculteurs à récolter leurs céréales avant qu’elles n’aient atteint la pleine maturité.

Une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé la production céréalière totale pour 1997/98 à 993 300 tonnes, soit 13 pour cent de plus qu’en 1996 et 9 pour cent de plus que la moyenne sur cinq ans. La hausse concerne principalement le maïs et le riz, qui ont respectivement progressé de 36 et de 47 pour cent. En revanche, la production de mil chandelle devrait diminuer d’environ 7 pour cent. Ceci suppose que des mesures soient prises pour lutter contre le criquet migrateur africain, en particulier dans les zones où l’on cultive des céréales à cycle long et du sorgho de décrue.

On prévoit que la situation générale des approvisionnements alimentaires sera meilleure en 1997/98 qu’en 1996/97, sauf dans les zones où des criquets migrateurs africains auront attaqué les cultures de décrue. Les marchés sont généralement bien approvisionnés et les prix du mil baissent dans la zone sahélienne grâce aux bonnes perspectives de récolte. Le stock national de sécurité est épuisé, ce qui rendra impossible toute intervention dans les zones vulnérables. Le niveau recommandé de ce stock est de 22 000 tonnes, ainsi que l’a estimé une mission de la FAO en 1995. Les donateurs sont instamment priés de contribuer, par des achats locaux, à la reconstitution du stock national de sécurité.