COREE, REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE POPULAIRE DE* (17 novembre)

Depuis 1995, la RDP de Corée a été frappée par diverses catastrophes naturelles qui ont gravement compromis son autosuffisance alimentaire. Après les inondations de 1996, le pays a bénéficié d’une aide alimentaire sans précédents, fournie par la communauté internationale et sans laquelle les problèmes nutritionnels et sanitaires auraient sans aucun doute pris beaucoup plus d’ampleur dans la population. Malgré l’importance, à court terme, de cette aide alimentaire, il est fondamental que le pays prenne les dispositions nécessaires pour assurer, à l’avenir, une sécurité alimentaire durable. A cet égard, dans le cadre d’une stratégie à long terme, il est essentiel de pouvoir compter sur le bon fonctionnement de l’économie et sur sa capacité de créer des emplois productifs et d’obtenir les devises étrangères indispensables à l’achat d’intrants et de matières premières destinées à l’agriculture et à l’importation de denrées alimentaires en période de pénurie.

A la suite d’une évaluation intérimaire de la sécheresse de cette année, effectuée en août, une Mission FAO/PAM d’évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires s’est rendue en RDP de Corée, du 21 octobre au 4 novembre, pour évaluer la récolte et les perspectives des disponibilités alimentaires pour la campagne de commercialisation 1997/98. A cet effet, la mission a établi des contacts avec les ministères clés, les institutions des Nations Unies et les ONG et a effectué des visites de terrain dans les principales zones agricoles y compris au nord et au sud de la province de Hwangae, au sud de la province de Pyongan et dans la province de Kangwon. En outre, pour évaluer les distributions de vivres et les disponibilités, la mission a visité, parfois au hasard, des foyers, tant dans les zones rurales qu’urbaines, des silos à céréales et des centres publics de distribution, des écoles et des jardins d’enfants.

La mission a noté que la longue sécheresse de cette année a surtout compromis la récolte de maïs, l’une des deux céréales principales du pays, qui a considérablement reculé. Bien que la production de maïs pluvial, (l’essentiel des cultures de maïs) ait considérablement chuté, une production normale a toutefois été possible dans les zones bénéficiant, à divers degrés, de systèmes d’irrigation. La production totale de maïs est estimée à environ 1,14 million de tonnes, soit plus de 50 pour cent de moins que le niveau qui aurait pu être atteint cette année dans des conditions météorologiques favorables. Ce fléchissement très net de la production de maïs coincide avec les réductions considérables de la production dans les principales zones de culture de cette céréale au nord-est de la Chine, qui ont été également frappées par la sécheresse de cette année. Les répercussions négatives de la sécheresse ont toutefois été moins importantes pour le riz car, pour l’essentiel, il s’agit de cultures irriguées. Le niveau des eaux d’irrigation de certains réservoirs, surtout ceux alimentés par les eaux pluviales, a nettement baissé, mais dans l’ensemble les conséquences pour les cultures n’ont pas été aussi désastreuses que le laissaient prévoir les conclusions d’une mission précédente effectuée au mois d’août. Dans les zones irriguées, la production de riz a même été plus élevée que prévu, compte tenu des contraintes actuelles liées aux intrants. Ceci est dû à divers facteurs, notamment à une application plus efficace d’engrais et à la meilleure préparation des sols. Dans les régions côtières, la culture du riz a été compromise dans une certaine mesure par le raz-de- marée qui a accompagné le typhon Winnie en août dernier. Néanmoins, lors des dernières évaluations de la récolte de cette année, les pertes dûes au typhon se sont révélées moins graves que prévu. La production de riz usiné en 1997, en tenant compte des pertes, est estimée approximativement à 1,52 millions de tonnes, ce qui avec le maïs, porte la production totale de ces céréales à 2,66 millions de tonnes en équivalent de riz usiné ou à 3,48 millions de tonnes en équivalent de paddy. Cette année encore, pour la troisième fois consécutive, les disponibilités céréalières seront loin de couvrir les besoins et le pays devra à nouveau avoir recours à une aide alimentaire substantielle, pour faire face à la demande.

Ces dernières années, les contraintes liées aux disponibilités céréalières ont nécessité une révision approfondie de l’utilisation des céréales, dans le cadre d’une stratégie d’adaptation. La mesure la plus significative a été la réduction de l’utilisation des céréales destinées à l’alimentation animale et, partant, du nombre des têtes de bétail. Il est évident que de telles dispositions auront des conséquences à long terme, car la disponibilité de protéines dans le régime alimentaire tombera bien au-dessous du seuil recommandé. Compte tenu de ces limitations, mais en réservant tout de même un volume minimum à l’alimentation humaine, les besoins d’importations de céréales pour 1997/98 atteindront environ 1,95 million de tonnes. On estime que les importations par les circuits commerciaux normaux, y compris les échanges frontaliers informels avec la Chine, représenteront 700 000 tonnes, alors que les promesses d’aide alimentaire dans la filière couvriront 231 000 tonnes supplémentaires. Le reste, pour lequel le pays a besoin d’une aide alimentaire, notamment allouée à des programmes, s’élève à environ un million de tonnes.

Lors de l ‘évaluation globale des questions de disponibilités alimentaires et d’aide alimentaire accordée au pays, la mission a noté ce qui suit. Si la malnutrition chronique n’est pas plus répandue, cela est dû en grande partie au volume exceptionnel de l’aide alimentaire dont le pays a bénéficié au cours des deux dernières années. Il est incontestable que sans cette aide, les problèmes auraient été bien plus graves, surtout pour les groupes vulnérables, comme les enfants. La mission regrette toutefois qu’il n’ait pas été possible de recueillir des données quantitatives acceptables sur l’incidence actuelle de la malnutrition dans le pays, malgré l’évaluation nutritionnelle des Nations Unies effectuée en début d’année. Dans l’intérêt de la transparence, il est fondamental qu’une étude plus significative soit effectuée. Ceci est d’autant plus important que divers organismes humanitaires travaillant dans le pays reconnaissent de plus en plus que les problèmes liés à la nutrition dans le pays, tout comme les symptômes qui en découlent, comme les troubles de la croissance, dépendent autant des problèmes endémiques liés aux disponibilités alimentaires et aux conditons sanitaires qui ont sévi pendant plusieurs années (avant la situation de crise) que des fortes pénuries alimentaires des dernières années. Il est aussi de plus en plus évident qu’il existe des écarts importants en matière de consommation alimentaire. Ceci est imputable entre autres, aux difficultés de transport, aux différences géographiques, (certaines provinces étant mieux équipées que d’autres pour affronter les pénuries), au meilleur accès des communautés rurales par rapport aux communautés urbaines et à un accès différencié aux ressources et aux envois de fonds de l’étranger et partant à la capacité correspondante d’acheter de la nourriture dans les marchés “privés” relativement peu importants qui commencent à se créer.