MONGOLIE* (17 novembre)

Au cours des dernières années, le secteur agricole a fortement souffert du passage d’une économie planifiée et centralisée à une économie de marché. Il a également dû se passer de l’aide technique et économique fournie auparavant par l’ex-U.R.S.S. Avant ces bouleverse-ments économiques, le pays produisait suffisamment de céréales (essentiellement du blé), non seulement pour satisfaire la demande intérieure mais aussi pour les exportations. A partir de 1990, on a assisté à une réduction très nette des superficies moissonnées et à un fléchissement considérable des rendements. En 1996, la production céréalière était inférieure d’environ 70 pour cent aux niveaux d’avant 1990. Cet effondrement est dû en grande partie aux facteurs suivants: morcellement et vente des fermes d’Etat à des sociétés agricoles dans le cadre du programme de réforme économique, endettement élevé, accès limité au crédit, taux d’intérêt élevés, extrême pénurie d’intrants et de machines agricoles en état de marche et mauvaises méthodes de conduite des cultures.

Par conséquent, le pays doit maintenant faire face à un grave déficit alimentaire et ne produit que 60 pour cent seulement des besoins céréaliers estimés. Ainsi, bien que le pays ne se trouve pas dans une situation de crise susceptible de dégénérer en famine, il doit, comme d’autres économies en transition, tenir compte d’un nombre croissant de personnes vulnérables, à faibles revenus, dont les niveaux nutritionnels ont chuté à cause d’une détérioration importante de la conjoncture économique.

Pour déterminer l’ampleur du déficit de cette année une Mission d’évaluation des cultures et des approvisionnements alimentaires de la FAO, financée par le PNUD, s’est rendue en Mongolie en octobre pour évaluer la production de blé et la situation des disponibilités alimentaires pour la campagne de commercialisation 1997/98. L’évaluation repose sur des entretiens avec des représentants du gouvernement, des Nations Unies, des organisations internationales de développement et des ONG, ainsi que sur des visites d’évaluation des cultures effectuées dans les principales zones agricoles.

Selon les prévisions de la mission, la production de blé, en 1997, devrait s’établir à 282 000 tonnes, quelque 28 pour cent de plus que l’an dernier. Malgré cette augmentation, la production reste toutefois inférieure de 40 pour cent à celle de 1990. En outre, cet accroissement tient pour l’essentiel à des précipitations plus abondantes dans les principales zones de production plutôt qu’à une amélioration généralisée du secteur, notamment à un meilleur approvisionnement en intrants. En effet, le problème du crédit et des intrants agricoles est fondamental et il faudra l’affronter si l’on veut rétablir la production alimentaire à l’avenir. Le secteur agricole a un besoin pressant d’investissements à grande ichelle dans les domaines suivants: machines agricoles, produits chimiques, approvisionnement en intrants, circuits de commercialisation et programmes de formation et de recherche. Si des mesures ne sont pas prises dans ce sens, l’avenir de la production céréalière risque d’être sombre pour la plupart des sociétés agricoles et pour le pays dans son ensemble.

Le secteur de l’élevage assure 88 pour cent de l’ensemble de la production agricole. Comme d’autres secteurs de l’économie, le secteur de l’élevage a subi les répercussions des réformes radicales et du morcellement des grandes entreprises d’Etat en unités plus réduites. Pendant la phase de transition, on a enregistré un déclin très net de l’aide budgétaire et des services de soutien à ce secteur. C’est pourquoi certaines infrastructures, comme les puits, se sont détériorées, des coupes ont été effectuées entre autres dans les services vétérinaires, la production de fourrages a diminué, les systèmes de commercialisation restent rudimentaires et les capitaux pour les investissements sont inexistants ou inabordables pour la plupart des propriétaires de troupeaux. Comme les termes de l’échange sont défavorables aux produits de l’élevage, il faut de plus en plus, pour assurer la rentabilité de l’élevage, accroître le nombre d’animaux par unité. De nombreux ménages vulnérables se sont trouvés en situation vulnérable car leur capacité d’absorber les chocs économiques a déjà été compromise.

Les réformes économiques ont eu des retombées négatives sur les ménages: accroissement sensible de la pauvreté, pertes d ‘emplois, diminution de la consommation, réductions des dispositifs de sécurité et des services du secteur social. Parmi les groupes vulnérables les plus touchés on compte ceux qui ont le moins accès aux ressources financières pour se procurer de la nourriture, notamment ceux dont le pouvoir d’achat a été considérablement réduit par une forte inflation. Parmi ces groupes on compte les chômeurs, les personnes âgées, les ménages dont le chef de famille est une femme, les enfants, les retraités et les petits éleveurs. Sans une aide complémentaire, ces groupes, et notamment un nombre croissant d’enfants des rues abandonnés auront beaucoup de difficultés à l’avenir car leur capacité de résoudre les problèmes d’approvisionnement alimentaire sera fortement réduite. De plus, comme les revenus réels ont chuté, les ménages ont été obligés de réduire les dépenses non alimentaires, ce qui a conduit à un accroissement net des dépenses sociales et à un accroissement des achats de denrées plus abordables et moins nourrissantes. Les résultats d’une enquête récente suggèrent que le net accroissement de la sous-nutrition chronique des enfants qui s’établit à quelque 25 pour cent est directement liée aux ajustements de consommation faits par les ménages pour s’adapter à la précarité des disponibilités alimentaires. En outre, la chute nette des cours du bétail par rapport à d’autres denrées alimentaires, a créé des conditions très négatives pour les éleveurs et c’est pourquoi il leur est de plus en plus difficile de gagner leur vie.

En 1996, le ralentissement de l’économie et le déficit commercial ont encore entravé la capacité du pays à importer les quantités de céréales suffisantes pour répondre aux besoins et les intrants agricoles nécessaires au maintien de la productivité. La mission a estimé que les besoins totaux de céréales pour la campagne de commercialisation 1997/98 étaient de 178 000 tonnes soit 175 000 tonnes de blé et 3 000 tonnes de riz. Les importations com-merciales devraient couvrir les besoins en riz et, sur la base des importations céréalières de l’année dernière, s’établir à quelque 85 000 tonnes d’équivalent de blé. Ceci laisse un déficit de 90 000 tonnes, pour lequel le pays a besoin d’une aide alimentaire pour des secours d’urgence et des programmes. La mission recommande que 23 000 tonnes d’aide alimentaire d’urgence soient fournies pour les groupes les plus vulnérables et les plus démunis de la société, qui représentent quelque 6 pour cent de la population. Le solde (soit 67 000 tonnes) devrait être couvert par une aide alimentaire allouée aux programmes. Les deux types d’aide alimentaire seront gérés par le National Poverty Alleviation Programme.