SENEGAL (20 novembre)

Après les premières pluies supérieures à la moyenne en mai dans le sud-est et en juin dans le reste du pays, les précipitations ont cessé au début juillet sauf dans le nord- ouest, où il a un peu plu pendant la dernière décade. Les pluies sont redevenues régulières à la mi-août, ce qui a un peu amélioré les conditions de croissance dans le nord-est du pays. En septembre et en octobre, les pluies sont dans l’ensemble tombées en quantité suffisante et en temps voulu. Cependant, on signalait que les pluies cumulées étaient inférieures à la moyenne dans la plupart des zones.

Les premières pluies abondantes de mai et de juin ont permis de préparer les sols et de commencer les semis plus tôt que d’habitude, surtout dans le centre et le sud. La levée des cultures a été satisfaisante mais avec la longue interruption des pluies du début juillet à la mi-août, les premiers semis ont été détruits dans la majorité des zones du centre et du nord. Les rares cultures qui ont résisté et se sont développées étaient principalement concentrées dans les basses terres du nord et dans le centre-nord. La situation n’est pas trop préoccupante pour le sorgho, qui peut atteindre la maturité avec peu d’humidité, mais le manque de pluies en octobre dans le nord et le centre-nord réduira les rendements du mil. L’état des cultures semées tardivement est particulièrement préoccupant dans les régions de Saint-Louis, de Louga et de Thiès, et dans une moindre mesure dans les départements de Kaffrine (région de Kaolack) et de Tambacounda (région de Tambacounda).

Le niveau du fleuve Sénégal a été plus élevé que l’an dernier, mais plus bas qu’en 1995. L’eau du barrage de Manantali s’y est déversée à partir du 27 août pendant 45 jours, mais les champs n’ont pas toujours été inondés pendant suffisamment longtemps pour que les cultures de décrue puissent se développer comme il convient, dans quelques zones de dépression du Matam et du Podor.

La vague de sécheresse prolongée a favorisé des infestations localisées de ravageurs, par exemple de chenilles et de sauteriaux, qui ont détruit quelques cultures, notamment dans la région de Fatick. Sur un total de 294 600 hectares infestés, principalement par des sauteriaux, 171 500 hectares ont été traités. La situation doit être suivie de près afin de détecter la présence d’individus en phase solitaire et de prendre des mesures préventives pour que les cultures semées tardivement ne soient pas endommagées.

En octobre, une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé, sur la base des résultats de l’enquête sur la production nationale, la production céréalière non irriguée de 1997 à 774 000 tonnes. Ce niveau est inférieur de quelque 25 pour cent à la moyenne, et de 20 pour cent à la production de 1996. Si l’on ajoute à cela la production des cultures de contre-saison, qui devrait atteindre 37 100 tonnes, la production céréalière totale s’élèverait à 811 100 tonnes, soit 20 pour cent de moins qu’en 1996 et 21 pour cent de moins que la moyenne. Les récoltes les plus touchées sont celles de mil et de maïs.

Compte tenu de cette récolte inférieure à la moyenne, la situation générale des approvisionnements alimentaires sera précaire pendant la campagne de commercialisation de 1997/98. Les zones les plus vulnérables se trouvent dans les régions de Fatick (notamment les zones de Tattaguine, Niakhar, Colobane Djilor, Fimela et Wadiour), Louga, Thiès (Tivaouane, Méouane, Niakhène et Médina Dakhar), Tambacounda (zones de Koumpentoum, Koutiaba, Fadayacounba et Missirah) et Saint Louis. En septembre, le gouvernement a commencé à distribuer des denrées dans les zones touchées par la sécheresse. Dans le nord, l’impact de la mauvaise récolte peut être en partie compensé par la production des cultures de décrue ou des cultures irriguées. Une aide extérieure est nécessaire pour mettre en oeuvre des activités de production de contre-saison et mobiliser des céréales dans les zones excédentaires du sud en vue de les transférer dans les zones déficitaires du nord. Actuellement, les marchés sont généralement bien approvisionnés. Les prix des céréales ont fléchi en août et en septembre, avant la récolte, sauf ceux du maïs.