SIERRA LEONE* (17 novembre)

Après les émeutes politiques du 25 mai 1997, les conditions de sécurité demeurent précaires, mais quelques livraisons d’aide alimentaire sont encore en cours. La situation générale des approvisionnements alimentaires s’améliore car on rentre en ce moment la récolte du riz, qui est l’aliment de base. Les pluies sont restées généralisées pendant la saison de végétation et l’analyse du couvert végétal, effectuée à l’aide de techniques d’imagerie par satellite, montre que l’indice de végétation était normal durant cette période. Grâce aux conditions météorologiques favorables et à d’importantes distributions d’intrants agricoles par les ONG, la production vivrière devrait être plus abondante que l’an dernier. La récolte du riz pluvial est bien avancée dans les principales zones de production et le riz aquatique pousse bien. Les cultures de manioc, de patates douces, de bananes, d’arachides et de légumes couvrent de grandes surfaces et assurent une part importante des approvisionnements alimentaires d’ici l’arrivée de la récolte principale de riz. Les principales contraintes qui entravent les activités agricoles sont le mauvais état ou l’absence d’infrastructures, l’insécurité, le petit nombre de commerçants restés dans le pays et l’embargo qui interdira toute exportation. Les ménages ont donc des possibilités de revenu extrêmement limitées.

Dans les principales villes, la situation des approvisionnements alimentaires est de plus en plus difficile, après l’embargo imposé par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Bien que l’embargo ne s’applique pas à l’aide humanitaire, les pauvres et les personnes vulnérables seront probablement gravement pénalisés par le ralentissement des activités commerciales et les prix élevés des denrées sur les marchés. Les prix des produits alimentaires sont très élevés à Freetown et les approvisionnements en vivres et en eau se dégradent. On estime que la consommation alimentaire journalière a été réduite d’environ 20 pour cent par rapport à la normale. On signale aussi une pénurie aiguë de combustible qui affecte gravement toutes les activités économiques. Seul un petit nombre de boutiques et de marchés ont réouvert car de nombreux commerçants ont quitté le pays. En raison de l’insécurité, les échanges entre les zones rurales et Freetown sont très limités. D’importantes quantités de riz ont cependant été importées en Sierra Leone avant l’embargo, mais elles sont vendues à un prix très élevé.

Le nombre de personnes déplacées est actuellement estimé à environ 100 000. Une aide alimentaire prélevée sur les stocks existant dans le pays avant l’embargo a été fournie à 26 000 personnes déplacées à Kenema, 15 000 à Makeni et 22 000 dans la zone de Bo, mais ces stocks sont à présent épuisés. L’aide humanitaire est très limitée, en raison de l’insécurité. Environ 60 000 Sierra-léoniens réfugiés dans la Guinée voisine reçoivent aussi une aide alimentaire.

D’après le bilan céréalier national, qui a été dressé début 1997 après la Mission FAO/SMIAR d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de décembre 1996, les besoins d’importations céréalières pour 1997 étaient de 260 000 tonnes, dont 180 000 tonnes d’importations commerciales et 80 000 tonnes d’aide alimentaire. On estime que de janvier à fin août, environ 120 000 tonnes d’importations commerciales ont été reçues et d’après les rapports des donateurs, à la fin septembre, quelque 115 000 tonnes d’aide alimentaire ont été promises pour la Sierra Leone. Ainsi, si aucune importation commerciale supplémentaire n’est possible jusqu’à la fin de l’année, 230 000 tonnes seulement auront été reçues d’ici la fin de 1997, ce qui laisse un déficit de 30 000 tonnes. Le bilan révisé indique que la consommation de céréales par habitant et par an tombera probablement de 114 à 101 kg. Les besoins d’importations céréalières de la Sierra Leone pour 1998 sont actuellement estimés à 300 000 tonnes, à couvrir en quasi- totalité par une aide alimentaire si l’embargo met fin aux importations commerciales.