TADJIKISTAN* (14 novembre)

Vu les désordres civils sporadiques et la terrible situation économique du pays, il est très difficile de recueillir des informations fiables et systématiques et les données sur l’offre et la demande de produits alimentaires restent extrêmement aléatoires. La récolte de céréales 1997 est estimée par la FAO et le personnel EC-TACIS dans le pays à environ 0,6 million de tonnes, soit mieux que la bonne récolte de 1996, maintenant officiellement estimée à 543 000 tonnes. Les superficies ensemencées en blé ont encore augmenté aux dépens des céréales secondaires, des cultures fourragères et, dans une moindre mesure, du coton. Les conditions de croissance cette année ont été meilleures que l'année dernière. Les rendements varient énormément selon la qualité du terrain (irrigué, salin ou non) et selon l'accès des agriculteurs aux intrants. Les rendements moyens de blé dans deux zones de projet où les agriculteurs recevaient un ensemble d'intrants ont été respectivement de 2,95 et 2,25 tonnes cette année. Toutefois, ces zones ne sont pas représentatives du pays et l’on a pris comme base un rendement national moyen de 1,5 tonne par hectare . Bien que faible (et représentant probablement les rendements après remboursement en nature des dépenses de production), il reflète une situation dans laquelle chaque lopin de terre non- étatique disponible, cultivable ou non, a été ensemencé en blé. On estime que la production fourragère et, dans une moindre mesure, celle des denrées alimentaires a diminué du fait qu'une quantité croissante de terres a été consacré au blé. La production de coton, la principale culture de rapport, devrait se rétablir par rapport au faible niveau de l'année dernière mais rester en dessous de la moyenne.

La situation alimentaire demeure précaire par suite des troubles civils intermittents, de l'étendue du chômage, du sous-emploi, des régimes fonciers inadéquats et de la couverture sociale toujours plus inefficace. D'après les résultats de la première enquête de vulnérabilité alimentaire menée au niveau national par la CE cette année, 16,4 pour cent de la population ne dispose pas d'une sécurité alimentaire et ne peut se permettre un régime alimentaire adéquat sans une assistance ciblée. Ce pourcentage varie légèrement d'une région à l'autre mais est réparti de façon assez uniforme entre les zones rurales et les zones urbaines.

Même si la production céréalière a augmenté en 1997, le pays pourrait être confronté à un déficit en céréales. L’importance de ce déficit dépend essentiellement du nombre d’habitants, estimé par l'ONU à 5,5 millions de personnes mais le chiffre réel pourrait être inférieur de 1,8 million de personnes. En estimant les aliments pour bétail et les autres utilisations (surtout les semences) à 140 000 tonnes, et en supposant une consommation de céréales par habitant de 360 grammes par personne et par jour, les besoins pour la consommation humaine seraient de 740 000 tonnes pour une population de 5,5 millions. La production de céréales (les légumineuses et le riz usiné exclus) est estimée à 583 000 tonnes, laissant, virtuellement, un besoin d'importations de 300 000 tonnes. Toutefois, ces besoins seraient réduits si l'on prend l'hypothèse d'une population moins nombreuse. La capacité d'importations commerciales ne devrait pas excéder le niveau de l'année dernière; estimée à environ 160 000 tonnes, elle laisse un besoin d'aide alimentaire de 137 000 tonnes avec le scénario d'une population plus importante. Environ 90 000 tonnes ont déjà été promises jusqu'à présent. Les besoins d'aide humanitaire resteront importants pour les populations vulnérables.