SOUDAN* (2 avril)

La moisson du blé de 1998 doit bientôt commencer. La récolte s’annonce bonne car les réserves d'eau ont été suffisantes et les températures ont été adéquates ces deux derniers mois. Selon les premières prévisions officielles, la production serait de 557 000 tonnes, soit une baisse de 13 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de l'année dernière, mais résultat conforme à la moyenne. La diminution de 15 pour cent des emblavures, due principalement à la suppression de zones marginales dans les plans d'irrigation pour la culture de blé, ne sera que partiellement compensée par de meilleurs rendements.

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires envoyée sur place en novembre et décembre 1997 a estimé la production totale de céréales secondaires de la campagne principale de 1997 à 4 millions de tonnes, soit une baisse de 15 pour cent par rapport à la bonne récolte de 1996, mais le résultat reste supérieur à la moyenne. Les cultures ont souffert dans certaines régions de l'insuffisance des précipitations, particulièrement dans le sud du pays. Même si la production est inférieure aux besoins de consommation, l’abondance des stocks de report de sorgho due à l'interdiction d'exporter permettra de combler le déficit. Les prix du sorgho sont toujours relativement bas grâce aux réserves importantes.

En dépit d'approvisionnements alimentaires globalement satisfaisants, la situation est toujours critique dans le sud du Soudan où sévit la guerre civile. L'intensification du conflit depuis janvier, en particulier dans la province de Bahr El Ghazal, a provoqué de nouveaux déplacements de population, aggravant ainsi une situation alimentaire rendue précaire par la faible récolte de 1997 du fait de la sécheresse. La mission FAO/PAM a estimé que la production céréalière était de 45 pour cent inférieure à celle de l'année précédente (sauf dans le Renk). Les Etats de l’Equatoria oriental, des Lacs, de Bahr El Jebel et de Bahr El Ghazal sont les plus touchés, la récolte de la première campagne ayant été perdue en raison d'une sécheresse prématurée et prolongée. La mission a également estimé que 60 à 70 pour cent de la population des Etats de l’Equatoria oriental, de Bhar El Ghazal, des Lacs, d'une partie de l'Etat de Jonglei et des zones limitrophes auront besoin d'une aide alimentaire d'urgence pendant trois à six mois cette année.

Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté dans le sud. On signale des pénuries généralisées et une aggravation de la malnutrition chez les enfants. Près de 350 000 personnes déplacées dans la province de Bahr El Ghazal, dont 150 000 de date récente, risquent de connaître la famine au cours des prochains mois. La distribution de l'aide alimentaire, qui avait été entravée par des restrictions gouvernementales depuis le début février, devrait reprendre grâce à l'autorisation accordée par le gouvernement de rétablir les vols humanitaires à destination de Bahr El Ghazal. Les donateurs sont instamment invités à accroître leur aide alimentaire et à apporter un soutien financier, notamment pour l'achat de semences et d'outils en vue de la prochaine campagne, ainsi que pour le financement d'opérations logistiques.