AFRIQUE DE L’EST

BURUNDI* (5 juin)

Grâce aux pluies abondantes des deux premières décades de mai, les conditions favorables se maintiennent pour la production agricole de la seconde campagne de 1998, dont la récolte débutera en juin. Les conditions météorologiques ont été favorables depuis le début de la campagne et les superficies cultivées ont été augmentées en raison du retour des familles d’agriculteurs qui ont quitté les camps de “regroupement” pour regagner leur terre. Pourtant, la hausse de la production de cette campagne sera entravée par la faible utilisation d’engrais résultant de l’embargo économique en vigueur et par les pénuries de semences de qualité après deux mauvaises récoltes consécutives.

Les récoltes médiocres de la dernière campagne, l’embargo économique actuellement imposé par les pays voisins, l’insécurité dans plusieurs zones et le déplacement d’un grand nombre de personnes ont entraîné une plus grande insécurité alimentaire. Les prix des denrées alimentaires, en forte hausse depuis la fin 1997, se sont stabilisés à des niveaux élevés durant le mois de mai. La situation est particulièrement critique pour les quelque 600 000-700 000 personnes les plus vulnérables qui n’ont pas accès à leur terre ou qui n’ont pas pu ensemencer leurs champs quand ils sont rentrés. On estime qu’environ 300 000 personnes ont connu d’importantes pénuries alimentaires. Une malnutrition accrue est également signalée dans les camps de personnes déplacées.

ÉRYTHRÉE* (5 juin)

Les semis de céréales et de légumineuses de 1998 sont sur le point de commencer. La saison des pluies n’a pas encore débuté. La population de criquets pèlerins a rapidement baissé grâce aux opérations efficaces de lutte menées par le gouvernement au cours des derniers mois.

La situation des approvisionnements alimentaires reste difficile du fait de la mauvaise récolte de 1997 et de la réduction des quantités pouvant être importées des pays voisins. Les prix des céréales et des légumineuses continuent de monter et ont considérablement dépassé les niveaux de l’année dernière.

ÉTHIOPIE* (5 juin)

Les pluies abondantes des deux premières décades du mois de mai ont été bénéfiques pour les cultures “Belg” de 1998 qui doivent être récoltées à partir de juin. La production “Belg” ne représente qu’environ 7 pour cent de la production céréalière totale du pays, mais elle est importante dans diverses zones où elle constitue l’essentiel des approvisionnements alimentaires annuels. Après la période de sécheresse de la fin mars et de la première décade d’avril, les précipitations ont été abondantes et ont permis aux cultures de se reprendre. La récolte s’annonce généralement bonne et on prévoit une hausse de la production par rapport au niveau insuffisant de l’année dernière.

Les pluies abondantes du mois de mai ont également amélioré l’état du sol pour les semis de céréales de la campagne principale de 1998 et ont été bénéfiques pour les cultures déjà semées. Grâce au programme de distribution d’engrais actuellement mené par le gouvernement, les premières estimations relatives à la campagne à venir sont favorables.

En dépit d’une situation globalement satisfaisante en matière de disponibilités alimentaires, quelque 5,3 millions de personnes concernées par la faible production agricole de la campagne principale de 1997 et les groupes vulnérables de la population connaissent des difficultés alimentaires. Par rapport aux besoins d’aide alimentaire d’urgence de 420 000 tonnes, les contributions annoncées à la fin mai s’élevaient à 395 000 tonnes, dont 208 000 ont déjà été livrées.

KENYA (5 juin)

Les perspectives concernant les céréales de la campagne principale de 1998 sont favorables. Même si la saison des pluies est partie avec un certain retard, les précipitations abondantes en avril et mai ont permis d’effectuer les semis et ont été bénéfiques pour les cultures déjà semées. On prévoit une production normale, supérieure à la récolte de l’année dernière, qui avait souffert de périodes de sécheresse, puis de précipitations au moment de la moisson. Les pluies de juin seront décisives pour les résultats des récoltes de cette campagne.

Suite à la faible production de maïs de la campagne principale de l’année dernière, les besoins d’importation pour la campagne de commercialisation de 1997/98 (octobre/septembre) sont estimés à 750 000 tonnes, dont l’essentiel devrait être couvert par les circuits commerciaux.

OUGANDA (5 juin)

Les perspectives pour les cultures vivrières de la première campagne de 1998, dont la récolte commencera en juillet, se sont détériorées à la suite d’une vague de sécheresse qui sévit par endroits depuis la seconde décade de mai dans le centre et le sud-est. Seules des précipitations supplémentaires pourront éviter une diminution des rendements potentiels. En dépit de l’arrivée tardive des pluies, les superficies ensemencées en maïs devraient avoir augmenté par rapport à l’année dernière où il y eût des pénuries de semences.

Dans l’ensemble, la situation des disponibilités alimentaires est satisfaisante. Les prix des haricots et du maïs restent stables et sont inférieurs à ceux de l’année dernière. Néanmoins, on signale des pénuries alimentaires à l’ouest et au nord du pays où la récolte de la seconde campagne de 1997 a été réduite. La situation est également difficile pour les réfugiés et les personnes déplacées dans les districts de Gulu et de Kitgum où continuent à sévir les troubles intérieurs. L’insécurité croissante dans les districts de Kabarola et de Kasase, à l’ouest, a entraîné de nouveaux déplacements de population.

RWANDA* (5 juin)

Depuis le début de la saison des pluies, des conditions favorables se maintiennent pour les semis de la deuxième campagne de 1998, qui seront moissonnés à partir de juin grâce aux précipitations normales ou supérieures aux valeurs moyennes. Néanmoins, on ne prévoit qu’une faible hausse de la production par rapport au niveau de la campagne précédente, qui avait été compromise par les pluies excessives. En effet, les graves pénuries de semences, l’insécurité et le manque de main-d’oeuvre dans certaines zones se sont traduits par une réduction des superficies cultivées.

En ce qui concerne les approvisionnements alimentaires, la situation précaire résultant de la récolte insuffisante de la dernière campagne s’est détériorée au cours des derniers mois avec la recrudescence de l’insécurité et les violents incidents dans les préfectures du nord-ouest de Gitarama et dans plusieurs zones de Ruhengeri et Gisenyi. Un grand nombre de personnes ont été déplacées. On signale de graves pénuries alimentaires dans différentes zones, mais des difficultés d’ordre logistique dues aux fortes précipitations et aux inondations du début de l’année ont sérieusement limité le volume de l’aide alimentaire livrée, qui est resté bien en dessous des besoins estimés. Les prix des denrées alimentaires, en forte hausse au cours des derniers mois, se sont stabilisés en mai.

SOMALIE* (5 juin)

Les perspectives des céréales de la campagne principale «Gu», qui assurent environ 80 pour cent de la production annuelle dans les années normales, ne sont pas favorables. On estime que les superficies ensemencées en maïs et en sorgho ont fortement diminué en raison des pluies insuffisantes et irrégulières depuis le début de la saison, ainsi que d’un ensemble de facteurs négatifs liés aux inondations de l’année dernière. Ceux-ci comprennent: superposition de la récolte des cultures de contre-saison ensemencées entre janvier et mars avec les semis des cultures de la campagne Gu; prolifération des plantes adventices; attaques d’insectes et de ravageurs; champs encore inondés; destruction des canaux et des berges de rivière; pompes détériorées et manque d’argent liquide pour louer des tracteurs à la suite de la perte d’emplois. L’insécurité a également déterminé une réduction des superficies cultivées dans certaines zones.

Les rendements pourraient également souffrir de la vague prolongée de sécheresse survenue dans la deuxième décade de mai et du fait que l’essentiel du sorgho consiste en des repousses à bas rendement provenant des cultures de la dernière campagne.

Si la production de céréales de la campagne Gu de 1998 diminue encore, il s’agira de la cinquième mauvaise récolte consécutive, ce qui risque d’avoir de graves conséquences sur la situation alimentaire déjà précaire de la majorité de la population.

SOUDAN* (5 juin)

La moisson du blé de 1998 est terminée. Selon les premières estimations, la production est de 550 000 tonnes, soit une baisse de 13 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de l’année dernière, mais un résultat conforme à la moyenne. La diminution de 17 pour cent des emblavures a été partiellement compensée par les meilleurs rendements qui ont pu être atteints grâce à l’approvisionnement suffisant en eau et aux températures favorables. Les semis de céréales de la campagne principale de 1998 vont bientôt commencer dans les zones du nord et du centre du pays.

En dépit de la situation satisfaisante des disponibilités alimentaires, de graves difficultés d’approvisionnement subsistent dans certaines parties du sud du pays. L’intensification des troubles intérieurs depuis janvier, en particulier dans la province de Bahr El Ghazal, a entraîné de nouveaux déplacements de population, aggravant ainsi une situation alimentaire rendue déjà précaire par la mauvaise récolte de 1997 due à la sécheresse. Cela, conjugué aux difficultés de distribution de l’aide, a conduit à une grave malnutrition dans les Etats de Bahr El Ghazal, du Haut-Nil occidental, de l’Equatoria oriental, où l’on signale dans certaines zones des cas de décès dus à la famine. Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté dans toute la région et ils sont trop élevés pour la majorité de la population. Les mécanismes permettant d’affronter la situation ont tous été épuisés. Dans la seule région de Bahr El Ghazal, 350 000 personnes, dont 150 000 qui viennent d’être déplacées, risquent de connaître la famine à moins qu’une aide alimentaire d’urgence ne soit distribuée. Les études nutritionnelles conduites par l’UNICEF parmi les enfants de moins de cinq ans à Wau, la capitale de l’Etat de Bahr El Ghazal occidental, font état d’une malnutrition générale de 29 pour cent, dont 9 pour cent de malnutrition grave.

Les premières estimations concernant la production vivrière de la campagne principale de 1998, qui sera récoltée à partir de juillet, ne sont pas encourageantes. Les semis, qui s’effectuent habituellement en avril, ont diminué. De larges étendues de terre n’ont pas été cultivées en raison des déplacements de population. Les dernières images satellite montrent que des pluies tardives, mal réparties et généralement insuffisantes sont tombées entre la fin mars et la fin mai, avec des valeurs bien en dessous de la normale à Bahr El Gazal, l’Etat le plus touché par les troubles intérieurs, et dans certaines zones de l’Etat de Equatoria occidental. Les graves pénuries de semences, résultant des mauvaises récoltes de l’année dernière, ont également compromis les semis.

TANZANIE (5 juin)

Les précipitations normales ou supérieures à la normale du mois de mai ont été bénéfiques pour les cultures de la longue saison des pluies dans les régions à régime de pluies unimodal du centre et du sud. Les moissons vont bientôt commencer. Néanmoins, la hausse de la production de cette année, par rapport aux faibles niveaux de 1997, pourrait être entravée par la réduction des superficies ensemencées due aux fortes pluies et aux inondations survenues lors des semis.

Dans les régions à régime bimodal du nord et du nord-est, les pluies abondantes relevées depuis avril ont été bénéfiques pour les cultures Masika. Les perspectives pour les moissons du mois d’août sont bonnes. On signale que les pâturages et le bétail sont en bon état suite aux pluies généralement abondantes des derniers mois de l’année passée. Dans les zones concernées par la diminution des récoltes de 1997, on prévoit une amélioration de la situation des approvisionnements alimentaires à partir du mois prochain, avec l’arrivée de la nouvelle récolte.