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Léconomie afghane a été perturbée par des troubles civils quasiment ininterrompus depuis 1979. De ce fait, le déplacement massif des populations et le chômage généralisé ont conduit à une baisse des revenus et à un accès limité aux vivres, surtout dans les zones urbaines. Lagriculture a également souffert, à cause de lendommagement des infrastructures dirrigation, de la présence des mines et de lexode des agriculteurs quittant les zones à risque. La production alimentaire a été affectée, et le pays, qui était pratiquement autosuffisant vers le milieu des années 70, est devenu largement dépendant des importations de lex-URSS dans les années 80 puis du Pakistan et de la République islamique dIran dans les années 90. La plupart des aliments importés sont consommés dans les villes.
Bien que lAfghanistan nait été autosuffisant en céréales quà 70 pour cent pendant la plus grande partie de cette décennie, il y a des signes de reprise de production depuis deux ou trois ans, grâce à lamélioration des conditions de sécurité dans certaines régions. Après la mission FAO/PAM dévaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires de 1997, qui avait estimé que la production céréalière de lannée dernière avait atteint le niveau le plus élevé depuis plusieurs années, une mission FAO/PAM, appuyée par le PNUD, sest rendue en Afghanistan du 4 au 27 mai 1998. Cette mission était chargée destimer la récolte céréalière et les besoins dimportations pour la campagne commerciale 1998/99, afin de vérifier si les progrès vers lautosuffisance observés en 1997 se poursuivaient et dévaluer la situation alimentaire des diverses régions du pays. Une attention particulière devait être accordée aux provinces de Bamyan et de Badakhshan, traditionnellement déficitaires en produits vivriers et presque entièrement coupées de leurs circuits dapprovisionnement habituels. La mission a visité 15 des 30 provinces, dans louest et lest du pays, y compris dans celles de Bamyan et Badakhshan. Le Nord na pas été visité pour des raisons de sécurité et il sest avéré impossible dinclure le Sud-Ouest dans litinéraire. Toutefois, la couverture a été complétée par une enquête menée auprès de 1600 agriculteurs par des délégations locales, dans des régions non visitées par la mission.
Des entretiens approfondis ont eu lieu avec des agents du PNUD, du PAM, de la FAO et de diverses ONG, aussi bien en Afghanistan quà Islamabad et Peshawar. Divers rapports sur lAfghanistan ont fait lobjet danalyses critiques, notamment les résultats de lenquête auprès des agriculteurs. La mission a utilisé la base statistique formulée par la mission FAO/PAM de 1997 qui avait estimé les surfaces cultivées par région à partir dune extrapolation des données du recensement agricole de 1968 corrigées en fonction de deux relevés par satellite plus récents et de divers éléments dappréciation. Les estimations relatives aux rendements reposent à la fois sur les visites de terrain, les résultats de lenquête et de multiples entretiens avec des paysans, et sur les divers facteurs agronomiques qui ont influé sur la production de cette année. Les estimations de la production céréalière pour 1997 et 1998 ont été vérifiées par des recoupements avec les estimations de la consommation et des importations nationales, sous forme dun bilan.
La reprise de lagriculture dans les régions du pays épargnées par les combats sest poursuivie en 1998 et la production céréalière totale a encore augmenté. La mission a estimé la production céréalière totale pour 1998 à 3,85 millions de tonnes, soit 5 pour cent de plus que lannée dernière, dont 2,83 millions de tonnes de blé, 450 000 tonnes de paddy, 330 000 tonnes de maïs et 240 000 tonnes dorge. La récolte navait pas été aussi abondante depuis 1978, bien que dans certaines zones de graves inondations aient endommagé les cultures sur pied et les infrastructures dirrigation. Laccroissement de la production est dû à la réaction des agriculteurs aux prix élevés de lannée dernière (plus de 300 dollars la tonne), qui les ont incité à augmenter les emblavures de blé, et à des précipitations généralement favorables en hiver et au printemps. En outre, lamélioration des conditions de sécurité dans de nombreuses régions et la réhabilitation partielle de lagriculture ont également contribué à la bonne récolte.
Toutefois, le taux dhumidité supérieur à la normale a favorisé une forte incidence de la rouille jaune striée (Puccinia striiformis) dans les plantations de blé, ce qui a considérablement diminué les rendements. Leffet conjugué dinondations localisées (par exemple dans le sud-ouest et, sporadiquement, dans le Nord-Ouest), et de lexpansion de la rouille, sest traduit par une baisse de rendement des cultures irriguées.
Alors que la production de céréales irriguées est légèrement inférieure à la récolte de lannée dernière qui avait été bonne, la production de blé pluvial devrait, selon les prévisions, augmenter de 29 pour cent. Cette situation pourrait donner lieu, comme en 1997, à des excédents localisés dans le nord puisque la circulation naturelle des céréales vers Kaboul et vers le Sud est entravée par plusieurs lignes de front. A Kunduz, on signale déjà une chute des prix du blé. Probablement, ces excédents seront écoulés vers les pays de la CEI ou grossiront les stocks de report au-dessus du seuil habituel. Selon les prévisions, fondées sur une hypothèse de sécurité relative au cours des quelques mois à venir, les huit provinces du nord (nord et nord-est dans le Tableau 1) devraient produire approximativement 1,5 millions de tonnes de céréales cette année (40 pour cent du total). Cependant, si les activités militaires sintensifient ou que le conflit sétend, la moisson pourrait être interrompue et il faudrait réviser les prévisions à la baisse.
Malgré la perspective dune bonne récolte céréalière, il faudra recourir largement aux importations pour nourrir la population croissante. Les importations totales devraient atteindre 740 000 tonnes pour la campagne commerciale 1998/99 (juillet/juin), légèrement plus que lannée dernière. La mission a estimé les besoins daide alimentaire durgence à 140 000 tonnes de blé en raison dune augmentation des besoins durgence imputables aux inondations, au tremblements de terre et à la fermeture des voies dapprovisionnement dans certaines régions.
LAfghanistan est un pays montagneux, dont le territoire sétend sur 652 000 km2 et occupe une position stratégique entre les plaines dAsie centrale et les montagnes des pays de la CEI au nord, le Pakistan à lest et la République islamique dIran à louest. La population est actuellement estimée aux environs de 20 millions dhabitants répartis en quatre grands groupes ethniques bien distincts. Le pays est ravagé par la guerre depuis 1989.
Le pays compte comme ressources naturelles le gaz dont les réserves sont estimées à 150 milliards de mètres cubes, le pétrole dont la production est estimée à 100 millions de barils au minimum et le charbon qui est la seule ressource actuellement exploitée. Les reliefs sont élevés et dans lensemble, le terrain est sec et accidenté, mais les vallées, très fertiles sont propices aux cultures irriguées. Lagriculture a toujours occupé une place de choix dans léconomie et fournit 50 pour cent du PIB. De nos jours, son rôle est encore plus significatif. Elle est la principale source de production, demplois et de revenus depuis leffondrement de lindustrie et des exportations de gaz, dû à la guerre. La dévastation causée par la guerre et le minage des terrains ont également freiné lagriculture, mais le retour à une situation de paix relative dans le sud du pays depuis trois ans a permis une reprise.
Dix-neuf années consécutives de conflit ont cependant profondément marqué le peuple afghan. Au début des années 90, au moment des plus fortes hostilités, on estimait que 30 pour cent de la population avait quitté le pays ou sétait déplacé à lintérieur des frontières. Depuis 1992, sur les 6 millions dexpatriés afghans, environ 3 millions sont revenus. La population dans son ensemble accuse les conséquences de la guerre civile. Le nombre de handicapés, de veuves, dorphelins et de chômeurs est le plus élevé du monde. Dans lindice du développement humain du PNUD, lAfghanistan est pratiquement en queue de classement. Les statistiques concernant le taux de mortalité infantile et maternelle, lespérance de vie, laccès aux soins de santé et à leau potable sont parmi les plus décevantes du globe. Les stratégies de survie adoptées par les plus démunis pour faire face à la famine deviennent de plus en plus dérisoires dans les régions directement touchées par le conflit.
Leffondrement de lindustrie et la nécessité de financer leffort de guerre ont provoqué une importante baisse de la production et du commerce, une inflation galopante et une diminution de la valeur de la monnaie locale. Dernièrement toutefois, grâce à une situation de relative stabilité dans le Sud du pays, on a assisté à une stabilisation des prix. Dans les régions contrôlées par les Talibans, les exportations de produits horticoles vers le Pakistan ont augmenté et on note des signes dun retour à des échanges commerciaux plus normaux, notamment dans lest et le sud du pays, et surtout dans la province de Hérat. Kaboul dont les infrastructures ont été sérieusement endommagées nest quà 25 km de la ligne du front, ce qui empêche la libre circulation des vivres en provenance du nord. Dans le nord où le conflit se poursuit, linflation est nettement plus élevée.
La communauté internationale continues à jouer eu un rôle très actif en Afghanistan, non seulement pour essayer de rétablir la paix, mais aussi dans le domaine des secours, de la rehabilitation, du déminage et du développement (surtout agricole). A loccasion du Sommet mondial de lalimentation, en novembre 1996, un projet pour le développement de lagriculture nationale a été présenté et, depuis, un Forum international pour laide à lAfghanistan sest tenu à Ashgabat en janvier 1997, suivi dun appel consolidé dassistance lancé par les Nations Unies.
Dans les régions épargnées par le conflit et le banditisme, la sécurité a permis un certain retour à la normale, notamment dans le secteur de lagriculture et de la production alimentaire. Les échanges commerciaux ont pu reprendre plus librement dans les zones contrôlées par les Talibans. Les facteurs de production sont disponibles et les marchés de produits agricoles ont recommencé à fonctionner avec une certaine efficacité. La campagne 1998 est la meilleure depuis des années et le cheptel saccroît régulièrement. Le plus gros reste à faire mais il est évident que les agriculteurs ont réagi de manière positive à lamélioration de la situation, sauf dans les zones où les affrontements et les blocus perturbent les circuits commerciaux et dans celles qui sont touchées par des catastrophes naturelles (tremblements de terre, inondations).
Depuis 1976, date à laquelle la production de céréales avait atteint le niveau record de 4,5 millions de tonnes, lAfghanistan ne parvient plus à couvrir ses propres besoins. A partir de 1978, les hostilités ont entraîné une diminution constante de la production, qui sest poursuivie au cours des années 80, pour tomber au plus bas en 1990. La production ne représentait que 60 pour cent du niveau de 1976. Avec la diminution des bombardements dans les campagnes et lintensification des combats dans les centres urbains, notamment à Kaboul, dès 1990, la production a repris lentement et les bienfaits de la sécurité accrue dans les zones rurales se sont fait sentir dès 1995. Les marchés ont opéré plus normalement, le déminage a amélioré laccès et la sécurité, et les agriculteurs ont réagi à la fermeté des prix agricoles. Le conflit se poursuit dans le nord du pays, mais la production nationale a encore augmenté en 1998, grâce au rôle positif de divers facteurs, à savoir dabondantes précipitations et lamélioration de la sécurité dans le sud et dans presque tout lest du pays. Le Tableau 1 contient les prévisions concernant la production céréalière pour la campagne de commercialisation 1998/99, comparées aux estimations révisées pour 1997/98.
1997/98 | 1998/99 | |||||
Superficie (milliers ha) |
Rendement (tonnes/ha) |
Production (milliers de tonnes) |
Superficie (milliers ha) |
Rendement (tonnes/ha) |
Production (milliers de tonnes) |
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Blé irrigué | ||||||
Centre | 71 | 2 | 142 | 69 | 1.7 | 117 |
Nord-Est | 197 | 1.7 | 335 | 200 | 1.6 | 320 |
Est | 71 | 1.9 | 135 | 75 | 1.7 | 128 |
Sud | 95 | 1.5 | 142 | 95 | 1.5 | 143 |
Sud-Ouest | 254 | 1.8 | 457 | 270 | 1.7 | 459 |
Ouest | 183 | 1.8 | 329 | 190 | 1.9 | 361 |
Nord | 292 | 1.6 | 467 | 280 | 1.5 | 420 |
Centre-Est | 61 | 1.2 | 73 | 55 | 1.3 | 72 |
Total partiel | 1 224 | 1.7 | 2 080 | 1 234 | 1.6 | 2 020 |
Blé pluvial | ||||||
Centre | 20 | 0.8 | 16 | 20 | 0.9 | 18 |
Nord-Est | 260 | 0.6 | 156 | 260 | 0.7 | 182 |
Est | 10 | 0.8 | 8 | 10 | 0.9 | 9 |
Sud | 40 | 0.8 | 32 | 42 | 0.8 | 34 |
Sud-Ouest | 90 | 0.8 | 72 | 90 | 0.9 | 81 |
Ouest | 210 | 0.8 | 168 | 230 | 1 | 230 |
Nord | 220 | 0.7 | 154 | 250 | 0.9 | 225 |
Centre-Est | 50 | 0.5 | 25 | 50 | 0.7 | 35 |
Total partiel | 900 | 0.7 | 631 | 952 | 0.9 | 814 |
Total blé | 2 124 | 2 711 | 2 186 | 2 834 | ||
Céréales secondaires (par culture) | ||||||
Riz (paddy) | 180 | 2.2 | 400 | 180 | 2.5 | 450 |
Maïs | 200 | 1.5 | 300 | 200 | 1.6 | 330 |
Orge (exclusiv. céréale) | 200 | 1.3 | 250 | 200 | 1.2 | 240 |
Total partiel | 580 | 950 | 580 | 1.8 | 1 020 | |
Total céréales | 2 704 | 1.4 | 3 661 | 2 766 | 1.4 | 3 854 |
La répartition des pluies a été généralement bonne pendant la saison culturale. A Djalalabad, dans la province de Nangarhar, la pluviométrie pendant les quatre mois allant de novembre à mars a été de 275 mm, plus que la moyenne pour la région. Les chutes de neige ont été exceptionnellement abondantes sur la quasi totalité du territoire, avec une pointe de 187 cm enregistrée à Ghazni. La neige a persisté plus longtemps que dordinaire dans les provinces de Ghazni et Bamyan en particulier, retardant la préparation de la terre pour les semis du blé de printemps. Entre octobre et le 20 mai, Ghazni a reçu 180 mm de pluie. Le blé de printemps ayant une période végétative de quatre mois minimum, des semis tardifs pourraient empêcher la pleine maturation de la récolte si le froid survient au moment de la moisson dans la province de Bamyan. Le froid a empiété plus longuement sur le printemps, et les dernières plaques de neige ont fondu alors que le mois de mars était bien entamé. A Ghazni, sur 19 des 31 jours de mars, on a enregistré des températures inférieures à 0°C. Le froid extrême a endommagé des cultures à Logar, Paktia et Ghazni (la température la plus basse enregistrée dans la ville de Ghazni en janvier a été de - 22°C) ce qui aura un effet significatif sur le rendement potentiel du blé irrigué dans ces provinces.
Les inondations dans certaines zones des provinces de Kandahar et de Helmand, en mars, ont endommagé des cultures. Les provinces de Nimroz et Ourouzgan ont également souffert dinondations localisées. Les inondations ont aussi touché les cultures dans les provinces septentrionales de Samangan et Jowzjan où, selon les estimations, 3 000 hectares ont été détruits. Mais les grosses pluies ont avantagé les zones qui se trouvent à lextrémité des systèmes de canaux dirrigation ainsi que les cultures de blé pluvial dans tout le pays.
Pour Hérat, lon signale des pluies bien réparties et abondantes pour le blé pluvial, mais aussi suffisantes pour garantir de bonnes récoltes dans toutes les régions de blé irrigué. Les précipitations se sont poursuivies jusquà la moisson dans les provinces de Kounar et Laghman mais ont cessé à temps pour permettre de moissonner dans de bonnes conditions. Dans le nord, des pluies plus abondantes que la normale ont été favorables à la plupart des cultures pluviales, notamment le blé.
Daprès les estimations, la superficie semée en blé irrigué a augmenté de 10 000 hectares, passant à 1 234 000 hectares, due au retour sur leurs terres des agriculteurs qui étaient réfugiés dans les camps au Pakistan et en République islamique dIran, de lavancée constante du déminage et de la réparation des infrastructures dirrigation et grâce à linstallation dun plus grand nombre de pompes pour puits profonds dans les provinces de Ghazni et Paktika. Pour le blé pluvial, les emblavures sont passées de 900 000 à 952 000 hectares, cette augmentation étant principalement concentrée dans louest et le nord. Une pluviosité supérieure à la moyenne dans la région dHérat a entraîné un fléchissement de la production de cumin blanc concurrencée par le blé pluvial sur les mêmes terres et les bons profits réalisés par les agriculteurs lannée dernière les ont incités à augmenter les superficies cultivées (lorsque des terres étaient disponibles). Lon signale aussi une extension des superficies consacrées au blé pluvial dans les provinces septentrionales de Balkh, Faryab, Samangan et Jozjan.
Dautre part, la concurrence avec les plantations de pavot saccentue. La culture du pavot sest considérablement étendue dans les provinces de Nangarhar et de Badakhshan. Le manque de semences de blé dans la province de Bamyan après la très faible récolte enregistrée dans cette région en 1997, couplé aux effets du blocus et de graves inondations, sest soldé par une réduction des emblavures. Laffectation croissante des terres à lhorticulture surtout dans lest, limite les surfaces disponibles pour le blé irrigué. Les basses températures au printemps, qui ont retardé la fonte des neiges, ont entraîné une réduction des superficies plantées en blé de printemps dans la province de Bamyan et dans certaines parties des provinces de Paktika et Ghazni.
Semences: Le personnel du projet de la FAO estime que la majorité des agriculteurs (environ 98 pour cent) prélèvent leurs semences sur la récolte précédente. Les variétés locales - avec des rendements de 1,2 à 1,5 tonne par hectare - sont les plus courantes. Au cours des deux dernières campagnes, 8 400 tonnes de semences améliorées, principalement du blé irrigué, ont été distribuées à 78 000 agriculteurs dans tout le pays par le projet FAO/PAM/PNUD "Vivres - semences". Ces semences, qui peuvent produire plus de 3,5 tonnes par hectare ont été distribuées avec la dose recommandée dengrais pour obtenir le rendement économique optimal. La mission a pu observer à Ghazni des cultures qui paraissaient plus productives. Les principales variétés, telles que le Pamir 94 sont résistantes à la rouille jaune. Il est important que de nouvelles variétés résistantes à la rouille jaune soient continuellement ajoutées au système de façon à diversifier les sources de résistance pour pallier déventuelles défaillances. Les agriculteurs les plus réceptifs aux semences améliorées sont ceux des régions de Kaboul, Wardak, Hérat, Helmand, Kandahar, Nangarhar, Kounar et Lagham. Les variétés améliorées, caractérisées par des tiges plus courtes, sont moins attrayantes pour les paysans qui possèdent des animaux et priment davantage la valeur fourragère de la plante.
Engrais et pesticides: La plupart des agriculteurs dAfghanistan sont parfaitement conscients de lutilité des pesticides. Cependant, le manque de liquidités constitue le principal obstacle à une utilisation accrue des deux principaux types dengrais, lurée et le phosphate diammonique. Par conséquent, les agriculteurs ont tendance à utiliser beaucoup moins de produit que les quantités recommandées. En 1998, lapprovisionnement en phosphate diammonique a fléchi dans presque tout le pays. Les négociants à Ghazni ont signalé une baisse de la demande par rapport à lannée précédente, causée par une hausse des prix à près de 6 200 Afghanis/kg (pour lurée) dans les provinces orientales. Mais dans la province de Bamyan, touchée par le blocus, les prix de lurée ont plus que doublé, en raison principalement de laugmentation des coûts de transport causée par linsécurité des routes allant vers le nord et du blocus vers lest. Cela a gravement réduit les applications dengrais sur les terres emblavées, les agriculteurs ne pouvant se permettre une telle dépense. Les cultivateurs de la province de Bamyan ont continué à utiliser des engrais pour la pomme de terre, sachant que sils sabstiennent, le rendement baisse en flèche. Certains agriculteurs se sont plaint de la mauvaise qualité des engrais, et notamment du fait que des négociants peu scrupuleux mélangent parfois lurée avec du sel.
Les graves problèmes dinvasion dadventices dans les exploitations ont poussé les agriculteurs à acheter des herbicides chez les négociants. Dans les grandes exploitations, on ne désherbe pas les champs de blé à la main, sans doute à cause de la pénurie de main-doeuvre. Dans certaines régions de Ghazni, Bamyan et Wardak, le désherbage se fait encore manuellement. Toutefois, dans les champs de pavots, le désherbage est intégralement assuré.
Tracteurs et boeufs: Les tracteurs sont de plus en plus utilisés, ce qui permet daccroître les étendues cultivées, notamment en blé pluvial, dans les régions de lest, du sud-est, du sud-ouest et de louest. Les agriculteurs nont signalé aucune pénurie danimaux de trait. Le battage mécanisé est maintenant courant dans lEst du pays. Il permet de réduire lutilisation de main-doeuvre et danimaux et permet une préparation plus rapide de la terre pour les cultures dété (maïs, riz et haricots mongos).
Irrigation: Plus de la moitié du territoire de lAfghanistan reçoit moins de 300 mm de pluie dans lannée. Lagriculture est donc largement tributaire de lirrigation et de la neige qui fond au printemps pour la culture du blé pluvial dans les régions septentrionales et occidentales du pays. En raison de contraintes climatiques, 14 pour cent seulement des terres irriguées peuvent supporter une double récolte, principalement dans les provinces de Takhar, Kunduz, Nangarhar, Kounar, Laghman, Kandahar et Helmand.
Des projets modestes de réparation des infrastructures dirrigation ont été réalisés en 1998. Toutefois, les opérations de maintenance et de réparation de routine des canaux et des "karezes" se sont poursuivies dans maintes parties du pays. Une pluviosité supérieure à la moyenne cette année a diminué les besoins dirrigation et lapport en eau a été suffisant pour les cultures semées en bordure des champs irrigués. De grosses inondations dans les principaux bassins fluviaux ont causé des dégâts aux rigoles dadduction ainsi que lenvasement des champs dans plusieurs provinces, notamment Helmand, Kandahar, Kounar, Bamyan et Badghis.
Au cours de ces dernières années, les agriculteurs de la province de Ghazni ont commencé à investir dans les pompes diesel permettant dirriguer à partir de puits profonds, mais les négociants ont signalé une baisse de la demande de pompes en 1998, en raison des pluies favorables. Des problèmes dus à des "karezes" défectueux ont été signalés à Ghazni, Paktia et Paktika où les conséquences négatives sur la production vivrière ont forcé les agriculteurs à chercher un emploi au Pakistan afin de gagner de quoi satisfaire les besoins familiaux.
La mission a estimé la moyenne nationale du rendement de blé irrigué en 1998 à 1,64 tonne par hectare, représentant une baisse de 3,5 pour cent par rapport à lannée précédente. Les principales causes de cette baisse sont: i) une incidence beaucoup plus importante de la rouille jaune striée (Puccinia striiformis) attaquant les variétés locales; ii) dimportantes pertes dues au gel dans les provinces de Ghazni, Paktia et Paktita; iii) un mauvais remplissage des grains à cause du temps froid et nuageux dans les trois provinces orientales; et iv) une forte incidence de mauvaises herbes dans les provinces de Logar, Ghazni, Paktia, Paktita et dans certaines parties de la province de Wardak. La production de blé irrigué est estimée à 2,02 millions de tonnes, 3 pour cent de moins que celle de lannée précédente. Les rendements du blé pluvial devraient passer de 0,7 tonne par hectare en 1997/98 à 0,86 tonnes par hectare cette année, grâce aux pluies favorables dans les grandes régions productrices, associées pendant lhiver à des chutes de neige beaucoup plus abondantes que la moyenne. La production totale de blé pluvial devrait augmenter de 29 pour cent, passant à 814 000 tonnes et compensant largement la baisse de production du blé irrigué.
Maïs: Le maïs est cultivé en été après le blé dhiver dans les région centrales, orientales et sud-orientales ainsi que dans certaines parties de la province de Kandahar. Les semis venaient de commencer lors de la visite de la mission et la superficie cultivée devrait être la même que lannée précédente, environ 200 000 hectares. Pour le maïs, le taux densemencement est très élevé et les plants provenant de léclaircissage sont utilisés pour lalimentation du bétail. Lalimentation en eau était meilleure que dordinaire grâce à lapport important de neige fondue sur tout le réseau hydrographique et ce facteur, associé à une meilleure disponibilité dengrais, devrait garantir des récoltes supérieures à la moyenne.
Riz: Les premiers semis de riz dété ont eu lieu pendant la visite de la mission. Le gros des opérations densemencement auront lieu en juin et les disponibilités dépassent les moyennes habituelles. Lapprovisionnement en engrais et autres intrants, notamment les semences améliorées, est également satisfaisant. Le riz est une culture importante dans les provinces de Nangarhar, Kounar, Laghman, Takhar, Kunduz et Hérat.
Orge: Lorge est principalement cultivé dans les hautes terres des régions de Bamyan, Badakhshan et Ghor, Takhar et Kunduz. Le gros de la production est destiné à lalimentation animale mais lorge constitue aussi un aliment de base de la population de la province de Bamyan.
Fruits et légumes: De nombreux agriculteurs des régions de Logar, Paktia, Paktita et Ghazni font face à de graves pertes dues aux divers ravageurs et agents pathogènes qui attaquent les cultures arborées tels que pommiers et abricotiers. Les infestations les plus courantes sont celles du carpocapse des pommes et des malacosomes. Il est arrivé que des négociants peu scrupuleux vendent des produits chimiques inefficaces ou trafiqués à des paysans de la province de Ghazni. En labsence de contrôles gouvernementaux, ces agissements sont difficiles à contrer.
La production de légumes prend de plus en plus dimportance dans la province de Laghman et dans dautres provinces plus proches du Pakistan et des marchés urbains de Kaboul et de Djalalabad. Les oignons et les concombres constituent les principales cultures horticoles. Il nest pas rare que les agriculteurs louent la terre beaucoup plus cher pour ce type de production que pour la culture du blé. La culture du pavot a considérablement étendu son domaine en 1998, à cause de divers facteurs conjugués, notamment la disponibilité de crédit pour lachat dintrants tels que les engrais, qui avantage nettement cette culture par rapport au blé. Quelques cultivateurs de la province de Nangarhar ont signalé que les rendements de pavot étaient faibles en raison de lhumidité et de la fraîcheur excessives pendant la période végétative.
Pommes de terre: La pomme de terre est la principale culture dans les provinces de Bamyan, Wardak, Paktia, Logar, Ghazni, Hérat, Farah, Kaboul, Paktita, Nangarhar et Baghlan. Cest aussi une importante culture de rente dans la province de Bamyan. Le blocus dans la région de Hazarajat a empêché les ventes en dehors de la province, privant ainsi les agriculteurs dune source de revenus qui leur permet habituellement de se procurer des céréales et divers biens nécessaires. Cette situation a entraîné leffondrement des cours de la pomme de terre dans la province de Bamyan où, de surcroît, le froid intense a endommagé de nombreuses cultures. Ailleurs, les prix des pommes de terre ont été très bas après une très bonne récolte de 1997. Aucune technologie nest utilisée pour conserver la production, qui dépend donc exclusivement des possibilités de commercialisation immédiate du produit frais. Dans les provinces de Laghman et de Kounar, des infestations de sauteriaux ont été signalées sattaquant au système foliaire de la plante, ce qui influera négativement sur les rendements.
Légumineuses: Les haricots mongos sont une importante culture dété dans de nombreuses provinces, notamment Kounar, Nangarhar et Laghman. Les pois chiches, les niébés, les pois et diverses variétés de haricots occupent aussi une place importante dans lensemble du pays.
La vente de bétail et de produits de lélevage est la principale source de liquidités pour de nombreuses familles dans tout le pays. La commercialisation du bétail a été perturbée pendant quelques semaines dans la province de Kandahar vers la fin de 1997, à la suite dune tentative du gouvernement pour exercer plus dinfluence sur le marché, mais les modalités habituelles sont maintenant rétablies. On a déjà mentionné le blocus imposé à la province de Bamyan où le commerce de bestiaux na plus cours normalement.
LAfghanistan souffre dune pénurie structurelle daliments pour bétail. Les cultures fourragères de trèfle et de luzerne sont très répandues mais disputent aux cultures vivrières des terres exiguës, ce qui limite la production dans de nombreuses provinces. La paille de blé est le principal fourrage dhiver, complété par diverses plantes sauvages. Cette année, en raison de la longueur exceptionnelle de lhiver, les stocks de fourrages se sont épuisés et le bétail a gravement souffert de la faim. Quelques éleveurs ont signalé de multiples avortements mais daprès le personnel du projet FAO sur le bétail, ces avortements seraient causés plus par la malnutrition que par la brucellose. On a observé des colonies nombreuses de sauteriaux ravageant les champs de luzerne et de trèfle dans lEst du pays, sans aucun recours aux insecticides pour les éliminer. Dans de nombreuses provinces, de bonnes récoltes de luzerne ont été moissonnées au moment où la mission était sur place.
LAfghanistan compte 30 provinces. Comme en 1997, la région a utilisé les mêmes divisions régionales que celles du Plan daction du PNUD pour le redressement immédiat (APIR, octobre 1993) qui regroupe les 30 provinces en 8 régions, comme suit:
Région du nord-est: Cette région se compose de 4 provinces, à savoir Kunduz, Takhar, Badakhshan et Baghlan dans lesquelles vit 15 pour cent de la population du pays. La mission na pas pu visiter la région pour des raisons de sécurité.
Région du nord: Cette région comprend les provinces de Balkh, Samagan, Jaozjan et Faryab. Quinze pour cent de la population totale vit dans cette région que la mission na pas pu visiter pour des raisons de sécurité.
Région de louest: Cette région couvre les 3 provinces de Hérat, Farah et Badghis. Sa population représente 9 pour cent de la population totale. La mission a visité cette région.
Région du centre-est: Cette région englobe deux provinces, celles de Ghor et de Bamyan. Cinq pour cent de la population totale vit dans cette région. La mission sest rendue dans chacune delles.
Région du centre: Cette région couvre 5 provinces: Kaboul, Parwan, Kapisa, Wardak et Logar. Vingt pour cent de la population totale vit dans cette région.
Région de lest: Cette région sétend sur les trois provinces de Nangarhar, Laghman et Kounar dans lesquelles vivent 11 pour cent de la population totale.
Région du sud: Cette région se compose de quatre provinces: Paktia, Paktita, Ghazni et Khost. Sa population représente 10 pour cent de la population totale.
Région du sud-ouest: Cette région occupe le territoire des provinces de Kandahar, Helmand, Zaboul, Nimroz et Ourouzgan et compte 15 pour cent de la population totale.
Les provinces de Kunduz, Takhar et Baghlan sont de grandes régions productrices de blé, tandis que celle de Badakhshan compte peu de terres irriguées et produit essentiellement du blé en culture sèche. Le pavot est également une culture dont limportance ne fait que croître au Badakhshan. A cause des problèmes de sécurité, seule cette dernière province a pu être visitée par la mission, mais une enquête auprès des exploitations a été menée dans les trois autres provinces de la région, par du personnel du PAM et de la FAO. Daprès les résultats de lenquête, la production de céréales a été satisfaisante en 1998, grâce aux pluies abondantes et bien réparties qui ont favorisé des rendements élevés de plus 2,5 tonnes par hectare sur certaines exploitations.
La mission a accordé une attention spéciale au Badakhshan. Les précipitations y ont été bien réparties et suffisantes pour la campagne du blé dhiver pluvial qui est généralement semé en novembre/décembre et moissonné en juillet. Lérosion constitue un problème grave car la végétation naturelle a été arrachée pour couvrir les besoins en bois de feu et de construction, sans effectuer de reboisement. La faible infiltration des pluies dans le sol entraîne des inondations éclair qui sont à lorigine de graves problèmes dérosion dans les champs et de dépôt de pierres, de limon et de gravier dans les fonds de vallée. En 1998, des pluies violentes ont provoqué quelques inondations en certains endroits qui ont dévasté les cultures et provoqué lenvasement des champs.
Des pommes de terre, des melons et des légumes sont également cultivés au Badakhshan. A cause des affrontements et des glissements de terrain qui coupent continuellement la principale voie dapprovisionnement des provinces de Takhar et Kunduz, le marché traditionnel des engrais a été perturbé pendant lannée, avec pour conséquence une majoration sensible des prix de lurée. La route pour le Tadjikistan au nord est fermée à la plupart des échanges. Les plantations de blé ont été en grande partie infestées par les mauvaises herbes, dune part parce que la main-doeuvre était en majorité employée au désherbage des champs de pavot, plus lucratifs, et dautre part en raison de labsence des hommes jeunes, engagés dans les opérations militaires.
La région a été touchée par deux tremblements de terre graves en 1998. Le premier, en février, a dévasté des villages entre 5 et 20 km à lest et au sud de Rustaq dans la province de Takhar. Linfrastructure et quelques ouvrages dirrigation ont été endommagés mais leffet sur la production agricole a été relativement réduit, car il sagit essentiellement dune région de culture pluviale et que la catastrophe sest produite avant les semis de printemps. Le second tremblement de terre a eu lieu le 30 mai 1998, juste après le départ de la mission. Son épicentre était à Shar-e-Buzurg dans le Badakhshan à quelque 30 km au nord-est de Rustaq et à une distance équivalente au nord-ouest de Faizabad. Mais ses effets ont été ressentis sur un périmètre plus vaste quen février et les secousses secondaires ont continué plusieurs jours après le séisme. Les victimes ont été très nombreuses de Rustaq à la périphérie de Faizabad et de nombreux villages ont été détruits dans cette zone très peuplée entre les deux agglomérations et vers la frontière du Tadjikistan au nord. Les services de secours internationaux sont immédiatement intervenus pour évacuer les victimes vers les hôpitaux disponibles dans la région et fournir des médicaments, des tentes et des couvertures. Laide alimentaire a été livrée aux communautés sinistrées qui avaient perdu toutes leurs réserves de vivres.
Dans la province de Badakhshan, la pénurie alimentaire et les prix très élevés des céréales ont été aussi causés par le blockage de laccès aux circuits commerciaux habituels, y compris vers le Tadjikistan au nord. Les glissements de terrain provoqués par la fonte rapide de la neige et les fortes pluies ont bloqué les routes traditionnelles dapprovisionnement vers Takhar et Kunduz à louest. Les perspectives de la récolte de blé, essentiellement cultivée en sec, sont bonnes à la suite des pluies abondantes. En revanche, les infestations massives de plantes adventices sont un véritable problème pour le blé et la main-doeuvre est fortement attirée vers la culture du pavot qui est en pleine expansion et rapporte plus. Lapplication des pesticides pour protéger le blé baissera aussi sous leffet dune réduction des disponibilités due aux problèmes dacheminement. Les surfaces emblavées augmenteront au Badakhshan et les rendements pourraient être légèrement supérieurs à la moyenne. Mais même si la production vivrière est satisfaisante à léchelle régionale, des déficits continueront de se produire à moins dune réouverture des circuits et des marchés dans les prochains mois.
Les répercussions du second tremblement de terre sur la production alimentaire de 1998 seront plus marquées quen février à cause de létendue de la zone intéressée et de lépoque à laquelle est survenue la catastrophe, qui a coïncidé avec le début de la période végétative. Lenquête sur le terrain menée par la mission a rassemblé des rapports optimistes sur les rendements attendus à Takhar et Badakhshan pour le blé irrigué, mais ces prévisions devront maintenant être révisées à la baisse. Les canaux dirrigation et les "karezes" ont été endommagés et la production des cultures irriguées sera fortement touchée localement des deux côtés de la frontière entre le Takhar et le Badakhshan.
Les cultures sèche, de loin plus importantes, seront moins touchées et il subsistera dexcellentes récoltes de blé pluvial qui ont bénéficié des fortes pluies du printemps. Le problème pourrait être la pénurie de main-doeuvre pour le désherbage et la moisson dans les zones touchées, dont la population a été forcée à lexode ou se consacre à la reconstruction des habitations.
Globalement, le rendement de la principale culture de blé pluvial dans la région du nord-est devrait passer de 0,6 tonne par hectare en 1997 à 0,7 tonne par hectare en 1998.
Pour des raisons de sécurité, la mission na pas pu se rendre dans les provinces de Balkh, Samangan, Fayab et Jawzjan. Ces provinces sont de grandes productrices de blé pluvial, et possèdent aussi dimportantes cultures de blé irrigué. La province de Balkh est considérée comme étant juste autosuffisante du point de vue de la production alimentaire tandis que les autres provinces du nord produisent normalement un excédent qui est vendu à dautres régions de lAfghanistan, notamment Kaboul. La persistance de létat dinsécurité dans cette partie du pays a perturbé les flux commerciaux normaux vers Kaboul et par conséquent, une part de sa production excédentaire devrait être acheminée vers le nord et exportée vers les pays de la CEI. Toutefois, aucune donnée officielle na pu être obtenue au sujet de ces exportations. A la suite de la fermeture du "pont de lamitié" à la frontière avec lOuzbékistan, on a observé la montée en flèche des prix du gazole, ce qui augmentera certainement les coûts de transport et limitera lutilisation des tracteurs dans les opérations agricoles.
Les conditions météorologiques se sont avérées très favorables à la récolte de blé non irrigué et les estimations concernant les superficies emblavées font état dune expansion de 14 pour cent pour atteindre 250 000 hectares, avec des rendements estimés à 0,9 tonne par hectare, contre 0,7 tonnes par hectare pour la saison précédente. Toutefois, de violents orages ont été signalés le 7 avril dans les provinces excédentaires de Jawzjan et Samangan. Lon estime que 3 000 hectares de blé auraient été perdus. La production du blé irrigué est estimée à 420 000 tonnes, une baisse de 10 pour cent par rapport à 1997, principalement due à la diminution des rendements causée par la rouille jaune et les orages qui ont sévi localement.
Cest une région importante pour le blé, avec des cultures irriguées - concentrées aux abords des fleuves dans les provinces de Farah et de Hérat - qui couvrent 15 pour cent de la superficie totale consacrée à cette culture, et du blé pluvial, principalement dans la province de Badghis, représentant 24 pour cent des terres plantées en blé non irrigué. Comme dans presque tout le reste du pays, les chutes de neige ont été abondantes en hiver et la pluviométrie bien supérieure à la moyenne au printemps. Des inondations ont eu lieu dans la province de Farah en aval des montagnes de Gulistan, atteignant les cultures dans les districts de Bakwah, Balabalouk et Lash-e-Juwain où elles ont occasionné de grosses pertes. Les inondations dans la province de Hérat ont été plus dispersées, mais le 18 mai, un orage dune grande violence a causé des dégâts considérables dans la province de Badghis, dans une zone comprise entre Qadis et Torghundi et plus loin vers louest. Les premières estimations attribuent la perte de 24 000 hectares (soit 40 pour cent de la récolte) aux averses de grêle qui se sont abattues autour de Qalinow. Malgré ces fortes précipitations, leffet net de la pluviosité supérieure à la normale enregistrée cette année a été bénéfique. Les cultures irriguées ont joui dun apport hydrique abondant (sauf lorsque les ouvrages dirrigation ont été endommagés par les orages), et les cultures sèches bénéficieront de laugmentation des superficies et de rendements améliorés. Lors de sa visite, la mission a noté la situation exceptionnellement prometteuse du blé irrigué dans la province de Hérat, avec la présence accrue de variétés améliorées et une utilisation judicieuse des engrais (on trouve facilement du phosphate diammonique et de lurée à Hérat City). Les agriculteurs étaient optimistes et lenquête laisse prévoir une augmentation des rendements, due surtout à un meilleur approvisionnement en eau. La rouille jaune est moins virulente que dans lest du pays. Toutefois, dans le district montagneux de Cheshti Sharif (à 160 km à lest de Hérat), qui souffre dun déficit vivrier, de graves problèmes dus à la rouille et au charbon ont été signalés lors de lenquête et les rendements ont baissé. Les terres réservées aux cultures pluviales se situaient aussi bien au-dessus de la moyenne, surtout dans la province de Badghis. Les plantations de cumin blanc se sont étendues mais la superficie totale des cultures sèches sest tellement agrandie, que même les terres consacrées au blé ont augmenté. Il existe encore des risques dinvasions de souné dans les cultures de blé pluvial et les plantes adventices sont particulièrement diffuses cette année, mais lincidence de maladies sattaquant aux cultures est négligeable. Les cultivateurs de blé pluvial prévoient des taux de multiplication de 10 à 20 fois - beaucoup plus élevés quà lordinaire. Les prix des céréales sur les principaux marchés de louest du pays (Hérat et Farah) reflètent les prix à limportation, plus les coûts de transport jusquà des points de livraison tels que Qalinow et Obey. Mais les prix du blé commencent à se stabiliser à la baisse en prévision dune bonne récolte à partir de fin mai.
Pour la région de louest dans son ensemble, la mission a prévu une augmentation des surfaces consacrées au blé (surtout pluvial) et des rendements plus élevés que lannée dernière, surtout pour la culture sèche du blé. Ces perspectives généralement favorables ne devraient pas faire oublier les graves effets localisés des inondations et des orages dans les régions qui en ont souffert cette année (Farah du sud-ouest, Hérat septentrional et Badghis occidental).
Les provinces de Ghor et de Bamyan sont situées dans les hautes terres de lHindou Kouch, où les cultures sont pratiquées jusquà 4 500 m au dessus du niveau de la mer. Du fait de la rareté des chutes de neige en 1996/97, la récolte de blé dhiver précédente avait été très médiocre. Cette année, la culture du blé est nettement plus favorisée par des précipitations neigeuses supérieures à la normale. Les experts locaux estiment que près de la moitié de la récolte de blé est généralement semée en septembre/octobre, dont 30 pour cent représentent du blé irrigué planté au printemps, et les 20 pour cent restants du blé pluvial de printemps. Lhiver prolongé de 1997/98 a toutefois retardé les travaux de préparation de la terre pour les semis du blé de printemps, pluvial et irrigué. Quelques cultivateurs avaient été contraints de consommer le blé mis en réserve pour les semis de la campagne suivante.
La mission a examiné de près la situation dans la province de Bamyan. Depuis plus dun an, cette province fait lobjet de blocus qui touchent ses communications avec le nord et le sud et perturbent gravement léconomie locale. Cette zone déficitaire est tributaire de ses importations de céréales achetées en échange de bétail, de pommes de terre et de produits dartisanat. Ce commerce est rendu pratiquement impossible, avec pour conséquence une pénurie alimentaire, des prix tellement élevés pour les céréales que la plupart des gens ne peuvent se les permettre, et des excédents de pommes de terre et de bétail. Lon signale que les agriculteurs qui nont pas réussi à vendre leurs pommes de terre et leur bétail les ont échangés à moins de la moitié de leur valeur normale. Comparé à la farine, les prix du bétail ont chuté beaucoup plus bas. La plupart des familles nayant que quelques têtes de bétail, cette situation est ruineuse, particulièrement dans les districts de Panjau et Waras. Dans ces derniers, de fortes inondations ont eu lieu en mai. On estime quelles ont provoqué des dégâts sur 500 hectares à Panjau, et endommagé aussi un grand nombre de rigoles dadduction et dautres ouvrages. Cest une catastrophe grave pour les propriétaires et les métayers concernés. En outre, la récolte actuelle souffrira dune diminution - estimée à 60 pour cent - de lutilisation dengrais car les agriculteurs nont pas pu acheter les quantités voulues, par manque de liquidité et les prix exorbitants des engrais de contrebande. Les perspectives pour 1998/99 sont donc défavorables pour la province de Bamyan dans son ensemble. En outre, quelques-unes des vallées de montagne ont souffert dinondations et de glissements de terrain au printemps.
Pour lensemble de la région du centre-est, les précipitations plus abondantes que la moyenne ont favorisé la culture du blé pluvial et les rendements devraient passer de 0,5 tonne par hectare en 1997 à 0,7 tonne par hectare cette année. Les rendements du blé irrigué devraient aussi augmenter grâce aux abondantes chutes de neige qui ont protégé les cultures du froid et entretenu lhumidité nécessaire à la croissance au printemps.
Cette région comprend les cinq provinces entourant la ville de Kaboul. Les exploitations sont typiquement petites et modernes bien que les systèmes dirrigation soient encore très endommagés depuis les affrontements qui ont eu lieu pour semparer de la capitale. La plupart des cultures sont irriguées, au moyen de "karezes", de canaux ouverts, de rivières et de sources. Leau est détournée de ses cours naturels et distribuée dans les champs à travers un réseau complexe de canaux et de ponceaux. La province de Kaboul produit près de la moitié du blé de la région. Elle est drainée par le fleuve Kaboul qui dépasse largement son niveau habituel cette année, en raison dabondantes chutes de neige cet hiver et du printemps très humide. Les disponibilités en eau sont plus que suffisantes; les ouvrages dirrigation ont subi quelques dégâts et des averses de grêle ainsi que des orages ont frappé localement. Dans les provinces de Wardak, Logar et Kaboul, les plantes adventices prolifèrent, laissant prévoir une baisse des rendements. La rouille jaune est aussi très présente cette année et touche la production de blé au sud de Kaboul et dans la province de Logar. Parwan et Kapisa se trouvent dans la zone du conflit et les semis sont réduits à cause de lémigration dune partie de la population rurale. Les agriculteurs se détournent du blé pour cultiver des pommes de terre et des oignons, plus rentables.
En revanche, lutilisation de variétés améliorées sest encore accrue. Cent tonnes de semences améliorées de blé ont été distribuées à Kaboul et, dans les provinces de Wardak et de Logar, 50 tonnes de semences de blé respectivement. La consommation dengrais semble sêtre maintenue malgré laugmentation des prix. Le rapport entre le prix de lengrais et le prix du blé est actuellement favorable (un kg de blé coûte 33 pour cent de plus que lurée) et les agriculteurs ont poursuivi les applications dengrais tant quils ont disposé de quoi en acheter. Les cultures de blé sont apparues vigoureuses, sauf dans les cas dinfestation de rouille, et les cultivateurs sont généralement optimistes. Toutefois, la mission sattend à une baisse des rendements comparé à lannée passée, surtout à cause de la rouille, de la présence massive de mauvaises herbes et des dégâts provoqués par les orages. La superficie nayant pas augmenté depuis lannée dernière, la production de blé devrait baisser de 15 pour cent, passant à 135 000 tonnes pour lensemble de la région. Le gros de cette production est consommé par les cultivateurs eux-mêmes et dans les zones rurales. Lagglomération de Kaboul dépend donc exclusivement de la farine et du riz, importés du Pakistan à travers la province de Torkham, pour lesquels les marchés restent fermes.
La moisson était pratiquement achevée dans les trois provinces orientales de Nangarhar, Kounar et Laghman lorsque la mission sest rendue dans la région. Dans la province de Laghman, la surface plantée en blé irrigué est estimée avoir augmenté de 5 pour cent après la réinstallation sur leurs terres, avec laide du HCR, des agriculteurs qui sétaient réfugiés au Pakistan. Les rendements régionaux moyens sont estimés à 1,7 tonne par hectare, contre 1,9 tonnes par hectare lannée dernière. La production de blé irrigué est estimée à 128 000 tonnes, soit une diminution dun peu plus de 5 pour cent par rapport à lan passé. Cette baisse est due à la présence généralisée de la rouille jaune qui a réduit le rendement potentiel des variétés locales de 20 à 30 pour cent. La prolifération de ce champignon a été favorisée par le temps humide et frais qui a prévalu pendant la période végétative. La rouille a été largement présente aussi dans les provinces de Chouan et Nangarhar, réduisant les rendements, la taille et la qualité des graines. Des attaques de charbon ont été observées sur les variétés locales de blé dont les semences ne reçoivent généralement pas de traitement avant lemploi. Un bon approvisionnement hydrique, lutilisation généralisée dengrais et de semences améliorées a eu un effet positif sur la récolte. La production de blé pluvial, une culture mineure dans cette région, devrait atteindre 9 000 tonnes, légèrement plus que lannée précédente. Dans la province de Nangarhar, la production de pavot a augmenté considérablement en 1998, principalement au détriment des superficies sous blé.
Les perspectives concernant les récoltes estivales de maïs, de haricots mongos et de coton dans les trois provinces de la région de lest sont favorables ; les bonnes disponibilités en eau sont dues aux accumulations de neige supérieures à la moyenne dans les montagnes surplombant les champs et au niveau élevé des fleuves et autres cours deau dans les provinces de Laghman et Kounar.
Les principaux facteurs qui ont influé négativement sur la récolte de blé irrigué dans les provinces de Ghazni, Paktia et Paktita ont été les fortes infestations de mauvaises herbes et de plantes adventices à feuille large, la destruction par le froid, et les attaques généralisées de la rouille jaune sur les variétés locales. Les facteurs positifs ont été notamment labondance de leau grâce aux fortes chutes de neige, la bonne répartition des pluies et un meilleur accès aux semences améliorées et aux engrais.
Lhiver 1997/98 a été considéré comme lun des plus rudes que la région ait connu dans les 40 dernières années. Dans la province de Ghazni, la neige a atteint 187 cm et les températures sont tombées à -22°C en janvier avec les températures minimales de -19°C et -13°C en février et mars respectivement. Ces températures ont décimé quelques cultures de blé dhiver et la persistance du froid a retardé les semis du blé de printemps denviron deux semaines, jusquà la première semaine davril. Les précipitations dans la province de Ghazni ont été très supérieures à la moyenne avec 180 mm pour la période allant doctobre au 20 mai. Lon a signalé des dégâts importants causés par la grêle aux cultures de blé irrigué dans le district de Khost, mais la mission ne sy est pas rendue. Dans presque toute la région, on ne produit quune seule récolte annuelle, en raison de la brièveté de la saison culturale. Dans lensemble, la production de blé devrait se situer au même niveau que lannée passée.
Grâce aux fortes chutes de neige pendant tout lhiver et aux précipitations supérieures à la moyenne, les provinces arides de Nimroz, Helmand, Kandhar et Ourouzgan sont amplement approvisionnées en eau dirrigation. Les inondations ont causé quelques dégâts aux infrastructures dirrigation et aux cultures pendant la période de développement végétatif dans toutes les provinces de la région. Le niveau élevé des eaux des trois principaux fleuves (Helmand, Arghandab et Tarnak) a provoqué des dégâts aux prises deau dirrigation et causé lenvasement de certains champs. Cependant, lamélioration des disponibilités hydriques a avantagé les cultivateurs dans des zones qui normalement, dans cette région à 90 pour cent désertique, sont sujettes aux pénuries deau.
La production de blé irrigué devrait se chiffrer à 459 000 tonnes, légèrement mieux par rapport à la production de lannée dernière qui se situait à 457 000 tonnes. Les rendements devrait baisser denviron 5 pour cent, à 1,7 tonne par hectare. On prévoit une augmentation de 12,5 pour cent de la production de blé pluvial qui devrait passer à 81 000 tonnes sous leffet dune augmentation du rendement à 0,9 tonne par hectare.
Les agriculteurs sont de plus en plus conscients des avantages présentés par les semences améliorées en termes de rendements et de qualité. Cependant, en raison du retrait temporaire des Nations Unies des provinces méridionales de Kandhar, Helmand et Nimroz, les cultures de semences de blé, qui sont généralement suivies régulièrement par le personnel national de la FAO, ne peut faire lobjet dune surveillance adéquate et les semences issues des nouvelles récoltes ne peuvent recevoir officiellement le label de qualité pour la campagne 1998/99. Les producteurs de semences sont également privés du surcroît de rémunération obtenu dans le cadre du programme FAO/PAM/PNUD "Vivres - semences" qui prévoit léchange de chaque unité de semence de blé avec 1,25 unité de blé à consommer. Cette situation sera bientôt résolue et lon espère que jusquà 1 500 tonnes de semences pourront être récupérées pour la vente aux agriculteurs lors de la prochaine campagne. La culture du pavot a continué son expansion, remplaçant le blé sur certaines terres irriguées.
Les prévisions de la mission concernant le bilan de loffre et de la demande de céréales et les besoins respectifs dimportation pour 1998/99 sont récapitulés au Tableau 2. Les besoins alimentaires sont fondés sur une estimation de la population, à la moitié de la campagne de commercialisation 1998/99 (décembre 1998), de 20,5 millions dhabitants, en prenant un taux de croissance démographique annuel de 3,4 pour cent à partir du chiffre de 19,5 millions dhabitants établi en juillet 1997 et validé par les Nations Unies. La consommation céréalière par habitant en 1998/99 est estimée à 160 kg, soit un chiffre équivalent à celui de lannée dernière, qui suppose des importations proches du niveau actuel. Dans la pratique, le chiffre élevé de 160 kg de céréales par personne est considéré comme réaliste étant donné la forte consommation de pain et de riz
Les quantités de céréales destinées à lalimentation animale sont faibles en Afghanistan et constituent lessentiel de la production dorge et plus de la moitié de celle de maïs (toutes deux sont des céréales mineures). Le cheptel est encore en reconstitution et la quantité de céréales fourragères utilisée reste inférieure aux niveaux de consommation des années 70. Les besoins en semences ont été estimés à partir des surfaces ensemencées, en tenant compte des forts taux densemencement généralement pratiqués par les agriculteurs en Afghanistan. Les pertes après récolte de céréales sont évaluées à 10 pour cent pour le blé, le maïs et lorge et à 7 pour cent pour le riz, plus prisé.
Blé | Riz (usiné) | Maïs | Orge | Total | |
Disponibilités nationales | 3 014 | 310 | 330 | 240 | 3 894 |
Stocks douverture | 180 | 10 | 0 | 0 | 190 |
Production | 2 834 | 300 | 330 | 240 | 3 704 |
Utilisation totale | 3 694 | 370 | 330 | 240 | 4 634 |
Consommation alimentaire | 2 750 | 280 | 100 | 10 | 3 140 |
Alimentation animale | 0 | 0 | 190 | 190 | 380 |
Semences et pertes | 560 | 40 | 40 | 40 | 680 |
Exportations | 160 | 10 | 0 | 0 | 170 |
Stocks de clôture | 224 | 40 | 0 | 0 | 264 |
Besoins dimportations | 680 | 60 | 0 | 0 | 740 |
Importations commerciales | 540 | 60 | 0 | 0 | 600 |
Aide alimentaire | 140 | 0 | 0 | 0 | 140 |
Une estimation provisoire de 170 000 tonnes dexportations céréalières a été intégrée à la demande nationale. Il sagit dune estimation préliminaire de la mission concernant les exportations du nord et du nord-est, compte tenu dune production excédentaire qui ne peut être écoulée dans les régions fortement peuplées du Centre et de lest du pays. Elle suppose le maintien de la situation militaire actuelle, et notamment des lignes de front qui bloquent les échanges Nord-Sud. Les céréales exportées vers les provinces septentrionales devraient se vendre relativement bon marché dans les zones à déficit céréalier du Turkménistan, de lOuzbékistan et du Tadjikistan. En prévoyant une certaine reconstitution des stocks, les besoins totaux dimportation, y compris laide alimentaire, se chiffrent à 740 000 tonnes, soit 16 pour cent environ de lutilisation totale et 4 pour cent de plus que lannée dernière.
Les importations du Pakistan assurées par des négociants privés se déroulent actuellement normalement pour la farine de blé, le riz et le blé, malgré linterdiction dexporter décrétée par le Pakistan. Les importations en provenance de la République islamique dIran sont également considérables, tandis quun certain tonnage de blé des pays de la CEI arrive occasionnellement à Hérat, mais sans régularité. Au total, les importations céréalières du secteur atteignent en moyenne quelque 500 000 à 600 000 tonnes par an. En conséquence, à moins que les arrangements commerciaux ne soient modifiés, le secteur privé semble avoir la capacité dimporter commercialement 600 000 tonnes.
La plus grande partie du blé consommé dans les villes dAfghanistan est importée à travers les circuits commerciaux. Cependant, un important segment de la population urbaine reste tributaire de laide alimentaire pour compléter la ration alimentaire. Cela sapplique en particulier à des groupes tels que les foyers dirigés par des femmes et aux personnes déplacées à lintérieur des frontières parmi les personnes vulnérables dont les revenus ne suffisent pas pour payer le blé ou le pain au prix du marché, qui est élevé. Pendant lannée écoulée, le PAM a mis en place des projets de boulangerie de grande envergure dans les principales agglomérations urbaines de lAfghanistan surtout pendant les mois dhiver. Des distributions durgence aux rapatriés, aux personnes déplacées, aux victimes de catastrophes naturelles ainsi que des programmes dalimentation institutionnelle seront nécessaires pendant lannée à venir.
Les besoins totaux daide alimentaire ont été estimés à 140 000 tonnes pour 1998. Sur cette quantité, plus de 105 000 tonnes seront fournies par le PAM, et le reste proviendra de sources diverses. Dans le cadre de laide du PAM, 69 000 tonnes seront utilisée à des fins durgence et 36 000 tonnes iront à des projets de réhabilitation:
Stratégie | Affectation (tonnes) |
Boulangeries | 47 225 |
Personnes déplacées | 5 925 |
Réinsertion des rapatriés | 7 200 |
Urgences | 15 548 |
Alimentation institutionnelle | 4 637* |
Vivres contre formation | 4 425 |
Vivres contre semences | 2 715 |
Vivres contre travail | 17 700 |
Total | 105 375 |
Le PAM a repéré deux régions où la situation est préoccupante pour 1998: le Hazarajat et la province de Badakhshan. Au Hazarjat, plusieurs facteurs conjugués ont eu une incidence négative, notamment le blocus imposé par les Talibans dans le Sud et des problèmes croissants dinsécurité et de difficultés daccès au nord. A cause du blocus, à lexception de quelques opérations de contrebande, aucune marchandise ne pénètre dans la région, de même quaucun bien nest exporté de la région vers les marchés traditionnels situés dans les villes de Ghazni et Kaboul. Les deux principaux itinéraires à travers les montagnes depuis la ville septentrionale de Mazar-e-Sharif jusquaux hauts-plateaux du centre sont également coupés du fait du conflit ininterrompu dans cette zone. Ce blocus, conjugué aux chutes de rendement en 1997 causée par lenneigement tout au début de la campagne agricole a entraîné une grave pénurie alimentaire dans cette région déjà atteinte de déficit vivrier chronique. Les estimations du PAM concernant la population à risque de la famine se situent autour de 167 000 personnes, correspondant à un besoin de quelques 7 500 tonnes de vivres pour venir en aide aux plus nécessiteux.
La province de Badakhshan, au nord-est du pays, traditionnellement déficitaire en aliments, se fournissait en céréales auprès des régions avoisinantes de Kunduz et Takhar. A la mi-1997, les Talibans se sont emparés de Kunduz. Daprès les rapports, de petites quantités de blé et de riz arrivent encore au Badakhshan depuis Kunduz et Takhar mais cette voie dapprovisionnement est extrêmement peu sûre en été et bloquée pendant la longue période hivernale. Cela non seulement rend aléatoire lapprovisionnement alimentaire des habitants de Badakhshan, mais aussi empêche lexode saisonnier traditionnel des hommes du Badakhshan vers ces deux provinces où ils participent à la moisson pour gagner de quoi acheter des denrées alimentaires dappoint pour leur famille.
En général, les bénéficiaires de laide alimentaire du PAM (plus dun million de personnes) sont les groupes les plus vulnérables des zones rurales et urbaines en Afghanistan. Les opérations de secours du PAM ont pour cible:
Dautres part, les activités de réhabilitation passent essentiellement par des projets:
LAfghanistan étant un pays enclavé en proie aux troubles civils, la livraison de laide alimentaire est une entreprise complexe. Dune part, il peut sécouler plusieurs mois entre une promesse dengagement et la livraison effective de laide alimentaire. En outre, les effets conjugués de la guerre, du sous-développement, de la topographie et du climat, accentuent le problème des mauvaises infrastructures, des difficultés daccès par voie terrestre à partir du sud ou des coûts élevés des transports vers les destinations septentrionales, telles que Mazar-e-Sharif et Badakhshan. De plus, les distances séparant les ports des points de livraison sont grandes et certaines parties du nord et du centre-nord de lAfghanistan, notamment les provinces de Badakhshan et Bamyan, ne sont pas accessibles par route durant lhiver. Enfin, linsécurité et les blocus intermittents peuvent aussi interrompre les filières dapprovisionnement, comme cela sest produit dans le Hazarajat pendant une année entière (1997-1998).
Pour ses livraisons daide alimentaire en Afghanistan, le PAM emprunte aussi bien la voie méridionale que la voie septentrionale. Les deux-tiers de laide alimentaire sont acheminés par le sud via Port Qasim à Karachi au Pakistan; ils sont ensuite transportés par voie terrestre vers Peshawar ou Quetta. Cet itinéraire par le sud approvisionne ensuite les régions de Djalalabad (à lest), Kaboul (au centre), Kandahar (au sud-ouest), et parfois Hérat (à lOuest) en utilisant des convois des Nations Unies ou commerciaux. (voir ci-dessous le Tableau 3 sur la logistique de laide alimentaire)
Port dexpédition | Itinéraire | Régions/zones de destination finale |
Karachi | Peshawar, Kaboul Peshwar, Djalalabad Quetta, Kandahar Quetta, Kandahar | Région du Centre Région de lEst et du Sud Région du Sud-Ouest Région de lOuest et province de Ghor |
Ports de la Baltique | Haraiton, Mazar-e-Sharif, Yakawlang Osh, Ishkashem, Faizabad Torghundi | Région du Nord et Hazarajat Province de Badakhshan Région de lOuest et province de Ghor |
Sur litinéraire septentrional, les navires parviennent jusquaux ports de Riga, Tallin et Ventspils, doù une partie de la cargaison est transportée par chemin de fer sur plus de 4 500 kilomètres à travers lancienne URSS vers trois destinations. Une partie est acheminée jusquà Koushka au Turkménistan et est ensuite envoyée à Torghundi dans la province de Hérat (région orientale plus province de Ghor). Une autre partie de la filière septentrionale aboutit à Termez en Ouzbékistan doù lacheminement se fait à travers la frontière jusquà Hairatan pour desservir le Nord de lAfghanistan, notamment Mazar-e-Sharif, Jawzjan (région du Nord et en partie du Nord-Est), Bamyan (Centre-Est), etc. Enfin le troisième segment de la filière du nord passe par Osh, au Kirghizistan pour approvisionner Faizabad dans un endroit reculé de la province de Badakhshan.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour un complément d'information à:. | |
Abdur Rashid
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J. Cheng-Hopkins
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