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Une mission FAO dévaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires sest rendue au Burundi du 3 au 17 juillet 1998 pour examiner la production de cultures vivrières de la campagne B, analyser les perspectives de récolte de la campagne des "marais" et actualiser les estimations des importations céréalières nationales et des besoins daide alimentaire pour 1998.
Les membres de la mission ont tenu des consultations avec les responsables du Gouvernement au niveau national et provincial ainsi quavec les représentants des organismes des Nations Unies et des ONG. Ils ont effectué des visites sur le terrain dans 14 des 15 provinces du pays où les conditions de sécurité le permettaient. Avant larrivée de la mission, une enquête préliminaire avait été réalisée en juin dans toutes les provinces par deux consultants nationaux de la FAO. Les résultats de cette pré-évaluation ont servi de base à lévaluation de la mission sur la situation alimentaire. La mission a bénéficié de laide de lUNICEF et du PAM.
La campagne agricole B de 1998 a bénéficié de conditions de sécurité relativement calmes, sauf dans les provinces de louest et du sud, ce qui a permis à une partie de la population des camps de regroupement de retourner dans leurs habitations sur la colline. Ainsi, le nombre de personnes vivant dans les camps a diminué de 20 pour cent au cours de la campagne agricole B de 1997 par rapport à lannée précédente, ce qui représente 8,5 pour cent de la population totale de 6,29 millions à la mi-1998. Ceux qui sont restés dans les camps ont eu un meilleur accès à la terre car les nouveaux sites sont situés à proximité de leurs exploitations, ce qui a permis daccroître les superficies cultivées.
Les précipitations durant la campagne B de 1998 ont été suffisantes et bien réparties, sauf dans certaines zones du nord et de lest du pays. La croissance et le développement des cultures ont été normaux, mais les rendements ont souffert de la mauvaise qualité des semences et du manque dengrais. La production vivrière de la campagne B de 1998 est estimée à environ 1,8 million de tonnes, soit 4 pour cent de plus que la campagne B de lan dernier. Les céréales ont subi un recul de 1 pour cent, tandis que les légumineuses, les racines et tubercules, ainsi que les bananes ont augmenté respectivement de 7 pour cent, 5 pour cent et 4 pour cent.
La petite campagne C de 1998 de juillet à septembre sannonce bonne, principalement grâce à la meilleure disponibilité dengrais, qui sont arrivés tard pour la campagne B. Daprès la mission, la récolte de la campagne C de 1998 devrait sétablir autour de la moyenne des niveaux davant la crise 1988-93, soit nettement plus que la production vivrière de la campagne C de 1997, qui avait été considérablement réduite à cause des inondations lors de la récolte.
La production vivrière totale en 1998 devrait être de 3,68 millions de tonnes, soit 15 pour cent de plus que la récolte de 1997 et à peu près autant que le niveau davant la crise. Toutefois, les disponibilités par habitant en 1998 sont nettement inférieures au niveau davant la crise. Les besoins dimportations alimentaires en 1998 sont estimés à 42 000 tonnes de céréales et à 69 000 tonnes de légumineuses. Les importations commerciales de céréales et de légumineuses devraient être respectivement de 6 000 tonnes et de 44 000 tonnes; les besoins daide alimentaire à couvrir seraient donc de 36 000 tonnes de céréales et de 25 000 tonnes de légumineuses.
Avec la récolte satisfaisante de cette campagne, la situation des approvisionnements alimentaires devrait saméliorer, tout en demeurant précaire, en particulier pour les catégories les plus pauvres de la population. La malnutrition est encore généralisée dans plusieurs zones du pays.
Daprès des estimations récentes du Service de planification démographique, la population à la mi-1998 est de 6 286 000 habitants.
La stabilisation des conditions de sécurité dans la plupart des régions durant la campagne B de 1998 a permis aux autorités de démanteler tous les camps de regroupement dans les provinces de Karuzi, Kayanga et Muramvya. Le nombre de personnes vivant dans les camps est passé de 665 000 durant la campagne B de 1997 à 533 000 durant la campagne B de 1998 (Tableau 1), réduction qui a eu lieu essentiellement avant le début de la campagne de 1998. Les personnes de retour dans leurs fermes ont accédé librement à leurs terres, mais ont connu des difficultés dues aux infrastructures endommagées et au manque dintrants et doutils agricoles, qui ont compromis leur pleine participation aux activités de production agricole.
Les personnes déplacées vivant encore dans les camps durant la campagne B de 1998 ont eu soit accès à leurs terres, car elles ont été transférées dans de nouveaux sites plus proches de leurs fermes, soit ont pu continuer à cultiver des parcelles distribuées par les autorités locales. Toutefois, ces parcelles, de dimensions réduites, ne suffiront pas à satisfaire les besoins de la population des camps jusquà la prochaine récolte. Dans la province de Bubanza, les transferts des habitants vers de nouveaux sites plus proches de leurs fermes les ont empêché de récolter ce quils avaient semé autour des anciens camps. Malgré une amélioration sensible des conditions de sécurité, la situation est restée tendue dans certaines zones des provinces de Makamba, Bururi, Bubanza, Bujumbura Rural et Cibitoké. Certaines parties du Bujumbura Rural ont été les plus gravement touchées par des épisodes de violence depuis janvier. Linsécurité a entravé les activités agricoles dans les communes de Mubimbi, Isale, Mutimbuzi et Muhuta.
Province | Population de la province | Nombre de camps | Population totale dans les camps | Pourcentage de la population totale |
Bubanza | 278 516 | 53 | 159 671 | 57,3 |
Bujumbura Rural | 425 717 | 43 | 83 327 | 19,6 |
Bururi | 428 247 | 21 | 86 426 | 20,2 |
Cankuzo | 167 457 | 0 | 0 | 0 |
Cibitoké | 369 104 | 7 | 25 523 | 6,9 |
Gitega | 616 376 | 18 | 25 617 | 4,2 |
Karuzi | 344 912 | 9 | 17 371 | 5,0 |
Kayanza | 470 970 | 17 | 29 727 | 6,3 |
Kirundo | 485 648 | 11 | 27 852 | 5,7 |
Makamba | 337 680 | - | - | - |
Muramvya | 473 397 | 17 | 16 800 | 3,5 |
Muyinga | 467 516 | 25 | 38 582 | 8,3 |
Ngozi | 581 842 | 11 | 20 048 | 3,4 |
Rutana | 236 905 | 8 | 1 425 | 0,6 |
Ruyigi | 293 933 | 7 | 777 | 0,3 |
Bujumbura Mairie | 307 852 | - | - | - |
TOTAL | 6 286 072 | 247 | 533 146 | 8,5 |
1/ Le nombre de personnes vivant dans les camps évolue régulièrement en fonction des conditions de sécurité. Par conséquent, les données présentées dépendent du suivi et de la mise à jour par les autorités locales à chaque site.
Le HCR a estimé la population de réfugiés dans les camps des pays voisins fin mai 1998 à quelques 300 000 personnes (soit 30 000 en RDC, 264 000 en Tanzanie, 5 000 au Rwanda et le reste au Kenya, au Congo Brazzaville et en Zambie). Les rapatriements volontaires ont été lents et limités durant la campagne B de 1998. Le HCR a répertorié 4 470 rapatriés de janvier à mai 1998, dont environ 64 pour cent provenant de la province de Ruyigi; 200 000 autres burundiens vivent hors des camps en Tanzanie et ne sont pas censés rentrer car ils se sont intégrés sur place.
La production vivrière de la campagne A de 1998 est estimée à
1 142 million de tonnes, soit 2 pour cent de moins que le résultat de
la même campagne de 1997 et 20 pour cent de moins que le niveau davant
la crise. Le recul de la production est dû essentiellement au mauvais
temps. Les cultures ont souffert des fortes pluies et des inondations; les rendements
de légumineuses et de céréales ont chuté respectivement
de 16 pour cent et de 13 pour cent.
Les conditions de sécurité, stables dans la plupart des régions, ont permis aux personnes déplacées et aux rapatriés de rentrer chez eux et, a facilité laccès à la terre pour ceux qui sont restés dans les camps. Doù un accroissement des superficies cultivées durant la campagne B de 1998 de 5 pour cent par rapport à lannée précédente. Cette augmentation aurait été plus importante sil ny avait pas eu une pénurie de semences améliorées. Il y a eu une pénurie généralisée de semences de pommes de terre dans tout le pays et laide fournie par les organisations humanitaires na couvert quun tiers des besoins des groupes vulnérables.
Les terres cultivées ont quasiment doublé dans la province de Bubanza, compte tenu de lamélioration des conditions de sécurité. En revanche, les superficies cultivées ont diminué dans les provinces de Bujumbura Rural et de Bururi qui ont subi des affrontements continus entre des factions armées et larmée. Les superficies ensemencées en patates douces et en manioc ont augmenté sensiblement car le service de vulgarisation agricole a accordé la priorité à ces cultures. Toutefois, les superficies ensemencées en riz ont diminué à cause des inondations dans certaines zones et du manque deau pour lirrigation dans la région dImbo (SRDI et Randa dans la province de Bubanza) lors des semis.
Les rendements sont généralement comparables aux niveaux de la bonne récolte B de 1997, compte tenu des pluies suffisantes et bien réparties dans tout le pays, qui ont compensé lutilisation réduite dengrais ainsi que les pénuries et la mauvaise qualité des semences. Sur des besoins dengrais estimés à 2 000 tonnes, seulement 1 000 tonnes ont été importées à temps pour la campagne en raison de problèmes logistiques en Tanzanie. A la suite dune baisse de la production des campagnes C de 1997 et A de 1998, les agriculteurs nont pas conservé de semences en quantités suffisantes pour cette campagne. En outre, les taux élevés dhumidité à la suite des précipitations abondantes tombées fin 1997 ont compromis la qualité des semences stockées.
La production vivrière de la campagne B de 1998 est estimée à
1,85 million de tonnes, soit 4 pour cent de plus que le niveau de la campagne
de 1997. La production céréalière est en baisse de 1 pour
cent, celle de légumineuses a augmenté de 7 pour cent, tandis
que celles de racines et tubercules ainsi que de bananes ont progressé
respectivement de 5 pour cent et de 4 pour cent (Tableau 2).
La campagne C de 1998 a bien démarré avec la préparation
des terres et les semis précoces en bonne voie dans la plupart des régions
lors de la visite de la mission. Quelques 1 000 tonnes dengrais prévues
pour la campagne B de 1998 sont arrivées en retard et seront disponibles
pour la campagne C. En outre, les organisations humanitaires ont fourni 360
kg de semences de haricots, 1 000 kg de semences de légumes, 168 tonnes
dengrais DAP et 35 000 binettes. Daprès les prévisions
de la mission, la production de la campagne C de 1998 sera de 690 000 tonnes,
soit nettement supérieure au résultat médiocre de la campagne
C de 1997, victime des inondations.
La production vivrière totale en 1998 (campagnes A, B et C) est estimée
à 3,68 millions de tonnes (Tableau 3), ce qui représente une augmentation
de 15 pour cent par rapport au niveau de 1997 et avoisine la moyenne des niveaux
davant les troubles civils. Lamélioration des résultats
est due essentiellement à une production accrue de racines et tubercules.
En revanche, la production de céréales et de légumineuses
a été inférieure à la normale.
Selon le recensement effectué en 1997, le cheptel compterait 311 000 animaux contre 459 000 en 1992. Ceci représente une baisse de 32 pour cent due aux pertes causées par les troubles civils en cours depuis 1993.
Province/ Culture |
Bubanza | Bujumbura Rural | Bururi | Cankuzo | Cibitoke | Gitega | Karuzi | Kirundo | Makamba | Muramvya | Muyinga | Ngozi | Rutana | Ruyigi | Kayanza | TOTAL |
Maïs | 1 967 | 721 | 297 | 27 | 3 707 | 1 915 | 1 515 | 6 810 | 201 | 1 365 | 4 216 | 4 728 | 89 | 35 | 2 757 | 30 350 |
Blé | - | 1 319 | 2 985 | - | - | 165 | - | - | 130 | 2 305 | - | 10 | 450 | - | 1 784 | 9 148 |
Riz | 30 900 | 10 343 | 5 929 | 560 | 2 686 | 280 | 816 | 2 999 | 3 244 | - | 420 | 3 000 | 1 125 | 900 | - | 63 202 |
Sorgho | 693 | 766 | 2 321 | 8 226 | 3 072 | 5 565 | 2 700 | 10 323 | 1 164 | 4 816 | 7 948 | 4 780 | 5 792 | 6 163 | 3 102 | 67 431 |
Eleusine | - | - | 613 | 1 730 | - | 1 593 | 641 | - | 81 | 957 | 505 | 603 | 1 722 | 1 567 | 489 | 10 501 |
Haricots | 3 297 | 2 701 | 5 009 | 5 526 | 4 267 | 27 708 | 10 261 | 24 531 | 2 266 | 19 802 | 17 159 | 20 000 | 4 118 | 8 460 | 19 123 | 174 228 |
Pois | 123 | 420 | 3 830 | 438 | 339 | 6 261 | 1 530 | 1 188 | 502 | 1 678 | 1 451 | 2 463 | 364 | 719 | 3 732 | 25 038 |
Igname | - | 245 | 70 | - | 2 884 | 2 455 | 821 | 275 | 29 | - | - | - | 14 | - | - | 6 793 |
Pommes de terre | - | 3 102 | 339 | 98 | 80 | 52 | 65 | - | 114 | 3 200 | - | 300 | 120 | 151 | 2 791 | 10 412 |
Manioc | 14 077 | 19 532 | 14 906 | 18 394 | 26 642 | 37 590 | 11 510 | 16 408 | 11 217 | 16 091 | 23 884 | 25 500 | 17 640 | 16 170 | 17 219 | 286 780 |
Taro | 4 805 | 4 949 | 1 353 | 736 | 3 163 | 3 795 | 1 870 | 2 182 | 545 | 3 813 | 1 804 | 3 524 | 1 157 | 810 | 2 876 | 37 382 |
Patate douce | 953 | 4 511 | 11 063 | 4 816 | 2 291 | 100 044 | 31 406 | 41 415 | 2 858 | 72 500 | 24 052 | 72 247 | 3 824 | 3 089 | 61 779 | 436 848 |
Bananes | 42 144 | 50 440 | 27 666 | 13 623 | 48 816 | 45 721 | 13 195 | 97 173 | 14 483 | 20 885 | 93 805 | 82 650 | 26 421 | 34 454 | 77 842 | 689 318 |
TOTAL | 98 959 | 99 049 | 76 381 | 54 174 | 97 947 | 233 144 | 76 330 | 203 304 | 36 835 | 147 412 | 175 244 | 219 805 | 62 836 | 72 518 | 193 494 | 1 847 431 |
Campagne/ Denrée |
Moyenne 1988-93 |
Production 1997 |
Production 1998 |
1998 en % de la moyenne 1988-93 |
1998 en % de 1997 |
|||
camp.A 1998 | camp.B 1998 | camp.C 1998 |
Total | |||||
Céréales | 298 | 292 | 90 | 181 | 20 | 291 | 98 | 100 |
Légumineuses | 369 | 298 | 87 | 199 | 28 | 314 | 85 | 105 |
Racines& Tubercules | 1 433 | 1 296 | 488 | 778 | 235 | 1 501 | 105 | 116 |
Bananes | 1 563 | 1 297 | 477 | 689 | 407 | 1 573 | 101 | 121 |
TOTAL | 3 663 | 3 183 | 1 142 | 1 847 | 690 | 3 679 | 100 | 115 |
La situation de la sécurité a été stable dans toutes les communes, ce qui a permis aux habitants des camps de rentrer chez eux. Les superficies ensemencées ont augmenté pour toutes les cultures durant la campagne B de 1998 par rapport à la même campagne de 1997, à lexception des pommes de terre, pour lesquelles on a manqué de semences. Les engrais utilisés durant la campagne représentent moins de 40 pour cent des besoins. Les précipitations ont été normales, à lexception dun léger manque dhumidité en avril. Les patates douces ont subi des infestations de légionnaires, mais les dégâts ont été limités grâce à des applications de Sumithion. On prévoit une récolte satisfaisante.
La situation nutritionnelle est préoccupante dans le sud de la province.
La forme la plus courante de malnutrition est le kwashiorkor, qui est caractérisé
par une carence protéique.
Lamélioration des conditions de sécurité dans la province a encouragé le retour des réfugiés qui se sont réinstallés directement dans leurs fermes, doù une augmentation des superficies ensemencées. La disponibilité dengrais a été limitée à environ 20 pour cent des besoins de la campagne. Les bonnes conditions météorologiques ont favorisé toutes les cultures, à lexception des haricots (variété naine) et du riz (inondations). Les prix des denrées alimentaires sont inférieurs à ceux de la campagne correspondante de 1997.
En dépit dune amélioration de la production vivrière,
la malnutrition est généralisée parmi les enfants. Cette
situation a entraîné la mise en place dun programme de formation
en matière de nutrition dans toutes les communes de la province.
Les conditions de sécurité calmes dans toutes les communes de la province ont favorisé le rapatriement hebdomadaire de 100 à 140 réfugiés. Par ailleurs, on estime quenviron la moitié des personnes vivant dans les camps rentreront dans leurs fermes sur les hauteurs dici fin septembre.
Les précipitations durant la campagne de croissance B de 1998 ont été
adéquates et bien réparties. Toutefois, de fortes pluies ont réduit
de 30 pour cent les superficies ensemencées en riz dans les marais. Cette
baisse a néanmoins été compensée par un accroissement
des superficies ensemencées en riz pluvial. Les prix des denrées
alimentaires sont inférieurs à ceux de la campagne correspondante
de lannée précédente.
Cest la seule province qui a été épargnée par les perturbations dues aux troubles civils. Il y a eu des pénuries de semences de pommes de terre et de patates douces. Les agriculteurs nutilisent pas dengrais car les sols sont très fertiles. Les superficies ensemencées ont augmenté, principalement du fait dune expansion des terres cultivées en cultures de soudure et pour compenser la baisse de production des deux campagnes précédentes.
Dans lensemble, les conditions météorologiques ont été
favorables à la croissance et au développement des cultures, mais
des pluies tombées en juin ont retardé la récolte. Le riz
a souffert des inondations dans les communes de Mushiha et de Candajuru.
La situation de la sécurité sest stabilisée dans lensemble de la province durant la campagne B de 1998 et la mission a pu se rendre dans toutes les communes. Environ 94 pour cent des personnes déplacées ont eu accès à la terre et on observe une tendance à démanteler les camps de regroupement. En conséquence, les superficies ensemencées en cultures vivrières, en coton et en tabac ont augmenté. La production devrait être supérieure au niveau de lannée précédente, compte tenu de bonnes conditions météorologiques et de disponibilités suffisantes dintrants agricoles. Les haricots ont toutefois été victimes de maladies.
Les prix agricoles demeurent élevés en raison de la forte demande
dexportations du Rwanda et de la ville de Bujumbura.
Durant la campagne B de 1998, la situation de la sécurité sest améliorée dans toutes les communes de la province, ce qui a permis aux réfugiés des camps de rentrer chez eux. En conséquence, les superficies cultivées ont fortement augmenté.
En 1998, la production vivrière a progressé de 7 pour cent par
rapport à celle de la campagne correspondante de 1997. Ceci a contribué
à une amélioration générale de létat
nutritionnel de la population, sauf dans le nord de la province, près
de la forêt Kibira qui est victime dune grave malnutrition denviron
15 pour cent.
Cette province na pas été victime de troubles au cours des deux dernières années. La plupart des camps ont été démantelés et les habitants sont rentrés chez eux. Les personnes vivant encore dans les camps ont eu plein accès à la terre.
Les superficies cultivées en cultures vivrières ont augmenté sensiblement. Toutefois, les disponibilités dengrais ont été limitées et les semences de pommes de terre inexistantes. Les précipitations totales ont été adéquates, mais leur répartition inégale a nui aux cultures de haricots (variété naine). Pour compenser cette réduction, on a semé dautres variétés de haricots.
La disponibilité accrue de nourriture sest traduite par une forte
baisse des prix. Par ailleurs, on assiste à la reconstitution progressive
du cheptel. On prévoit que le nombre de personnes nécessitant
une aide dans les centres dalimentation sera en recul durant le deuxième
semestre de lannée.
Les conditions de sécurité ont été stables et quelques
personnes déplacées sont rentrées chez elles. Celles qui
sont restées dans les camps ont eu plein accès à leurs
terres. Les superficies cultivées ont augmenté de 5 pour cent
par rapport à la même campagne de 1997. Les précipitations
ont été satisfaisantes jusquen mai, lorsquil y a eu
une vague de sécheresse. La récolte a été satisfaisante,
sauf pour les semis tardifs. Les prix des denrées alimentaires ont considérablement
baissé. La situation nutritionnelle sest améliorée.
La situation calme a favorisé les activités agricoles. 2 368 réfugiés sont rentrés de Tanzanie entre janvier et juillet 1998. Ils se sont installés dans leurs communes respectives et ont eu accès à leurs terres.
Les précipitations ont été bien réparties et les superficies ensemencées ont augmenté, en particulier pour les cultures de soudure (4 pour cent). En général, la récolte est satisfaisante et est supérieure de 10 pour cent par rapport à la campagne B de lan dernier. Toutefois, la production de maïs et de sorgho est en baisse.
En dépit dune amélioration générale de la
santé et de létat nutritionnel de la population, la situation
demeure critique pour les personnes déplacées et les nouveaux
rapatriés.
Les conditions de sécurité se sont stabilisées dans toutes les communes de la province, ce qui a permis de mener à bien les activités agricoles dans des conditions favorables.
Les conditions météorologiques ont été meilleures que durant la campagne B de 1997. En revanche, les disponibilités dintrants agricoles et vétérinaires ont été limitées, ce qui fait que 39,5 pour cent seulement de la demande dengrais a pu être satisfaite durant la campagne.
La situation nutritionnelle sest améliorée compte tenu
de la récolte satisfaisante de la campagne B de 1998 et des recettes
tirées de la production du café.
Les conditions de sécurité se sont sensiblement améliorées, même dans les zones proches de la forêt Kibira. Les réfugiés rentrent progressivement de la République démocratique du Congo.
Les précipitations ont été normales, mais les disponibilités
dintrants agricoles ont été limitées, en particulier
de semences de pommes de terre et dengrais. Les superficies ensemencées
ont augmenté de 6 pour cent par rapport à la campagne correspondante
de 1997. La production est supérieure à celle de la campagne B
de lan dernier, compte tenu des pluies bien réparties et des attaques
limitées des ravageurs. Les prix des produits alimentaires ont néanmoins
augmenté car les négociants ont acheté en grandes quantités
pour reconstituer leurs stocks.
La situation demeure tendue et il y a eu des affrontements dans les communes de Mubimbi, Isale, Kanyosha, Mutambu, Mugongo-Manga et en particulier dans celle de Mutimbuzi dans la région rizicole de Rukaramu.
Les superficies cultivées ont diminué; les haricots, les bananes et le manioc ont souffert des pluies abondantes tandis que les pénuries dengrais se sont répercutées sur les prix du riz. La production vivrière totale en 1998 devrait être inférieure de 2 pour cent à celle de la campagne B de 1997. Les prix des denrées alimentaires ont subi une forte hausse.
La santé et la situation nutritionnelle dans les camps est source de
préoccupation. La malnutrition (kwashiorkor) et dautres maladies
(malaria, gale) sont largement répandues parmi les enfants et les femmes
enceintes.
La sécurité sest améliorée durant la campagne agricole B de 1998, sauf pour la commune de Nyanza-lac et certaines parties de la commune de Vugizo. En conséquence, un nombre important de personnes qui se sont réfugiées dans les marais et les forêts sont rentrées dans leurs fermes.
Les disponibilités dintrants agricoles ont été limitées,
en particulier pour les semences de pommes de terre, et les engrais nont
été disponibles quen petites quantités pour la campagne
agricole. Toutefois, les précipitations bien réparties ont favorisé
la croissance et le développement des cultures. La production vivrière
totale a augmenté de 4 pour cent par rapport à la campagne B de
1997, compte tenu principalement dun accroissement de la production de
patates douces et de haricots. On signale une aggravation de la malnutrition
dans la commune de Nyanza-lac (sur les rives du lac).
Les conditions de sécurité se sont stabilisées, à lexception des communes de Burambi, Buyengero, Rumonge et de la zone de Gasanda dans la commune de Bururi. Les agriculteurs qui sétaient réfugiés dans les marais et les forêts sont rentrés dans leurs fermes à flanc de colline après un court séjour dans les camps.
Les superficies ensemencées ont sensiblement augmenté, essentiellement pour les patates douces et les haricots. Néanmoins, la production na enregistré quune légère hausse par rapport à la campagne B de 1997 à cause de la pénurie dintrants.
Le nombre dadmissions dans les centres de soins et dalimentation
complémentaire et thérapeutiques a augmenté compte tenu
dune amélioration du système dorientation due aux
meilleures conditions de sécurité. Les adultes représentent
55 pour cent de la population sous-alimentée atteinte de kwashiorkor
et de marasme.
La situation de la sécurité sest nettement améliorée au cours de la campagne B de 1998, permettant le transfert de certains camps. Les habitants des camps représentant environ 54 pour cent de la population de la province ont été transférés à proximité de leurs fermes, ce qui leur a permis de cultiver leurs terres. Les superficies cultivées ont presque doublé et la récolte est meilleure que celle de la campagne B de 1997.
Les précipitations ont été satisfaisantes dans lensemble, bien que des pluies excessives dans certaines zones aient causé des inondations qui ont nui aux cultures de haricots. Les disponibilités dengrais et de pesticides ont été limitées.
Létat nutritionnel des personnes qui sétaient réfugiées dans les marais et les forêts est alarmant; elles souffrent, pour la plupart, de kwashiorkor, de gale et de malaria.
L'allégement des sanctions économiques en avril 1997 sest traduite par la reprise de la plupart des activités commerciales avec les pays voisins. Par la province de Cankuzo, le Burundi importe du bétail, des haricots et du riz de Tanzanie. Par ailleurs, il exporte de la bière, du sucre, du savon et du gazole. Hormis pour le bétail, les quantités concernées par les échanges sont plutôt limitées. Des exportations de quantités non précisées de manioc ont été également signalées vers la République démocratique du Congo.
Les effets négatifs de lembargo sur léconomie nationale sont en train de disparaître, notamment dans le secteur des transports, avec une réduction du prix du gazole qui est passé de 663 FBU/litre en juillet 1997 à 350 FBU/litre en juillet 1998. Grâce à lamélioration des conditions de sécurité et à la disponibilité de gaz à un prix abordable, les routes principales de Bujumbura vers les provinces ont été réouvertes et la circulation est dense. Les marchés sont bien achalandés en denrées vivrières et les marchands ont profité de la période de la récolte pour reconstituer leurs stocks, en particulier de haricots et de maïs. Les activités du port avoisinent les niveaux davant lembargo.
Lindice de production industrielle a progressé de 50 pour cent durant le premier trimestre 1998, par rapport à la même période de 1997. Ceci traduit une reprise de lactivité industrielle, notamment dans le secteur textile, des cigarettes et des boissons. De janvier à mai 1998, la valeur des marchandises passées en douane sest élevée à 17 milliards de FBU. Elle devrait passer de 24 milliards de FBU en 1997 à 38,5 milliards de FBU en 1998. Cette amélioration substantielle en 1998 est due principalement aux taxes prélevées sur les exportations de café, qui se sont établies à 600 millions de FBU en mars, 900 millions de FBU en avril et 400 millions de FBU en mai 1998, contre pratiquement aucune entrée avant l'allégement de lembargo.
Le café et le thé sont les principales cultures dexportation et représentent ensemble 89 pour cent des recettes dexportation du pays. La production de café a diminué passant de quelques 33 000 tonnes en 1997 à 26 000 tonnes en 1998, compte tenu essentiellement des fortes précipitations durant la première moitié de lannée, qui ont nui aux plantations de café. A linverse, la production de thé a augmenté, sétablissant à 9 800 tonnes en 1998, contre 6 900 tonnes en 1997.
En dépit des signes positifs dun regain dactivité
dans plusieurs secteurs, la situation économique demeure précaire,
avec une baisse de 39 pour cent des réserves en devises au cours du premier
trimestre 1998 par rapport à la période correspondante de 1997.
Le tableau 4 présente lévolution des prix au marché central de Bujumbura pour les principaux produits alimentaires, entre janvier et juillet 1998. A la suite de récoltes réduites pour les campagnes C de 1997 et A de 1998, les prix ont été élevés durant le premier trimestre de lannée. Ils ont généralement baissé depuis mai en prévision de la meilleure récolte de cette campagne. Les prix du sorgho se sont stabilisés au niveau élevé du début de lannée, en raison dun léger recul de la production de cette campagne. Font exception à cette tendance à la baisse des prix, toutefois, le maïs et les pommes de terre pour lesquelles les pénuries de semences ont entraîné des disponibilités réduites durant cette campagne.
Dans lensemble, les prix des denrées alimentaires demeurent nettement supérieurs à leurs niveaux de juillet 1996 avant lembargo. Les meilleurs approvisionnements de cette campagne ont du mal à couvrir la demande supplémentaire dérivant de laccroissement démographique et la production vivrière par habitant reste nettement inférieure à la moyenne davant les troubles civils (1993-1998)
Produits | Juillet 1996 (pré-embargo) |
Janv. 1998 |
Fév. 1998 |
Mars 1998 |
Avril 1998 |
Mai 1998 |
Juin 1998 |
Juillet 1998 |
Haricots | 120 | 310 | 300 | 348 | 343 | 306 | 300 | 250 |
Maïs | 80 | 175 | 200 | 188 | 150 | 150 | 200 | 225 |
Manioc sec | 100 | 180 | 180 | 180 | 120 | 104 | 117 | 120 |
Pommes de terre | 120 | 265 | 220 | 213 | 260 | 356 | 393 | 350 |
Patates douces | 90 | 150 | 150 | 188 | 150 | 126 | 167 | 155 |
Bananes (régime moyen) | - | 1 775 | 2 250 | 1 900 | 1 800 | 184 | 1 400 | 1 550 |
Riz | 198 | 400 | 450 | 463 | 450 | 410 | 350 | 350 |
Sorgho | 125 | 225 | 250 | 238 | 163 | 180 | 250 | 275 |
Daprès les enquêtes conduites récemment dans diverses régions du pays, les zones où les taux de malnutrition sont les plus élevés sont celles qui sont encore victimes de troubles civils, à savoir Cibitoke, Bubanza, Bujumbura Rural, Bururi, Makamba, Kayanza et le nord de la province de Muramvya.
Bien que laccroissement de la production durant la campagne B de 1998 améliorera quelque peu létat nutritionnel de la majorité de la population, on ne prévoit aucun changement notoire à court terme. Ceci est dû à plusieurs facteurs, notamment la baisse de la production vivrière par habitant par rapport aux niveaux davant la crise; le manque de réserves alimentaires; et une alimentation déséquilibrée due à la prédominance de racines et tubercules.
Malgré laccroissement de la production en 1998, la situation alimentaire et nutritionnelle demeure précaire. La production vivrière cette année est à peu près semblable au niveau annuel davant la crise (1988-1993). En outre, la structure de la production présente de forts déséquilibres qui ont des répercussions négatives sur la nutrition et la santé de la population en général et des groupes vulnérable en particulier. Tandis que la production de racines et tubercules a dépassé de 5 pour cent le niveau davant la crise, celle de légumineuses est inférieure de 15 pour cent par rapport à la moyenne annuelle 1988-1993. Les efforts des autorités nationales visant à accroître la production de racines et tubercules doivent aller de pair avec des initiatives de relèvement de la production de légumineuses afin déviter laggravation des taux de malnutrition due à un régime alimentaire déséquilibré.
Le tableau 5 résume le bilan de loffre et de la demande de céréales, légumineuses, racines et tubercules ainsi que bananes, projeté pour 1998 (janvier-décembre).
On présume que les stocks de céréales alimentaires sont négligeables au début de la campagne de commercialisation 1998 compte tenu dune récolte réduite durant les deux campagnes de production précédentes.
Les besoins alimentaires se fondent sur une consommation annuelle par habitant de 47 kg de céréales, 52 kg de légumineuses, 230 kg de racines et tubercules et 264 kg de bananes et plantains. Sur la base dune population récemment révisée de 6,29 millions dhabitants, les besoins de consommation sont estimés à 295 000 tonnes de céréales, 327 000 tonnes de légumineuses, 1,45 million de tonnes de racines et tubercules, 1,66 million de tonnes de bananes et plantains.
Les utilisations non alimentaires, y compris la conservation des semences et les pertes après récolte, sont estimées à 13 pour cent de la production pour les céréales, à 18 pour cent pour les légumineuses et à 10 pour cent aussi bien pour les racines et tubercules que pour les bananes et plantains.
Le déficit alimentaire en 1998 est estimé à 42 000 tonnes de céréales, 69 000 tonnes de légumineuses, 95 000 tonnes de racines et tubercules, 244 000 tonnes de bananes et plantains. Le déficit de céréales et légumineuses pourrait être couvert par les importations. Les racines et tubercules ainsi que les bananes sont difficiles à importer, car elles sont volumineuses et périssables et ne sont pas des produits habituels daide alimentaire. Environ deux tiers des bananes produites sont consommées sous forme de bière de banane et, par conséquent, sont difficiles à remplacer par des céréales dans le panier de la ménagère. La mission a jugé improbable que les consommateurs comblent totalement les déficits de racines et tubercules et de bananes par des céréales, mais que dautres aliments seraient utilisés pour compenser en partie ce déficit.
Céréales | Légumineuses | Racines & Tubercules | Bananes & Plantains | |
A. Disponibilités totales | 291 | 314 | 1 501 | 1 573 |
- Production 1998 | 291 | 314 | 1 501 | 1 573 |
* Campagne A 98 | 90 | 87 | 488 | 477 |
* Campagne B 98 | 181 | 199 | 778 | 689 |
* Campagne C 98 | 20 | 28 | 235 | 407 |
- Prélèvement sur les stocks | 0 | 0 | 0 | 0 |
B. Utilisation totale | 333 | 383 | 1 596 | 1 817 |
- Utilisations alimentaires | 295 | 327 | 1 446 | 1 660 |
- Semences, alimentation animale et autres | 38 | 56 | 150 | 157 |
C. Besoins dimportations /déficit | 42 | 69 | (95) | (244) 1/ |
- Importations commerciales | 6 | 44 | - | - |
- Besoins daide alimentaire | 36 | 25 |
1/ Déficit total de racines, tubercules et bananes estimé à 19 000 tonnes (en équivalent céréales), qui ne devrait pas être couvert par les importations.
Etant donné la reprise de lactivité dans plusieurs secteurs économiques et les possibilités daccroître les recettes en devises grâce aux exportations de café et de thé, on estime que les importations commerciales par les filières officielles et parallèles pourraient sélever à 6 000 tonnes de céréales et à 44 000 tonnes de légumineuses. Les besoins daide alimentaire pour 1998 sont estimés à 36 000 tonnes de céréales et à 25 000 tonnes de légumineuses. Les prévisions du PAM de 60 000 tonnes daide alimentaire pour 1998 ont été réduites à 45 700 tonnes en raison de problèmes logistiques. Les livraisons daide alimentaire durant le premier semestre de 1998 sont estimées à 15 700 tonnes.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d�informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s�adresser, pour tout complément d�information, à: M. Abdur Rashid, Chef, ESCG, FAO (Télex 610181 FAO I; Télécopie: 0039-6-5705-4495, Courrier électronique: [email protected]). |
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