FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 09/98 - SOUDAN* (15 septembre)

SOUDAN* (15 septembre)

La famine dans le sud du Soudan qui, selon les estimations, aurait causé la mort de 100 000 personnes dans l’Etat de Bahr-El-Ghazal depuis le mois d’avril, s’est atténuée grâce à la meilleure distribution de l’aide alimentaire depuis le mois d’août. Au cours des derniers mois, l’insécurité permanente, les obstacles à la fourniture de l’aide et les fortes pluies avaient été à l’origine d’une distribution de l’aide alimentaire largement inférieure aux objectifs fixés. En revanche, les besoins estimés de 15 000 tonnes par mois ont été entièrement couverts en août. Les prix des denrées alimentaires ont baissé sur les marchés de Wau, capitale de l’Etat de Bahr-El-Ghazal occidental et le nombre de personnes mortes de faim a considérablement baissé dès la mi-septembre. La situation demeure toutefois critique. Les décès dus aux mauvaises conditions sanitaires et au manque d’eau pure continuent à augmenter et la malnutrition grave se maintient à des niveaux très élevés, notamment parmi les personnes déplacées. Une aide d’urgence continue, destinée à la population sinistrée, sera nécessaire au- delà de la prochaine récolte qui s’annonce mauvaise dans différentes zones.

Les perspectives globales pour les cultures de 1998, dont la moisson commencera en octobre, se sont améliorées avec les pluies abondantes tombées depuis la mi-juillet, mais la situation varie grandement selon les zones. Les pluies, qui débutent normalement fin mars dans les zones situées à l’extrême sud, sont arrivées avec près d’un mois de retard. Cela s’est traduit par une réduction des superficies ensemencées en maïs et sorgho pour la première campagne dans l’Etat de Bahr El Jabel. Par la suite, en mai et en juin, les pluies ont été irrégulières dans la plupart des zones, avec des périodes prolongées de sécheresse, conjuguées par endroits avec de fortes précipitations et des inondations. Le temps sec a causé des pertes pour les cultures déjà semées dans plusieurs zones des Etats de Bahr-El-Ghazal, du Haut-Nil et de ElBuhayrat, notamment par endroits dans les régions de Rumbek et de Tonj, à l’ouest du Nil, et de Ayod, Magok, Paluer, Old Fangk et Pagil sur la rive est du Nil. En revanche, ce sont les inondations qui ont détruit les cultures dans les zones de Lafon, dans l’Etat d’Equatoria oriental, ainsi que dans le nordest de l’Etat du Haut-Nil, notamment à Ganyiel, Nyal, Leer, Duar et Nhialdiu. Le long du Nil et de la Sobat, les inondations ont détruit les cultures de maïs et de légumes, en particulier dans la zone de Bor, dans l’Etat de Jongley. Néanmoins, de nouvelles emblavures sont prévues en octobre, au moment de la décrue. Les pluies généralisées et abondantes qui sont tombées entre mi-juillet et début septembre ont permis d’effectuer des semis à grande échelle pour les cultures céréalières et autres, notamment dans les zones du nord du pays où l’emblavage a lieu plus tard. La disponibilité de semences s’est améliorée par rapport à l’an dernier, grâce aux distributions par les organismes humanitaires, mais elle reste insuffisante au regard des besoins. Les pluies tardives ont également permis la reprise des cultures à long cycle dans certaines zones. Des inondations localisées ont toutefois aggravé l’état des cultures déjà endommagées, surtout aux alentours de Malual Akon et de Weil, dans l’Etat de Bahr-El-Ghazal septentrional.

En dépit des pertes de cultures dues au temps sec ou aux inondations, selon les zones, les perspectives concernant les cultures vivrières de 1998 se sont nettement améliorées grâce aux pluies des derniers mois. D’après les dernières prévisions, la production totale devrait être supérieure à celle fortement réduite de 1997. Les récoltes s’annoncent généralement bonnes dans les Etats du Haut-Nil, de Bahr El Jabel, d’Equatoria oriental et occidental, ainsi que dans la province de Raga, dans l’Etat de Bahr-El-Ghazal, qui n’est pas touchée par les problèmes d’insécurité. Les pluies ont igalement été bénéfiques pour les réserves d’eau et les pâturages. Le bétail serait en bon état dans les zones plus sûres se trouvant dans les Etats de Jongley, de El Wuhda et du Haut-Nil.

Mis à part quelques échecs agricoles localisés dus au temps peu favorable, la production vivrière devrait être réduite pour la deuxième année consécutive dans les vastes zones touchées par les combats continus. Les déplacements de population y ont empêché cette année la réalisation normale des travaux agricoles. Dans le nord de l’Etat de Bahr-El-Ghazal, les déplacements massifs de la population à la recherche de sécurité ont mis fin à toutes les activités économiques, tandis que des milliers de têtes de bétail étaient déclarés perdus à cause des raids, surtout dans la zone de Malual Akon. Dans l’Etat de Bahr-El-Ghazal occidental, on signale une faible activité agricole à Wau et aux environs. Les grands déplacements depuis le mois de janvier et l’état nutritionnel extrêmement mauvais de la population à la suite des récoltes insuffisantes de l’an dernier, ont empêché de pratiquer l’agriculture. Dans l’Etat de El Wuhda, les combats généralisés ont sérieusement perturbé les travaux agricoles, notamment à Bentiu et à Leer. Une aide alimentaire continue sera nécessaire pour les populations se trouvant dans ces zones jusqu’à la prochaine récolte, prévue en juillet/octobre 1999.

Une mission FAO d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires se rendra dans les États du sud du Soudan à la fin septembre pour évaluer les résultats de l’ensemble de la production vivrière de 1998.

Ailleurs dans le pays, les fortes précipitations tombées début septembre dans le nord et le centre du Soudan ont provoqué des inondations, les plus graves depuis 10 ans. Celles-ci ont frappé les Etats de Khartoum, du Nord, du Nil blanc et de Kassala, entraînant des pertes en vies humaines, des déplacements de population, des dégâts importants à l’infrastructure et à l’habitat, sans compter la perte de la plupart des cultures de maïs et de sorgho. D’après les premières estimations, environ 300 000 personnes ont souffert des inondations. Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans les zones sinistrées et a fait appel à l’aide internationale. Une mission inter-institutions des Nations Unies évalue actuellement les effets des inondations, notamment leur impact sur la production agricole de cette année.


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