M. Andrien, H. Aoussaf et A. Salhi
Michel Andrien est coordonnateur du CERES, Centre d'enseignement et de recherche en éducation pour la santé de l'Université de Liège (Belgique). Hsain Aoussaf et Aziza Salhi travaillent auprès de la Division de la vulgarisation agricole du Ministère de l'agriculture et de la mise en valeur agricole du Royaume du Maroc.
Le système public de vulgarisation agricole du Maroc comprend la Division de la vulgarisation agricole au niveau central et diverses structures décentralisées. Au niveau provincial, les Directions provinciales de l'agriculture couvrent les zones d'agriculture pluviale, alors que les Offices régionaux de mise en valeur agricole coiffent les périmètres irrigués. Les Centres de travaux et les Centres de mise en valeur agricole agissent au niveau local.
Outre les structures publiques de vulgarisation agricole, il existe des sociétés privées qui font de la publicité pour leurs produits agricoles, ainsi que des organisations professionnelles agricoles telles que chambres d'agriculture, associations professionnelles spécialisées par produits et coopératives agricoles.
Les programmes de vulgarisation agricole ont longtemps été orientés vers l'augmentation de la production végétale et animale. Ils répondaient à l'objectif principal de la politique agricole, à savoir: satisfaire aux besoins alimentaires du pays en produits de base (céréales, huiles, lait et sucre) et améliorer les revenus des paysans. Ces programmes, essentiellement axés sur les aspects techniques de la vulgarisation agricole, se sont peu à peu étendus aux aspects liés à la qualité des aliments produits, à l'hygiène, à la nutrition et au planning familial, etc., grâce, en particulier, au recrutement de vulgarisatrices agricoles. Dès lors, la cible n'a plus été seulement l'homme, mais aussi la femme et la jeune fille.
Le Projet de coopération technique (PCT), dont il est question ici, est venu renforcer cette orientation et a permis de mettre au point un modèle d'intervention en matière de communication sociale en nutrition. Il a été réalisé dans le cadre de la coopération entre la FAO et le Ministère de l'agriculture et de la mise en valeur agricole. Il s'inscrivait dans le cadre du Plan national en faveur de la nutrition, tel que défini par le Gouvernement marocain en septembre 1993.
M. Andrien
Ce projet avait à l'origine pour but de mettre au point du matériel didactique destiné aux vulgarisateurs agricoles pour l'éducation des populations rurales en matière d'alimentation et de nutrition et en matière d'hygiène et de qualité des aliments. (Le projet se proposait en outre de former les vulgarisateurs agricoles à l'utilisation de ce matériel didactique.)
Il est rapidement apparu à ses promoteurs que ce projet revêtait un caractère plus large car il supposait la mise en place d'une stratégie de communication. L'intention finale était en effet d'accroître la qualité de certains produits alimentaires locaux et, partant, d'améliorer l'état nutritionnel de la population locale. L'intervention devait mobiliser les vulgarisateurs et vulgarisatrices agricoles afin qu'ils diffusent des messages relatifs à la nutrition et à la qualité des aliments.
Cette intervention a été réalisée à titre pilote dans trois régions du pays: la province d'Azilal, région montagneuse, difficile d'accès, aux prises avec des conditions très défavorables à l'agriculture; le périmètre irrigué du Tadla, partie de la province de Beni-Mellal, voisine d'Azilal, mais bénéficiant de conditions très favorables à l'agriculture; et le reste de la province de Beni-Mellal, situé sur le piémont et connaissant, sur le plan du développement de l'agriculture, une situation intermédiaire.
Pour la Division de la vulgarisation agricole, ce projet était l'occasion de tester un mode de planification des interventions dans la communication sociale en nutrition et une méthode d'évaluation de ce type d'intervention. Les compétences acquises dans ces domaines étaient susceptibles de transfert vers d'autres projets et programmes de vulgarisation agricole.
M. Andrien
La planification d'une intervention de communication suit un schéma aujourd'hui bien connu des spécialistes de la communication sociale en nutrition (Andrien et Beghin, 1993; FAO, 1993; FAO, 1994).
La phase de conception. Celle-ci part d'un diagnostic de la situation permettant de définir les problèmes prioritaires, les causes de ces problèmes, les causes pouvant être modifiées par une approche éducative, les aspects déterminants des comportements sur lesquels on peut agir et les modes de communication utilisés dans le contexte considéré. Dans le cadre de ce projet, deux études diagnostiques ont été conduites par des experts nationaux, l'une sur la situation alimentaire et nutritionnelle locale, l'autre sur la qualité de certains aliments produits localement. L'identification et l'analyse des problèmes ont permis de poser un diagnostic de la situation.
La phase de formulation. Celle-ci débute par la détermination des objectifs de l'intervention dans la communication sociale. Elle se poursuit par la formulation des messages. Ceux-ci doivent être prétestés sur le terrain afin de déterminer: s'ils correspondent bien à un problème vécu localement; s'ils proposent des solutions acceptables culturellement et réalisables économiquement; s'ils sont bien compris par le public auquel ils s'adressent; et s'ils suscitent l'intérêt de ce public par la façon dont ils sont formulés. La phase de formulation se poursuit par le choix des voies de communication, et par la conception des supports qui requiert la collaboration de l'équipe de conception du programme et d'artistes affectés à l'élaboration des supports considérés (graphistes, vidéastes, ingénieurs du son, etc.). Ces supports doivent aussi faire l'objet d'une préenquête auprès du public auquel ils sont destinés.
Les objectifs de l'intervention de communication ont été définis en relation avec le diagnostic établi auparavant. Les messages formulés sur cette base et les supports de communication ont été prétestés localement. Il s'agissait d'affiches, de bandes sonores et de bandes vidéo réalisées par des professionnels des médias et destinées aux agriculteurs et aux agricultrices, ainsi que d'aide-mémoire pour les vulgarisateurs eux-mêmes.
La phase de mise en uvre. Celle-ci inclut trois étapes: la production des supports (à partir des maquettes réalisées lors de la phase de formulation); la formation des intervenants (ici, en particulier les vulgarisateurs et les vulgarisatrices agricoles); et la communication proprement dite avec la population.
Au terme des prétests et des corrections apportées à la suite de ceux-ci, la production a été engagée, ainsi que la formation de ceux qui allaient communiquer les messages (les intervenants). Les actions de communication ont pu ensuite être lancées vers la population.
Dans sa fonction formative, l'évaluation accompagne les processus en
cours d'exécution, dans la perspective de réguler ceux-ci. Dans sa fonction sommative,
l'évaluation permet de dresser un bilan au terme d'un cycle du projet
(De Landsheere, 1979). L'évaluation a démarré dès que le projet est entré dans sa
phase de formulation, selon une proposition méthodologique décrite plus loin.
M. Andrien
Un groupe pluridisciplinaire provenant de divers départements ministériels (vulgarisation agricole, répression des fraudes alimentaires, santé maternelle et infantile, alphabétisation, etc.) a été chargé de réaliser l'analyse des problèmes nutritionnels et des problèmes de qualité des aliments, sur la base de deux études effectuées dans les provinces considérées (Jelloun, 1994; Hamimaz, 1994).
Les problèmes à aborder en priorité dans le cadre de ce projet pilote ont été définis comme suit:
Chaque problème jugé prioritaire fit l'objet d'une analyse causale en arbre selon la méthode du diagnostic nutritionnel (Beghin, Cap et Dujardin, 1988).
Pour chacun des trois problèmes évoqués plus haut, le groupe pluridisciplinaire a construit un arbre de causalité, ou «modèle hypothétique causal», devant servir de référence pour définir les objectifs de changement comportemental, concevoir les messages et évaluer le projet. Le modèle hypothétique causal permet non seulement d'identifier les facteurs sur lesquels l'effort sera porté, mais aussi les facteurs qui constitueront des difficultés dans la progression vers les objectifs du projet (voir figure 1).
1. Exemple de modèle hypothétique causal: l'hygiène dans les centres de collecte du lait
S'inscrivant dans une logique d'évaluation formative et non sommative, l'équipe d'encadrement a choisi une approche globale et participative de l'évaluation (Lefevre et Beghin, 1991).
Il s'agissait de réaliser une évaluation qui soit réellement utile aux acteurs du programme, davantage centrée sur les processus que sur les résultats et orientée vers des décisions plutôt que vers des conclusions. Pour ce faire, il était souhaitable de répondre à quelques questions simples visant à améliorer les processus en cours: allons-nous dans la bonne direction? Faisons-nous correctement notre travail? Les activités prévues sont-elles réalisées et, si oui, le sont-elles de manière à satisfaire les principaux acteurs du projet? Ces activités donnent-elles les résultats escomptés? Progresse-t-on vers les objectifs à long terme du projet?
Dans le contexte de l'évaluation, le groupe pluridisciplinaire a construit un tableau dit «HIPPOPOC», résumant en quatre colonnes les intrants, les processus, les résultats et les effets du projet ou du programme. A partir de cette analyse des éléments constitutifs du projet, l'étape suivante de l'évaluation a amené l'équipe intersectorielle à élaborer un modèle dynamique de l'intervention. Ce modèle a permis aux participants de mieux comprendre la cohérence du projet et, partant, de mieux identifier quels pourraient être les indicateurs de son évaluation à court terme.
Le modèle dynamique organise en effet les éléments constitutifs du projet dans un ensemble cohérent et chronologiquement ordonné. C'est un outil de vision commune du projet et des enchaînements de ses activités pour l'équipe qui le réalise.
La figure 2 présente, en une version simplifiée, le modèle dynamique de cette intervention. Ce modèle dynamique raconte l'histoire passée, présente et future du projet. Sur la base de ce modèle dynamique, l'équipe intersectorielle définit des indicateurs de processus, de résultats et d'effets du projet, à récolter pendant la suite de son exécution.
2. Modèle dynamique simplifié de l'intervention
Une série d'indicateurs ont été recueillis par les vulgarisateurs agricoles, puis regroupés à l'échelon provincial avant d'être traités par le service central chargé de l'exécution du projet. Les éléments d'évaluation disponibles après six mois de communication avec la population sont principalement des indicateurs quantitatifs et qualitatifs des processus et des résultats, ainsi que des données qualitatives sur les obstacles et les contraintes qui ont été rencontrés par ceux qui ont mis en uvre le projet sur le terrain.
Production de supports de formation et de communication. Le projet a contribué à la formulation de messages clairs en matière de nutrition (diversification de la production et de la consommation des aliments) et de qualité des aliments (production artisanale d'huile d'olive et hygiène de la collecte du lait). Ces messages ont fait l'objet d'une transcription sur des supports de formation des agents de terrain et sur des supports de communication avec la population. Ces supports ont été prétestés et adaptés aux publics visés.
Au total, le projet a permis de produire et de diffuser un aide-mémoire sur l'alimentation nutrition, un guide des bonnes pratiques dans les maasras, cinq affiches, une cassette audio incluant des conseils présentés sous forme de saynètes et de chansonnettes et une cassette vidéo sur la production d'huile d'olive dans les maasras.
Formation de personnel. Douze sessions de formation ont été organisées dans le cadre de ce PCT concernant les trois domaines suivants:
Soixante-trois personnes ont en outre participé à l'atelier final de présentation et de discussion des résultats du projet pilote.
Communication avec la population. La communication avec la population s'est déroulée durant les six derniers mois de l'exécution du projet. A Azilal, les cinq centres de travaux qui dépendent de la Direction provinciale ont été impliqués dans le projet. De même, à Beni-Mellal, les cinq centres de travaux se sont également investis dans le projet. Enfin, dans le Tadla, 27 centres de développement agricole sur les 32 centres qui dépendent de l'Office régional de mise en valeur agricole ont participé au projet.
Durant cette phase pilote, nombre d'agriculteurs, d'agricultrices et de
responsables de maasras (centres de collecte du lait) ont été contactés
individuellement ou par groupe par les vulgarisateurs et/ou les vulgarisatrices sur les
objectifs du projet. Ainsi, 5 673 personnes (pour la plupart des hommes) ont été
contactés à Azilal, 5 662 personnes (4 048 hommes et 1 614 femmes) à
Beni-Mellal et 10 314 personnes
(8 240 hommes et 2 074 femmes) dans le Tadla. Le fait que moins de femmes ont été
contactées (même si les thèmes abordés les concernent en priorité) s'explique en
bonne partie par la faible représentation féminine au sein du personnel de vulgarisation
agricole. Le cas extrême se présente à Azilal où, à l'heure actuelle, les services de
vulgarisation agricole ne comptent aucune femme.
Les supports mis à la disposition des vulgarisateurs ont été utilisés pour soutenir leurs efforts de communication interpersonnelle. Une plus grande diversité de supports est souhaitée par les agents de terrain, qui aimeraient, par ailleurs, que leurs messages soient renforcés par les médias.
Plus de 90 pour cent des 65 personnes interrogées ont vu les affiches et ont reçu des explications d'un vulgarisateur ou du directeur d'un centre agricole, ou encore d'un autre agriculteur, voire même d'un autre agent de développement. Il est apparu très clairement que les affiches stimulent la communication sociale en matière de nutrition, dans la mesure où, une fois que les agriculteurs les voient, ils demandent qu'on leur en explique le contenu? Cela entraîne automatiquement une discussion, même informelle, au sujet de la nutrition ou au sujet de la qualité des aliments.
Une fois présentées par les vulgarisateurs au public-cible de l'intervention, les affiches sont bien comprises. La lecture que les personnes interviewées en font est conforme aux intentions de ceux qui les ont conçues. Un message supplémentaire est perçu, sans qu'il ait fait l'objet d'une intention explicite de la part des responsables du projet: le message de la planification familiale. Deux affiches présentent en effet une famille et, chaque fois, il s'agit d'une famille de taille réduite. On ne peut que se féliciter du message sous-jacent et non intentionnel porté par ces affiches, puisqu'il correspond à une volonté politique nationale de développer la planification familiale.
La cassette audio est elle-même bien perçue et très appréciée, puisque certains agriculteurs voudraient en recevoir un exemplaire. Presque toutes les personnes interrogées ont retenu les messages importants que cette cassette contient.
En résumé, l'enquête menée par l'équipe centrale a mis en évidence que les supports sont de bonne qualité, mais qu'ils doivent être présentés par les vulgarisateurs lors d'un «face-à-face» avec les agriculteurs pour que l'on puisse en espérer un impact.
Changements de comportement. Malgré la durée réduite de la phase de communication avec la population et malgré une campagne agricole perturbée par une sécheresse inhabituelle, les agents de terrain ont noté chez les agriculteurs et les agricultrices un vif intérêt pour les thèmes abordés dans le cadre de ce projet. Les agriculteurs ont compris les messages qui leur étaient adressés et n'ont manifesté aucune opposition à leur contenu. Certains d'entre eux, producteurs ou consommateurs, ont même déjà modifié quelques-uns de leurs comportements.
Les messages relatifs à l'hygiène dans les centres de collecte du lait ont été jugés pertinents et certains responsables ont déclaré avoir déjà amélioré la situation. Cela a pu être vérifié sur place. La plupart des personnes interrogées ont dit appliquer les recommandations présentées sur les supports, même celles encourageant la consommation de poisson.
La durée de l'intervention sur le terrain (six mois), d'une part, et la sécheresse, d'autre part, ont été les principaux facteurs limitatifs de ce projet de communication, et c'est pourquoi il était hors de question d'attendre des effets significatifs sur les comportements des consommateurs comme des producteurs avant la fin du projet. D'une façon générale, les effets de programmes de communication sur les habitudes de production et de consommation alimentaires doivent être évalués sur le long terme.
L'introduction des questions afférentes à la nutrition et à la qualité des aliments dans la vulgarisation agricole est en route (elle a été effective pendant six mois à Azilal, Tadla et Beni-Mellal), et tous les partenaires du projet s'accordent pour dire que c'est un objectif réalisable. Certains estiment toutefois qu'un accroissement des ressources humaines et matérielles des structures de la vulgarisation agricole serait nécessaire pour inscrire cette innovation dans la routine.
La communication sociale en nutrition s'est incontestablement développée dans les trois zones du projet pendant les six mois de son exécution, et les principaux intéressés, agriculteurs et agricultrices, se sont déclarés vivement concernés par ces questions, et ont entamé un dialogue avec les vulgarisateurs et vulgarisatrices. Des changements positifs ont déjà pu être observés par les vulgarisateurs, tant au niveau de la consommation alimentaire (dans quelques ménages) qu'au niveau de l'aménagement des centres de collecte du lait et des maasras.
Le modèle d'intervention dans la communication sociale en nutrition a été en partie validé. Il est ainsi apparu possible d'introduire dans les activités de vulgarisation agricole des composantes ayant trait à la nutrition - domaine habituellement réservé au personnel sanitaire - et à la qualité des aliments - domaine traditionnellement réservé aux inspecteurs de la répression des fraudes.
Cette innovation a pu suivre une démarche logique d'intervention dans la communication sociale, respectant les étapes d'analyse des problèmes, de formulation d'objectifs et de messages précis, de conception et de prétest des supports et de formation des agents, avant de se lancer dans la communication avec les populations. Pour être formative, l'évaluation d'une telle innovation peut emprunter des méthodes globales et participatives, telles que l'analyse causale qui permet d'avoir une vue d'ensemble des problèmes et de leurs déterminants, et la construction d'un modèle dynamique de l'intervention, qui permet de situer très précisément les processus par rapport à leurs intrants, résultats et effets.
Un tel processus d'évaluation permet d'unir les responsables chargés du projet autour de modèles de référence communs, modèles conceptuels construits sur la base de l'expérience des divers acteurs intervenant dans cette innovation.
Andrien, M. et Beghin, I. 1993. Nutrition et communication:
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Paris.
Beghin, I., CAP, M. et Dujardin, B. 1988. Guide pour le diagnostic nutritionnel.
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Ben Jelloun, S.B. 1994. Consommation et comportement alimentaires dans trois
régions rurales marocaines. Ministère de l'agriculture et de la mise en valeur
agricole, Rabat.
De Landsheere, G. 1979. Dictionnaire de l'évaluation et de la recherche en
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FAO. 1993. Guide méthodologique des interventions dans la communication sociale
en nutrition, par M. Andrien. Rome
FAO. 1994. Les interventions dans la communication sociale en nutrition, par M.
Andrien. Alimentation, nutrition et agriculture, 10: 9-17. Rome.
Hamimaz, A. 1994. Diagnostic sur la qualité des aliments dans les régions de
Beni-Mellal, Tedla et Azilal. Ministère de l'agriculture et de la mise en
valeur agricole, Rabat.
Lefevre, P. et Beghin, I. 1991. Guide to comprehensive evaluation of the
nutritional aspects of projects and programmes. Institut de médecine tropicale,
Anvers, Belgique.