Léconomie mondiale du sucre sera probablement excédentaire
en 1998/99 pour la quatrième campagne consécutive. Les niveaux
des stocks devraient continuer à augmenter de 2 millions de tonnes, pour
atteindre 46 millions de tonnes à la fin de lannée 1998/99.
Ceci se traduirait par un ratio stocks sur consommation de 37 pour cent. Ce
déséquilibre sexpliquerait en grande partie par lessor
continu de la production et le ralentissement de la croissance de la consommation
en Asie, ainsi que par la stagnation en Fédération de Russie,
compte tenu des difficultés économiques de ces pays. Ces facteurs
continueraient à déprimer les niveaux de prix fin 1998 et début
1999.
La campagne 1997/98 sest ouverte avec des cours mondiaux légèrement
inférieurs à 12 cents E.-U. la livre, qui ont baissé à
9,84 cents E.-U. la livre fin mars 1998, avant de toucher le plus bas niveau
enregistré en 11 ans, de 7,24 cents E.-U. la livre en septembre 1998.
Les prix douverture de la campagne 1998/99 (octobre-septembre) avoisinaient
les 7,35 cents E.-U. la livre jusquau 20 octobre 1998.
Daprès la FAO, la production mondiale de sucre en 1998/99 devrait
croître au même rythme (1,5 pour cent) quen 1997/98 pour atteindre
127,4 millions de tonnes (valeur brute). Le volume de sucre produit à
partir de la canne à sucre passerait de 87,0 à 90,2 millions de
tonnes, soit 70 pour cent de la production mondiale de sucre en 1998/99. Les
principaux gains de production seraient réalisés au Brésil
et en Inde, et dans une moindre mesure, en Afrique du Sud, et ils absorberaient
complètement la baisse mondiale de production la plus importante, enregistrée
dans la CE, qui est aussi le plus grand producteur de betterave. Le volume mondial
de sucre fabriqué à partir de la betterave sétablirait
à 37,2 millions de tonnes, en recul de 3 pour cent.
Production | Consom-mation | |||
1997/98 | 1998/99 | 1998 | 1999 | |
(. . million de tonnes, équivalent sucre brut . .) | ||||
MONDE | 125,4 | 127,4 | 123,4 | 125,2 |
Pays en développement | 81,0 | 84,6 | 78,4 | 79,9 |
Amérique latine | 36,0 | 36,5 | 22,5 | 22,9 |
Afrique | 4,4 | 4,5 | 6,4 | 6,6 |
Proche- Orient | 5,3 | 5,4 | 9,3 | 9,6 |
Extrême- Orient | 34,9 | 37,9 | 40,2 | 40,7 |
Océanie | 0,4 | 0,2 | 0,1 | 0,1 |
Pays développés | 44,4 | 42,8 | 45,0 | 45,2 |
Europe | 23,8 | 22,3 | 19,6 | 19,7 |
dont: CE | (19,1) | (17,9) | (14,4) | (14,4) |
Amérique du Nord | 7,2 | 7,3 | 30,0 | 10,4 |
CEI | 4,1 | 4,2 | 9,7 | 9,7 |
Océanie | 5,9 | 5,4 | 1,2 | 1,2 |
Autres pays | 3,4 | 3,6 | 4,3 | 4,2 |
SOURCE: FAO
En Extrême-Orient, la production en 1998/99 devrait augmenter de près
de 9 pour cent et atteindre 38 millions de tonnes, grâce à laccroissement
de la production en Inde (+16 pour cent, soit 1,2 million de tonnes), qui sétablirait
à 16 millions de tonnes en 1998/99. Les achats du gouvernement, pour
les programmes de distribution à des prix subventionnés, ont amélioré
la position financière des minoteries, et les paiements sans retard aux
cultivateurs ont encouragé la livraison de quantités supérieures
de canne aux minoteries. En Chine, on prévoit une augmentation de 3 pour
cent de la production qui passerait à 8,7 millions de tonnes; en effet,
compte tenu des prix compétitifs de la canne, les superficies cultivées
en céréales seraient converties au profit de la canne à
sucre, principalement dans les provinces de Yunnan et de Guangxi. En Thaïlande,
les programmes de remise en état des cultures entraîneront une
reprise denviron 250 000 tonnes, par rapport au niveau ayant souffert
de la sécheresse de 1997/98. La production de sucre en 1998/99 devrait
sétablir à 4,6 millions de tonnes.
Daprès les premières estimations concernant le Brésil
(également sur la base des prévisions dune part accrue de
canne affectée à la production de sucre en raison des stocks élevés
dalcool), la production de sucre passerait à environ 16,4 millions
de tonnes en 1998/99, soit 4 pour cent de plus quen 1997/98, compensant
une réduction de 5 pour cent au Mexique, le deuxième producteur
dAmérique latine. Les conditions météorologiques
défavorables devraient limiter la production à 5,5 millions de
tonnes au Mexique, tandis quà Cuba, les premiers espoirs dun
relèvement total après la récolte considérablement
réduite de 3,2 millions de tonnes en 1997/98 ne se sont pas matérialisés,
car les ressources limitées ont restreint les améliorations structurelles
nécessaires dans lindustrie. La production devrait demeurer aux
niveaux de 1997/98, et pour la région, on prévoit une progression
de 1,5 pour cent (36,5 millions de tonnes).
En Afrique du Sud, la production de sucre sétablirait à
2,7 millions de tonnes (+ 5 pour cent) grâce aux conditions météorologiques
favorables, tandis quen Australie, elle devrait reculer de 8 pour cent
pour sétablir à 5,4 millions de tonnes, à cause de
fortes pluies tombées dans le Queensland.
Parmi les pays producteurs de betterave, la production de sucre dans la CE
serait en recul de 1,2 million de tonnes par rapport au record de 1997/98 de
19,1 millions de tonnes, tandis que la production de la Fédération
de Russie et de lUkraine resterait respectivement aux alentours de 1,5
million de tonnes et 2,2 millions de tonnes.
La FAO estime quen 1999, la consommation mondiale de sucre augmentera
de 1,4 pour cent pour atteindre 125,2 millions de tonnes, en accord avec les
estimations globales révisées du PIB qui prévoient un ralentissement
de la croissance économique par rapport aux niveaux davant 1998.
En 1998, la consommation mondiale de sucre a progressé de 2,0 pour cent.
Les pays en développement continueront à assurer lessentiel
de la consommation, plus de 60 pour cent du total mondial.Toutefois, à
1,8 pour cent, le taux de croissance serait nettement plus bas que la moyenne
de 3,5 pour cent en 1996 et 1997, avant le début des difficultés
économiques actuelles. En Asie, les utilisations industrielles seraient
particulièrement touchées. Laccroissement de la consommation
resterait faible pour la région et diminuerait même dans plusieurs
pays comme la Malaisie et lIndonésie. Cependant, en Chine et en
Inde, la croissance de la consommation devrait suivre celle de la population
(respectivement 9,2 et 15,9 millions de tonnes), tandis quen Afrique,
au Proche-Orient et en Amérique latine, des augmentations modérées
seront enregistrées, quoiquà des taux de croissance plus
faibles quen 1998.
Dans les pays développés, la consommation devrait demeurer légèrement
supérieure à 45 millions de tonnes, pratiquement inchangée
par rapport au niveau à peine inférieur à 45 millions de
tonnes de 1998. Laccroissement le plus important concernerait les États-Unis,
tandis que des augmentations plus faibles seraient enregistrées dans
la CE, dans dautres pays dEurope de lOuest et dEurope
de lEst. Ces progressions compenseraient les baisses de la Fédération
de Russie et de lUkraine.
Le ralentissement de léconomie mondiale devrait réduire
la demande dimportations, alors que les disponibilités dexportations
demeureraient élevées. En outre, la demande dimportations
subirait une nouvelle réduction, compte tenu de lautosuffisance
croissante de plusieurs grands marchés traditionnels. Le déséquilibre
qui en résulterait devrait maintenir les prix à la baisse à
court terme.