FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.1 - Février 1999 p. 5

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VIANDE

En 1998, une faible demande d'importation associée à une offre abondante ont provoqué une chute considérable des cours internationaux de la viande. Le déclin s'est accéléré au cours du dernier trimestre, l'effondrement financier de la Fédération de Russie ayant gravement compromis les ventes sur ce marché. La dégradation a été particulièrement nette pour la viande de porc, dont les prix ont chuté à un niveau sans précédent du fait des excédents mondiaux. Pour ce qui est de la viande de volaille, les prix sont restés très bas une bonne partie de l'année, mais ils ont plongé à partir de septembre, lorsque les achats de la Fédération de Russie ont pratiquement cessé. Pour la viande ovine et bovine, la tendance a aussi été à la baisse, du fait de la forte concurrence des autres viandes.

La production et la consommation mondiales de viande ont augmenté de 2,5 pour cent en 1998, passant à 218 millions de tonnes. Après plusieurs années de dégradation progressive dans les pays développés, la production a augmenté, même si ce n'est que de 1 pour cent, à cause d'une forte expansion en Amérique du Nord et, dans une moindre mesure, en Europe. Dans la CEI par contre, la production a continué à baisser. La croissance a été de 3 pour cent dans les pays en développement, soit moitié moins que l'année passée, à cause surtout du ralentissement enregistré en Chine.

Le volume des échanges internationaux de viande 1/ a légèrement diminué en 1998, s'établissant à 14,2 millions de tonnes, après une décennie de croissance régulière. Cette nouvelle orientation est due principalement à la chute des importations de la Fédération de Russie, qui occupait, après le Japon, le deuxième rang mondial pour les importations de viande. Toutes les catégories de viande, à l'exception de la viande de mouton, ont été touchées par la contraction de la demande d'importations, bien qu'un fort accroissement des subventions à l'exportation dans la CE ait contribué à soutenir les flux de viande de porc.


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1/ En équivalent de poids carcasse. Il n'est tenu compte ni des échanges d'animaux sur pied, ni des échanges entre pays de la CE et de la CEI.)

PRODUCTION MONDIALE DE VIANDE 1/

    1996 1997 1998 estim.
( . . . millions de tonnes . . . )
TOTAL MONDIAL 205.8 212.5 217.8
Viande de volaille 56.2 59.7 61.1
Viande porcine 78.5 80.6 83.8
Viande bovine 56.7 57.4 57.7
Viande ovine et caprine 10.4 10.8 11.1
Autres viandes 4.1 3.9 4.0
PAYS EN DEVELOPPEMENT 104.9 111.8 115.7
Viande de volaille 27.0 29.9 30.8
Viande porcine 42.5 45.4 47.4
Viande bovine 25.9 26.8 27.4
Viande ovine et caprine 7.0 7.4 7.7
Autres viandes 2.4 2.3 2.4
PAYS DEVE LOPPES 100.9 100.7 102.1
Viande de volaille 29.1 29.9 30.3
Viande porcine 36.0 35.2 36.4
Viande bovine 30.8 30.6 30.3
Viande ovine et caprine 3.4 3.4 3.4
Autres viandes 1.6 1.6 1.7

SOURCE: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.
1/ En 1998, après la publication des résultats d'un recensement agricole national récent, les estimations officielles de la Chine concernant la production de viande de 1996 et de 1997 ont été révisées à la baisse. Les statistiques de la FAO ont été ajustées en conséquence.

Viande bovine

La production mondiale de viande de b_uf a augmenté de moins de 1 pour cent en 1998 pour atteindre 57,7 millions de tonnes, soutenue par une expansion modérée dans les pays en développement. En Chine, la production a continué à progresser en 1998, mais la hausse, de 8 pour cent seulement, ne représente que la moitié de la croissance enregistrée l'année précédente. En Egypte, en Inde et au

Pakistan, l'expansion a été sensible. En revanche, la production a chuté en République de Corée, en Thaïlande et en Indonésie, avec la fin des abattages de bétail qui avaient gonflé la production en 1997. En Argentine, au Brésil et en Uruguay, les résultats obtenus dans le secteur de la viande ont été limités par les prélèvements destinés à la reconstitution du cheptel. Dans les pays développés, la production a encore augmenté aux Etats-Unis, surtout à cause du poids record des carcasses. Une expansion a également été enregistrée au Canada et en Australie. En Nouvelle-Zélande, la sécheresse a provoqué un accroissement des abattages et de la production. La production a baissé dans la CE où les effets d'une récession cyclique ont été amplifiés par l'adoption, depuis 1996, de divers plans destinés à limiter les excédents. Dans la plupart des pays d'Europe orientale et dans la CEI, le ralentissement s'est poursuivi.

EXPORTATIONS MONDIALES DE VIANDE 1/

    1996 1997 1998
estim.
( . . milliers de tonnes . . )
MONDE 13 675 14 293 14 180
Viande de volaille 5 382 5 510 5 426
Viande porcine 2 658 2 682 2 686
Viande bovine 4 742 5 200 5 158
Viande ovine et caprine 657 665 674
Autres viandes 236 236 236

SOURCE: FAO
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.
1/ Y compris la viande (fraîche, réfrigérée, congelée préparée et en boîte); en équivalent de poids carcasse; non compris les expéditions d'animaux sur pied, les abats comestibles et les échanges intracommunautaires de la CE.

Les échanges internationaux de viande bovine se sont légèrement contractés en 1998. S'établissant à 5,2 millions de tonnes en 1998, ils sont restés proches du niveau record atteint en 1997. Les Etats-Unis ont renforcé leurs importations, profitant des quantités de viande de b_uf disponibles vu la faiblesse de la demande en Asie. Les achats du Brésil, du Mexique et du Japon ont également augmenté, bien que l'on ait constaté dans ce dernier pays un déplacement de la demande vers les morceaux de coûts et de qualité inférieurs. En revanche, les importations du Canada et de la République de Corée ont chuté. Du côté des exportations, les Etats-Unis ont légèrement augmenté leurs expéditions en 1998, alors que l'Australie, le Brésil, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont enregistré des progressions plus sensibles, leur compétitivité ayant été favorisée dans certains cas par un affaiblissement de leurs monnaies. Les livraisons en provenance d'Argentine et, dans une moindre mesure, d'Uruguay ont par contre été freinées par des prix intérieurs élevés; dans la CE, la baisse correspond aux engagements pris au titre des Accords du cycle d'Uruguay qui limitent les subventions à l'exportation.

Viande ovine et caprine

En 1998, la production mondiale de viande ovine et caprine a augmenté de 3 pour cent pour s'établir à 11,1 million de tonnes. La plus forte progression a été enregistrée en Asie, notamment en Chine, en Inde et au Pakistan où le secteur a bénéficié d'un accroissement de la demande, et en Afrique, surtout en Algérie et au Nigeria. Dans la CE, les prix de la viande ovine sont restés faibles presque toute l'année, ce qui a accéléré la réforme du cheptel reproducteur et entraîné un gonflement notable de la production. L'effondrement des cours des peaux de mouton, produit dérivé de la viande ovine, a contribué à la baisse des revenus des producteurs. En Australie et en Nouvelle-Zélande, on a enregistré des accroissements de la production liés aux abattages nombreux dus à la sécheresse en début de campagne. Par contre, aux Etats-Unis, le secteur de la viande ovine a encore diminué. La production a aussi chuté en Argentine et en Uruguay, où les ressources ont été consacrées à la production bovine.

On estime qu'en 1998 les échanges mondiaux de viande de mouton et d'agneau ont atteint 675 000 tonnes, soit 10 000 tonnes de plus que l'année précédente. Pour l'essentiel, cet accroissement est imputable à l'augmentation des importations au Mexique, en Arabie saoudite et aux Etats-Unis. Dans ce dernier pays, l'augmentation des expéditions a entraîné l'application de la clause spéciale de sauvegarde aux termes du Trade Act, d'où un léger relèvement des droits de douane depuis juillet 1998. L'expansion des échanges a surtout profité aux exportations de l'Australie. Les ventes de la Nouvelle-Zélande sont pratiquement inchangées par rapport à l'an dernier. Les expéditions en provenance de l'Inde ont diminué.

Viande porcine

La production mondiale de viande de porc a augmenté de 4 pour cent en 1998 pour s'établir à 84 millions de tonnes, traduisant ainsi l'accroissement important et généralisé du cheptel reproducteur au cours des deux dernières années. Bien que cette expansion ait coïncidé avec des prix à la production extrêmement bas, le coût plutôt faible des céréales destinées à l'alimentation animale en 1998 a permis d'atténuer la pression à la baisse exercée sur les revenus du secteur. Des hausses de la production ont été enregistrées surtout au Brésil, au Canada, en Chine, en Indonésie, en République de Corée, aux Etats-Unis et dans la CE. En revanche, dans la CEI et en Thaïlande, la production a diminué.

En 1998, malgré l'importance des quantités disponibles pour l'exportation, les échanges internationaux de viande de porc ont stagné aux alentours de 2,7 millions de tonnes. Les achats de la Fédération de Russie ont chuté, bien qu'à partir de novembre la restitution spéciale de 700 ECU la tonne accordée par la CE sur les ventes destinées à ce marché ait encouragé la reprise en fin d'année, limitant ainsi l'ampleur de la contraction. Du fait de l'accroissement des disponibilités intérieures, les expéditions destinées à la République de Corée ont diminué alors qu'au Japon l'abaissement des stocks a conduit à un déclin de 1 pour cent des importations. Par contre, les expéditions vers la RAS de Hongkong, la province chinoise de Taïwan et le Mexique ont augmenté. Les exportations des pays d'Europe orientale et d'Europe centrale, qui dépendent de manière critique des achats de la Fédération de Russie, ont souffert de la contraction de ce marché et de la concurrence des exportations en provenance de la CE. Le Canada a aussi un peu réduit ses expéditions. Par contre, les Etats-Unis et la CE ont réussi a accroître le volume de leurs exportations en diminuant très nettement les prix de vente. La République de Corée a aussi beaucoup augmenté ses livraisons, comblant en partie le vide laissé sur le marché japonais par le retrait de la Province chinoise de Taïwan, suite à l'interdiction des échanges décrétée en 1997 à cause de l'épidémie de fièvre aphteuse.

Viande de volaille

Selon les estimations, la production mondiale de viande de volaille aurait augmenté de 2 pour cent en 1998, et s'établirait à 61 millions de tonnes. Le secteur a dans l'ensemble bénéficié des prix avantageux des produits d'alimentation animale, ce qui a permis de préserver les revenus malgré le fléchissement des prix à la production. L'expansion a été relativement faible aux Etats-Unis, principal pays producteur, à cause de l'épidémie de leucose qui a gonflé le taux de mortalité des volailles. La croissance de la production s'est aussi ralentie en Chine, à la suite de plusieurs années de recul des prix. Dans la CE, la croissance de deux pour cent du secteur a été relativement modeste. Une progression importante a été enregistrée en Afrique du Sud, au Chili, au Pérou, en Pologne et au Mexique. Dans la Fédération de Russie, le secteur de la volaille semble s'être stabilisé pour la première fois depuis l'introduction des réformes du marché. En Indonésie, par contre, la production a régressé vu le prix élevé des produits d'alimentation animale sur le marché intérieur, en raison de la dévaluation monétaire; au Japon, où le ralentissement de la consommation s'est confirmé, la production a aussi baissé.

En 1998, les échanges mondiaux de viande de volaille ont diminué pour la première fois en dix ans, baissant de 1 pour cent pour s'établir à 5,4 millions de tonnes. La contraction est essentiellement imputable au retrait de la Fédération de Russie du marché international au cours du dernier trimestre de l'année, d'où une chute considérable de ses importations. Une faible demande intérieure a provoqué la réduction des achats de la Chine et a conduit à une diminution des importations de la RAS de Hongkong, dont une partie est normalement réexportée vers la Chine. Au Japon, le niveau des importations n'a pas varié. Au contraire, le Canada, le Mexique et l'Argentine ont bénéficié du dynamisme de la consommation intérieure. Le déclin des échanges internationaux a été enregistré principalement aux Etats-Unis, mais le Brésil et la Chine ont aussi réduit leurs exportations, la Chine ayant dû faire face à la concurrence accrue de la Thaïlande. En revanche, la CE a enregistré un léger accroissement qui reflète de bons résultats à l'exportation au cours des trois premiers trimestres. En Thaïlande, les exportations ont aussi augmenté.

Perspectives pour 1999

La production mondiale de viande devrait, selon les prévisions, augmenter d'environ 2 pour cent en 1999. L'essentiel de cet accroissement devrait être concentré dans les secteurs de la viande de volaille et de porc, surtout si les prix des produits d'alimentation animale restent avantageux. En effet, malgré les faibles revenus obtenus en 1998, les producteurs ne semblent pas prêts à réduire leurs activités. Une augmentation de la production de viande ovine et caprine est également attendue. Toutefois, la production de viande bovine ne devrait pas progresser, certains grands pays producteurs entrant dans la phase négative du cycle de production.

Les perspectives du commerce international de la viande sont très incertaines pour 1999. Selon les premières estimations, les flux de viande devraient dans l'ensemble être relativement stables. La viande de b_uf devrait accuser un certain fléchissement dû à la réduction possible de l'offre en Amérique du Nord et en Océanie, qui absorberait largement l'accroissement des disponibilités en Amérique du Sud. Selon les prévisions, une réduction de la production de viande ovine en Nouvelle-Zélande pourrait aussi limiter le volume des échanges de viande de mouton et d'agneau. Les échanges de viande de volaille devraient quelque peu diminuer à cause de la faiblesse de la demande dans la Fédération de Russie. En revanche, les échanges de viande de porc devraient encore progresser, alimentés par l'offre abondante du Brésil, du Canada, de la Communauté européenne et des Etats-Unis, associée à une demande d'importation plus active de la part du Japon. Cet accroissement s'accompagnera probablement de prix très bas, au moins pendant la première moitié de l'année. Cela pourrait entraîner une reprise du commerce avec la Fédération de Russie dont l'industrie de transformation de la viande dépend de manière critique des importations de viande de porc. Toujours est-il que la situation des échanges de viande dépendra beaucoup, cette année, des dispositions spéciales que prendront les pays exportateurs. La CE a déjà approuvé une aide alimentaire qui prévoit la livraison de 150 000 tonnes de viande de b_uf et de 100 000 tonnes de viande de porc à la Fédération de Russie. Les Etats-Unis, de leur côté, ont récemment annoncé qu'ils accorderaient des conditions spéciales à la Fédération de Russie pour des ventes de viande de volaille dans le cadre du programme "l'alimentation au service de la paix", en plus de l'aide alimentaire promise en décembre qui prévoyait la livraison de 120 000 tonnes de viande de b_uf et de 100 000 tonnes de viande de porc.

Les cours internationaux de la viande seront soumis à des mouvements divergents en 1999. Les prix de la viande de b_uf pourraient se renforcer sous l'effet d'une offre réduite et d'une reprise attendue de la demande d'importations sur les marchés asiatiques. Les prix de la viande ovine pourraient aussi être soumis à une pression à la hausse, vu la diminution des quantités disponibles pour l'exportation en Nouvelle-Zélande et la chute de la production dans les principaux pays importateurs. En revanche, les prix de la viande de volaille, et encore plus ceux de la viande de porc, devraient rester faibles, vu les grandes quantités disponibles aussi bien dans les pays importateurs que dans les pays exportateurs, mais cela dépend aussi de l'évolution des prix des produits d'alimentation animale. On prévoit actuellement que les cours des céréales seront faibles au moins pendant les six premiers mois de 1999, et il faudra un certain temps pour que la production de viande de volaille et de porc ralentisse et que les prix de ces deux catégories de viande se reprennent.

COURS INTERNATIONAUX DE LA VIANDE

    1996 1997 1998
( . . dollars E.-U./tonne . . )
Poulet en morceaux 1/ 978 843 782 5/
Viande de porc fraîche congelée 1/ 2 733 2 724 2 156 5/
Viande de vache, transformée 2/ 1 741 1 880 1 754
Mouton congelé 3/ 1 119 1 072 912 6/
Agneau congelé, carcas. entièr. 4/ 3 295 3 393 2 750

SOURCE: FAO
1/ Valeur unitaire exportation E.-U. 2/ Australie, prix caf Etats-Unis. 3/ Australie, prix fob. 4/ Nouvelle Zélande, prix de gros Londres. 5/ Janvier-octobre 1998. 6/ Janvier-novembre 1998.

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