Résultats de la campagne de lutte contre les incendies de forêt au Mexique en 1998

Oscar Cedeño Sánchez⁴⁶

⁴⁶ Directeur de la Protection des forêts, SEMARNAP, Mexico.

1. Caractéristiques des incendies

Le Mexique possède 56 millions d'hectares couverts de forêts et de formations denses ("jungles") (Inventaire forestier national, 1994) et 84 millions d'hectares de formations arborées claires (landes, chaparral, etc.).

Chaque année, ces ressources forestières sont touchées par les incendies. Les facteurs déterminant les incendies sont la chaleur, la présence de combustible et le vent. Les incendies de forêt au Mexique sont essentiellement des feux de surface (90 pour cent des cas).

Les phénomènes naturels comme les ouragans peuvent aussi générer une grande quantité de combustibles et favoriser des incendies de grande ampleur. Le plus récent est l'ouragan "Pauline," qui a touché environ 70 000 ha dans l'Oaxaca en 1997.

Les incendies de forêt sont une cause importante de dégradation des ressources forestières. Cependant, ils n'entrent que pour une faible part dans le taux annuel de déforestation (2 pour cent), par rapport à l'abattage des forêts (plus de 90 pour cent).

Les incendies de forêt ont différents types d'impacts, temporaires ou permanents. Heureusement, la majorité d'entre eux sont du premier type, touchant généralement les prairies et les landes, qui se régénèrent rapidement.

2. Données historiques

Le Mexique subit chaque année des incendies de forêt d'ampleur variable, suivant les conditions climatiques et météorologiques. Entre 1980 et 1997, la moyenne annuelle était de 6837 incendies de forêt, touchant une superficie de 223 114 ha (environ 33 ha par incendie). Heureusement, plus de 80 pour cent de ces incendies ont touché des broussailles et des landes, types de végétation qui se renouvellent rapidement.

Années critiques

1988. En septembre, le passage de l'ouragan Gilbert a entraîné une forte sécheresse qui a favorisé la prolifération des incendies. Ils ont atteint cette année-là le nombre de 10 492, et ont touché 518 000 ha.

1989. Les incendies ont endommagé 507 000 ha. L'un d'eux, survenu pendant la sécheresse de cette année-là, a touché à lui seul 135 000 ha de forêt.

1993. Les incendies, au nombre de 10 251, ont touché 235 020 ha.

Incendies de forêt au Mexique (1980-1997)

Année	Nombre d'incendies	Superficie touchée (ha)	Indicateur Superficie/incendie (ha)
1980	4 242	110 709	26
1981	2 740	67 228	25 *
1982	5 599	137 669	25 *
1983	6 087	272 000	45
1984	6 120	236 032	39
1985	4 386	152 224	35
1986	8 482	290 815	34
1987	9 263	287 347	31
1988	10 942	518 286	47 **
1989	9 946	507 471	51 ***
1990	3 443	80 400	23
1991	8 621	269 266	31
1992	2 829	44 401	16 *
1993	10 251	235 020	23
1994	7 830	141 502	18
1995	7 860	309 097	39
1996	9 256	248 765	27
1997	5 163	107 845	21 *

* El Niño,
** Superficie maximale touchée,
*** Superficie maximale par incendie

Source: Subsecretaría de Recursos Forestales, Dirección General Forestal.

Entre 1989 et 1994 les indices d'efficacité de l'extinction se sont été améliorés, avec 7153 incendies touchant 213 010 ha, soit une superficie de 28,9 ha par incendie. Ces chiffres placent le Mexique au même rang que des pays comme l'Espagne, la Yougoslavie, la France, la Grèce; des pays comme le Canada et l'ex-URSS dépassent ces taux, avec 181,2 et 58,1 ha par incendie respectivement.

II. RéSULTATS ET éVALUATION DE L'ANNéE 1998

1. Analyse climatique

Pendant le dernier semestre de 1997, les précipitations ont été supérieures aux valeurs enregistrées au cours des 56 dernières années. Ceci est dû au phénomène climatique El Niño, qui a entraîné une forte accumulation de matériaux combustibles dans les zones forestières du Mexique.

En revanche, les valeurs de 1998 ont été inférieures à celles enregistrées au cours des 56 dernières années, et pendant certains mois, par exemple en avril et en mai, les précipitations ont été pratiquement nulles, ce qui a déclenché une grave sécheresse, exposant presque toutes les zones forestières du pays à un risque d'incendie élevé.

De même, les températures ont "battu des records" pendant les mois les plus chauds de l'année, atteignant des valeurs sans précédent dans bien des régions. Par ailleurs, en décembre 1997 et pendant les deux premiers mois de l'année 1998, on a enregistré de fortes gelées et tempêtes de neige, les températures minimales atteignant des valeurs extrêmes. Ces conditions, associées à la sécheresse, ont favorisé un dessèchement sans précédent de la végétation.

Ainsi, contrairement à ce que pensaient beaucoup de gens, il était pratiquement impossible de prévoir ces évènements. On a prétendu en effet que, sachant que le phénomène El Niño allait se produire en 1997, il était évident que l'année serait sèche; or ce n'est pas toujours le cas, si l'on examine les données historiques concernant ce phénomène climatique, qui est totalement aléatoire et dont l'intensité ne peut être prévue à l'avance.

Les incendies recensés cette année-là concernaient, suivant le type de zones forestières: 35,3 pour cent de zones forestières ouvertes, 28,2 de forêts commerciales non exploitées, 19,6 pour cent de forêts non commerciales non exploitées; 14,9 pour cent de forêts et de jungles exploitées, et 7,4 pour cent de zones naturelles protégées.

Les causes des incendies de forêt varient selon les régions. Dans le centre du pays, les causes principales sont le brûlage des herbes et les feux de plein air. Dans le sud-est, ce sont la pratique de la "Roza-Tumba y Quema" (défriche-brûlis ou essartage) et les changements d'utilisation des terres. La plupart des incendies sont dus à une mauvaise utilisation du feu dans les zones agricoles. C'est dans l'état du Chiapas que le plus grand nombre de feux d'origine agricole a été recensé, et c'est aussi l'état possédant la plus grande superficie brûlée par les incendies.

Etats dans lesquels le nombre de feux agricoles est le plus élevé

2. Résultats pour 1998

Jusqu'au 31 juillet 1998, on a recensé 14 242 incendies qui ont touché une superficie totale de 582 857 ha, avec une superficie moyenne par incendie de 40,9 ha. Ces valeurs sont supérieures de 99 pour cent, 225 pour cent et 63 pour cent respectivement à la moyenne annuelle pour la période 1970-1997.

Valeurs moyennes pour la période 1970-1997, comparées à l'année 1998

	1970-1997	1998*	Différence (%)
Nombre d'incendies	7157	14 242	99
Superficie touchée (ha)	179 594	582 857	225
Moyenne (ha/incendie)	25,09	40,9	63

*données au 31 juillet

	1998*	Minimum enregistré auparavant	Moyenne 1992-1997	Maximum enregistré auparavant
Nombre d'incendies	14 242	2740 (1981)	7198	10 942 (1988)
Superficie touchée	582 857	44 401 (1992)	181 103	518 265 (1988)
Superficie touchée par incendie	40,93	15,65 (1977)	25,16	51,02 (1989)

*données au 31 juillet

Indicateurs d'efficacité par an, pour la période 1992-1997, comparés à 1998

	1992-1997*	1998*	Différence (%)
Détection	1:07	1:15	11.9
Délai d'arrivée	1:24	1:20	-4.8
Extinction	9:17	16:32	78.1

*données au 31 juillet

L'augmentation du nombre des incendies et des superficies touchées est due à la combinaison de divers facteurs climatiques néfastes, tels que: les pluies de 1997 qui ont favorisé la croissance des plantes herbacées qui constituent une importante source éventuelle de combustible; les précipitations de janvier à juin, inférieures aux valeurs enregistrées entre 1941 et 1997; la présence de gelées qui ont desséché le matériau combustible; et les températures élevées à la mi-journée, l'humidité relative très faible et les vents forts dans bien des régions du pays.

III. PROGRAMME ET INTERVENTIONS EN 1998

En vertu de la Loi organique de l'administration publique, de la Loi forestière et du Règlement interne du SEMARNAP, il incombe à ce Secrétariat de coordonner et de mettre en œuvre la Campagne nationale de lutte contre les incendies de forêt. Une structure organisationnelle est mise en place à cet effet aux échelons du pays et des états, pour coordonner les efforts des institutions, des différents niveaux du gouvernement, du secteur privé et de la société.

Les actions du Programme de protection contre les incendies sont regroupées selon trois axes. Les actions de prévention comprennent: des manifestations publiques, des messages diffusés par la radio et la télévision, la distribution de documents de vulgarisation, la mise en place de pare-feu, des brûlages dirigés, des cours de formation, l'intégration de groupes de volontaires, la coordination et l'établissement d'accords concernant les interventions avec les différentes parties prenantes; et la promulgation et la mise en application du "Standard officiel mexicain pour l'utilisation du feu sur le terrain".

La détection des incendies se fait par des reconnaissances terrestres ou aériennes et par l'observation à partir de tours et de centres de contrôle. L'extinction comprend l'intervention de brigades spécialisées pour soutenir l'extinction des incendies, et l'utilisation d'équipements aériens pour le transport du personnel et le largage d'eau et de produits chimiques.

Etant donné le caractère très dangereux des incendies de l'année en cours et les difficultés d'extinction, on déplore à ce jour 70 victimes.

Victimes

Organisme	Nombre	%
SEDENA	27	39
SEMARNAP	3	4
Gouvernements des états	12	17
Volontaires	28	40
Total	70	100

Accidents d'hélicoptères

Organisme	Nombre
SEDENA	1
Gouvernements des états	1
Loués	2
Total	4

Equipement aérien de détection et d'extinction des incendies de forêt en 1998

Durant la campagne de détection des incendies, 57 avions et avions légers sont intervenus (2 du SEMARNAP et 55 du SEDENA). Les actions d'extinction ont également bénéficié de l'appui de 25 hélicoptères moyens (2 du SEMARNAP, 16 loués par le SEMARNAP et 7 du SEDENA), de 3 hélicoptères du type "Sky Crane" et d'un avion amphibie, également loués par le SEMARNAP.

Cet équipement a permis la détection des incendies en temps voulu, le transport de 16 785 pompiers vers les zones d'incendies d'accès difficile, et le largage de 15,3 millions de litres d'eau, de mousses extinctrices et de produits chimiques sur les fronts d'incendies les plus dangereux.

Les appareils ont totalisé 3554,5 heures de vol au-dessus de 25 Etats, pour un coût de 8,65 millions de dollars.

Equipement aérien utilisé en 1998

Utilisation de l'équipement aérien de 1995 à 1997 (moyenne)
Type	Nombre	Personnel transporté	Largages d'eau et de produits chimiques	Heures de vol
Avions de détection	3	0	0	229:33
Hélicoptères	6	4165	383 (306 400 litres)	432:58
Total	9	4165	383 (306 400 litres)	662:31

Utilisation de l'équipement aérien en 1998
Type	Nombre	Personnel transporté	Largages d'eau et de produits chimiques	Heures de vol
Avions de détection	57	294	0	315:49
Hélicoptères	25*	16 785	3702 (4 442 400 litres)	2689:42
Avion amphibie CL-415	1	0	383 (2 365 025 litres)	159:35
"Sky Crane", avec un réservoir d'une contenance de 7600 litres	3	0	1967 (8 325 197 litres)	389:52
Total	86	16 979	6052 (15 325 622 litres)	3554:58

* dont 7 hélicoptères MI du SEDENA

En 1998, le SEDENA a envoyé 141 519 militaires, qui ont travaillé pour un total de 358 859 jours/homme, pour des interventions d'appui sur 3086 incendies à haut risque dans 31 états du pays. Ils ont également apporté un soutien sous forme d'équipement aérien de détection et de lutte anti-incendie: 7 appareils pour la lutte anti-incendie et 57 pour la détection.

Budget et ressources affectés à la protection contre les incendies de forêt en 1998

Il a fallu augmenter les ressources de base disponibles pour la lutte contre les incendies de forêt cette année, afin de faire face efficacement à une saison plus difficile que d'habitude.

Les infrastructures et ressources comprenaient: 611 brigades du SEMARNAP et autres organismes (environ 6846 pompiers spécialisés), 207 campements, 122 tours d'observation, 36 centres de contrôle, 552 véhicules, 1425 radios, 44 390 outils et 6000 vêtements de protection, en plus des équipements aériens.

En outre, le SEMARNAP a acquis en 1997 2150 vêtements de protection, 123 radios, 83 camions de 3 tonnes, 8700 outils et équipements, devant être utilisés pendant la campagne de 1998.

Le budget de 1998 a subi une augmentation importante de 194,8 pour cent par rapport à la moyenne annuelle de la période de 1993 à 1997, passant de 6,258 à 18,45 millions de dollars.

D'autre part le budget approuvé à l'origine pour 1998, qui était d'environ 9,29 millions de dollars, a subi une augmentation de 98,6 pour cent grâce à l'affectation de 9,16 millions de dollars supplémentaires pour exécuter le Programme de renforcement visant à faire face aux incendies de forêt, qui représentaient cette année la pire saison des 30 dernières années.

La composition du budget pour les dépenses de fonctionnement et de personnel (salaires des pompiers) est indiquée dans le tableau suivant:

Budget du programme de protection contre les incendies de forêt du SEMARNAP en 1998

Poste de dépenses	Millions de dollars
	Moyenne 1993-1997	Prévu à l'origine pour 1998	Renforcement 1998 (1ère phase)	Renforcement 1998 (2ème phase)	Total 1998
Dépenses de fonctionnement centralisé (location de l'équipement aérien et acquisition d'équipement, de vêtements et d'outils pour les équipes)	17,16	33,0	28,4	43,0	104,4
Dépenses de fonctionnement des équipes (carburants, pièces détachées et voyage)	4,42	11,9	12,3	--	24,2
Personnel (salaires des brigades)	41,00	48,0	7,9	--	55,9
Total	62,58	92,9	48,6	43,0	184,5

Note: les acquisitions en équipement en 1997 incluent 2,19 millions de dollars pour 1998

Le SEMAR a fourni des équipements aériens, le SEGOB a assuré la coordination par l'intermédiaire de la Protection civile des gouvernements des états et des municipalités, le SAGAR a fourni des équipements aériens et participé à la prévention de l'utilisation du feu sur les terres agricoles, et d'autres institutions comme le SCT, le PGR, la CONAGUA, le SECTUR, les pompiers, l'ASA, le CFE, le SEDESOL et la CORENA ont aussi prodigué des aides diverses.

Diverses actions ont également été organisées avec des groupements de producteurs et des ONG (UNECOF, PROFOAGREMEX, Réseau MOCAF, Confédération des petits propriétaires ruraux, Groupe GEA, Commission des forêts de la Chambre des Députés, Conseil civil pour la foresterie, INIFAP, Division des sciences forestières de l'UACh et Académie nationale des sciences forestières), pour renforcer les diverses activités de détection, de prévention et d'extinction des incendies de forêt.

IV. COOPéRATION INTERNATIONALE

Le Mexique a bénéficié d'une aide internationale pour la lutte contre les incendies de forêt en 1998.

USAID

Zone de travail sur de grands incendies: Chimalapas, Oaxaca et Ocote, Chiapas.

Action	Quantité ou montant
DETECTION
Envoi d'avions pour la photographie infrarouge	2
EXTINCTION
Envoi d'experts de l'assistance technique pour venir en appui à l'extinction des incendies	69
Journées de travail	45
Techniciens mexicains formés Thèmes de l'assistance technique et des formations: Utilisation des équipements aériens: coordination des héliports et des vols en hélicoptères; évaluation des cargaisons et des poids; signaux au sol pour les hélicoptères; utilisation d'accessoires pour les cargaisons externes; mesures de sécurité pour l'utilisation des hélicoptères. Installation et utilisation d'une équipe de liaison radio. Cours de formation à l'utilisation de GPS. Utilisation de tronçonneuses, de motopompes et de réservoirs portatifs. Premiers secours.	328
Don d'outils, de vêtements de protection et équipe de lutte anti-incendie	3000 personnes
Don de mousses extinctrices pour l'extinction des incendies de forêt	8000 litres
Soutien financier pour la location de 5 hélicoptères de type II (moyen) et d'1 hélicoptère de type I "Crane"	2,4 millions de US$
Coût total estimé de l'aide	5 millions de US$

Etats-Unis - Service des forêts

Action	Quantité ou montant
EXTINCTION
Formation d'experts mexicains pendant 4 mois au sein d'équipes d'attaque par hélicoptère	2 experts 8000 US$
Soutien matériel à la participation d'un technicien mexicain au Premier séminaire sud-américain sur les incendies de forêt	2500 US$

Etats-Unis - Bureau de la gestion des terres (Bureau of Land Management, BLM)

Action	Quantité ou montant
EXTINCTION
Formation de techniciens mexicains pendant 2 semaines au NIFFC à Boise, Idaho et en Arizona	2 experts
Formation de techniciens mexicains pendant 2 semaines au NIFFC à Boise, Idaho et en Californie	2 experts
Visite de fonctionnaires mexicains pendant 1 semaine au NIFFC à Boise, Idaho	3 fonctionnaires
Participation technique de deux experts des Etats-Unis pendant 2 semaines pour venir en appui aux interventions sur les incendies en zones tropicales	2 experts
Participation technique de deux experts des Etats-Unis pendant 2 semaines pour venir en appui aux interventions sur les incendies dans les landes	2 experts

Société Lowrance electronics

Action	Quantité ou montant
EXTINCTION
Don d'équipement spécialisé à Pronatura A.C., pour livraison ultérieure à l'association "Maderas del Pueblo", à Chimalapas, Oax.	1896 US$

Royaume-Uni

Action	Quantité ou montant
EXTINCTION
Don de matériel pour la construction d'un campement de prévention et d'extinction des incendies de forêt dans le nord de l'Etat de Puebla	38 100 £ 62 865 US$

Espagne

Action	Quantité ou montant
PREVENTION ET EXTINCTION
Attribution de bourses à des techniciens mexicains pour la participation au XIVème Cours ibéro-américain de formation supérieure à la protection contre les incendies de forêt	6 stagiaires

CONCLUSIONS

Des incendies de forêt d'ampleur variable se produisent chaque année au Mexique, en fonction des conditions climatiques et météorologiques. De 1980 à 1997, la moyenne annuelle était de 6837 incendies de forêt, et la superficie touchée de 223 114 ha (environ 33 ha par incendie). Heureusement, plus de 80 pour cent concernaient des broussailles et des landes, qui se régénèrent rapidement.

En 1998 on a recensé 14 242 incendies de forêt, touchant une superficie totale de 582 857 ha, avec une surface moyenne par incendie de 40,93 ha. Ces valeurs représentent des accroissements de 99 pour cent, 225 pour cent et 63 pour cent respectivement par rapport aux moyennes annuelles de 1970 à 1997.

Sur la superficie totale touchée, 73 pour cent correspondent à des prairies, des broussailles ou des landes (425 850 ha), et 27 pour cent à des surfaces à couvert dense (157 007 ha).

Ces statistiques sont dues aux conditions climatiques et météorologiques du premier semestre de 1998, qui a été particulièrement critique; de fait, ces conditions ont été les plus défavorable des 70 dernières années.

Les pluies abondantes en 1997 ont favorisé l'accumulation de combustibles dans les forêts.

Les gelées de début 1998 ont desséché la végétation. On a assisté à un phénomène atmosphérique particulier: l'arrivé de gelées et de neige du 12 au 15 décembre 1997 dans différents états du pays.

Les vents de février et mars ont été intenses et prolongés. Outre qu'ils ont ravivé les incendies, ils ont rendu les interventions aériennes difficiles.

Les pluies de février et mars ont été deux fois moins abondantes que les valeurs moyennes enregistrées pour les années précédentes.

Le phénomène El Niño, qui a touché de vastes régions de la planète, a favorisé diverses anomalies qui ont débouché sur l'une des sécheresses les plus graves du siècle, les températures atteignant des valeurs sans précédent dans le nord-ouest, le centre et le sud du pays. L'arrêt du phénomène El Niño, accompagné d'une forte sécheresse, constitue une situation inhabituelle, observée une seule fois pendant la deuxième moitié du siècle.

Les températures élevées qui ont régné cette année ont représenté un risque supplémentaire d'incendies de forêt. A Veracruz, la température a battu les records historiques, atteignant 49°C. A Mexico, on a enregistré la température la plus élevée des dernières années: 34,7°C. En différents points du pays, les températures ont dépassé 35°C pendant plusieurs jours.

La quasi-totalité des incendies (97 pour cent) sont d'origine humaine, qu'ils soient accidentels, intentionnels ou dus à la négligence.

Prés de 50 pour cent des incendies sont dus à l'emploi du feu en agriculture. L'usage ancestral du feu fait partie des pratiques des populations rurales du Mexique. Ces pratiques entraînent des incendies accidentels lors de l'élimination des résidus agricoles et de la végétation sur les parcelles, ou lors des brûlages visant à favoriser le regain dans les régions de pâturage extensif en zone forestière. Durant les années de forte sécheresse, ces pratiques ont entraîné la multiplication des foyers d'incendies simultanés.

Pour faire face à la situation des incendies de forêt, le Mexique a mobilisé des moyens sans précédent, illustrés par les chiffres présentés ci-dessous.

Pendant la campagne de 1998, le nombre des pompiers a été supérieur de 86 pour cent à la moyenne annuelle pour la période 1992-1997.

Le coût de la campagne de lutte contre les incendies de forêt de 1998 est presque quatre fois supérieur à la moyenne annuelle pour la période 1993-1997.

La moyenne des superficies touchées par les incendies du 1^er janvier au 31 juillet 1998 était de 40,9 ha. La moyenne des 18 dernières années était de 33 ha.

La durée moyenne des incendies pour la même période a été de 16:32 heures ce qui représente un progrès par rapport à la saison précédente, modérée, de 1997, où elle était de 17:10 heures.

Pour l'année en cours, 85 pour cent des feux comptabilisés ont été éteints en moins de 24 heures.

En dépit de conditions climatiques plus rudes en 1998 qu'en 1989, les superficies touchées en 1998 n'ont été que légèrement supérieures à celles de 1989, grâce à la forte mobilisation et au renouvellement des capacités de lutte contre les incendies de forêt.

Dans le cadre du Forum Régional qui s'est tenu du 26 au 28 août 1998 à Mexico, les représentants de plusieurs pays (Argentine, Brésil, Costa Rica, Colombie, Chili, Etats-Unis, Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama et Venezuela), réunis en quatre groupes de travail, ont présenté leurs recommandations, qui sont reprises dans les conclusions ci-dessous.

Il faut:

1. Favoriser la création d'un Centre régional de prévention des incendies de forêt, chargé essentiellement des tâches suivantes:

· Définition et exécution de programmes de formation à la prévention et à la lutte contre les incendies de forêt.

· Appui à l'élaboration de plans nationaux à moyen terme pour la lutte contre les incendies de forêt.

· Conseil pour une gestion commune des institutions aux échelons national et international.

· Renforcement et élargissement du réseau de détection précoce des incendies de forêt grâce à l'utilisation d'images satellites et de cartes de risque.

· Elaboration de plans de protection pour des écosystèmes particuliers, en tenant compte du fait qu'il est impossible d'éliminer les incendies.

3. Attribuer des ressources financières nationales et internationales à la reforestation, en accordant la préférence aux zones où le sol a été compacté dans les régions touchées.

4. Restaurer les régions touchées en fonction des besoins et selon des objectifs répondant à une politique de gestion durable des ressources naturelles, tels que les programmes de conservation productive des ressources naturelles, et en particulier des terres et de l'eau.

5. Faire connaître les conclusions du présent Forum à la réunion de la FAO sur les incendies de forêt prévue au mois d'octobre prochain.

6. Favoriser des projets régionaux de coopération technique (TCP/FAO), afin d'aboutir à des actions concrètes, en spécifiant qu'elles sont dérivées des recommandations de chaque groupe de travail.

Recommandation générales

Il faut:

1. Orienter l'éducation à l'environnement et les comportements culturels vers la prévention des incendies et la reforestation des zones touchées

2. Reconnaître que la tenure des terres joue un rôle dans les problèmes liés aux incendies de forêt.

3. Favoriser la régénération naturelle des zones touchées (espèces indigènes) en évitant les changements d'utilisation des terres, car les objectifs de la protection des forêts ne sont pas uniquement d'ordre économique, ils ont aussi une dimension environnementale.

4. Promouvoir la conservation du matériel génétique des espèces stratégiques, par la mise en place de systèmes nationaux et le renforcement des régions, afin de préserver les ressources génétiques et de pouvoir les mettre à la disposition des utilisateurs quand besoin est.