ARC/00/INF/7


 

VINGT ET UNIÈME
CONFÉRENCE RÉGIONALE
POUR L'AFRIQUE

Yaoundé (Cameroun), 21 - 25 février 2000

ATTÉNUATION ET PRÉVENTION DES DÉGÂTS CAUSÉS PAR LA SÉCHERESSE: PERSPECTIVES À LONG TERME

Table des matières


Introduction

Examen des mesures déjà prises par la FAO pour atténuer les effets de la sécheresse

Politique en matière de sécheresse de la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC)

Nécessité d'une stratégie intégrée de gestion de la sécheresse

Programme visant à atténuer et à prévenir l'impact des sécheresses

Conclusion

 


Introduction

Les systèmes agricoles communs aux zones sèches d'Afrique sont divers, complexes et très changeants et ont habituellement pour effet de limiter le potentiel agricole. L'environnement se caractérise par la rareté de l'eau, la pauvreté en nutriments des sols, de graves problèmes liés aux infestations de ravageurs et aux maladies qui, associés à la pénurie d'intrants, font de la production alimentaire une entreprise aléatoire. Malgré ces éléments de risque, la majorité de la population travaille dans l'agriculture. Ces agriculteurs cherchent à tirer le meilleur parti des ressources dont ils disposent.

Au fil du temps, les populations vivant dans ces zones sèches ont élaboré des systèmes de production complexes pour réduire autant que possible les risques liés à des conditions climatiques extrêmes, comme la sécheresse. Malgré le faible rendement de la terre, du travail et du capital, les agriculteurs des zones sèches disposent depuis longtemps d'une série de stratégies et d'options autochtones pour gérer les risques et une productivité généralement mauvaise. Diverses forces, toutefois, contribuent à la dégradation des ressources naturelles de ces zones. Parmi celles-ci, il faut citer la variabilité climatique, l'accroissement de la densité de population, les mauvaises pratiques agricoles et l'utilisation inappropriée des ressources en terre et en eau. Ces forces pèsent lourdement sur la capacité de résistance des populations aux futures sécheresses.

La sécheresse agricole est en elle-même un agent déclencheur de catastrophes, qui exacerbe les problèmes sociaux et économiques liés à la sécheresse, lesquels réduisent la sécurité alimentaire de la société. Ces problèmes sont particulièrement graves là où l'économie est peu diversifiée et où chacun dépend, directement ou indirectement, de l'agriculture. On reconnaît généralement qu'une agriculture qui utilise peu de ressources n'est plus capable de répondre à la demande de populations croissantes dans ces environnements secs fragiles.

Dans ces conditions, les gouvernements interviennent fréquemment en fournissant des secours alimentaires d'urgence, souvent complétés par de grandes quantités d'aide alimentaire provenant de donateurs extérieurs. La préparation à la sécheresse organisée par les gouvernements consiste généralement à constituer des réserves alimentaires (maïs essentiellement) au niveau national pour faire face aux déficits de production et à d'éventuels besoins de secours d'urgence. Si ces efforts coûteux sont perçus comme une nécessité, ce type d'intervention à court terme a tendance à exclure un soutien à des processus de développement à plus long terme, notamment dans les zones aux conditions climatiques sèches.

Étant donné que les terres sèches se caractérisent essentiellement par la faiblesse et le caractère aléatoire de leurs précipitations, des sécheresses agricoles récurrentes frappent régulièrement les zones sèches et doivent donc faire l'objet de stratégies de développement spécifiques de la part des gouvernements. Bien que divers gouvernements et partenaires de développement aient accompli un travail substantiel en matière de gestion des sécheresses (prévention, préparation, atténuation, réaction et redressement), des interventions plus générales et en même temps pratiques reposant sur l'autosuffisance pour gérer la variabilité climatique sont nécessaires pour appuyer l'atténuation et la prévention des sécheresses à plus long terme et à plus grande échelle. C'est à cette fin que le présent document cherche à informer les pays membres des tentatives faites par la FAO pour proposer une stratégie intégrée de gestion des sécheresses pour la sous-région d'Afrique australe.

Examen des mesures déjà prises par la FAO pour atténuer les effets de la sécheresse

L'étude de la FAO intitulée "L'agriculture africaine: les 25 prochaines années", qui date de 1986, soulignait que l'Afrique possède un potentiel agricole considérable, mais que plusieurs contraintes font obstacle à sa réalisation. Cette étude a débouché sur l'approbation du Programme international de conservation et de restauration des terres en Afrique (ISCRAL) lors de la seizième Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique tenue en juin 1990. Le Programme ISCRAL a été conçu essentiellement pour aider les pays africains à prévenir et à enrayer la dégradation des terres. Plusieurs États Membres de la FAO situés en Afrique australe et en Afrique de l'Est présents à cette Conférence ont souligné la gravité et l'ampleur de la dégradation des ressources dans leur pays et ont demandé à la FAO de prendre des mesures appropriées.

Plus tard, la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) de 1992 a défini la désertification comme "la dégradation des sols des zones arides, semi-arides et sèches subhumides par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines". La CNUED a estimé que les zones dégradées représentaient quelque 65 pour cent de la superficie totale émergée de l'Afrique. La CNUED a demandé l'adoption d'une "Convention internationale sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, grâce à des mesures efficaces à tous les niveaux, appuyées par des arrangements internationaux de coopération et de partenariat, dans le cadre d'une approche intégrée compatible avec le programme Action 21 (Article 2, Partie 1).

La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification a été signée en 1997. Toutes les parties à la Convention sont tenues: "d'adopter une approche intégrée visant les aspects physiques, biologiques et socio-économiques de la désertification et de la sécheresse".

En outre, les activités de la FAO faisant suite au Sommet mondial de l'alimentation (1997), dont le Plan d'action comporte de multiples références aux objectifs communs avec la CNUED, appuient directement les objectifs de cette initiative au titre des engagements Trois et Cinq.

En novembre 1997, le Groupe technique et administratif pour la sécurité alimentaire (FSTAU) de la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC) a organisé un séminaire de haut niveau sur les politiques en matière de sécheresse au Botswana, face à la menace d'une sécheresse régionale grave consécutive au phénomène El Niño, qui a eu un fort impact sur la région. Le rapport de ce séminaire reconnaissait clairement que la sécheresse est un phénomène normal et récurrent en Afrique australe et demandait une action à long terme.

Dans le contexte de la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles (1990-2000), une réunion régionale pour l'Afrique s'est tenue en mai 1999, au siège du Programme des Nations Unies pour l'environnement à Nairobi, sur le thème "Vers une réduction des catastrophes au XXIe siècle". À cette réunion, les délégués ont reconnu, dans la Déclaration dite de Nairobi, que "le continent africain est soumis à un large éventail de risques naturels et souffre de catastrophes naturelles qui ont des effets négatifs importants sur les sociétés et les économies nationales, ainsi que sur des ressources humaines et matérielles critiques. Dans ce contexte, les communautés menacées de tout le continent africain sont rendues encore plus vulnérables du fait de plusieurs facteurs aggravants tels que la pauvreté, la dégradation de l'environnement, l'échange insuffisant de données et d'informations entre pays africains et la mauvaise coordination à l'échelle du continent".

Depuis plusieurs décennies, la FAO joue un rôle de fer de lance dans le développement agricole et rural des zones arides, semi-arides et sèches subhumides ravagées par la sécheresse et la désertification. Ces activités incluent des mesures de secours d'urgence et de redressement en cas de sécheresse ou d'autres catastrophes agricoles, telles que les invasions de criquets pèlerins; le soutien à la formulation de politiques et de plans de développement des secteurs agricole, alimentaire, forestier et halieutique; la mise en valeur des ressources humaines, notamment des femmes rurales - et l'amélioration des institutions et législations nationales; la promotion de la recherche, accompagnée de la diffusion de technologies appropriées dans les divers secteurs. Ces efforts se traduisent par des projets d'assistance technique répondant à des besoins spécifiques des États Membres.

Parfois aussi, ils sont entrepris au titre de programmes regroupant des projets ayant des priorités communes, tels que le Programme de relance de l'agriculture africaine (200 projets dans 30 pays); les programmes "engrais", "semences", "prévention des pertes après récolte et sécurité alimentaire"; le Plan d'action de la Conférence mondiale sur la réforme agraire et le développement rural (CMRADR); le Plan d'action forestier tropical; et beaucoup d'autres. De nombreuses activités de lutte contre la désertification et la sécheresse ont été entreprises au titre de ces plans et projets, notamment pour la conservation des sols, l'amélioration des pâturages, l'amélioration du bétail, l'irrigation à petite échelle, le stockage des céréales, l'agroforesterie, la mise en valeur des ressources en bois de feu et l'amélioration de la nutrition.

La FAO est l'une des principales organisations partenaires de la Convention sur la lutte contre la désertification. Du fait que la plupart des objectifs techniques de cette Convention sont directement liés (quand ils ne sont pas identiques) aux objectifs de la FAO en matière de conservation et de mise en valeur des ressources des zones sèches, un certain nombre d'activités mises en œuvre par la FAO ont trait à la désertification et contribuent à l'application de la Convention. En 1998, plus de 100 projets de terrain de la FAO ont traité directement de l'évaluation de la désertification et de la lutte contre ce phénomène et ont inclus un large éventail d'activités, telles que la lutte contre l'érosion, l'amélioration de l'approvisionnement en eau, la gestion des forêts et des pâturages, le développement rural local grâce à des programmes de vulgarisation et participatifs, l'assistance pour l'application de systèmes d'information et de statistiques nationaux et la formulation de projets d'investissement. Bien que l'accent soit mis sur le continent africain (la moitié des projets), des activités sont en cours dans le monde entier.

Le soutien de la FAO à la Convention est coordonné sur le plan technique par un Groupe de travail interdépartemental ad hoc créé à cet effet et composé de représentants de plusieurs divisions techniques de la FAO. Un accord de coopération a été signé en décembre en 1998 entre la FAO et le Secrétariat permanent de la Convention en vue de la réalisation des objectifs de la Convention sur la lutte contre la désertification. Cet accord de coopération inclut un programme de grande envergure couvrant: i) le soutien aux plans d'action et aux réseaux nationaux et régionaux; ii) la compilation et la diffusion de meilleures pratiques; iii) la préparation et la diffusion de documents de sensibilisation; iv) la création et la mise en œuvre de systèmes d'information et de bases de données couvrant les variables techniques liées à la désertification; et v) le soutien technique aux organes et aux événements internationaux liés à la Convention.

Politique en matière de sécheresse de la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC)

Dans le passé, les gouvernements de la SADC intervenaient fréquemment pour apporter des secours alimentaires d'urgence, souvent complétés par une aide alimentaire abondante provenant de donateurs. La préparation à la sécheresse organisée par les gouvernements consiste généralement à constituer des réserves alimentaires au niveau national pour faire face aux déficits de production et aux besoins éventuels de secours d'urgence. Si ces efforts coûteux sont perçus comme une nécessité, ce type d'intervention à court terme a tendance à exclure un soutien à des processus de développement à plus long terme, notamment dans les zones aux conditions climatiques sèches.

La SADC a joué un rôle de chef de file pour l'élaboration de politiques et de stratégies de lutte contre la sécheresse dans la sous-région. La stratégie régionale de gestion de la sécheresse adoptée récemment pour la SADC (1999) est le fruit d'un processus d'élaboration et de définition qui s'est déroulé sur près d'une dizaine d'années. Les stratégies de lutte contre la sécheresse dans la sous-région avaient mis jusque-là l'accent sur l'atténuation à court terme plutôt que sur des programmes de prévention à long terme. Toutefois, depuis quelque temps, la préparation, le redressement, la prévention et la planification sont devenus des éléments clés des nouvelles politiques.

Une nouvelle définition de la sécheresse est actuellement proposée par la SADC, afin d'établir une distinction claire entre la sécheresse normale et la sécheresse de type catastrophique. Ce processus sert de fondement aux stratégies mises au point dans les pays de la sous-région. En acceptant le fait que la sécheresse est un phénomène naturel normal et récurrent, les nouvelles politiques demandent aux agriculteurs ou aux utilisateurs des terres de prendre en main la gestion des effets de la sécheresse. Le principe qui sous-tend cette politique est que le système de production doit s'adapter au retour périodique de la sécheresse.

Les nouvelles politiques visent à garantir que l'assistance et les programmes de secours en cas de sécheresse soient compatibles avec des politiques de développement fondées sur le marché sans effet de distorsion. La compatibilité des deux types de développement, à court et à long termes, est un élément important des nouvelles politiques qui recommandent d'autres méthodes de soutien aux agriculteurs visant à réduire la vulnérabilité face à la sécheresse à long terme. Des programmes de développement à long terme peuvent être entrepris dans le cadre des mesures de secours en cas de sécheresse, notamment des projets d'amélioration de l'infrastructure, tels que la construction de routes, de barrages et d'autres ouvrages réalisés dans le cadre de projets vivres ou espèces contre travail.

Toutefois, la plupart des pays de la SADC ne disposent pas de cadres juridiques explicites pour lutter contre la sécheresse ou bien ceux-ci sont fragmentés. Les niveaux de prise de décisions ne sont pas toujours bien définis. Si la plupart des pays possèdent des institutions de haut niveau fournissant un cadre pour la coordination et l'exécution, les politiques les plus récentes encouragent la création de nouvelles institutions et de nouveaux fonds indépendants pour lutter contre la sécheresse qui n'ont pas encore vu le jour. Il semble qu'il y ait une certaine contradiction entre l'effort d'institutionnalisation de la lutte contre la sécheresse et le nouveau principe de la responsabilité accrue des agriculteurs face à la sécheresse.

Si les inconvénients des précédents programmes de lutte contre la sécheresse sont bien connus, le nouveau document stratégique de la SADC part de l'hypothèse que pour réduire la vulnérabilité à long terme des agriculteurs face à la sécheresse, il convient de modifier fondamentalement les politiques gouvernementales, en faveur notamment d'une approche multidisciplinaire pour:

Le perfectionnement des technologies a peu progressé. Les pratiques en matière d'utilisation des ressources en eau, d'alimentation et de nutrition, de multiplication de semences, de production d'énergie, etc., doivent être améliorées afin d'être plus efficaces et de contribuer à réduire la vulnérabilité des agriculteurs. Bien que des progrès considérables aient été accomplis pour ce qui est de réduire la pauvreté et de mettre au point des politiques, les gouvernements n'ont toujours pas les moyens de réaliser ces objectifs. Par exemple, afin de créer un environnement favorable, il faudrait améliorer les politiques de soutien à la gestion durable des ressources naturelles, notamment de la terre et de l'eau (SADC, 1999).

Nécessité d'une stratégie intégrée de gestion de la sécheresse

La sécheresse représente un risque grave dans les conditions actuelles d'utilisation des terres et les variations saisonnières, en quantité et en ponctualité, des précipitations et d'autres phénomènes climatiques rendent extrêmement difficiles la gestion des cultures et l'application des nouvelles technologies. Par conséquent, gérer la sécheresse veut dire en fait gérer les risques associés à l'agriculture sur terre sèche, afin de réduire l'impact de la sécheresse sur les moyens de subsistance des ménages. La vulnérabilité accrue du secteur agricole de l'Afrique australe face aux conditions de sécheresse témoigne du décalage qui existe actuellement entre les pratiques agricoles et les conditions climatiques prévalantes; les stratégies des agriculteurs sont traditionnellement en retard d'une étape sur l'état général de détérioration des conditions internes et externes.

Les raisons en sont nombreuses, mais nombre d'entre elles découlent de la diversité des systèmes d'agriculture pluviale, des conditions agroclimatiques défavorables prévalant dans nombre de ces systèmes, du manque de ressources et de formation de nombreux agriculteurs de ces régions, des systèmes de commercialisation sous-développés et du rôle majeur des comportements face aux risques.

En raison de cette diversité, les interventions doivent souvent être conçues en fonction de conditions spécifiques à un site donné. C'est donc aux niveaux des exploitations et des villages qu'il convient de résoudre les problèmes. La mise au point de technologies pour l'agriculture pluviale, la gestion des ressources naturelles, l'organisation des populations en vue de la gestion des bassins versants, le classement par ordre de priorité des investissements et d'autres questions de développement et la compréhension des interconnexions entre les ressources naturelles, l'utilisation des terres et les communautés rurales sont autant d'activités qui exigent un centrage accru sur les populations locales et une participation plus active de ces populations.

Il s'agit de défis à long terme qui exigent une approche cohérente et intégrée du développement, se traduisant par un programme adapté aux conditions agroclimatiques locales et aux facteurs socio-économiques qui déterminent le type de développement agricole le plus approprié. Les impératifs immédiats sont de mieux comprendre les interactions entre les différentes utilisations des terres et leurs utilisateurs, de résoudre le problème des objectifs contradictoires des parties prenantes et d'exploiter et d'améliorer les liens entre les flux d'informations au sein des hiérarchies politiques et entre elles, grâce à des mécanismes participatifs. Enfin, il faut étendre et améliorer les expériences pilotes d'atténuation et de prévention de la sécheresse qui ont donné de bons résultats dans la région et aider les institutions coopérantes à appliquer sur une base plus large les approches, méthodes et technologies reconnues efficaces.

Consciente de ces défis, la FAO propose une approche intégrée de la gestion de la sécheresse fondée sur un partenariat interactif entre le gouvernement et les utilisateurs des terres. Cette approche vise à améliorer la productivité agricole sur une base durable dans les zones sujettes à la sécheresse d'Afrique australe. Elle peut être mise en œuvre en s'appuyant sur les stratégies et pratiques de survie des ménages d'agriculteurs qui tendent à réduire leur vulnérabilité face aux sécheresses récurrentes. Enfin, il est tout aussi important de renforcer la capacité des communautés à gérer leur propre développement en partenariat avec toutes les parties prenantes.

Cette approche pourrait inclure les éléments clés ci-après:

Pour que cette approche du développement soit efficace, il faut une gestion locale et une volonté politique de résoudre les problèmes locaux grâce à des solutions locales, mises au point par la population locale. Des politiques, stratégies et mesures saines d'utilisation des terres doivent appuyer ces approches et répondre aux divers besoins au niveau local. Le succès dépendra de la mesure dans laquelle les collectivités participent à l'identification des problèmes, à la fixation des priorités, à la conception de solutions, à l'exécution des plans de travail et au suivi des résultats.

Cette stratégie a pour but d'accroître la productivité tant des terres cultivées que des parcours, tout en atténuant la pauvreté et en enrayant les processus de dégradation des terres dans les zones sèches. En mettant l'accent sur l'accroissement de la productivité, la réduction de la pauvreté et la conservation des ressources naturelles, cette stratégie correspond exactement aux principes énoncés au Chapitre 14 d'Action 21. La stratégie vise à améliorer l'efficacité de la mise en valeur des terres sèches, en supprimant les contraintes institutionnelles, en assurant un environnement social et économique favorable, en améliorant la participation des communautés et les systèmes d'exécution et en fournissant les données et les connaissances nécessaires pour une planification efficace du développement. Ce faisant, l'Organisation, avec les parties prenantes intéressées, espère contribuer à atténuer et, si possible, prévenir les effets négatifs graves des futures sécheresses sur la production agricole et animale de la sous-région. En réalité, la stratégie inclut les quatre piliers du Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA), à savoir la mise en valeur, la gestion et l'utilisation des ressources hydriques; l'intensification; la diversification et l'analyse et la résolution des contraintes.

Programme visant à atténuer et à prévenir l'impact des sécheresses

Buts et objectifs du programme

Plusieurs partenaires de développement sont déjà extrêmement actifs dans les domaines de la prévention, de la préparation, de l'atténuation, de la réaction et du redressement en cas de sécheresse. Toutefois, des interventions sur le terrain plus globales et plus concrètes, fondées sur une approche autosuffisante de la gestion de la variabilité climatique, sont nécessaires pour atténuer et prévenir les dégâts causés par les sécheresses à plus long terme et sur une plus grande échelle, étant entendu que la sécheresse est un événement normal. La FAO cherche à définir une stratégie intégrée de gestion des sécheresses en Afrique australe, dont les éléments incluent des mesures aux niveaux régional, national et local, dans le contexte d'Apprendre à vivre avec la sécheresse et, plus particulièrement, l'impact de la sécheresse dans les environnements secs1.

L'objectif à long terme du programme est d'augmenter la productivité agricole sur une base durable dans les zones sujettes à la sécheresse d'Afrique australe, en s'appuyant sur les stratégies et pratiques de survie des ménages d'agriculteurs qui tendent à réduire leur vulnérabilité face aux sécheresses récurrentes. Un autre objectif tout aussi important est de renforcer la capacité des communautés vivant dans les bassins versants à gérer leur propre développement en partenariat avec toutes les parties prenantes. Tout en étant sujettes à modification au cours de la formulation du programme, les mesures suivantes sont prévues:

Le programme devrait servir de forum et faciliter l'élargissement du dialogue et la collaboration, ainsi que la négociation et l'établissement de réseaux réunissant des ONG, des organisations communautaires, des représentants des agriculteurs, des spécialistes techniques travaillant pour des organismes gouvernementaux et des représentants des autorités locales.

L'expérience interdisciplinaire montre qu'il est possible de s'inspirer des succès confirmés en intégrant diverses interventions agricoles et politiques qui ont été testées et jugées appropriées et qui sont adaptées aux objectifs et aux ressources des agriculteurs, de façon à élargir l'éventail des options concernant leurs moyens de subsistance. Si le programme ne cherche pas à traiter directement les nombreuses questions non agricoles propres à ces environnements, il devrait inciter les autres organismes de protection sociale (santé, éducation, etc.) à s'inspirer des approches qu'il a l'intention d'utiliser.

Méthodologie utilisée par le programme

La durabilité de la production sur ces terres sèches ne peut être recherchée que dans le respect des perspectives et des attentes des agriculteurs. Il ne s'agit donc pas de proposer un modèle unique de développement applicable universellement, mais plutôt une approche par système reposant sur une large base, mais adaptable aux conditions locales et tirant parti des connaissances, de la créativité et des ressources des populations rurales autochtones.

Le programme cherche à catalyser le changement aux niveaux des exploitations, des villages et des bassins versants en proposant une approche intégrée de la gestion des sécheresses fondée sur un partenariat interactif. Il est centré sur la notion de partie prenante, leurs objectifs et la responsabilité qui incombe aux gouvernements de créer les conditions qui permettront aux populations rurales d'utiliser leurs ressources en terre de manière productive et durable.

Le programme met l'accent sur une approche intégrée et participative de la gestion des terres et du développement de l'agriculture durable à l'appui des principaux objectifs des familles d'agriculteurs, qui ne sont pas toujours exprimés comme tels, et parmi lesquels figurent en priorité des moyens de subsistance sûrs, fondés sur une utilisation stable, productive et rentable des terres.

L'expérience interdisciplinaire montre qu'il est possible de s'inspirer des succès confirmés en intégrant diverses interventions agricoles et politiques qui ont été testées et jugées appropriées et qui sont adaptées aux objectifs et aux ressources des agriculteurs de façon à élargir l'éventail des options concernant leurs moyens de subsistance. Si le programme ne cherche pas à traiter directement les nombreuses questions non agricoles propres à ces environnements, il devrait inciter les autres organismes de protection sociale (santé, éducation, etc.) à s'inspirer des approches qu'il a l'intention d'utiliser.

Il importe de reconnaître le rôle central de l'agriculteur. L'agriculteur est le décideur en dernier ressort et l'intérêt qu'il manifeste ou les mesures qu'il prend dans le cadre de n'importe quelle intervention proposée reposent sur des considérations économiques concrètes. Dans un cadre multidisciplinaire, le programme recherchera une collaboration et un soutien pour renforcer la capacité de la communauté et des ménages à gérer sainement les terres, en améliorant leurs compétences en matière de gestion agricole. Il devra appliquer de nouvelles méthodes d'évaluation, de planification et de formation participatives, qui permettront aux agriculteurs d'accéder à la formation, à la recherche, aux connaissances et à l'information nécessaires pour enrayer le déclin de la productivité agricole.

Une meilleure compréhension des facteurs déterminant les résultats de l'ensemble de l'exploitation et une meilleure connaissance des options techniques disponibles pour lever les obstacles à la production contribueraient sensiblement à réduire l'insécurité alimentaire, à relever le niveau de vie et à renforcer la durabilité de l'utilisation des terres agricoles dans ces zones sèches. La répartition du travail entre les différentes parties prenantes doit donc être plus clairement spécifiée. Les parties prenantes incluent:

Conclusion

Parce que les précipitations sont insuffisantes ou mal réparties, la sécheresse est un phénomène fréquent en Afrique australe. La sécheresse représente une contrainte majeure pour l'agriculture, l'élevage et les écosystèmes naturels de ces régions. Gérer la sécheresse pour réduire son impact sur les moyens de subsistance des petits exploitants et sur l'environnement (dégradation) est une tâche difficile qui doit être entreprise d'urgence dans une perspective à long terme.

Le programme proposé reposera sur un partenariat interactif entre le gouvernement et les utilisateurs des terres, le bassin versant étant utilisé, par exemple, comme unité spatiale pour la planification du programme et comme base pour les interventions. Ainsi, le bassin du Limpopo est une zone faisant partie à la fois du Zimbabwe, du Botswana, du Mozambique et de l'Afrique du Sud. Plusieurs raisons justifient la sélection du bassin du Limpopo comme bassin versant particulièrement adapté à l'exécution du programme Apprendre à vivre avec la sécheresse. Sa taille convient à une zone pilote dans le contexte de la sous-région d'Afrique de l'Est et d'Afrique australe. En ce qui concerne la question centrale de la sécheresse, le bassin présente un éventail parfait de conditions climatiques, allant d'un climat subhumide dans le sud et l'est à des conditions pratiquement arides dans certaines parties centrales, en passant par un climat semi-aride dans l'essentiel du bassin. Celui-ci présente aussi un large éventail de conditions socio-économiques et politiques exprimées par des différences dans les systèmes agricoles et l'organisation sociale. En outre, les ressources naturelles y sont extrêmement variées, comme en témoignent les paysages, les sols et la végétation.

La nécessité d'une action à long terme, orientée sur les agriculteurs et multidisciplinaire devenant de plus en plus manifeste, le programme portera sur les domaines d'activité suivants: gestion de la fertilité des sols, gestion et utilisation des ressources en eau, production agricole, agroforesterie, production et santé animales, sécurité nutritionnelle et questions politiques et institutionnelles. Ce n'est qu'en passant progressivement d'une attitude de réaction à des situations d'urgence à une politique d'intégration de la sécheresse dans les systèmes de production et de distribution à long terme qu'on pourra espérer résoudre le problème de la sécheresse avec des résultats pertinents. Dans ce contexte, la réduction de la vulnérabilité face à la sécheresse joue un rôle majeur et des mesures comme la promotion de technologies et de pratiques atténuant les effets de la sécheresse et la création d'un environnement politique favorable dans les zones susmentionnées sont à envisager dès la conception du programme.

________________________________

1  Les terres sèches incluent les terres tant arides que semi-arides, ainsi que les terres à caractère désertique (hyperarides). En règle générale, les zones arides reçoivent moins de 200 mm de pluie hivernale chaque année, ou moins de 400 mm de pluie estivale, tandis que les terres semi-arides reçoivent de 200 à 500 mm de pluie hivernale ou 400 à 500 mm de pluie estivale. Les terres sèches sont définies comme des zones où les précipitations annuelles moyennes sont inférieures à la moitié de l'évapotranspiration potentielle. C'est ainsi que l'on calcule le nombre de jours de croissance ou la longueur de la période végétative pour les cultures. En utilisant ce critère, la FAO définit les terres sèches comme des terres dont la durée de la période végétative est inférieure à 120 jours. Dans cette catégorie, les terres arides ont moins de 75 jours de croissance, tandis que les terres semi-arides ont au moins 75 jours de croissance.