FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 02/00 - RUSSIE, FÉDÉRATION DE (15 février)

RUSSIE, FÉDÉRATION DE (15 février)

Les premières perspectives pour les céréales d'hiver en 2000 sont satisfaisantes. Les superficies ensemencées en cultures d'hiver (13,9 millions d'hectares) incluent 12,6 millions d'hectares de céréales, soit un chiffre inférieur aux objectifs et en baisse de 600 000 hectares par rapport à l'année précédente, mais l'état des cultures est nettement meilleur. Les céréales d'hiver occupent une proportion croissante des emblavures, qui sont globalement en baisse, cette proportion était néanmoins inférieure à 30 pour cent en 1999. Les perspectives relatives à la production totale indiquent que 60 pour cent seulement des superficies devant être ensemencées au printemps ont été labourées, ce qui augmentera les travaux agricoles à réaliser au printemps. On signale aussi des pénuries de semences. Un fait positif est que, dans son ensemble, ce secteur a été bénéficiaire pour la première fois en quatre ans, le gain de 6 milliards de roubles représentant une nette amélioration par rapport à la perte de 36 milliards de roubles en 1998. Cette évolution est due en partie à l'augmentation de la demande de denrées alimentaires de production nationale, consécutive à la forte dévaluation du rouble en 1998, qui a rendu les importations plus coûteuses. Le gouvernement espère que la production céréalière atteindra 75 millions de tonnes en 2000, soit 15 à 20 millions de tonnes de plus que l'estimation officielle (54,7 millions de tonnes) pour 1999, et qu'elle sera suffisante pour couvrir les besoins intérieurs et reconstituer quelque peu les stocks.

La FAO estime la production céréalière de 1999 à 60 millions de tonnes, chiffre supérieur de 5 millions de tonnes à celui de 1998, année marquée par la sécheresse, mais néanmoins inférieur à la moyenne. L'estimation de la FAO est plus élevée que l'estimation officielle parce qu'elle tient compte de déclarations officielles et officieuses selon lesquelles la récolte a été sous-estimée d'au moins 5 millions de tonnes et peut-être même dans des proportions allant jusqu'à 15 ou 20 pour cent. La FAO considère maintenant que la production de blé se monterait à 34 millions de tonnes, en hausse de 4 millions de tonnes par rapport à 1998. La proportion de blé adapté à la consommation humaine est cependant plus faible qu'en 1998 (62 pour cent au lieu de 76 pour cent). D'après la FAO, la production de céréales secondaires aurait augmenté de 2,5 millions de tonnes pour passer à 24,6 millions de tonnes et celle de riz aurait augmenté de 6 pour cent pour atteindre 444 000 tonnes. La récolte de légumineuses est estimée à environ 1 million de tonnes.

Malgré la légère augmentation de la production, la situation globale des approvisionnements reste précaire et il ne sera pas possible de reconstituer les stocks fortement réduits en 1998/99. Au niveau global, les besoins liés à la consommation humaine devraient pouvoir être couverts, mais la disponibilité d'aliments pour animaux risque de rester insuffisante, ce qui pourrait entraîner une nouvelle réduction du cheptel et de la production animale. Les restrictions imposées par les autorités régionales au transport des céréales aggravent la situation des approvisionnements. Les prix des céréales, qui étaient restés stables jusqu'au début de cette année, sont aussi en augmentation, du fait de la hausse de 15 pour cent du coût du transport ferroviaire depuis le Kazakhstan, important fournisseur.

L'utilisation totale des céréales devrait diminuer de 3 millions de tonnes en 1999/2000 et tomber à 71 millions de tonnes, dont 21 millions de tonnes pour l'utilisation alimentaire directe, 0,5 million de tonnes pour l'exportation dans les républiques voisines, le reste correspondant aux semences, aux aliments pour animaux, aux pertes, à la transformation industrielle et aux stocks de clôture (niveau minimal). Étant donné que les disponibilités intérieures de céréales (production et stocks) sont estimées à 65 millions de tonnes, les besoins d'importation se monteraient au minimum à 6 millions de tonnes. Jusqu'à présent, les engagements d'aide alimentaire relatifs à la campagne de commercialisation 1999/2000 se sont limités à 300 000 tonnes de blé (plus 200 000 tonnes supplémentaires de blé et de produits transformés destinés à certains groupes déterminés). En outre, les engagements d'aide alimentaire reportés de 1998/99 se montaient à 2,8 millions de tonnes après ajustement, si bien que le solde à couvrir par des importations commerciales est légèrement inférieur à 3 millions de tonnes, c'est-à-dire moins qu'en 1996/97 et 1997/98. Les capacités commerciales du pays en matière d'importation se sont améliorées depuis la crise financière d'août 1998 et la balance commerciale est nettement excédentaire.

La situation des quelque 300 000 personnes déplacées en Tchétchénie ou dans les pays voisins continue de se détériorer, et elle est désespérée pour ceux qui vivent dans des camps de réfugiés. Beaucoup n'ont même pas un abri suffisant et souffrent du manque de chauffage, de nourriture, de vêtements et de fournitures médicales. La rigueur de l'hiver dans les montagnes et les mauvaises conditions de logement favorisent les maladies. Le gouvernement de l'Ingoutchie, petit pays de 300 000 habitants qui a accueilli environ 200 000 réfugiés, a demandé l'aide de la communauté internationale pour les nourrir et les loger. Les problèmes liés à la sécurité empêchent le transport et la distribution d'aide.

La sécurité alimentaire de la population civile isolée en Tchétchénie, en particulier à Grozny, la capitale, se détériore rapidement, et les perspectives sont très sombres pour les céréales d'hiver et les cultures fourragères. On signale qu'une petite partie seulement des terres arables a été ensemencée en cultures d'hiver ou labourée. L'agriculture est dans une situation critique et l'élevage et la viticulture ont subi d'importants dégâts.

 


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