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Editorial

L'une des recommandations la Conférence de l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture qui s'est réunie à Genève en 1947 pour sa troisième session annuelle visait la convocation d'une conférence forestière pour l'Amérique latine. Le Gouvernement des Etats-Unis du Brésil avant offert d'en être l'hôte, c'est donc à Teresopolis, près de Rio-de-Janeiro, que se tiendra du 19 au 30 avril 1948 la Conférence internationale des Forêts et des produits forestiers pour l'Amérique latine.

Le but final auquel doit tendre le travail tout entier de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture est défini par son Acte constitutif: c'est l'amélioration des conditions de vie des peuples du monde. Et c'est aussi sous cet aspect que, dans le domaine des forêts et des produits forestiers, toutes les activités de l'Organisation doivent être considérées.

Le but essentiel de la Conférence pour l'Amérique latine sera donc de discuter des bases sur lesquelles doit être assis le développement des ressources forestières de ce continent pour que celui-ci contribue dans les meilleures conditions possibles à l'amélioration du standard de vie des peuples de cette région. Ce développement produira vraisemblablement un excédent de bois sur les besoins actuels de la consommation intérieure, excédent qui pourra alors alimenter les marchés mondiaux, et soulagera notamment le déficit des régions les plus éprouvées. Mais ce n'est là pourtant qu'un résultat accessoire par rapport à l'objectif essentiel qu'on se propose.

En ce qui concerne le bois, le monde se débat dans un crise aiguë au moment même où les progrès techniques ont ouvert de vastes possibilités à l'utilisation de ce matériau. L'Amérique latine dispose v vraisemblablement de ressources forestières inexploitées supérieures à celles de tout autre continent. Nombre de Gouvernements ont déjà fort bien réalisé l'intérêt qu'elles présentent pour le développement industriel de leurs pays. Certains ont déjà élaboré des programmes de grande envergure, et d'autres les ont mis à l'étude.

Mais les circonstances présentes sont particulièrement favorables pour passer des plans à l'action. Le monde entier souffre d'une grave pénurie de produits forestiers. Il est donc permis de prévoir que les industries forestières qui se créeront trouveront ouverts devant elles non seulement des marchés intérieurs, mais des débouchés à l'étranger à des prix intéressants. Comme une partie de l'outillage indispensable à ces nouvelles industries devra être importée l'exportation des produits forestiers permettra de trouver même les devises étrangères nécessaires au règlement de ces importations dans un laps de temps assez court; à son tour cette possibilité permettra de trouver aisément les crédits d'investissement indispensables.

La création d'industries forestières modernes représente en elle-même un pas important dans la Noie de l'industrialisation progressive de l'Amérique latine. Elle contribuera pour sa part à l'amélioration des conditions de vie des peuples de ce continent, et celle-ci à son tour, assurera le développement de la consommation intérieure des produits forestiers. Ainsi donc, au cas même où la demande extérieure devrait un jour fléchir on peut presque considérer comme certain que la production des nouvelles industries forestières pourrait être absorbée par les besoins croissants des populations de l'Amérique latine.

DANS CE FASCICULE D'UNASYLVA, on s'est proposé de réunir quelques données de base relatives aux problèmes qui se poseront à la Conférence d'Amérique latine. Ce sera donc un numéro spécial bien que la division habituelle de la revue en quatre parties ait été retenue et que les deux premières seulement soient exclusivement consacrées à ces questions.

On s'est efforcé de faire ressortir les deux grands aspects du problème forestier de l'Amérique latine: d'un côté l'incroyable richesse des massifs boisés dont les vastes étendues du bassin de l'Amazone sont l'exemple le plus frappant; d'un autre côté la nécessité de leur utilisation rationnelle et les conséquences désastreuses notamment pour la stabilité du sol, qu'entraîne rapidement leur destruction.

Ces deux aspects du problème devant être toujours également présents à l'esprit lorsqu'on le considère attentivement, deux articles traitent des richesses forestières et deux des limitations que doit s'imposer l'exploitation de ces richesses. les richesses, d'abord, ont été considérées sous l'angle général du problème mondial des forêts tropicales, puis, en détail, du point de vue particulier de l'Amérique latine. En ce qui concerne les limitations, on a traité d'abord des conséquences physiques du déboisement, telles qu'elles se manifestent dans de nombreux pays, par l'érosion et la détérioration du régime des eaux; puis on s'est placé au point de vue économique pour considérer les effets de l'augmentation rapide de, la population, des progrès de l'évolution sociale et de la demande toujours croissante de produits forestiers qui les accompagnent.

Le premier article «Esquisse d'une politique forestière générale pour les pays tropicaux», place dans le cadre mondial le problème de l'utilisation des ressources forestières de l'Amérique latine. Ce problème fait en effet partie d'un tout, puisque des conditions similaires se présentent dans toutes les régions forestières tropicales. Si les mesures indispensables sont prises pour résoudre ce problème, si l'organisation nécessaire est mise sur pied pour répartir le fardeau des recherches et en obtenir des résultats comparables, l'expérience acquise ailleurs n'aura pas été inutile.

Le second article, «Les problèmes forestiers de l'Amérique latine» met en lumière les vastes possibilités du continent et les efforts entrepris pour en tirer parti. C'est un résumé des impressions et des informations recueillies par deux membres de la Division des Forêts et des produits forestiers au cours d'un voyage préparatoire en 1947.

Si importantes qu'elles soient les ressources forestières de l'Amérique latine ne sauraient être considérées comme un trésor inépuisable dont le monde entier serait appelé à bénéficier sans compter: seule leur exploitation prudente peut les transformer en un capital productif. La forêt, d'reste, n'est jamais que l'héritage qu'une génération doit transmettre intact ri la génération qui la suit. Telle est la thèse du troisième article: «Les ressources forestières de l'Amérique latine sont-elles illimitées?», qui montre que ce continent a à résoudre, lui aussi, de graves problèmes d'érosion et de ruissellement. L'utilisation doit, sous peine de dommages irréparables, être lice à la conservation.

Le but du quatrième article, «Consommation et production de papier et de carton dans les vingt républiques de l'Amérique latine de 1935 à 1946» est de montrer, par l'exemple d'une catégorie particulière de produits forestiers, les possibilités du développement futur de la consommation intérieure. Comme le forestier traite d'un produit qui met un temps fort long à atteindre sa maturité, il importe qu'il ait toujours présents à l'esprit non seulement les besoins actuels mais aussi ceux des temps à venir. Aussi, dans l'étude des pro jets de développement des forêts de l'Amérique latine comme sources de matières premières pour les marchés du bois, conviendra-t-il de tenir compte non seulement de l'état et des besoins présents de l'Amérique latine, mais surtout des progrès futurs et des besoins croissants de l'avenir.

Dans la deuxième partie de ce fascicule, sous le titre «Situations nationales», on a cherché à présenter, réunies et résumées par pays, les informations les plus complètes que la FAO possède actuellement sur chacun d'eux

On peut considérer les articles des parties I et II comme des documents de base pour le travail de la Conférence. Mais leur intérêt a paru assez général pour justifier leur présentation à un plus large public. Quant à la troisième partie «Travail de la FAO» et à la quatrième «Nouvelles du monde», elles suivent l'agencement habituel de la revue et traitent de questions d'intérêt général.

Un certain nombre de lecteurs ont exprimé le désir de trouver ici un service de bibliographie Entreprendre une telle tache irait bien au delà des possibilités actuelles de la Division des Forêts et des produits forestiers de la FAO, et ce travail ferait aussi double emploi avec celui accomplit ailleurs. Une solution de compromis a donc été recherchée. Très aimablement, le Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis a mis á la disposition de la FAO les chapitres de sa publication bibliographique traitant des questions forestières et des produits forestiers. Ces pages ont été reproduites et sont insérées dans ce numéro sous forme de feuilles volantes. La FAO saisit cette occasion d'exprimer sa gratitude pour une coopération qui, si elle est du gré de nos lecteurs, sera poursuivie dans les numéros suivants et dont les fruits pourront peut-être même être amplifiés par d'autres arrangements analogues.


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