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Les forêts et la sylviculture aux Philippines

par FLORENCIO TAMESIS

La forêt est peut-être la plus précieuse des ressources naturelles et renouvelables des Philippines. En tant que source de matières premières et de revenus pour l'Etat, elle est susceptible d'un aménagement qui lui assurera, pendant de longues années, une production supérieure à celle qu'on en retire aujourd'hui; d'après les plus récentes estimations, la couverture végétale vivante des Philippines se répartit comme suit:


Superficie en hectares

Pourcentage

Forêts commerciales...............

13.198.406

44,5

Forêts non-commerciales.........

4.296.786

14,4

Marécages:



d'eau douce.......................

168.657


d'eau salée.........................

438.155



606.812

2,0

Terrains découverts et prairies.

5.203.620

17,5

Terres cultivées.......................

6.434.348

21,6

Total.......................................

29.739.972

100,0

Environ 97,5 pour cent de la forêt appartiennent à l'Etat, et sont placés sous le contrôle administratif du Service forestier; le reste, soit 2,5 pour cent, appartient à des particuliers.

La majeure partie des forêts est répartie en masses importantes entre les îles principales, telles que Luzon, Mindanao, Samar, Negros et Palawan. La plupart sont du type tropical humide et de composition complexe. Plus de 3.000 espèces différentes d'arbres atteignent 30 cm de diamètre ou davantage. Toutefois, moins de 60 de ces espèces sont mises sur le marché. Les peuplements sont constitués dans une proportion de 75 pour cent par des diptérocarpes, communément appelés «lauans» et parmi lesquel figure notamment l'«acajou des Philippines».

Selon une estimation prudente, le volume total de bois commercial sur pied se chiffrerait à environ 2.105 millions de m3 ®. Sur la base des droits forestiers (taxe perçue par l'Etat, sur le bois sur pied au moment de l'exploitation), ces peuplements représenteraient une valeur de 2.341.550.000 pesos. Leur valeur commerciale est actuellement estimée à 58.092.434.000 pesos, basée sur un prix minimum d'environ 26,5 pesos par m3 ®. Aménagées sur la base du rendement soutenu, ces forêts pourraient supporter indéfiniment une coupe annuelle d'un volume de 32 millions de m3 ®.

Types de forêts

Du point de vue de la composition du peuplement, les forêts philippines peuvent se répartir en cinq catégories, à savoir:

Type diptérocarpe. Ce type de forêt, où prédominent dans une proportion d'environ 75 pour cent en volume différentes essences de la famille des diptérocarpes prospèrent dans des conditions variées, depuis des fonds humides des vallées jusqu'aux régions vallonnées et montagneuses. Tandis que les diptérocarpes constituent l'étage supérieur dans les peuplements plus on moins purs, les étages inférieurs comprennent surtout des espèces actuellement inutilisables pour le commerce, des arbustes et des lianes, sans oublier les rotins. Du point de vue de l'exploitant forestier, les peuplements contenant de 100 à 200 m3 par hectare sont assez denses pour justifier l'adoption de moyens mécaniques d'évacuation. Ce type de forêt est la principale source de matières premières pour l'industrie du bois. Environ 70 pour cent du total de la production de bois sont représentés par six espèces de lauans, soit: le lauan blanc, Pentacme contorta, le lauan rouge, Shorea negrosensis, le tangile, S. polysperma, l'apitong, Dipterocarpus grandiflorus, le yakal, Hopea sp., et le guijo, S. guiso.

Type molave. Ce type de forêt est plus ouvert que le type diptérocarpe et le volume de bois à unité de surface est bien moindre, ne s'élevant en moyenne qu'à 30 m3 par hectare. Ces forêts se trouvent dans les régions ayant deux saison nettement distinctes, humide et sèche, chacune d'une durée de plusieurs mois. Pendant la saison sèche, les végétaux sont en grande partie aphylles, mais les feuilles poussent avec exubérance pendant la saison humide. Il v a des endroits qui, pendant la saison sèche et sous l'influence de certaines conditions locales, présentent un aspect désertique. Le molave, Vitex parviflora, prédomine sur les croupes calcaires.

La plupart des essences que l'on rencontre dans ce type de forêt produisent des bois très appréciés pour leur beauté naturelle et leur durabilité. Parmi les plus importants, il faut citer: le molave, le narra, Pterocarpus spp., le tindalo. Paludia rhomboidea, l'ipil Intsia bijuga, l'akle, Albizzia acle et le banuyo, Wallaceodendron celebicum.

Type pin. On trouve ce type de forêt dans les hautes régions montagneuses du nord de Luzon et de Mindoro. Le peuplement est en général très ouvert et épars, d'un volume moyen de 45 m3 par hectare. L'espèce principale est le benguet, Pinus insularis, tandis que le tapulau, Pinus merkusii, se trouve dans les hautes montagnes de Zambales et de Mindoro. Cette dernière espèce cependant n'a pas la même importance commerciale que la première. Les pins poussent en peuplements pratiquement purs. Cependant on peut! dans certains cas, les trouver mélangés à des feuillus dans les régions à l'abri des incendies notamment dans les ravins de basse altitude. Le bois du pin benguet est utilisé en général comme bois de mine et pour la construction dans la province des Montagnes. Ces deux espèces de pin fournissent de la térébenthine et de la résine.

Type palétuvier. Ce type de forêt existe sur les sèches, à l'embouchure des cours d'eau et sur les rivages des baies protégées. Les espèces que l'on v trouve pourraient servir à la construction, à condition qu'un traitement améliore leur durabilité. Le peuplement se compose en grande partie d'environ sept espèces de la famille des Rhizophoraceae. Les diverses variétés de palétuvier constituent une des principales sources de bois de combustion, d'écorce pour le tannage, d'extraits tannants, de bois pour la teinture et de charbon de bois.

Le long des cours d'eau, et un peu partout sur les sèches, pousse un palmier connu sons le nom de nipa, Nipa fruticans. Ses feuilles sont utilisées comme chaume et sa sève sert à la fabrication de vinaigre, d'alcool de vin et de sucre.

Forêts côtières. Au-dessus de la limite qu'atteint la marée haute, on trouve des plages de sable où la végétation originale est restée intacte. La zone frontale, qui constitue un type distinct de forêt, consiste généralement en un enchevêtrement de végétation où le pandan, Pandanus tectorius, joue un rôle important. Les arbres principaux sont le talisai, Terminalia catappa, le dapdap, Erythrina variegata var. orientalis, le botong, Barringtonia asiatica, le palomaria, Calophyllum inophyllum, l'agoho, Casuarina equisetifolia, le bani, Xylocarpus moluccensis, et le tawalis, Osbornia octodonta.

Forêts de montagne et forêts moussues. Les forêts de ce type, que l'on trouve à de hautes altitudes sur des terrains très accidentés, sont essentiellement des forêts de protection. En général, le degré de pluviosité et d'humidité y est très élevé. Exposés à des vents violents, les arbres sont en général rabougris et couverts de mousse, de trinitaires, de fougères et d'orchidées épiphytes. Parmi les principales espèces figurent le Dacrydium spp., le Podocarpus spp., l'Eugenia spp., le Decaspermum spp., le Quercus spp., le Myrica spp., le Symplocos spp. et le Tristania decorticata.

Type de forêt Diptérocarpes dans l'île Luzon. 1) Lauan rouge, Shorea negrosensis. 2) Tangile, Shorea polyspering. 3) Mayapie, Shorea kalunti. 4) Lauan blanc, Pentacme contorta.

Bois et produits forestiers secondaires

Les produits forestiers des Philippines sont généralement classés en deux groupes: (1) le bois d'œuvre et (2) les produits forestiers dits secondaires, lesquels comprennent tous les produits de la forêt autres que le bois d'œuvre.

Principales essences. Du point de vue commercial, les principales essences peuvent se grouper en six catégories générales: (1) les lauans, (2) les apitongs, (3) les guijos, (4) les yakals, (5) les autres diptérocarpes et (6) les légumineuses.

Les lauans ou «Acajous des Philippines» sont les bois les plus tendres de la famille des diptérocarpes et se divisent en lauans rouges et en lauans blancs. Le premier groupe comprend le tangile, le tiaong. Shorea teysmanniana, et le véritable lauan rouge qui constituent l'acajou rouge foncé des Philippines; tandis que les lauans blancs comprennent le véritable lauan blanc; l'almon, S. eximia, le bagtikan, Parashorea spp., le manggasinoro, Dacryodes incurvata, le kalunti, S. kalunti et le mayapis, S. palosapis, qui sont l'acajou rouge clair des Philippines. Les lauans rouges et blancs sont de densité moyenne et possèdent une bonne durabilité quand on les emploie dans l'œuvre sans le bois d'aubier. Ils ne conviennent pas pour la grosse charpente et ne doivent pas être exposés aux intempéries, sauf lorsque la structure permet à l'eau de ruisseler, comme par exemple dans les assemblages à recouvrements, ou dans ce qu'on appelle le «rizal» ou «recouvrement rustique». Dans la construction des maisons, les lauans conviennent pour les recouvrements, les cloisons et les plafonnages, et ils donneraient d'excellents résultats pour le vaigrage des navires.

La nouvelle «Taxe philippine de Reboisement» permet de financer des plantations de pins dans les régions forestières exploitées, comme celle représentée ci-dessus située dans une zone consacrée au «Projet de Reboisement Cebu».

L'apitong est le plus abondant parmi les plus denses et les plus résistants des bois de construction de la famille des diptérocarpes. Il peut être d'une très longue durée lorsqu'il est utilisé sans le bois d'aubier et lorsqu'il n'est ni exposé aux intempéries ni en contact avec le sol. L'apitong se prête admirablement au traitement. C'est aujourd'hui le bois le plus utilisé pour les charpentes des constructions en bois. Traité de façon appropriée, l'apitong égale en durabilité le molave, le dungen, Tarrietia sylvatica, l'ipil et le yakal pour les constructions exposées aux intempéries et s'est révélé supérieur à toutes ces variétés pour les pilotis en eau salée.

Le guijo est à beaucoup de points de vue, notamment en ce qui concerne la couleur, identique à l'apitong mais ce dernier a les pores plus grands et tend à être plus résineux. Le bois du guijo est résistant, relativement facile à travailler et possède de bonnes qualités de durabilité. Il est très recherché pour les charpentes dans l'œuvre, pour la construction des voitures, des chassis d'automobiles et de camions et pour les solivures. Pour les planchéiages, il plaît à ceux qui aiment les tons bruns rougeâtres. De même que l'apitong ce bois «joue» beaucoup en cours de séchage et doit en conséquence être convenablement séché si l'on veut en tirer le meilleur parti.

Le plus dur et le plus résistant de tous les membres de la famille des lauans est le yakal. Résistant à la pourriture, ce bois convient tout particulièrement aux structures exposées aux intempéries. Il «joue» à peu près autant que la guijo et ce n'est qu'en le séchant parfaitement avant de l'utiliser qu'on en tire les meilleurs résultats. Il remplace avantageusement l'ipil pour les poutres de charpente et les charpentes de pont. Son utilisation est recommandée dans tous les cas où il s'agit d'assurer une grande résistance et une grande durabilité.

Parmi les membres moins nombreux de la famille des lauans, on peut citer le palosapis, Anisoptera thurifera, et le manggachapui, Hopea acuminata, ce dernier étant quelquefois connu sous le nom de dalindingan. Le vrai manggachapui est un bois à grain fin et à fibres droites, dur et lourd, blanc lorsqu'il est frais, mais passant au jaune rougeâtre foncé lorsqu'il reste exposé au soleil. D'autre part, le palosapis, qui est souvent substitué au manggachapui par des marchands peu scrupuleux, est de texture plus grossière, de dureté et de densité moyennes, et ressemble en cela au lauan. Sa couleur est jaunâtre, souvent avec des filets roses. Le manggachapui possède la plupart des propriétés du guijo et ces deux bois peuvent être utilisés indifféremment. Le palosapis d'autre part peut être utilisé aux mêmes fins que le lauan.

L'akle, le narra, l'ipil et le tindalo appartiennent tous à la famille des légumineuses qui fournit la plus grande partie des bois précieux d'ébénisterie. De couleur brunâtre, l'akle est excellent pour l'ébénisterie. Possédant la plupart des qualités du noyer, il a de plus l'avantage d'être plus résistant aux termites. La couleur du narra varie du jaune rougeâtre au rouge foncé. Il est plus facile de se procurer la variété jaune, qui est plus commune, que la rouge. Pour la fabrication des meubles et l'ébénisterie, de même que pour les châssis de porte et de fenêtre c'est le narra qu'on choisit presque toujours, bien que les acheteurs qui ne regardent pas à la dépense trouvent dans le tindalo, magnifique bois rouge, très dur, qui devient plus foncé avec l'âge, un bois de qualité encore meilleure. Le tindalo conserve sa forme de façon remarquable et, comme c'est le cas pour la plupart des membres de la famille des légumineuses, il se distingue non seulement par la beauté de son grain, mais aussi par sa durabilité. Un autre bois très demandé est l'ipil qui est le plus généralement utilisé pour le bois de charpente en raison de sa très grande durabilité et de sa résistance. Avant la généralisation de la méthode consistant à placer les piliers des maisons sur une fondation de ciment ou de pierre, l'ipil était un des rares bois résistant aux ravages de la pourriture et des termites. Avec l'adoption des fondations en ciment, on peut attendre des bois, même d'une durabilité moyenne, de longues années de service.

Le dao, Dracontomelum dao, appartenant à la famille des Anacardiacées, est un bois magnifique très recherché actuellement pour les travaux d'ébénisterie et la fabrication des meubles. Comme il «joue» beaucoup quand il vient d'être coupé, il faut le sécher parfaitement avant de l'utiliser.

Produits forestiers secondaires. Tous les produits de la forêt autres que le bois d'œuvre sont englobés sous la dénomination «produits forestiers secondaires». Les plus importants de ces produits sont: le bois de combustion le charbon de bois, les produits tirés des palmiers, les extraits tannants, les fibres, les résines, les gommes, les huiles, le caoutchouc et la gutta-percha la cire d'abeilles et les plantes médicinales.

Système des licences. Le principe qui gouverne l'administration de la forêt est d'assurer par leur utilisation rationnelle la protection des intérêts du public la sauvegarde des ressources forestières et le maintien de la productivité. Le privilège d'utiliser les bois et autres produits forestiers pour des fins commerciales est accordé par l'octroi d'une licence ou permis. Ces permis sont de deux sortes: le permis à long terme pour une période de cinq à dix ans, et le permis ordinaire pour des périodes d'un an seulement ou, par exception, de deux à quatre ans.

Débarquement et mise en chantier de «lauan rouge» à l'aide d'arches et de tracteurs à chenilles D-7 et D-8.

Le Directeur du Service forestier doit annoncer publiquement, au moyen d'avis écrits, affichés dans des endroits publics appropriés, que des permis peuvent être sollicités pour telle ou telle forêt. Ces avis font connaître les conditions spéciales relatives à la coupe, à la récolte et à l'évacuation des produits forestiers, et le public est invité à présenter des soumissions sous pli cacheté. Les soumissions sont alors en registrées. Pour qu'une soumission soit admise, il faut qu'elle ait été précédée de l'avis en question.

Avant qu'une forêt puisse faire l'objet de soumissions, il faut qu'elle soit inspectée par un officier forestier qui fait rapport au Directeur du Service forestier sur les points suivants: étendue de la zone forestière dont il s'agit; son contenu en certains produits forestiers; le volume maximum des coupes annuelles susceptibles d'être autorisées, et la méthode de développement ou d'exploitation qui peut y être pratiquée. En ce qui concerne les terres forestières dites permanentes et les réserves forestières déjà établies, le but poursuivi est de développer sur la base du rendement soutenu, la région faisant l'objet d'un permis. Ces permis ne peuvent être ni négociés ni transférés. Leur non-utilisation pendant une période de quatre mois au cours de leur validité est motif suffisant d'annulation. Ils sont renouvelables à une ou plusieurs reprises, à condition que le chiffre total des années couvertes par le permis et par ses renouvellements successifs ne doit pas supérieur à 50.

D'après les études effectuées, le taux d'accroissement des forêts des Philippines est en moyenne de 1,5 pour cent. Celui des coupes annuelles autorisées représente en conséquence 1,5 pour cent du volume total du bois disponible ou commercialisable qui constitue le peuplement. Cependant, il est en général permis de procéder à des coupes blanches sur les terres agricoles, tout comme sur celles qui sont susceptibles d'être consacrées à l'agriculture.

Afin d'assurer la régénération naturelle et pour permettre de régulariser la coupe dans les terres forestières de caractère permanent, il a été adopté un système de limitation des diamètres d'exploitation, en vertu duquel aucune coupe n'est autorisée quand les arbres n'atteignent pas un certain diamètre. Le reste du peuplement doit servir à assurer la régénération naturelle des zones exploitées. Le permis fixe de la manière suivante les diamètres limites pour la coupe par groupes d'espèces: premier groupe, 60 cm; second groupe 40 cm; tous les différents diptérocarpes comme l'apitong, le lauan, le tangile, etc., 50 cm, sauf toutefois le yakal et le guijo qui font partie du premier groupe.

Taxes forestières. En droit forestier (taxe sur le bois sur pied ou droit régalien de l'Etat) est perçu pour le bois coupé. Pour cela toutes les différentes espèces de bois des Philippines ont été classées en quatre groupes. Le droit perçu par l'Etat se monte à 3,50 pesos le mètre cube pour les bois appartenant au premier groupe, à 2 pesos pour ceux du deuxième groupe, à 1,25 peso pour ceux du troisième groupe et à 0,60 peso pour ceux du quatrième groupe. En outre, une taxe de reboisement est perçue sur tout le bois coupé pour le commerce dans les forêts publiques au taux de 0,50 peso par m3 pour les bois des premier et deuxième groupes et de 0,40 peso pour les troisième et quatrième groupes. Ce droit peut être calculé de façon spéciale pour le molave, le camagon, Diospyros discolor, et l'ébène, D. ferron, suivant que la grume comprend ou non du bois d'aubier.

Utilisation gratuite. En vertu des lois et règlements actuels, des quantités de bois sont réservées gratuitement dans des limites raisonnables aux entreprises de travaux publics et aux institutions religieuses. Les particuliers peuvent également obtenir du bois pour leur usage personnel. Lorsqu'un particulier réside dans une ville ou dans une municipalité possédant une forêt communale, c'est dans cette forêt qu'il doit prendre le bois dont il a besoin. Quand il lui est impossible de le prendre dans une forêt communale, on peut dui accorder gratuitement un permis pour le prendre dans une forêt de l'Etat.

L'industrie des sciages

Le sciage à la main se pratique encore en particulier lorsqu'il s'agit de bois d'un prix élevé comme le narra.

Depuis 1900, année où fut organisé le Bureau de sylviculture sous le régime américain, jusqu'en 1941, l'industrie philippine des sciages et du bois a grandi et s'est développée avec une remarquable vigueur. Sous l'occupation espagnole, l'exploitation était effectuée entièrement à la main ou à l'aide de la traction animale, méthodes lentes et dispendieuses. Les scieries du type alternatif, actionnées à la vapeur ou par la force hydraulique, étaient très peu nombreuses et établies presque toutes dans la ville de Manille. Il était à cette époque extrêmement difficile de se procurer des renseignements sur les forêts philippines - leur étendue ou leurs possibilités d'exploitation, on ne savait rien sur les différentes espèces de bois présentant une valeur commerciale. En conséquence, les problèmes auxquels le Bureau de sylviculture dut s'attaquer en premier lieu furent la reconnaissance des zones forestières, la classification des différentes essences et la détermination de leurs diverses qualités: résistance, durabilité et autres. Grâce aux informations de base qui furent ainsi recueillies, des exploitants disposant de plus gros capitaux s'intéressèrent à cette industrie. L'exploitation mécanique fut introduite et l'on procéda à l'installation de scieries modernes équipées de scies à ruban.

Jusqu'en 1906, le commerce d'exportation des sciages et du bois d'œuvre était pratiquement inexistant aux Philippines. C'est en 1907 que pour la première fois il fut procédé à une exportation; il s'agissait de 595 m3 (s) de sciages destinés en grande partie aux Etats-Unis. D'autre part, 38.500 m3 (s) de sciages provenant principalement des Etats-Unis furent importés au cours de cette même année. Depuis lors, et jusqu'au moment où éclatèrent les hostilités dans le Pacifique les exportations de sciages et de bois d'œuvre ont augmenté dans des proportions considérables et les importations de sciages ont diminué en proportion. En 1941, les Philippines ont exporté 520.000 m3 ® de grumes et 175.000 m3 (s) de sciages, soit un total de 446.000 m3 (s) de bois évalué à 8.041.389 pesos. Pendant cette même année, elles ont importé 4.935 m3 (s) de sciages évalués à 256.936 pesos. Les importations consistaient surtout en sciages et en bois d'œuvre destinés à des utilisations spéciales.

Le volume total annuel de la production de bois (sciages) est passé de 94.000 m3 (s) en 1901 à plus de 2,5 millions de m3 (s) en 1940. L'accroissement régulier de la production fut cependant interrompu par la deuxième guerre mondiale, au cours de laquelle la plupart des scieries importantes ont été détruites. A l'ouverture des hostilités dans le Pacifique, en décembre 1941, le pays disposait de 163 scieries dont la capacité journalière de production combinée se chiffrait à 3.996 m3 (s), représentant un investissement estimé à 46 millions de pesos et employant 70.000 personnes environ.

Situation de l'industrie après la guerre. En 1945 après la libération, il ne restait aux Philippines que 38 scieries, représentant une capacité journalière totale de production de 687 m3 (s). Cependant l'industrie des sciages et du bois se relève rapidement depuis la fin de la guerre.

Le capital nominal investi clans l'industrie des sciages représente au total une somme de 49.642.029 pesos. Les sommes investies en matériel de sciage et d'exploitation forestière se montent à 38.094.705 pesos. La différence, soit 11.547.324 pesos, représente les capitaux investis par les petits exploitants.

Pendant l'année fiscale 1940-1941, soit avant l'ouverture des hostilités dans le Pacifique, le nombre total des permis d'exploitation en vigueur s'élevait à 1.208, dont 19 à long terme et 1.189 ordinaires, ce qui représentait une production totale de 2.221.000 m3 (s), en grumes ou en sciages. Sur ce total. 823.077 m3 étaient des sciages la différence, soit 1.398.854 m3, étant constitués par des grumes.

Pendant l'année budgétaire 1947/48, le nombre total de permis d'exploitation en vigueur était de 1.719, dont 22 à long terme et 1.697 ordinaires, s'appliquant à une superficie forestière totale de 2.655.208 hectares, avec un volume total annuel de coupes permises de 7.500.000 m3 ®. Un total de 1.602 permis pour les produits forestiers secondaires étaient également en vigueur. Sur ce nombre, 568 étaient accordés pour le rotin et 471 pour le bois de combustion la différence s'appliquant aux résines, au «nipa», aux lianes, etc.

Effectif des scieries. Au 30 juin 1948, il existait 207 scieries disposant aussi de machines pour l'exploitation et 135 scieries n'effectuant pas elles-mêmes l'exploitation forestière, soit au total 342 scieries. Leur capacité journalière de production combinée se montait à 5.220m3 (S). Bien que le nombre de ces scieries dépasse celui d'avant-guerre, elles sont cependant de proportions plus réduites.

Volume de la production. La production de bois se rapproche déjà du niveau d'avant-guerre; pendant l'année fiscale qui a pris fin le 30 juin 1948, cette production s'est élevée à 3.610.000 m3 ® contre un volume d'avant-guerre (1940) de 4,25 millions de m3 ®. La production totale de sciages pendant l'année fiscale 1947/48 s'est montée à 788.000 m3 (s). Grâce aux nouvelles usines actuellement en cours de construction et aux améliorations apportées aux opérations d'exploitation et de sciage, on s'attend à ce que cette production dépasse l'année prochaine mille million de «board feet».1

1 Un «board foot» égale 2,36 m3.

Main-d'oeuvre. La main-d'oeuvre ne constitue pas un problème pour l'industrie des sciages. Grâce à l'aptitude naturelle des indigènes à se servir des machines, il est facile de s'assurer les services d'ouvriers capables d'utiliser le matériel de sciage et d'exploitation. L'industrie des sciages emploie 50.000 personnes environ.

Marché domestique. Manille constitue le principal marché pour la consommation locale de sciages et de bois d'œuvre. En 1947/48, le volume de bois expédié à Manille se répartissait comme suit: 454.000 m3 (s) de sciages, 11.800 m3 (s) de bois équarri à la hache et 36.500 m3 de grumes, d'une valeur commerciale totale de 44.804.383 pesos.

Exportations. Le commerce d'exportation s'effectue en général directement des scieries aux ports d'embarquement. En raison de l'étendue des destructions dont ont souffert les Philippines et aussi des importantes quantifiés de bois nécessaires pour la construction, des restrictions temporaires sont actuellement imposées sur les exportations de bois. Ces restrictions, qui avaient été mises en vigueur après l'établissement de la République, se trouvèrent levées en partie le 15 juillet 1947, lorsque furent exemptées les grumes de tranchage et de déroulage des catégories 1 et 2 ainsi que les plots de 20 cm au moins d'épaisseur. Le 4 décembre 1947, il redevint possible d'exporter des sciages, et le 5 juin 1948, le quota fut porté de 20 à 50 pour cent de la production.

Les premières exportations allèrent principalement aux Etats-Unis; à la Chine et au Japon Au 30 juin 1948, les exportations se montaient à 45.000 m3 ® pour les grumes, et à 10.600 m3 (s) pour les sciages et plots, ce qui représentait une valeur totale déclarée de plus de trois millions de pesos. Toutes les exportations de sciages ou de bois doivent faire l'objet d'une inspection du gouvernement, utilisant les barêmes de qualité des Philippines ou ceux de la «National Hardwood Lumber Association» des Etats-Unis.

Importations. Pendant que les exploitants de bois locaux faisaient revivre l'exportation des grumes, des plots et des sciages vers les anciens marchés étrangers, les Philippines importaient en 1947 (janvier et octobre compris): 2.800 m3 ® de grumes (pin, tremble, sequoia, camphrier et gaïac) en provenance des Etats-Unis et d'une valeur totale de 61.848 pesos; 385 m3 (s) de sciages (constitués en grande partie par du cèdre) de la même provenance évalués à 340.018 pesos; 324.000 m2 de contre-plaqué en provenance des Etats-Unis et du Mexique et évalués à 107.207.082 pesos.

Le classement par qualités prend une importance croissante dans le commerce d'exportation des grumes et des bois de sciage.

Restauration de l'industrie des sciages. Pour résoudre le problème actuel de la restauration, l'industrie des sciages des Philippines devrait atteindre, dans le plus bref délai possible, une production annuelle d'au moins 4,7 millions de m3 (s). Ce volume suffirait a faire face aux besoins de la reconstruction du pays et des exportations. Pour considérable qu'il puisse paraître, il serait malgré tout très modéré puisqu'il reste bien inférieur à l'estimation de l'accroissement annuel des peuplements existants. Cependant, il faudra améliorer les possibilités financières et l'équipement si l'on veut que les sciages des Philippines contribuent à satisfaire la demande mondiale. On estime que pour réaliser une pareille production, le montant des capitaux à investir s'élèverait au moins à 22 millions de pesos pour la construction de nouvelles scieries; 4 millions pour les usines de finissage; 2 millions pour les usines de placage; 1,5 million pour les fours de séchage; 2 millions pour les traitements pour la préservation du bois, et un autre million pour la fabrication de caisses et de tonneaux, soit Un total de 32,5 millions de pesos.

Sur les 342 scieries établies au 30 juin 1918, 312 sont actuellement en activité. Deux seulement auraient une capacité journalière de production de 59 m3 (s). La plupart de ces scieries sont du type utilisé par l'armée américaine et on ne pense pas qu'elles dureront très longtemps. Ce qu'il faut, c'est augmenter et améliorer le nombre des scieries et le matériel d'exploitation, afin d'accroître la production tout en améliorant la Qualité des produits.

Administration des forêts Philippines

Le principe sur lequel respose depuis 1863 l'administration forestière a été celui de protéger, délimiter, conserver et utiliser rationnellement la forêt par une exploitation judicieuse des terres boisées et de leurs produits. En 1863, en vertu d'un ordre royal de l'administration espagnole, des lois et des règlements d'un caractère constructif furent promulgués, et l'on entreprit des enquêtes qui jetèrent les bases des travaux forestiers dans le pays. Malgré les difficultés qu'ils eurent à surmonter au début, les organisateurs recueillirent une quantité considérable de renseignements, notamment dans le domaine de la botanique, de l'histoire naturelle et de l'utilisation. Malheureusement, le grand incendie qui dévasta Manille en 1897 réduisit en cendres la collection d'histoire naturelle, si bien que lorsque les Etats-Unis prirent possession du pouvoir en 1900, il fallut reconstituer tous ces renseignements.

Le volcan Mont Mayon, avec son panache de fumée, dans le Parc national du même nom, un des nombreux parcs pittoresques des Philippines. Le Bureau de Sylviculture administre les parcs nationaux ainsi que les forêts nationales.

Les lois espagnoles prévoyaient d'importantes mesures de conservation et de protection contre les destructions effectuées par l'homme et les abus de l'exploitation. Ces lois furent en principe maintenues par le nouveau Service forestier établi en 1900 sous le régime américain et confirmées aux termes d'une loi promulguée en 1902 par le Congrès des Etats-Unis, définissant les attributions et la juridiction du Service forestier en ce qui concerne les terres boisées publiques. Le Commonwealth, et plus tard la République, promulguèrent la même loi en ne lui apportant que de légères modifications. La loi investit le Service forestier du droit prioritaire de fixer la partie du domaine public des Philippines qui doit être réservée à l'usage forestier et détachée des terres déclarées aptes à la culture ou à l'extraction des minerais. D'après la Constitution de la République des Philippines, c'est à l'Etat qu'appartient la propriété de toutes les ressources naturelles, y compris les forêts.

D'après les bois et règlements actuels, l'organisation et le fonctionnement du Service forestier sont assurés dans le cadre du Département de l'agriculture et des ressources naturelles. Les fonctions, pouvoirs et attributions conférés ou imposés au Service forestier par les lois et les règlements sont exercés sous le contrôle direct et la responsabilité du Directeur du Service forestier, par les unités administratives suivantes:

Directeur

I - Service de consultation
II - Service d'inspection
III - Divisions

a) Administrative

1. Rapports avec le public
2. Services généraux
3. Archives
4. Propriété
5. Contentieux
6. Sténographes et dactylographes
7. Comptabilité

b) Recherches forestières

1. Science forestière et sylviculture
2. Produits forestiers
3. Protection forestière

c) Aménagement forestier

1. Plans d'aménagement
2. Concessions forestières et cadastre
3. Utilisations spéciales
4. Gibier et faune

d) Génie forestier

1. Reconnaissance forestière et classification des terres
2. Cartographie
3. Amélioration forestière
4. Statistiques forestières

e) Mise en valeur et reboisement

1. Boisement et reboisement
2. Plantation en coopération

f) Concessions forestières

1. Section des permis ordinaires
2. Permis pour utilisations spéciales

g) Scieries et utilisation

1. Classement par qualités et inspection des sciages
2. Scieries et évaluation.

IV. Service volant

a) Districts forestiers provinciaux
b) Stations forestières

Bureau du Directeur. Le service consultatif, composé de tous les chefs de divisions et de tous les fonctionnaires supérieurs du Service forestier, conseille le Directeur quand il a à prendre des décisions de principe relatives à l'administration et à la gestion.

Le service d'inspection est assuré par des inspecteurs divisionnaires désignés par le Directeur pour contrôler les activités pratiques du Service et conduire les travaux de recherches administratives et techniques qui réclament une attention immédiate ou spéciale.

Division administrative. Cette division est chargée de toutes les questions d'ordre administratif, entre autres: personnel, estimations budgétaires, affectations de fonds, comptabilité, recettes et dépenses, archives bibliothèque, fournitures et matériel. Cette division est également chargée de préparer la rédaction des lois et règlements à proposer et d'émettre des avis d'ordre juridique.

Division des recherches forestières. Cette Division, est chargée des travaux de recherche du Service: administration des pépinières et plantations forestières d'expérimentation, introduction d'exotiques et rédaction du Journal forestier des Philippines. Les travaux de recherche ont trait en grande partie à la science forestière et à la sylviculture; aux mesures d'accroissement; à la mensuration des arbres et des peuplements; à l'établissement de placettes échantillons; à l'étude de l'influence des forêts sur les sols; à l'écoulement des eaux et à l'érosion; à l'identification et à la classification des arbres; à l'étude des propriétés chimiques, physiques et mécaniques du bois, ainsi qu'à l'étude des autres produits forestiers. En ce qui concerne la protection, cette Division étudie les différents agents destructeurs des pépinières et plantations forestières, des arbres et des produits forestiers, ainsi que les méthodes de préservation et de lutte contre ces agents. Son personnel technique fait en même temps partie de la faculté de l'Ecole forestière de l'Université des Philippines.

Division de l'aménagement forestier. Cette Division est chargée de la préparation des plans pour l'aménagement de toutes les forêts publiques. Elle s'occupe de toutes les questions de propriété intéressant les forêts, y compris les concessions et le cadastre, de toutes les formes d'occupation et d'utilisation des terres forestières publiques, ainsi que des travaux relatifs au pâturage, à la conservation et à l'administration du gibier et de la faune. De même, elle est chargée de l'administration des réserves forestières, des parcs nationaux, des forêts et pâturages communaux et autres forêts spéciales.

Division du génie forestier. Les principales fonctions de cette division sont la classification et la délimitation des forêts publiques en vue de les séparer des terres agricoles destinées à passer sous le contrôle du Bureau des terres qui en dispose en tant qu'exploitations rurales, par vente ou par location, conformément à la loi sur les terres du domaine public. C'est également cette division qui s'occupe de tous les travaux de reconnaissances forestières d'ordre général, ainsi que de tous les travaux relatifs à la préparation des cartes forestières. De même, la compilation et la préparation des renseignements statistiques, destinés à renseigner et à orienter l'établissement des politiques gouvernant l'administration des forêts publiques, sont une des importantes fonctions de cette division.

Division de la mise en valeur et du reboisement. Cette Division s'occupe du reboisement et du boisement des terrains nus ou gazonnés, ainsi que des régions qui, ayant été exploitées, se révèlent après classification plus aptes à l'usage forestier qu'à la culture ou au pâturage. Elle s'occupe également de la mise en valeur des terrains marécageux, des dunes de sable et autres terres incultes. Elle fait aussi effectuer des reconnaissances en vue de l'établissement de programmes de plantation, en particulier dans les régions présentant une importance toute spéciale telles que les bassins de réception et les sources d'approvisionnement en eau. L'établissement des pépinières et des plantations forestières, ainsi que leur gestion et leur production, est assuré par cette Division qui est également chargée de l'aménagement et de la gestion de la plantation de quinquina située dans la Province de Bukidnon. La Division collabore, en vue d'effectuer des plantations d'embellissement, avec les autorités municipales, provinciales et urbaines et avec tout particulier ou personne civile s'intéressant à la culture des arbres d'ornement.

Divisions des concessions forestières. Cette Division est chargée de contrôler l'octroi des permis ordinaires et gratuits; les exploitations, le débardage ou l'enlèvement du bois et des produits forestiers secondaires dans les forêts publiques; la délivrance des permis pour la location des terres forestières pour des buts spéciaux tels que l'établissement de scieries, de dépôts de bois, d'hôtels, d'établissements de bains, de résidences ou de camps, de pâturages et autres destinations licites ainsi que la délivrance de permis pour la cueillette des orchidées et autres plantes sauvages. La Division est également chargée du soin de se renseigner sur les investissements de capitaux, le volume des produits forestiers récoltés dans les zones faisant l'objet de permis, et de répondre aux demandes de renseignements en matère de location et d'occupation des forêts du domaine public et de la procédure à suivre pour l'obtention de permis.

Division des scieries et de l'utilisation. Cette Division est chargée de la gérance de toutes les autorisations d'exploitation de bois; de l'évaluation des bois d'œuvre du gouvernement en vue de la perception des droits forestiers; de tous travaux d'évaluation demandés par des groupements privés; du classement par qualités et de l'inspection des sciages, des grumes, des traverses de chemin de fer et autres bois; de l'étude des méthodes de sciages et des opérations d'exploitation ainsi que du rassemblement d'informations sur le matériel et les machines utilisés dans l'industrie des sciages. Elle recueille également des renseignements sur les importations et les exportations de sciages et de grumes; de plus, elle tient le régistre des prix de détail et de gros. Elle applique en outre les dispositions du gouvernement en ce qui concerne les exportations de grumes et de sciages.

Services locaux. Ce Service embrasse 44 districts forestiers provinciaux, dont chacun est placé sous la direction d'un technicien provincial. Le nombre de stations forestières situées dans chaque district varie de 1 à 12 selon l'importance des activités forestières de la province. Il y a en tout 144 stations forestières dans l'ensemble des Philippines, dont chacune est dirigée par un brigadier qualifié de l'Ecole de sylviculture.

Tâches principales

Parmi les principales activités du Service forestier, on relève les suivantes:

Classification des terres. Les terres publiques sont classées de la façon suivante: a) terres aliénables et disponibles; b) terres boisées; c) terres minières. D'après la loi, le gouvernement ne peut disposer d'aucune terre faisant partie du domaine public à moins qu'elle ne soit classée et certifiée par le Directeur du Service forestier comme n'étant pas nécessaire à des but forestiers. En conséquence, le Service forestier classe les terres publiques de façon à séparer les terres aliénables des terres forestières.

Les travaux de classification des terres s'inspirent tous de la Section 18 de la loi promulguée le 1er juillet 1902 par le Congrès des Etats-Unis, dont voici un extrait: «... aucune terre faisant partie du domaine public ne devra être vendue, louée ou classée avant que le gouvernement des dites Iles - sur certification du Service forestier indiquant que les terres en question conviennent mieux à la culture qu'à l'usage forestier - ne déclare que ces terres sont de caractère agricole...» Cette politique est également définie dans la Section 1827 du Décret N° 2711, connu sous le nom de «Code administratif révisé». Aux premiers temps de l'occupation américaine, la classification des terres se bornait à l'inspection des zones avant fait l'objet d'une demande d'exploitation rurale (homestead), de vente ou de location, en vertu de la «Public Land Law». En 1919 cependant on mit en pratique une classification par projet, la limite minimum fixée à chaque projet étant de 250 hectares. La classification non systématique sur demande individuelle se perpétua cependant, côte à côte avec la classification par projet. De plus toutes ces opérations se sont accélérées.

La superficie totale des terres des îles Philippines est de 29.741.000 hectares, dont 11.871.000, soit 39 pour cent, étaient déjà classés au 30 juin 1948. Sur les terres classées, 9.957.000 ha sont aliénables et disponibles sur certification du Directeur des terres affirmant que n'étant pas nécessaires à l'usage forestier elles sont disponibles en vertu de la «Public Land Law»; 1.788.000 ha sont des terres boisées placées sous la juridiction protectrice et administrative du Service forestier; 17.870.000 ha, soit 61 pour cent des terres, restent à classer. Il a été provisoirement décidé qu'environ 11.500.000 ha seraient conservés comme zones forestières permanentes pour la protection la production de bois d'œuvre et autres utilisations propres aux terres forestières.

La classification des terres se poursuit aussi rapidement que le permettent les fonds dont on dispose, afin de fournir aux colons les terres agricoles dont ils ont besoin, ce qui accélère en même temps le redressement économique de l'ensemble des Philippines.

Administration des parcs nationaux. Conformément aux dispositions de la Loi N° 3915 du 1er février 1932, 33 parcs nationaux d'une superficie totale de 226.142 ha ont été institués dans l'ensemble des Philippines. Le Parc national Makiling qui couvre une superficie de 5.909 ha fut le premier à être institué, sa création datant du 23 février 1933. Le dernier, le Parc national Bataan, institué le 1er décembre 1945 et englobant les champs de bataille de Bataan, a une superficie d'environ 31.000 ha. La création de 60 nouveaux parcs nationaux est actuellement à l'étude.

Réserves forestières. Sur recommandation du Directeur du Service forestier et avec l'approbation du Chef du Département, les réserves forestières sont instituées par proclamation du Président de la République et «une fois établies, elles ne pourront être ni déclassées, ni vendues ni cédées de quelque autre façon que se soit, mais devront demeurer comme telle, consacrées à l'usage forestier et être administrées de la même manière que les forêts publiques». Il existe actuellement dans l'ensemble des îles, 101 réserves forestières d'une superficie totale de 1.150.935 ha. Soixante-huit nouvelles réserves forestières ont fait l'objet de propositions et attendent d'être instituées.

Forêts et pâturages communaux. Les forêts communales sont des parcelles de forêts publiques réservées à l'usage exclusif des résidents d'une municipalité où ils peuvent couper, cueillir et enlever à titre gracieux les produits forestiers destinés à leur usage personnel. Les pâturages communaux sont des parcelles de terrains de parcours réservées exclusivement et à titre gracieux au pâturage du bétail élevé et entretenu pour leur propre usage par les résidents de la municipalité au bénéfice de laquelle ont été établis les pâturages communaux.

Il existe aux Philippines 2.096 parcelles de forêts communales et 94 de pâturages communaux d'une superficie totale d'environ 284.800 et 19.300 ha respectivement, à l'usage des résidents de 117 municipalités et districts municipaux.

Terrains de parcours. On trouve aux Philippines plus de 5 millions d'hectares de terres dénudées et gazonnées. Certaines d'entre elles sont des terres agricoles, le reste étant constitué par des terres forestières. Environ 1.300.000 ha conviennent an pâturage. Les terrains de parcours se trouvant dans des régions aliénables et disponibles étaient autrefois cédés par l'intermédiaire du Bureau des terres, alors que ceux se trouvant dans des régions forestières dépendent du Service forestier. En vertu de lois ultérieurement promulguées, toutes les terres publiques utilisées comme pâturages ont été placées sous la juridiction du Service forestier. En 1941, étaient en vigueur 1.471 permis de pâturage couvrant une superficie de 119.000 ha. En raison de la perte du cheptel pendant la guerre, un grand nombre de propriétaires de bétail se sont abstenus de faire renouveler leur permis. Il n'existe à l'heure actuelle que 685 permis de pâturage couvrant 66.293 ha, mais 959 demandes ont été reçues se rapportant à environ 311.092 ha qui attendent l'inspection.

Gibier et faune. La Loi de protection du gibier (N° 2590) a été promulguée le 4 février 1916, et en 1932 le Directeur du Service forestier fut désigné comme garde-chasse des îles pour l'application de la loi relative au gibier et au poisson. En 1939 le gibier et la faune furent placés sous la juridiction de la Division des pâturages et de la faune du Service forestier. C'est le Service des pêches nouvellement créé qui s'occupe de toutes les question relatives à cette industrie. Avant l'ouverture des hostilités, il avait été délivré aux Philippines 3.688 permis de chasse ordinaires et 22 permis spéciaux contre 1.283 permis ordinaires et 9 licences et permis spéciaux délivrés au cours de l'année fiscale 1947/48.

Reboisement. Un des problèmes sylvicoles importants qui se pose aux Philippines est l'utilisation des quelque 5.270.000 hectares de terres incultes, dont une grande partie est couverte de cogon, Imperata exaltada. Cette vaste région de terres improductives est le résultat des destructions de forêts causées par les cultures nomades connues localement sous le nom de «kaingin». La dernière guerre a augmenté dans des proportions considérables les destructions de forêts. Pendant l'occupation japonaise, la population s'est réfugiée dans les forêts qu'il lui fallut défricher pour en obtenir des récoltes vivrières. En outre, des superficies considérables de forêts vierges ont été détruites au cours des opérations militaires. L'étendue des destructions de forêts causées par les hostilités n'a pas encore été estimée avec précision. Depuis longtemps le gouvernement s'est rendu compte que le boisement est le seul moyen de résoudre le problème des terres incultes. En raison cependant de certaines considérations financières, les travaux ne dépassèrent le stade expérimental que vers 1938, époque où d'importants crédits furent accordés à cet effet. Ces crédits ont permis au Service d'établir et de poursuivre la réalisation de 35 projets qui durent être abandonnés ou furent détruits au cours de la guerre. Leur restauration constituait un grave souci pour le gouvernement puisqu'il n'avait plus de crédits à leur consacrer, ceux dont il disposait avant la guerre provenant d'impôts indirects. Récemment toutefois, conscient de l'urgence du boisement, le Corps législatif a promulgué une loi fiscale spéciale prévoyant un fonds de reboise ment alimenté par la perception d'une légère taxe supplémentaire prélevée sur chaque mètre cube de bois coupé dans les forêts publiques pour des fins commerciales. Cette affectation spéciale de fonds assurera la continuité du reboisement et des travaux de boisement.

A cet égard, une des activités importantes du Service est l'entretien de la plantation de quinquina de Bukidnon (Mindanao). Il y avait en 1941, 358 hectares plantés de 1.200.000 quinquinas dont l'âge variait de quelques mois à cinq ans. Soixante-quinze pour cent de ces arbres étaient des Cinchona ledgeriana, le reste étant constitué par des C. succirubra, C. officinalis, C. calisava et par une espèce hybride. Jusqu'à cette époque, une somme totale de 257.000 pesos avait été investie et la valeur de la plantation était estimée a plus de 720.000 pesos. Pendant la guerre, les bâtiments et les routes furent sérieusement endommagés et les archives des études effectuées complètement perdues. La plantation elle-même a joué un rôle très important dans la lutte contre les Japonais. Elle a fourni plus de 40.000 kilogrammes d'écorce de quinquina aux guérillas ainsi qu'au Commandement du Sud-Ouest du Pacifique en Australie. Cette plantation envoya par avion aux Etats-Unis par l'Australie une quarantaine de litres de semences pour établir à Costa-Rica une plantation américaine de quinquina, qui était déjà en plein développement à la fin de la guerre. Avant 1941, plus de 23 tonnes d'écorce de quinquina avaient été récoltées et remises au Bureau des sciences du gouvernement des Philippines pour la fabrication de «totaquina». Les travaux ont été repris sur la plantation et plus de 80 tonnes ont déjà été récoltées.

L'école forestière

Un des problèmes les plus importants devant lesquels s'est trouvé placé le Service forestier peu après son organisation fut le manque de personnel technique compétent. D'éminents forestiers américains tels que Gifford Pinchot et Henry S. Graves qui ont visité les îles avaient recommandé la création d'une école forestière. La création en 1910 de l'Ecole forestière dans le cadre du Collège d'agriculture de l'Université des Philippines a donné suite à cette recommandation. Elle fut à l'origine une école d'apprentissage pour les gardes forestiers qui suivaient un cours de deux ans aux frais du gouvernement. En 1916 cette école devint une unité indépendante de l'Université des Philippines avec le Directeur du Service forestier comme doyen honoraire. En 1933, l'école des brigadiers fut abolie et remplacée par un cours de quatre ans menant à un diplôme de bachelier ès sciences forestières.

Jusqu'en 1948, 638 hommes sont sortis de l'école de brigadiers et 182 ont reçu le diplôme de bachelier ès sciences forestières. Presque tous les membres du personnel technique du Service, soit environ 80 pour cent de l'ensemble du personnel actuel, sont diplômés de l'Ecole forestière. Trente-trois de ces hommes ont suivi des cours forestiers supérieurs aux Etats-Unis. Ils occupent maintenant des situations importantes dans le Service et dans l'industrie du bois. Des étudiants venus de Guam, de l'Inde, du Siam, de la Chine et de Bornéo ont suivi les cours de cette école et obtenu leur diplôme. Le Service forestier coopère avec l'Université pour l'administration de l'école, une partie du personnel enseignant étant constitué par des membres du Service; ce dernier met en outre à la disposition de l'Ecole les facilités offertes par sa Division des Recherches forestières. L'école utilise d'autre part, pour les travaux pratiques, la Pépinière forestière du Service et les plantations du Parc national Makiling, d'une superficie de 5.000 hectares environ.

Bien que le Service forestier des Philippines soit une institution récente en comparaison des organisations analogues des pays voisins, son système d'administration forestière a attiré l'attention des forestiers du monde entier. Les Indes néerlandaises, la Chine, le Siam, l'Inde et d'autres pays encore ont détaché des forestiers pour étudier sur place son fonctionnement. Des diplômés philippins de l'Ecole forestière ont été employés à Bornéo et des emplois ont été offerts par des pays voisins à des spécialistes sortis de cette Ecole.

Recherches forestières

Au début de l'occupation américaine, divers travaux de recherche furent entrepris et réalisés par le Service forestier, en coopération, dans certains cas, avec le Bureau des sciences et d'autres organismes. En 1902 furent installés un laboratoire d'essais des bois et un atelier pour le travail du bois. En 1906 fut créée une Division distincte des produits forestiers en vue de procéder à des recherches sur le volume, les caractéristiques, la valeur et les utilisations des produits forestiers des Philippines, et de mettre ces renseignements à la disposition des marchés philippins et étrangers. Le travail consistait en grande partie à préparer pour la publication les renseignements recueillis; à classer et à cataloguer les rapports; à recueillir des échantillons de produits forestiers, à effectuer des tests de durabilité et des études forestières. L'année suivante, le nom fut changé en celui de «Division des Recherches» dans le but d'accroître le volume et la portée des travaux effectués. En 1910, le siège de la Division fut transféré de Manille à Los Baños. Ceci coïncida avec l'établissement de l'Ecole forestière, et les cours de cette école furent en grande partie assurés (et le sont encore) par le personnel de la Division.

Depuis son organisation, le Service a à son actif un volume considérable de travaux de recherche dans les divers domaines se rapportant à la sylviculture et aux produits forestiers, en particulier en matière de botanique forestière et de dendrologie (œcologique et systématique); sylviculture (sous toutes ses formes); aménagement forestier (y compris la mensuration, l'organisation et les plans de travail); protection forestière; exploitation et utilisation; technologie du bois.

Principaux problèmes

Les travaux d'administration forestière ont souffert un grand retard par suite de la guerre. La destruction des laboratoires, des archives, des bibliothèques, du matériel, des spécimens de bois ainsi que des collections de botanique et de produits forestiers a donné naissance à un des problèmes les plus importants qui se posent à l'Administration. Pendant plus de quarante ans, le Service forestier avait travaillé à la constitution d'un Muséum de produits forestiers qui était réputé comme l'un des plus parfaits qu'il y eût en Orient. Ce muséum a été complètement détruit, hormis la collection d'échantillons de bois qui a permis de dresser de nouveau la description des types et sous-types. Malheureusement, toutefois, les spécimens botaniques correspondants ont été détruits. Le reconstitution de ces collections exigera beaucoup de temps, de capitaux et d'efforts.

Pendant la guerre, 50 pour cent environ du personnel spécialisé de l'Administration ont combattu avec les forces armées et un grand nombre d'entre eus ont sacrifié leur vie pour la Patrie. Les vides qui se sont produits dans les rangs du Service forestier n'ont pas encore été comblés, et le manque de personnel, de même que l'insuffisance des fonds susceptibles d'être affectés aux voyages, constituent un handicap considérable pour l'Administration.

Le mouvement du «retour à la terre», notamment en ce qui concerne les ex-guérillas, a créé une demande de plus en plus importante pour les terres agricoles. C'est là un problème très sérieux étant donné que le gouvernement n'est pas en mesure à l'heure actuelle de fournir immédiatement des terres susceptibles d'être occupées: il faudra d'abord que le domaine public soit classé et certifié par le Service comme n'étant pas nécessaire aux besoins forestiers avant qu'il puisse être légalement occupé et consacré à l'exploitation rurale, ou mis en vente ou en location. Ici encore, le manque de personnel et des crédits indispensables pour effectuer une ample classification des terres freine l'exécution du plan de développement. Le «squatting», ou occupation illégale, est chose courante et crée un problème sérieux pour la conservation forestière.

Les destructions de forêts ont augmenté après la libération. Les défrichements illégaux effectués pour remédier aux pénuries alimentaires ont détruit de précieuses forêts. En raison de l'énorme demande dont le bois fait l'objet, l'exploitation illégale et la contrebande se sont de plus en plus répandues. Le nombre élevé d'armes à feu non déclarées restées en la possession des guérillas après la guerre rend difficile l'application de la loi, en particulier dans les régions les plus éloignées.

Le relèvement de l'industrie du bois exige un financement suffisant et organisé de façon systématique. Bien que cette industrie soit une de celles ayant effectué le plus de progrès pour son propre redressement, une organisation plus constructive est encore nécessaire si l'on veut qu'elle puisse contribuer à la reconstruction de l'ensemble du pays et aider à approvisionner le reste du monde en bois et produits forestiers.

Les soutiens financiers et le savoir faire constituent les deux importants besoins de l'industrie.

Les moyens d'action dont le Service forestier disposait pour les recherches ont subi des dommages considérables. Le matériel et les renseignements recueillis ayant été détruits, il faudra repartir de zéro pour réaliser certains des projets les plus importants. L'Ecole forestière devra être agrandie en vue de lui permettre de former le nombre d'hommes nécessaires pour effectuer tous les divers travaux de conservation forestière, et aussi pour prendre la succession des pionniers de la sylviculture, dont certains ont maintenant rendu plus de 30 ans de services continus et doivent, en raison de leur âge et de leur état de santé, songer bientôt à prendre leur retraite. Le Service manque de techniciens et de laboratoires pour les recherches en matière d'utilisation des produits forestiers, notamment en ce qui concerne l'utilisation des déchets d'exploitation et de scieries, et les recherches sur les nouvelles utilisations pour des bois qui n'avaient, jusqu'à présent, aucune valeur marchande.

Un certain nombre de spécialistes en travaux pratiques appartenant à la FAO et à certaines institutions des Etats-Unis ont été envoyés sur place pour aider aux travaux de restauration. Cela s'applique en particulier aux pêches. On espère que des accords du même genre pourront être conclus en matière de sylviculture. Ces mesures pourraient être complétées par l'envoi à l'étranger de jeunes gens d'avenir appartenant au Service forestier des Philippines, pour leur permettre d'acquérir les connaissances les plus récentes dans toutes les branches de la sylviculture, notamment en matière d'utilisation des produits fores tiers. Cette mesure constituerait un placement de fonds aussi judicieux que profitable.


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