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Administration de la Vallée de la Volga

Rideaux protecteurs entourant les bâtiments et les champs d'une exploitation dans l'Etat de Nébraska.

Plan de conservation de 15 ans de l'URSS

par RAPHAEL ZON

LE plan de conservation de 15 ans que le gouvernement de l'Union des républiques socialistes soviétiques a récemment publié ne prétend pas innover en matière d'agriculture ou faire table rase des méthodes utilisées jusqu'ici. L'assolement, les cultures zonales, le captage des eaux, la plantation des rideaux forestiers, le reboisement et la fixation des dunes sont des méthodes bien connues et qui ont été appliquées avec succès dans beaucoup de pays. L'originalité de ce plan réside dans l'échelle à laquelle il a été conçu, le délai réduit (15 ans) imparti à son exécution et le caractère audacieux d'une entreprise qui vise à modifier les conditions climatiques et hydrologiques d'une vaste région.

Le trait le plus caractéristique du plan est la cohérence qui marque sa conception; on a bien compris que tous les facteurs qui permettent l'utilisation optimum de la productivité des sols forment un tout organique et qu'on ne parviendrait pas à améliorer les conditions du sol de manière durable si l'on dissociait les divers éléments d'un problème qu'il convient au contraire d'attaquer en bloc, sur tous les fronts et avec tous les moyens dont dispose la science.

Aucune région ne peut garder longtemps un rendement agricole stable, si l'on permet à ses forêts de se détériorer et de se transformer en terres improductives. Négliger la conservation des forêts, c'est ouvrir une boîte de Pandore aux effets désastreux. La neige et la pluie s'infiltrent dans le sol que protège un couvert forestier dense, et enrichissent le sous-sol en humidité; sans la protection de la forêt, elles deviennent des eaux d'inondation, qui ravagent les terres arables, font obstacle à la navigation, endommagent les biens et mettent en danger la vie humaine. Les terrains sablonneux pauvres, s'ils sont surchargés de cheptel ou mal cultivés, seront déplacés par le vent et envahiront les bonnes terres de culture. Si l'érosion des vents et des eaux est excessive, la terre se ravine; les eaux s'infiltrent plus profondément. Privée de l'agent régulateur qu'est la forêt, la terre est exposée à de dures variations météorologiques. Les sécheresses sont plus fréquentes. L'ensemble de la région devient moins habitable. Il est malheureusement à travers le monde trop de ces régions ravagées, preuves tragiques de l'inconscience de l'homme.

Plans et projets

Le gouvernement de l'URSS a été poussé à cette gigantesque entreprise par la considération de fins précises et concrètes. L'Ukraine et la Russie centrale, régions du Tchernozion, ainsi que les sols fertiles de la région de la Volga et le Caucase septentrional possèdent les terres cultivables les plus riches du pays et constituent le grenier de la Russie. Néanmoins, la proximité des déserts de Kizel Koum et de Kara Koum et la prédominance des vents secs de l'est et du sud qui soufflent directement de ces déserts exposent l'ensemble de cette région à des sécheresses périodiques, comme la sécheresse très grave de 1946 et plus récemment encore, celle de 1948, qui a sévi dans un grand nombre de secteurs du bassin de la Volga et sérieusement endommagé les récoltes.

En réalisant ce plan l'URSS tente de se protéger contre les aléas du climat et de forger dans cette région une économie rurale caractérisée par sa stabilité, sa haute productivité et sa diversité. Le territoire auquel s'applique le plan comprend la région de la prairie (steppes) et des prés-bois (prairies coupées de bouquets d'arbres naturels), en particulier les terres qui s'étendent le long du cours moyen et inférieur de la Volga, dans la partie sud-est de la Russie d'Europe. La Russie d'Asie n'est pas comprise dans les plans. On entend concentrer sur les régions orientale et du sud-est les efforts destinés à assurer la conservation du sol: mais l'objet principal des mesures envisagées est d'ériger une barrière pour protéger les terres arables situées bien plus à l'ouest.

Le plan comporte cinq grandes catégories de mesures qui se complètent et visent toutes à réduire le danger de sécheresse et accroître la production agricole.

Création de zones ou de barrières forestières de protection

Ces zones, qu'il ne faut pas confondre avec les rideaux protecteurs entourant les cultures et les vergers, seront créées sur les lignes de partage des eaux, les crêtes, les versants des ravins, les rives des fleuves et des lacs ainsi qu'autour des étangs et des réservoirs. Le plus vaste des projets de cet ordre est la plantation, par les soins du Ministère des Forêts de la Fédération des Républiques, de huit longues zones de protection continues, disposées normalement à la direction des vents secs du sud-est et de l'est qui dominent dans ces parages. Chacune de ces huit ceintures doit consister en bandes d'arbres, étroites et parallèles, dont le nombre variera de 1 à 6, et la largeur de 30 à 60 mètres, l'intervalle entre ces bandes étant d'environ 300 mètres. La longueur totale des huit zones de protection dépassera 5.300 kilomètres et sera divisée de la manière suivante:

Trace des ceintures forestières nationales de protection et des rideaux protecteurs des cultures.

PLAN RELATIF AUX PLANTATIONS FORESTIÈRES DE PROTECTION POUR 1949-1965

CEINTURES FORESTlÈRES NATIONALES DE PROTECTION (GOUVERNEMENT DE L'URSS)

Désignation des rideaux de protection

Superficie plantée

Longueur

Nombre de rideaux

Largeur de chaque rideau

Distance séparant les rideaux

Acres

Milles

Pieds

Pieds

1. SARATOV-ASTRAKAN (SUR LES RIVES DE LA VOLGA)

44.500

60

2

328

-

2. PENZA-EKATERINOVKA-KAMENSK

28.000

370

3

197

984

3. KANICHIN-STALINGRAD

8.150

105

3

197

984

4. TCHAPAEVSK-VLADIMIROVKA

37.800

360

4

197

984

5. STALINGRAD-STEPNOI-TCHERKESK

35.600

350

4

197

984

6. VISHNEVAIA-CASPIENNE (SUR LES RIVES DE L'OURAL)

102.800

670

6

197

656

7. VORONEJE-ROSTOV (SUR LES RIVES DU DON)

27.200

570

2

197

-

8. BELGOROD-DON (SUR LES RIVES DU DONETZ SEPTENTRIONAL)

7.400

310

2

99

-

TOTAL

291.450

3.295




PLANTATIONS FORESTlÈRES DE PROTECTION DES CULTURES

Républiques, territoires, gouvernements

de tous types

Rideaux protecteurs des champs cultivés

Ravins et ravines

Plantations en terrains sablonneux

Forêts

Sovkhozes

Kolkhozes

En milliers d'hectares

GOUVERNEMENT DE VORONEJE

387,2

243,8

49,5

37,0

41,9

15,0

GOUVERNEMENT DE KOURSK

295,7

216,0

39,5

9,5

10,7

20,0

GOUVERNEMENT D'ORLOV

250,2

159,5

49,7

5,3

19,7

10,0

RÉGION DE TAMOV

162,1

99,9

30,7

13,8

14,7

3,0

GOUVERNEMENT DE RIAZAN

139,7

90,7

16,0

6,0

22,5

4,5

GOUVERNEMENT DE TOULA

126,6

96,1

23,0

-

2,8

4,7

R.S.S.A. DE MORDVINIE*

108,8

68,1

18,0

4,0

15,9

2,8

RÉGION D'ASTRAKHAN

63,5

17,4

-

40,5

3,2

2,4

RÉGION DE KOUIBYCHEV

247,2

172,2

11,5

2,8

57,4

3,3

TERRITOIRE DE SARATOV

369,1

318,6

6,5

14,5

26,4

3,1

RÉGION DE CHKOLOF

329,4

280,3

2,0

1,0

43,5

2,6

TERRITOIRE DE STALINGRAD

413,6

310,9

35,4

32,4

30,8

3,8

RÉPUBLIQUE DES BASKIRS*

267,6

164,0

30,0

2,0

63,2

8,4

RÉGION D'OULIANOV

108,2

41,1

5,0

2,0

56,7

3,4

R.S.S.A. DE TATARISTAN

223,4

178,2

13,0

3,0

24,7

4,5

GOUVERNEMENT DE PENZA

133,6

93,4

6,0

4,0

27,8

2,4

RÉGION DE KRASNODAR

210,6

177,4

-

-

18,2

15,0

TERRITOIRE DE ROSTOV

452,1

314,5

2,5

19,0

95,6

10,5

RÉGION DE STAVROPOL

265,9

200,9

3,2

13,7

34,1

14,0

RÉGION DE GROZNY

41,1

13,6

-

20,0

6,9

0,6

GOUVERNEMENT DE CRIMÉE

70,8

54,3

4,0

-

12,5

-

R.S.S. D'UKRAINE**

1.364,6

861,6

30,5

91,2

331,3

50,0

TOTAL EN MILLIERS D'HECTARES

6.031,0

4.172,5

386,0

322,0

960,5

190,0

TOTAL EN MILLIERSD'ACRES

14.900

10.300

955

795

2.380

770

* R.S.S.A. = République socialiste soviétique autonome
** R.S.S. = République socialiste soviétique

Une zone forestière de 100 mètres de large sur 900 kilomètres de long s'étendra de Saratov à Astrakhan, sur les deux rives de la Volga. Un autre rideau s'étendra de Penza à Kamensk, dans la partie septentrionale du bassis du Donets. Cette ceinture comprendra trois bandes parallèles, de 60 mètres de large chacune, distantes entre elles de 300 mètres et s'étendant sur une longueur de 600 kilomètres. Une troisième zone de 170 kilomètres de long, constitue comme la précédente, suivra, de Kamychin à Stalingrad la ligne de partage des eaux entre la Volga et un de ses affluents secondaires, l'Ibovly. La quatrième zone (580 kilomètres de long) qui, partant de Tchapaevsk, près de Kouybichev, aboutira à Vladimirovka-sur-la-Volga, sera formée de façon analogue, mais comportera quatre bandes parallèles de 60 mètres. Il en sera de même de la cinquième zone qui s'étendra entre Stalingrad et Tcherkesk (Caucase septentrional), soit 570 kilomètres. La sixième zone, la plus large et la plus longue, s'étendra sur 1.080 kilomètres, des contreforts de l'Oural méridional à la mer Caspienne, le long des rives de l'Oural. Elle comportera 6 rideaux parallèles (3 sur la rive droite et 3 sur la rive gauche du fleuve). Les rideaux auront chacun 60 mètres de large, mais seront disposés à un intervalle de 100 à 200 mètres. La septième zone de protection, qui s'étendra le long des rives du Don sur une distance de 920 kilomètres entre Voronèje et Rostov-sur-le Don, ne comportera qu'un rideau de 60 mètres de large. Quant à la huitème, elle longera les rives du Donetz septentrional sur une distance de 500 kilomètres, de Bielgorod jusqu'au Don et ne comportera elle aussi qu'un rideau de 30 mètres de large. La zone forestière la plus large dépassera légèrement 2 kilomètres de profondeur.

Le rôle de ces zones forestières est de briser la violence des vents chauds et secs qui soufflent des déserts, de protéger contre l'érosion des vents et des eaux les sols fertiles de la région de la Volga et du Caucase septentrional, ainsi que des terres noires de la Russie centrale, d'améliorer les conditions d'humidité et d'une manière générale, d'adoucir le climat de la région. Cette immense entreprise doit être terminée vers 1965.

Des mesures envisagées pour la plantation de zones forestières de protection découle directement le décret prescrivant l'aménagement par méthodes spéciales des forêts naturelles plus ou moins étendues qui se trouvent dans les prairies et les prés-bois de la région. Ces peuplements, qui se rencontrent dans un certain nombre de régions particulièrement favorisées, continueront à être exploités, mais les coupes doivent y être contrôlées; les coupes à blanc doivent être interdites; les coupes principales et les éclaircies devront être pratiquées conformément aux meilleurs principes de sylviculture de manière à améliorer les peuplements laissés sur pied et à augmenter leur densité et leur accroissement.

Création de bandes boisées ou de rideaux protecteurs autour des champs cultivés et des vergers dans les kolkhozes et les sovkhozes

Il s'agit là d'appliquer à très grande échelle la politique qui a été observée depuis quelque temps déjà. Les ingénieurs agronomes et les pédologues russes, s'appuyant sur les résultats de plusieurs années d'études et d'expérience, insistent sur les résultats remarquables que donne la plantation de bandes boisées destinées à protéger les cultures contre l'action desséchante des vents, à augmenter le rendement de la récolte, à conserver au sol son humidité et à diminuer la détérioration qu'il subit du fait du vent et de l'eau dans les conditions climatiques où se trouvent les régions non boisées ou demi-boisées. Au cours des quinze prochaines années on doit étendre ces plantations à 5.709.000 hectares situés dans des kolkhozes et des sovkhozes. La superficie totale des rideaux protecteurs ne représentera qu'environ 5 pour cent, ou au plus 10 pour cent, de la superficie à protéger. C'est aux kolkhozes qu'incombera le soin d'effectuer les plantations dans la plus grande partie de la région, soit 3.600.000 hectares, et le financement complet de l'opération. Le Ministère des Forêts assumera le boisement de 1.500.000 hectares, le Ministère des Sovkhozes se chargeant des 600.000 hectares qui restent.

Trait original et intéressant, les membres des kolkhozes recevront une prime proportionnelle au taux de reprise des plantations. Au cas où 80 pour cent au moins des arbres ou des arbustes plantés survivraient la première année, le salaire normalement attribué pour la plantation d'un hectare sera augmenté de 10 journées de travail, chiffre qui passera à 15 si la proportion des plants survivant après la première année est supérieure à 85 pour cent.

Si dans les plantations vieilles de deux ou trois ans, au moins 80 pour cent des arbres et des arbustes survivaient à la fois dans le peuplement primitif et les plantations ultérieures de regarnis, c'est 8 journées de travail qui seront ajoutées. Ces mesures sont destinées à encourager la production de plants forestiers vigoureux et à améliorer Les méthodes de plantation ainsi que les soins donnés par la suite aux arbres plantés.

Des instructions précises ont été adressées sur les essences d'arbres et d'arbustes à planter, compte tenu des 19 types de sol et des différentes conditions climatiques. La largeur des bandes doit être déterminée par la configuration du terrain et par l'objectif recherché. Ainsi des terres de plaine seront suffisamment abritées, principalement contre les vents secs, par des bandes de 10 à 20 mètres de large; pour protéger les champs contre le lessivage de la couche superficielle des terres, il conviendrait de planter des bandes de 20 à 60 mètres de large le long des courbes de niveau, et de façon générale, d'adapter les méthodes de plantation aux conditions éxistantes. La liste des arbres et des arbustes convenant aux plantations dans les régions déboisées ou semi-boisées est longue et variée, mais on insiste sur l'avantage qu'il y aurait à utiliser le chêne comme essence principale chaque fois que faire se peut. Pour obtenir des résultats rapides et durables, les bandes boisées devraient comprendre une proportion équilibrée d'essences à croissance rapide et à croissance lente. On admet eu règle générale que les bandes boisées devraient contenir de 10 à 15 pour cent d'arbres et d'arbustes fruitiers. Les travaux destinés à établir de nouveaux rideaux protecteurs sur ce vaste territoire sont déjà entamés. Cependant, au cours des 2 prochaines années (1949-1950), les kolkhozes et sovkhozes devront utiliser leurs propres ressources en matériel et en main d'œuvre, pour rendre aux anciens rideaux protecteurs toute l'efficacité qu'ils ont perdue durant la guerre à la suite de coupes, d'incendies et autres graves déprédations.

Fixation et boisement des dunes

Afin de protéger les champs fertiles de la région de la Volga, du Caucase septentrional, de l'Ukraine et de la Russie du Centre contre l'invasion des sables que le vent déplace des prairies sèches et des régions semi-désertiques toutes proches situées à l'est et au sud-est, le plan prescrit de boiser aussi vite que possible tous ces terrains sablonneux et d'y développer la végétation, de manière à les fixer. Au cours des six prochaines années (1949-1955), environ 322.000 hectares seront plantés en arbres et en arbustes résistant à la sécheresse et adaptés aux sols sablonneux, à raison de 22.400 hectares en 1949, 43.110 en 1950 et 256.500 en 1951-1955. Pour accélérer le processus de fixation, on procédera immédiatement à l'ensemencement en sorgho hybride et en certaines variétés de Graminées, d'un vaste territoire sablonneux qui sera ainsi transformé en pâturages et en prairies On a pris des dispositions pour obtenir assez de graines de sorgho pour ensemencer 300 hectares en 1949, 20.000 hectares en 1950 et 100.000 hectares en 1951.

La plantation des zones forestières prévues, la création de rideaux de protection autour des cultures et des vergers et le boisement des sables facilement balayés par le vent, constituent un projet de reboisement d'une telle envergure qu'il nécessitera des mesures nombreuses et de puissants moyens; rassemblement et stockage de milliers de tonnes de graines d'arbres et d'arbustes, création d'un grand nombre de pépinières forestières, fournitures énormes d'outils et de matériel mécanique, utilisation d'un personnel technique nombreux. Ainsi, le plan prévoit qu'on élèvera près de 34.000 millions de plants au cours de six prochaines années. Environ 3.000 millions de plants seront disponibles en 1949, 4.000 millions en 1950 et le reste entre 1951 et 1955, grâce à la création, en 1949-50, de 230 pépinières forestières gouvernementales; on prévoit également la création de pépinières forestières de kolkhoze qui, établies à raison d'une pour un groupe de 5 à 10 kolkhozes, permettront à ceux-ci de couvrir leurs propres besoins en plants. Toutes les autres mesures ont été envisagées à une échelle aussi vaste.

Adoption d'un système d'assolement adapté aux conditions de la prairie et de la semi-prairie

Tandis que la plantation de zones forestières de protection et de bandes boisées vise à créer des conditions plus favorables pour l'agriculture et à assurer sa stabilité, on considère, sur un plan plus général, qu'il est indispensable d'adopter les pratiques agricoles les plus perfectionnées, notamment un système d'assolement approprié, si l'on veut obtenir des récoltes plus importantes, développer la production animale, l'élevage et autres activités d'une agriculture variée, de façon à accroître la production globale des exploitations. En conséquence, le plan étudie longuement la nécessité d'appliquer dans tous les sovkhozes et les kolkhozes des régions déboisées et semi-boisées un système d'assolement dans lequel les jachères d'été sont suivies de deux années au moins consacrées à la culture de légumes et d'herbacées vivaces, où 5 à 7 années de ces mêmes cultures sont suivies par deux ans de cultures de céréales et d'autres récoltes.

Bien que le plan prévoie la mise en vigueur de ces méthodes dans les sovkhozes en 1949, dans les kolkhozes, et à partir de 1950, il faudra procéder graduellement dans les régions des prairies. C'est qu'il y a en effet pénurie de légumineuses et d'autres graines fourragères, et tant que l'abondance n'existera pas dans ce domaine, les progrès ne pourront être que lents. On espère, toutefois, qu'en 1955 tous les sovkhozes ainsi que les 77.509 kolkhozes auront adopté le nouveau système, qui, une fois appliqué à toutes les régions de prairie et de pré-bois de la Russie d'Europe, couvrira environ 120 millions d'hectares.

Parallèlement à l'introduction du système d'assolement, on a prescrit d'adopter des mesures précises de conservation du sol: labourage, plantation et culture suivant les courbes de niveau, aménagement de bandes de Graminées vivaces, jouant le rôle de lignes d'arrêt suivant les courbes de niveau, connu sous le nom de culture zonale, etc. l'effort porte aussi sur l'utilisation de semences sélectionnées de qualité supérieure, l'emploi d'engrais organiques et minéraux appropriés et la lutte contre les maladies, les insectes nuisibles, les mauvaises herbes, les mulots et campagnols de diverses espèces. C'est notamment le manque de semences qui ralentit l'exécution du plan; aussi entend-on en accroître les disponibilités, tout particulièrement en ce qui concerne les semences de légumineuses et d'herbacées. On accumule d'importants stocks de graines de Graminées vivaces et plus de 116 fermes spécialisées ont été organisées pour la culture de graines sélectionnées de ces espèces.

Conservation des eaux

Afin d'utiliser au maximum toutes les eaux: actuellement perdues, les plan prévoit la création de nombreux étangs et réservoirs dans les kolkhozes et les sovkhozes, où on utilisera les cuvettes naturelles, les sources des cours d'eau, les fossés et les ravins. Les eaux ainsi captées seront utilisées pour l'irrigation, la pisciculture et la fourniture d'énergie électrique nécessaire à l'agriculture. Le chiffre total des étangs et réservoirs créés dans les kolkhozes et les sovkhozes atteindra près de 44.230. C'est le gouvernement qui se charge des levés topographiques, des plans et de la direction technique, mais les cultivateurs eux-mêmes exécuteront les travaux de construction proprement dits avec les moyens dont ils disposent.

Exécution du plan

On prévoit la création, sous les auspices du Conseil des Ministres, d'une Administration centrale pour la plantation des forêts de protection, qui sera chargée de coordonner, de diriger et de contrôler l'activité des trois ministères (Forêts, Agriculture et Sovkhozes) ainsi que de réaliser effectivement la totalité du plan. Elle devra également coordonner le rassemblement des données et des résultats scientifiques obtenus et interpréter les conclusions. D'autre part, elle sera chargée de constituer le vaste personnel de techniciens indispensable à la bonne marche des travaux. En dernier lieu, elle publiera chaque mois une revue technique consacrée à l'étude des questions relatives à l'amélioration des méthodes agricoles.

On a donné la priorité à la fabrication d'équipement mécanique agricole spécial et autres matériels et produits propres à faciliter et à accélérer la réalisation du plan. Au cours des deux prochaines années on créera environ 570 centres chargés de l'aspect mécanique des grands travaux, des plantations, de la culture et autres phases du travail. Le succès de ce plan gigantesque exige un nombre considérable de spécialistes, aussi la formation de techniciens a-t-elle été entreprise en grand, aussi bien à l'échelon professionnel (collèges, écoles agronomiques et forestières, universités) qu'à l'échelon exploitation. Environ 100.000 instructeurs qualifiés en matière de plantation de forêts et de méthodes d'assolement (graminées et récoltes) ont suivi l'hiver passé des cours spéciaux d'une durée de deux à trois semaines. Dans beaucoup de collèges, les étudiants se spécialisant dans l'aménagement des forêts de ferme ont été inscrits en plus grand nombre, et on prévoit que le nombre des spécialistes qui seront diplômés en 1949 dépassera 4.000.

Conséquences lointaines du plan

En Amérique du Nord, la mise en application du plan sera suivie avec intérêt en raison de l'analogie des conditions, donc des problèmes, que présentent les prairies et les plaines du Canada et des Etats-Unis où la situation, sans être aussi critique, appelle des remèdes du même ordre.

La similitude qu'offre l'échelonnement des zones de climat et de végétation aux Etats-Unis et en URSS, est frappante, hormis qu'il s'effectue d'est en ouest dans le premier de ces pays et du nord au sud dans le second.

La côte atlantique des Etats-Unis offre à proximité de l'Océan des régions marécageuses suivies d'une zone de forêts, composées d'abord d'épicéas et de pins, puis que remplacent, à mesure que l'on se dirige vers l'ouest, la forêt drue de chênes, d'érables, de bouleaux et autres feuillus analogues qui couvrent les Apalaches et les Monts Alleghanys. Plus à l'ouest encore, la forêt de feuillus s'éclaircit graduellement, des étendues recouvertes de Graminées apparaissent, constituant l'immense région sans arbres de la prairie et des plaines. Les premières prairies sont recouvertes de hautes herbes, mais à mesure que l'on avance vers l'ouest et que le climat devient plus sec, ces hautes herbes font place à des herbes courtes et les prairies deviennent des plaines subdésertiques qui vont se terminer au pied des Montagnes Rocheuses, des Cascades et des Sierras. Les pentes et les cimes des montagnes sont boisées de forêts denses de pins, d'épicéas et de sapins, et la forêt devient particulièrement luxuriante sur le versant ouest des montagnes, face à l'Océan Pacifique.

La région arctique de l'URSS offre une zone de marécages perpétuellement gelés, connue sous le nom de toundra. Au sud de cette région se trouve la taïga, large zone de pins, d'épicéas et de sapins que suit une autre zone forestière, peuplée de chênes, d'érables et de hêtres. Plus au sud, les feuillus font graduellement place à une plaine recouverte d'herbe, la steppe qui, à mesure que l'on s'avance vers le sud, devient plus aride et vient mourir au pied du Caucase. Les pentes et les sommets de ces montagnes sont recouverts d'une épaisse forêt de sapins analogues aux sapins de Douglas, aux épicéas et aux pins des Rocheuses, des Cascades et des Sierras. Au-delà du Caucase s'étendent les eaux de la Mer d'Azov et de la Mer Noire.

Californie. Champs de betteraves sucrières protégés contre les vents défavorables par des rideaux protecteurs.

Comme la prairie américaine, la stoppe russe est le grenier du pays. Cependant, les steppes et les prairies sont dans l'ensemble des régions plates, à précipitations réduites, variant entre 350 et 525 mm. par an. Les sécheresses y sont fréquentes et les vents violents. En Russie, ce sont les vents d'est qui dominent et y causent les plus grands dégâts, alors qu'aux Etats-Unis les vents soufflent surtout du sud et du sud-est. Les deux régions possèdent un sol noir très fertile appelé tchernozion en Russie. Il est tout naturel que les populations de ces deux régions se soient efforcées de remédier aux inconvénients du climat et d'améliorer les conditions de vie en plantant des arbres, des ceintures forestières de protection, des coupe-vent ou des rideaux protecteurs autour des exploitations et des champs.

Les steppes russes ont été peuplées bien avant les prairies américaines. Le boisement des steppes a commencé dès 1830, mais n'a guère avancé jusqu'à la fin du XIX° siècle. En 1891, le gouvernement russe, alarmé par une sécheresse et une famine graves, nomma une commission d'experts pédologues que dirigeait le Professeur V V. Dokoutchaef, auteur de la classification génétique des sols actuellement adoptée dans le monde entier et qui fut chargé d'étudier les raisons de l'insuffisance périodique des récoltes dans les steppes et de proposer des remèdes. La Commission recommanda entre autres de planter ceintures forestières de protection ou des rideaux protecteurs qui, d'après elle, serviraient à: 1) abriter les exploitations contre les vents; 2) faciliter le mûrissement des céréales; 3) réduire l'évaporation; 4) déterminer une répartition et une rétention plus uniforme de neige; 5) élever le niveau de la nappe aquifère; 6) réduire les variations extrêmes de température; 7) provoquer les pluies; 8) augmenter la productivité des friches et des jachères et 9) lutter contre l'érosion du sol et le mouvement des sables.

Il est paradoxal que le premier centre de recherches forestières créé en Russie à la suite de ces recommandations ait été installé, dans la région déboisée. Les plantations expérimentales étaient vastes et nombreuses, et certaines d'entre elles acquirent une renommée internationale, comme les plantations de Kammenaya Steppe, Derkoul et Marioupol, situées dans la partie méridionale de la Russie du centre, au nord de la Mer d'Azov. Ces plantations, entretenues jusqu'à l'invasion allemande, fournirent de précieuses informations d'ordre scientifique et pratique concernant l'effet des rideaux protecteurs sur les cultures, les essences qu'il convient de planter et les méthodes de plantation. Les résultats furent si encourageants que le Gouvernement soviétique, notamment après la famine de 1921, recommanda instamment la plantation de rideaux protecteurs, en particulier clans les régions de La basse et de la moyenne Volga. Entre 1928 et 1932, la région des rideaux protecteurs artificiels passa de 2.000 à 14.000 hectares et, au second Plan quinquennal figura la plantation de 350.000 hectares de rideaux protecteurs de cultures et de vergers.

Les Etats-Unis d'Amérique ont également une grande expérience en la matière. La plantation de rideaux protecteurs a commencé avec le peuplement des prairies. Les premiers habitants plantèrent des bosquets d'arbres autour de leurs maisons et obtinrent parfois des résultats remarquables.

En 1873, le Congrès des Etats-Unis promulgua le Timber Culture Act aux termes duquel tout colon qui boisait 16 hectares sur les 65 qui lui étaient attribuées devenait propriétaire de la terre. En raison de l'étendue du territoire, de la faible densité le la population, de l'absence d'un contrôle administratif efficace et du manque d'expérience, il arriva souvent que ces mesures ne furent; pas appliquées. Néanmoins, grâce au Timber Culture Act, les exploitations des prairies sont aujourd'hui entourées de rideaux protecteurs. A l'inverse de la population russe, les colons américains ne se groupèrent pas en villages, mais s'installèrent chacun sur leurs propres terres, parfois à plusieurs milles de leurs voisins les plus proches. La région se trouvait encore à l'état vierge et seule une faible portion fut défrichée, si bien que les rideaux de protection étaient moins nécessaires autour des champs qu'autour des habitations et des granges.


Les cultivateurs et les propriétaires fonciers ont recours à la plantation de rideaux d'arbres pour protéger leurs maisons et leur bétail contre les vents froids ou chauds et pour lutter contre l'érosion des vents violents sur les terres cultivées. Aux Etats-Unis, les bâtiments d'habitation situés sur des exploitations agricoles protégées au nord par un rideau brise-vent (voir dessin schématique ci-dessus) pourront réaliser au cours de l'hiver une économie de combustible de 25 pour cent. Lorsque les habitations sont protégées à la fois au nord et à l'ouest, l'économie pourra atteindre 34 pour cent. Les champs cultivés entourés de rideaux protecteurs comportent de 5 à 10 rangées d'arbres permettent de lutter contre l'érosion éolienne, contribuent beaucoup à retenir l'humidité et protègent les récoltes contre les dommages causés par la violence des vents. Les bétails et les chevaux qui sont abrités par des rideaux coupe-vent consomment moins d'aliments et gagnent du poids plus rapidement. Selon une enquête effectué dans l'état d'Iowa, les emboucheurs estiment qu'un rideau protecteur leur assure une économie de 5 à 10 dollars sur le prix de revient de l'encouragement de chaque boeuf.

Bien disposée, ces brise-vent d'eucalyptus protègent les cultures d'agrumes des vents violents de la Californie méridionale.

Mais la situation aux Etats-Unis s'est complètement modifiée au cours des dernières années. Les prix élevés pratiqués pendant la première guerre mondiale ont incité les exploitants à mettre en culture des milliers d'hectares de prairie, bien que de vastes territoires s'y prétâssent mal. L'augmentation de la superficie des terres cultivées chassa des milliers d'animaux, bovins et ovins, vers des pâturages plus maigres qui se trouvèrent ainsi surchargés et dépouillés de leur couverture protectrice de graminées. Tout était prêt pour un immense désastre national.

A la suite des grandes sécheresses qui sévirent aux Etats-Unis au début des années 30, de vastes régions privées de leur couverture végétale de protection et exposées à l'action desséchante du soleil et du vent devinrent la source de tempêtes de sables destructrices, qui recouvrirent près de la moitié est du pays et ruinèrent des milliers d'exploitations. Sur ce, l'opinion publique exigea l'adoption de mesures destinées à pallier cette situation, et l'un des remèdes proposés fut de protéger les champs et les vergers des grandes plaines d'herbe au moyen de rideaux forestiers.

Ce n'est qu'en 1934 que la plantation de rideaux protecteurs prit aux Etats-Unis une importance nationale et figura dans le vaste programme de secours et de restauration entrepris cette année-là pour venir en aide aux habitants des prairies et des plaines ravagées par la sécheresse.

Au mois de juin 1934, le Gouvernement a publié un projet prévoyant la plantation de rideaux protecteurs sur environ 512.800 hectares de terres de culture, à l'intérieur d'une zone de 160 kilomètres de large, formée de plaines herbeuses et suivant à peu près le 100 ème méridien, de la frontière canadienne au Texas. La superficie de la région qui, aux termes de ce plan, doit être plantée en 10 ans peut se comparer aux 350.000 hectares auxquels s'applique le programme soviétique quinquennal correspondant. La création de ces rideaux protecteurs ayant été entreprise comme mesure de secours, le coût total de l'opération a été initialement à la charge du Gouvernement; mais par la suite, les cultivateurs bénéficiant de la protection des rideaux forestiers devaient fournir la main d'œuvre et soins d'entretien nécessaires. Le projet, abandonné temporairement au début de la deuxième guerre mondiale, n'a pas encore été repris. De 1935 à 1942, on avait planté 29.900 kilomètres de rideaux forestiers, (18.600 milles) assurant La protection de 96.400 hectares (238.200 acres) répartis entre 33.185 exploitations.

Après plus de 50 ans d'expérience et d'observations effectuées sur les bandes boisées entourant les cultures les experts russes ont atteint des conclusions très catégoriques et très précises sur l'efficacité de ces plantations lorsqu'il s'agit de réduire les ravages causés par le vent et la sécheresse, d'augmenter le rendement des cultures, de lutter contre l'érosion et d'accroître l'humidité du sol. Ils ont constaté, par exemple, que dans des champs entourés sur les quatre côtés de rideaux protecteurs de 16 à 20 mètres de large, soit 10 pour cent de la superficie clôturée, la vitesse du vent diminuait de 35 à 40 pour cent et la quantité d'eau perdue par les plantes de 30 pour cent. Sur la superficie entourée de rideaux-abris, les chutes de neige étaient de 1 ½ à 2 fois plus abondantes qu'en stoppe découverte; et le drainage superficiel, si les rideaux-abris se trouvaient en excellent état, était nul. Toutes ces améliorations se traduisent par une hausse du rendement des cultures. Ainsi, en pleine steppe, un champ non protégé, mais ayant été précédemment planté en légumineuses et en graminées a un rendement à l'hectare d'environ 21,2 quintaux de blé de printemps (avec engrais). Protégé par des rideaux forestiers, un champ cultivé de façon analogue donne environ 30,5 quintaux à l'hectare. Pour l'avoine semée en pleine steppe, après culture de graminées, et sans rideau protecteur, le rendement est d'environ 18,6 quintaux par hectare, chiffre qui passe à 21.7 quintaux s'il existe des rideaux abris. Pour le blé d'hiver semé comme précédemment, le rendement variera de 18,2 quintaux à 23,4 quintaux à l'hectare, selon que le champ est protégé ou non.

De façon générale ces conclusions sont corroborées par de nombreuses observations effectuées sur les rideaux de protection plantés aux Etats-Unis d'Amérique. Lorsque les Russes parlent de la valeur des rideaux protecteurs, ils se trouvent sur un terrain scientifique solide et s'appuient sur une longue expérience. Une des preuves les plus frappantes et les plus tangibles de l'utilité de ces rideaux a été enregistrée au cours de la grande sécheresse de 1946 que l'on considère comme la plus grave depuis 50 ans. Bien que le rendement des céréales cultivées au centre de recherche de Kammenaya Steppe, où les champs sont bien protégés par des rideaux abris, n'ait pas dépassé la moitié de celui d'une année normale, il fut néanmoins 3 à 4- fois supérieur au chiffre enregistré dans les champs avoisinants qui n'étaient pas protégés. Un sovkhoze doté de 600 hectares de rideaux protecteurs suffisamment développés donne une moyenne annuelle de plus de 25 quintaux de blé d'hiver à l'hectare.

La plantation de rideaux protecteurs des cultures, encore qu'importante, ne constitue qu'une partie du plan russe. Il convient également de mentionner les travaux en cours d'exécution sur la Volga et ses affluents en vue d'améliorer la navigation, de développer la production d'énergie, de maintenir le niveau d'eau de la mer Caspienne, et de mettre en culture, grâce à l'irrigation, des millions d'hectares actuellement arides. En un sens, ces projets constituent une «Administration de la Vallée de la Volga», analogue à la Tennessee Valley Authority, encore que plus complète, ou aux projets d'aménagement désignés aux Etats-Unis sous les noms de Columbia River et Missouri River Authorities.

Le projet soviétique ne comporte aucune estimation précise des dépenses qu'entrainera sa réalisation. Dans son ensemble, il en est encore au stade de l'élaboration, et l'on sait combien les prévisions relatives à un plan et à sa réalisation peuvent différer, quelque soigneuse qu'ait été la préparation. Une réussite harmonieuse dépend de facteurs si nombreux qu'un seul échec enregistré sur un point quelconque risque de compromettre le succès d'une vaste partie du plan. Un cycle d'années pluvieuses ou sèches, par exemple, peut en retarder ou en accélérer l'exécution. Une mauvaise récolte de graines d'arbres ou une maladie épidémique frappant les plants forestiers - et tout forestier sait trop bien que de tels accidents arrivent - peuvent bouleverser profondément les prévisions, du moins en ce qui concerne les délais de réalisation du plan.

Peu importe d'ailleurs que le plan de conservation soviétique soit ou non achevé en 15 ans, qu'il soit un succès total ou seulement partiel, qu'il réponde ou non aux espoirs qu'on a mis en lui; il est encourageant de penser que l'homme sait parfois éviter de détruire et de piller des richesses naturelles, mai réussit au contraire à déterminer le milieu clans lequel il vit et à le plier à sa loi.

Les photos et la carte de la page 32 ont été gracieusement fournies par le Bureau de la Conservation des Sols du Ministère Américain d'Agriculture.


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