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La terre epuisée

ON raconte que c'est ce qu'il vit alors qu'il survolait, à son retour de la Conférence de Yalta en 1943, ce qui fut jadis les riches régions du Moyen-Orient, qui détermina le Président Roosevelt à insister pour que la foresterie soit intégrée dans l'Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture.

Des fameuses forêts du Liban, qui, autrefois, s'étendaient sur plus de cinq cent mille hectares, quatre bouquets d'arbres seulement subsistent. En 1402, le conquérant Tamerlane cacha ses éléphants dans de profondes forêts, au voisinage d'Ankara; aujourd'hui, aussi loin que la vue s'étende, on ne trouve plus aucun arbre forestier spontané.

Des effets désastreux ont suivi en grand nombre ces destructions inconsidérées de forêts, et ce fut l'un des principaux facteurs de la misère et de la famine dans beaucoup des centres de population les plus anciens et les plus peuplés.

Dans les régions plus montagneuses de cette antique contrée, les civilisations passées ont profondément modifié le couvert végétal, et le pacage sans frein, sur des terres qui ne convenaient qu'à la végétation forestière, a entraîné des résultats désastreux pour le sol lui-même. Les pasteurs nomades, chassés des herbages des vallées par l'extension des cultures, ont du rechercher les maigres pâturages de montagne, où les forêts avaient déjà été appauvries par des siècles d'exploitation. La régénération devient impossible, la mince couche gazonnée est déchiquetée par les sabots des animaux, et le sol, privé de sa couche protectrice, est facilement arraché par les forces érosives du vent et de la pluie. En quelques dizaines d'années, des régions, autrefois très boisées, sont transformées en déserts dénudés et balayés par les sables.

Arrêter ce processus et renverser le sens de l'évolution est difficile. Réparer les abus du passé est, en vérité, une tâche formidable, mais les gouvernements et une poignée d'ardents enthousiastes sont prêts à lui faire face.

La FAO possède maintenant des missions d'assistance technique dans douze pays du Moyen-Orient, travaillant dans les différentes branches de l'agriculture, de la foresterie, de la pêche, de l'alimentation et de l'économie. On sait le principal de ce qui doit être fait, et comment l'entreprendre. La question est de l'accomplir à l'échelle des besoins.

Ces gouvernements peuvent-ils consacrer des fonds à l'aventure d'un programme forestier à long terme, lorsqu'il y a un combat immédiat à livrer contre les sauterelles du désert) La réponse semble être affirmative. Lentement, parmi ces populations, s'éveille une conscience hésitante de la nécessité de protéger et restaurer les forêts, et la tâche présente est de muer ce désir en action.

Photographie de la couverture: «Je ferai de toi un désert. Je susciterai contre toi des dévastateurs, chacun avec ses armes». Cette citation du livre de Jérémie s'applique d'une manière tragique au bas-relief de l'ancienne Egypte reproduit par notre couverture. Trouvé sur la tombe du Pharaon Akhouthtep de la 5ème dynastie, il montre sans erreur possible, combien est ancien le problème des chèvres ennemies des forets dans le Moyen-Orient. Depuis des milliers d'années, elles prennent place en fait parmi les plus grands ennemis du forestier. Ce bas-relief se trouve maintenant au Musée du Louvre.

La revue UNASYLVA est rédigée par la Division des Forêts et est publiée par la FAO au siège de l'Organisation à Rome (Italie). Elle paraît en français, anglais et espagnol. Conformément aux usages de la FAO les chiffres de l'auteur, les équivalents en unités métriques étant ajoutés entre parenthèses le cas échéant. On peut se procurer UNASYLVA auprès des dépositaires dont la liste figure au dos de la couverture. Abonnement annuel 2,50 dollars (E-U), prix du numéro 0,65 dollar (E-U). Ces prix sont payables en devises locales si les commandes sont passées par l'intermédiaire des dépositaires locaux.


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