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Foresterie et recherche forestière dans la Fédération de Malaisie

F. H. LANDON et G. G. K. SETTEN

Service forestier, Fédération de Malaisie

Une analyse des problèmes

Lors du stage d'études organisé par la FAO pour les spécialistes de la recherche forestière, qui s'est tenu à Dehra Dun (Inde) en 19551, on et demandé à tous les participants de présenter une analyse des problèmes forestiers de leur pays. Les services forestiers cherchant à développer leurs programmes de recherches pourront s'inspirer de ce résumé de l'analyse des problèmes malais en l'adaptant, dans la mesure du possible, à leurs propres besoins.

1 Voir Unasylva Vol. 10, N° 1, p. 34. Nous déplorons la mort de M. F. H. Landon, survenue en service en Malaisie depuis la rédaction de cet article.

L'analyse décrit brièvement les problèmes qui se posent au Service forestier de la Fédération de Malaisie. Conformément à la politique gouvernementale, le service forestier a, aux termes de la loi, la responsabilité du contrôle de la quasi - totalité des forêts et de la production forestière. La solution des problèmes que l'exercice de cette responsabilité pose, exige des recherches approfondies et systématiques dont nous donnons ici un aperçu.

La première partie de l'analyse des problèmes faite pour la Malaisie comprend des données de base sur le pays; elles représentent à peu près la moitié du rapport et sont classées comme suit:

1. Informations générales: situation et composition, régime politique, habitants et population, économie et régime foncier, géologie, climat et histoire contemporaine.

2. Le domaine forestier, qui comprend: superficie, nature de la propriété, mise en réserve, forêt de protection et forêt de production, accessibilité, inventaire, composition de la forêt, caractéristiques sylvicoles, méthodes de traitement, gestion, exploitation et rendement, revenus et dépenses, statut légal.

3. Industries forestières, consommation locale et marchés.

4. Organisation du service forestier.

5. Organisation de la recherche forestière; publications, comprenant les Malayan Forest Records, The Malayan Forester, les Malayan Research Pamphlets; école forestière.

Les problèmes

Politique forestière

Dans un pays comme la Malaisie, dont 70 pour cent de la superficie est encore couverte de forêts, il est logique de penser que le gouvernement continuel a à suivre la politique permettant de conserver à la forêt permanente productive une superficie suffisante pour satisfaire la demande en produits forestiers prévue pour l'avenir dans le cadre d'une gestion intensive assurant, à dépenses unitaires égales, les revenus les plus élevés.

Lors de l'établissement d'un plan pour l'application de cette politique, il faut obligatoirement faire un certain nombre d'hypothèses de base qui doivent, cependant, être constamment révisées à la lumière de l'expérience ou des résultats des essais. Les principales hypothèses formulées sont les suivantes: la population continuera à s'accroître pour atteindre, dans 80 ans, environ 28 500 000 habitants, soit 217 au kilomètre carré. La consommation de bois de sciage par tête passera, durant la même période, du chiffre de 1954 de 0,16 mètre cube environ, correspondant à une évaluation réelle, à 0,28 mètre cube (consommation actuelle dans le Royaume-Uni); la forme de gestion, économiquement la meilleure, des forêts de Malaisie est le régime sylvicole actuel. En appliquant ce dernier, on admet que la possibilité actuelle de 35 mètres cubes à l'hectare obtenu dans la forêt vierge sera porté à 175 mètres cubes à l'hectare, en 70 ans, dans les forêts régénérées, convenablement gérées. C'est donc 46 136 hectares qu'il faudra exploiter annuellement pour assurer la production recherchée pour l'avenir, soit 8 071 000 mètres cubes et 0,28 mètre cube pour chacun des 28 500 000 habitants. Pour y parvenir avec un rendement soutenu basé sur une révolution de 70 ans il faut réserver à la forêt productive près de 3 237 600 hectares ou 32 376 kilomètres carrés (25 pour cent de l'ensemble du pays), chiffre qu'il faut rapprocher de celui de 1954: 20 720 kilomètres carrés au total. Etant donné qu'il reste, à moins de 300 mètres d'altitude, environ 68 635 kilomètres carrés de terres domaniales inaliénées et non affectées, il doit être possible de réserver les 11 655 kilomètres carrés supplémentaires tout en laissant largement assez de terres pour satisfaire les besoins de l'expansion agricole ou autre.

Si l'on veut arriver le plus rapidement possible à la pleine production de 8 071 000 mètres cubes par an, il sera nécessaire d'augmenter la possibilité annuelle exploitée et régénérée dans l'actuelle réserve forestière, pour la porter le plus tôt possible à 46 136 hectares. Durant la même période, on demandera aux terres domaniales non affectées un rendement moindre de façon à permettre une plus forte production dans les années à venir (ce n'est que plus tard qu'on fera appel à cette dernière). On ne pourra atteindre ce résultat qu'au prix d'une augmentation considérable des dépenses, afférentes non seulement aux opérations sylvicoles (dont le coût est estimé à $74 par hectare aux taux actuels), mais aussi à l'administration, la recherche, les déplacements et l'augmentation de personnel de maîtrise nécessaire pour travailler à cette échelle. Une estimation provisoire indique une dépense de $3 400 000 pour les travaux sylvicoles et de $6 000 000 pour les autres postes, soit un total de $9 400 000 qu'il faut comparer aux $4 800 000 de 1954. Il est cependant probable que lorsqu'on atteindra ce total, le revenu annuel s'élèvera au moins à $13 000 000, contre $10 800 000 en 1954, ce qui laissera encore une marge substantielle.

Il appartiendra au gouvernement de décider si le but poursuivi, à savoir une production forestière suffisante pour couvrir à elle seule les besoins du pays, justifie l'affectation d'une superficie supplémentaire de 11 655 kilomètres carrés à la forêt productive permanente et l'investissement d'une fraction plus importante du revenu en vue de sa régénération. Après avoir attiré l'attention du gouvernement sur la politique à suivre, il appartiendra au service forestier, une fois la décision gouvernementale prise, d'utiliser au mieux les forêts et les ressources financières qui leur seront affectées. Cependant, même si le gouvernement accorde la surface de forêts demandée et assure le financement permettant d'exploiter une possibilité annuelle de 46 136 hectares dans la réserve forestière, la demande en bois de sciage ne pourra pas être comblée par la production de la réserve forestière tant que les zones régénérées en vue d'un rendement élevé ne seront pas parvenues à l'âge d'exploitabilité, soit aux alentours de l'année 2025. C'est ce que démontre le tableau 1.

TABLEAU 1. - TAUX ESTIMATIF DE PRODUCTION ET DE CONSOMMATION, 1955-2025

Année

Estimation de la population

Consommation par tête

Demande en bois de sciage

Production de la réserve forestière sur la base de 35 m3 par hectare

Mètres cubes

1955

6 000 000

0,16

934 560

566 440

1980

12 000 000

0,20

2 378 880

1 614 240

1995

18 500 000

0,23

4 078 080

1 614 240

2010

24 000 000

0,25

6 117 120

1 614 240

2025

27 000 000

0,28

7 788 000

14 446 240

1 Y compris 20 235 hectares à 175 m³ par hectare.

Ces chiffres ne tiennent pas compte des besoins de Singapour qui intensifieront le déficit. Cependant, il est probable que la production de bois des terrains forestiers domaniaux non affectés, jointe à une utilisation plus intensive des forêts vierges aussi bien dans les terres domaniales que dans la réserve forestière permettra, comme à l'heure actuelle, de compenser le déficit avant la fin du siècle. Il est néanmoins indiscutable que les perspectives pour les 25 dernières années de la révolution sont incertaines et que la situation restera sérieuse à moins que la possibilité annuelle n'atteigne rapidement 46 136 hectares. Il est possible que durant cette période lé pays soit amené a importer du bois.

Principaux problèmes

On peut donc exprimer l'essentiel des problèmes par ces deux questions: a) Comment peut-on obtenir la production économique maximum de bois dans le minimum de temps par un régime assurant un rendement soutenu, compte tenu de la politique foncière et financière du gouvernement? b) Comment peut-on utiliser au mieux la production totale de bois?

Pour apporter une solution au premier problème on croit choisir, parmi d'autres, entre les éventualités suivantes:

1. Améliorer la possibilité actuelle de la forêt vierge par un traitement cultural préalable à l'exploitation, par l'emploi de meilleures techniques d'exploitation ou par une utilisation plus complète des produits.

2. Améliorer du point de vue économique les nouveaux peuplements élevés sous le régime sylvicole actuel quant à leur composition, leur production (c'est-à-dire le volume de bois de sciage produit en un temps donné) et leur vitesse de croissance, grâce aux traitements sylvicoles, à des coupes intermédiaires, etc.

3. Si on dispose des moyens financiers nécessaires, améliorer le rendement des forêts naturelles par des plantations d'essences à croissance rapide, ces plantations pouvant également être effectuées sur des terres considérées comme inutilisables, par exemple sur les sols dégradés ne convenant pas à l'agriculture permanente.

4. Améliorer le rendement effectif des forêts en évitant les pertes avant exploitation dues aux causes naturelles, comme les attaques d'insectes ou de champignons.

Pour atteindre ces objectifs, il faut faire appel à plusieurs branches de la recherche: sylviculture, botanique, écologie, pédologie, dendrométrie, génie forestier, entomologie et pathologie forestière.

Pour répondre à la seconde question on peut faire appel aux possibilités suivantes:

1. Trouver des emplois aux bois qui, pour diverses raisons, ne sont pas actuellement utilisés.

2. Utiliser de la façon la meilleure et la plus économique la production de bois de construction ou d'industrie.

3. Supprimer les pertes de bois après l'exploitation en employant de meilleurs procédés de scierie et en évitant les dégâts d'insectes, les attaques cryptogamiques ou les mauvais emplois techniques;

C'est alors vers les branches suivantes de la recherche qu'on se tournera: chimie, entomologie et technologie.

Les problèmes qui se posent à la recherche pour atteindre les objectifs qui précèdent et les questions qui en découlent sont détaillés dans les paragraphes suivants.

Programme de recherches

Il est maintenant possible d'esquisser le programme des études à entreprendre pour répondre aux questions posées par les problèmes essentiels; elles sont groupées par discipline. Nous évoquerons, avec les réalisations passées et actuelles, les objectifs à atteindre.

Botanique

Aperçu du programme. La détermination des espèces est une condition essentielle à tout travail sylvicole. Les deux principaux objectifs de la section de botanique sont:

a) déterminer les échantillons qu'on lui présente; pour arriver à ce résultat il est nécessaire d'étudier la systématique botanique et de constituer un herbier de référence;

b) publier des descriptions et des clefs de détermination permettant la reconnaissance des espèces sur le terrain à tous les stades de leur développement. Ceci suppose l'étude minutieuse des caractères de feuilles et d'écorce des arbres à tous les âges et la standardisation de la terminologie retenue dans leur description.

Réalisations passées et actuelles. Un herbier, commencé en 1918, comprend au total près de 50.000 échantillons préparés, outre de nombreux échantillons d'écorce. On connaît actuellement en Malaisie environ 3.000 espèces ligneuses et il est probable qu'il ne reste plus à découvrir aucune autre essence productrice de bois. Les contacts sont bien établis avec les jardins botaniques de Singapour, la Flora Malesiana et les territoires de Bornéo. Un arboretum renferme une collection de diptérocarpacées qui est vraisemblablement la plus riche du monde. Les publications comprennent un ouvrage illustré de caractère général intitulé Malayan Commercial Timber Trees (M.F.R. N° 3 2), un Manual of Malayan Dipterocarps qui fait autorité avec des clefs de détermination reposant sur les principaux caractères (M.F.R. N° 16); une liste des 500 ou 600 espèces atteignant la dimension bois d'œuvre, avec indication des noms botaniques, vernaculaires et commerciaux, de l'habitat, de la distribution et de la place occupée dans l'étagement de la futaie; des descriptions de toutes les essences forestières connues appartenant à six autres familles importantes (R.P. Nos 1 à 16). Des descriptions des essences ayant une importance commerciale et appartenant aux autres familles sont actuellement en préparation et seront publiées dans un Forester's Manual of Non-Dipterocarp Families. Durant les 25 dernières années de nombreux articles ont été publiés, en particulier dans The Malayan Forester; récemment, l'un d'eux présentait un système standardisé de nomenclature pour les caractères du fût et de l'écorce; il donnait également un modèle d'étiquette standard pour les échantillons récoltés sur le terrain, avec indication des noms vernaculaires malais correspondants; cette étiquette permet d'obtenir des collecteurs le maximum d'observations sur les caractères observés sur place.

2 M.F.R.: initiales de la collection Malayan Forest Records; R.P., Research Pamphlet.

Le service de botanique forestière a également réalisé un important travail d'écologie. Le personnel comprend un botaniste forestier, un assistant de botanique forestière, deux assistants de recherche et trois collecteurs de plantes.

Objectifs à atteindre. Il s'agit de:

1. Compléter les descriptions des essences commerciales appartenant à d'autres familles que celle des diptérocarpacées.

2. Préparer un jeu de cartes perforées pour la détermination des essences forestières basée sur des caractères pratiques pouvant être observés sur le terrain.

3. Décrire les espèces forestières des familles de moindre importance.

Ecologie et pédologie

Aperçu du programme. Ces deux disciplines ont été réunies car il est peu probable qu'en Malaisie la pédologie parvienne à constituer une section distincte de la recherche forestière. Elle représentera l'outil le plus important pour l'écologiste et le sylviculteur, mais la recherche fondamentale sur les sols continuera à être davantage du ressort du service de l'agriculture. Il appartiendra à l'écologiste d'aider le sylviculteur dans le choix des espèces constituant les différents étages de la forêt. Pour ce faire il doit:

a) étudier la composition et la structure de la forêt naturelle et définir les types de végétation;

b) étudier l'évolution de la végétation après suppression ou modification de la forêt primitive;

c) étudier et définir les stations, en fonction du sol et des autres facteurs du milieu déterminant les possibilités de croissance de la forêt, de sorte qu'il soit possible de les identifier aux différents stades de l'évolution de la végétation;

d) étudier les possibilités d'utilisation des essences en fonction des différentes conditions de station;

e) étudier les espèces et les méthodes les plus appropriées pour convertir aussi rapidement que possible les terres dégradées en forêt productive.

Réalisations passées et actuelles. Le climat malais est si favorable à la croissance de la forêt que presque tous les sols peuvent, à un moment donné, porter une végétation luxuriante et que la structure générale de la forêt vierge est remarquablement homogène dans tout le pays. A l'intérieur de ce cadre d'ensemble, cependant, les espèces sont si nombreuses et les variations si kaléidoscopiques que les différences fortuites que l'on rencontre lors des relevés entre un «carré» et le suivant ou d'un hectare à l'autre ont tendance à masquer les différences majeures entre les stations. Le chimiste - pédologue du Rubber Research Institute a établi une classification provisoire des sols qui a été récapitulée et annotée par le service de sylviculture en vue de son application aux sols des forêts. Les progrès réalisés dans cette reconnaissance des stations et des types précis de végétation sont néanmoins restés décevants. Les principaux types de végétation ont cependant été décrits dans le Malayan Forest Record No 16 et dans de récents articles parus dans le Malayan Nature Journal, tandis qu'un certain nombre d'études sur l'évolution de la végétation secondaire ont été publiées dans The Malayan Forester. La structure et la composition de la forêt vierge ainsi que les conditions dans lesquelles elle pousse, ne pousse pas ou meurt sont étudiées dans des places d'expériences de 2 hectares.

Un écologiste, spécialement chargé de l'étude des méthodes de remise en valeur des sols dégradés, a récemment été engagé.

Objectifs à, atteindre. Il reste un important travail à accomplir pour atteindre les buts évoqués ci-dessus, en particulier pour la reconnaissance des types de végétation et l'étude de leur relation avec les sols.

Sylviculture

Aperçu du programme. La sylviculture est étroitement liée, d'une part à l'écologie et, d'autre part, à la dendrométrie. C'est en travaillant en commun que ces trois services seront en mesure d'apporter une réponse à la question (a) posée ci-dessus, en déterminant si la sylviculture peut:

1. Augmenter le rendement de la forêt vierge par des traitements préalables à l'exploitation.

2. Augmenter la qualité et le rendement des forêts régénérées.

3. Compléter la production des forêts naturelles par l'emploi, économiquement réalisable, d'essences exotiques à croissance rapide.

Pour arriver à des résultats intéressants, le sylviculteur doit au préalable se familiariser avec ses instruments (les techniques de traitement) et ses matériaux (le tempérament des végétaux existants).

On peut esquisser, comme suit, les principaux projets; les premiers, (a) à (f), sont fondamentaux, les autres, (g) à (j), connexes:

a) résumé des expériences antérieures et des connaissances acquises en sylviculture malaise;

b) étude de l'installation et de la survie des semis naturels;

c) étude des caractéristiques sylvicoles et des exigences des arbres à tous les stades de leur développement;

d) recherches des meilleurs moyens d'élimination des essences indésirables;

e) amélioration des techniques de pépinière;

f) essai des possibilités d'utilisation des essences indigènes ou introduites dans les reboisements et des meilleures méthodes d'installation en fonction des conditions;

g) réalisation de plantations expérimentales, avec établissement des prix de revient, en employant les essences et les méthodes qui se sont révélées intéressantes à la suite d'essais préliminaires;

h) recherche et essai de techniques de traitement, préparatoires dans les peuplements vierges dans le but d'accroître leur production lorsqu'ils atteignent l'âge d'exploitabilité;

i) comparaison des effets sur la composition et le cube sur pied des différents traitements appliques aux jeunes peuplements au moment de leur installation;

j) comparaison des effets des différents traitements sur l'accroissement et les produits intermédiaires des peuplements régénérés déjà installés.

Réalisations passées et actuelles. Dans le monde, la Malaisie a été à l'avant-garde de la sylviculture de la forêt dense (rain forest) tropicale, en particulier en ce qui concerne la conversion de la jungle vierge en peuplements plus ou moins équines dont la valeur d'avenir est considérablement plus grande. Avant la guerre, on avait développé, et appliqué de plus en plus à l'échelle industrielle, une technique qui consistait à éliminer les arbres inutilisables ou de moindre valeur, soit en les tuant par annélation et application de produits toxiques, soit en les vendant comme bois de chauffage ou, plus tard, comme bois d'œuvre; en même temps on obtenait un nouveau peuplement sous l'abri des arbres de valeur gardés sur pied jusqu'au moment de la «coupe définitive». De nombreux articles de The Malayan Forester et le premier chapitre du Manual of Silviculture exposent l'évolution de ce système. Des considérations économiques, qui ont conduit par exemple à développer l'emploi des moyens mécaniques d'exploitation et à substituer les scieries au sciage à main, ont amené depuis à adopter le système plus simple, mentionné ci-dessus, et décrit en détail dans un document intitulé The Silviculture of Lowland Dipterocarp Forest et présenté en 1952 à la Conférence forestière du Commonwealth. C'est pourquoi les points (h), (i) et (i) constituent des problèmes nouveaux qui n'ont encore que peu progressé. L'était d'avancement des autres projets se résume comme suit:

a) Durant les toutes dernières années le sylviculteur a consacré la plupart de son tempe à la compilation de toute la documentation existant sur les forêts de plaine de l'intérieur. Les résultats ont été publiés dans les première, troisième et quatrième parties du Manual of Malayan Silviculture dans le Research Pamphlet N° 14 qui traite de l'histoire de la sylviculture malaise et; de la régénération naturelle et artificielle.

b) Les études faites sur le développement des semis dans des placettes d'essai disséminées dans les peuplements ont été publiées dans différents volumes de The Malayan Forester. Souvent, avant l'exploitation, on délimite une superficie d'environ 400 hectares pour y compter les semis naturels qui se sont installés et ont survécu, et les résultats sont ensuite récapitulés. Il existe un seul placeau permanent dans la forêt de l'intérieur en vue de l'étude de la mortalité et du recrutement des semis naturels; on y procède aux estimations en examinant en virée un échantillonnage de petites placettes.

c) On trouve dans les dossiers de la section de sylviculture et les articles de The Malayan Forester beaucoup de renseignements sur les caractéristiques des principales essences; tous ceux-ci sont rassemblés en vue d'être publiés. Beaucoup d'autres essences qui sont maintenant acceptées comme bois d'œuvre n'ont encore été qu'insuffisamment étudiées.

d) Au début des années trente, la Malaisie a été la première à employer à grande échelle des solutions d'arseniate de soude pour éliminer les arbres indésirables au moyen d'annulations en collerette (frill qirdles). On a utilisé sans ennuis d'énormes quantités de ce poison. Cependant, l'emploi d'un arboricide moins dangereux diminuerait les risques et exigerait moins de précautions. Les expériences faites avec d'autres arboricides ont été décevantes, mais on met actuellement de meilleurs espoirs dans l'essai du 2,4, 5-T sur les arbres, les plantes grimpantes et autres végétaux adventices.

e) Les renseignements concernant les techniques de pépinière sont inclus dans le Manual of Silviculture déjà cité, mais ils n'ont pas fait l'objet d'une publication distincte.

f) Les plantations expérimentales du Research Institute couvrent maintenant 200 hectares et quelques-unes sont âgées de près de 30 ans. Durant les dernières années on a poussé les essais à petite échelle d'essences exotiques, l'installation, en sols pauvres ou en mauvaises conditions, de la plupart des essences indigènes s'étant révélée difficile et coûteuse. Le résumé le plus récent de ces essais a été publié dans le volume XVI de The Malayan Forester.

g) L'une des espèces exotiques qui a la croissance la plus rapide, Albizzia falcata, s'est révélée, après essai, convenir pour la pâte à papier et a été retenue en 1945 pour une plantation pare-feu dans une pelouse d'Imperata. Les expériences complémentaires sur la plantation dans les zones ouvertes ou dégradées ont été confiées à l'écologiste récemment engagé.

Le sylviculteur est assisté par un spécialiste du reboisement, du personnel de terrain et un échelon mobile de recherche composé de quatre personnes, ce dernier pouvant être employé aux travaux expérimentaux dans tout le pays et contribuant également à la tenue des cahiers et aux mensurations.

Objectifs à atteindre. Les travaux doivent être poursuivis pour atteindre tous les objectifs fondamentaux (a) à (f), mais plus particulièrement en ce qui concerne l'étude des caractéristiques sylvicoles des essences moins connues et la recherche d'un arboricide sans danger et économique. L'étude des points (h) à (j) doit être faite intégralement depuis le début. Nous ne donnons ici aucun détail à ce sujet car les techniques de mensuration et de comparaison des effets de différents traitements dans des peuplements aussi mélangés que ceux de la forêt dense (rain forest) n'ont pas encore été mises au point. Ces problèmes seront évoqués plus loin sous le titre «Dendrométrie forestière».

Le sylviculteur occupe dans la recherche une position-clef, mais, durant ces dernières années, travaillant seul, il a parfois été submergé par le travail courant et par la nécessité de rassembler et de rendre utilisables les résultats antérieurs. Etant donné l'ampleur des tâches nouvelles qui l'attendent, il est maintenant nécessaire de mettre à sa disposition un assistant sylviculteur pleinement qualifié.

Dendrométrie forestière

Aperçu du programme. Comme nous l'avons indiqué ci-dessus, le programme de dendrométrie forestière est étroitement lié à celui de sylviculture. Les points à atteindre sont donc les suivants:

1. Centralisation et interprétation des renseignements fournis par toutes les places d'expériences sur l'accroissement en circonférence, en surface terrier ou en volume de chacune des espèces étudiées jusqu'ici ou des divers mélanges d'espèces, ainsi que des effets des divers traitements qui leur sont appliqués.

2. Etablissement de tarifs de cubage commerciaux à double entrée (surface terrière rapportée à la mesure de la circonférence et hauteur à la découpe) pour les principales essences commerciales et, Si possible, les principaux groupes d'essences.

3. Conception d'un dispositif expérimental pour l'étude de la composition et de la structure des forêts régénérées existantes, aussi bien pour recueillir les éléments que pour les interpréter

4. Conception de l'implantation d'une place d'expérience permanente (Ou spécifiera la nature des renseignements à recueillir et les méthodes d'interprétation de ceux-ci) pour étudier l'effet des divers traitements sylvicoles sur l'accroissement 3 et la valeur commerciale d'avenir:

a) de la forêt vierge avant l'exploitation,

b) des jeunes peuplements régénérés entre l'année n de la coupe définitive, et l'année n + 10 correspondant à la fin de la période «d'installation»,

c) des peuplements régénérés installés entre l'année n + 10 et la maturité,

d) des plantations d'essences introduites.

3 Il n'est possible, pour aucune des essences forestières malaises, d'évaluer la croissance annuelle par l'examen des cernes.

La section de dendrométrie devra collaborer avec celle de sylviculture pour atteindre ces objectifs et elle interprétera les renseignements recueillis.

Pour toutes ces études, il y a lieu de procéder en liaison étroite avec la section de sylviculture.

Réalisations passées et actuelles. Les premières places d'essai ont été implantées en 1901, mais les séries actuelles n'ont commencé qu'en 1916. Depuis cette date, on a implanté 381 places d'essai. Parmi celles-ci 34 ne fournissent pas de renseignements sur l'accroissement et tous les dossiers de 59 autres furent détruits au cours de la guerre 1939-45. Dans le reste on fait des mensurations annuelles (et d'autres observations) sur environ 25 000 arbres appartenant à 230 espèces différentes, bien que la majorité des mensurations aient été faites sur un relativement petit nombre des principales essences commerciales sous des conditions et des traitements variés. Ces mensurations sont faites depuis plus ou moins longtemps, les plus datant de 39 ans.

En 1928 tous les renseignements recueillis dans la place d'essai de la forêt de l'intérieur ont été récapitulés et publiés pour la première fois dans le M.F.R. N° 9 sous le titre The Growth of Malayan Forest Trees as Shown by Sample Plot Records, 1915-1928. Une seconde récapitulation venait d'être achevée en 1941 lorsque la Malaisie fut envahie. Elle fut entièrement détruite ainsi que tous les travaux de détails relatifs à la première, lors de l'occupation. C'est pourquoi, en 1962, on a entrepris une nouvelle récapitulation de tous les renseignements recueillis depuis 1916, mais ce travail n'a progressé que lentement

Divers tarifs de cubage ont été établis avant la guerre et publiés dans The Malayan Forester. Ils étaient presque tous à simple entrée (circonférence à hauteur de poitrine). Malheureusement tous les renseignements sur les cubages de bois abattus qui avaient servi à les établir ont été détruits pendant la guerre. En 1947 on a commencé à recueillir de nouveaux éléments et à la fin de 1954 on avait procédé aux mensurations précises de quelque 7 000 arbres abattus. L'établissement du premier de ces nouveaux tarifs de cubage (pour les deux espèces les plus communes de Shorea) est actuellement bien avancé.

Le comité consultatif de la recherche a déjà approuvé l'avant-projet de l'échantillonnage à faire dans les forêts régénérées. Le projet définitif est actuellement en préparation.

Un projet de règlement pour l'obtention et la récapitulation des renseignements dans les places d'essais de sylviculture a été établi et provisoirement approuvé, mais il doit être complété. On a fait une série d'enquêter sur les meilleures méthodes d'interprétation des renseignements provenant des places d'essais permanentes dans un peuplement mélangé inéquienne, sans cernes d'accroissement visibles; mais jusqu'ici on n'a obtenu aucun résultat concluant.

L'effectif autorisé est d'un fonctionnaire chargé de la dendrométrie et d'un assistant de recherche; cependant les deux postes sont actuellement vacants.

Objectifs à atteindre. En ce qui concerne le point (1), il est probable qu'il occupera entièrement à lui tout seul un chercheur et un assistant pendant au moins deux ans. Les progrès du point (2) sont fonction de la rapidité avec laquelle on disposera de renseignements recueillis sur le terrain; les premiers tarifs de cubage nouveaux pourraient, cependant, être établis dès maintenant si un fonctionnaire pouvait se consacrer à ce travail. Les points (3) et (4) occuperaient aussi à plein temps un fonctionnaire qualifié assisté d'un personnel compétent.

Si on veut mener à bien simultanément des travaux concernant les quatre objectifs, la meilleure solution serait d'engager spécialement dans ce but des fonctionnaires spécialisés dans la statistique, durant une période assez longue, pour traiter complètement la question, soit par exemple un fonctionnaire pour le point (1) et peut être (2), et un autre pour (3) et (4). Une équipe d'assistants compétents pourrait peut-être utilisée en commun par les deux fonctionnaires. Lorsque l'étude des points (1) et (3) sera achevée, un fonctionnaire et deux assistants devraient pouvoir assurer le travail

Antres branches de recherche

Dans cette étude nous n'examinerons pas en détail les autres branches de la recherche, bien qu'elles soient toutes aussi importantes; leurs activités sont les mêmes dans tous les pays du monde. Les paragraphes qui suivent exposent quelques applications locales.

Entomologie et pathologie. L'entomologiste étudie le mode de vie des parasites, la protection des reboisement. contre les attaques d'insectes, la protection du bois à tons les stades: du trois sur pied au bois mis en œuvre. Dans le passé on a porté une attention toute spéciale aux attaques des coléoptères du genre Ambrosia, et de nombreux articles ont été publiés sur ce sujet.

Il n'y a pas de pathologiste; c'est à la section de technologie qu'il appartient tient d'étudier la protection contre les attaques cryptogamiques. Il faut cependant noter à ce propos un important problème; il s'agit du «cœur spongieux» (spongy heart) ou «cœur friable» (brittle heart), dépréciant sérieusement les arbres sur pied des deux espèces feuillues à bois loger les plus communes: Shorea parvifolia et S. leprosula, en particulier la première pour laquelle les pertes peuvent atteindre 30-50 pour cent. On ignore si les dommage sont dus à une attaque cryptogamique, à des tension de l'arbre sur pied ou à quelque autre cause. Il est possible que des facteurs comme une carence du sol puissent prédisposer l'arbre. Le technologiste du bois travaille actuellement à ce problème.

Recherches de technologie. Les objectifs de cette section sont:

1. Permettre de conserver plus longtemps et de mieux utiliser les approvisionnements en bois grâce à des méthodes appropriées de séchage et de préservation et par une utilisation économique et rationnelle des bois de diverses dimensions.

2. Trouver les moyens d'employer les essences actuellement invendables.

Elle fait des essais sur les propriétés mécaniques selon la méthode internationale standard sur des éprouvettes de 2 square inches (12,90 cm²). Les résultats publiés dans les Manuals of Dipterocarp and Non-Dipterocarp Timber et les Timber Trade Leaflets ont permis l'utilisation de plus petites dimensions ou d'essences de remplacement. Il reste cependant beaucoup à faire car les stocks «complètement secs» de beaucoup d'essences, qui n'avaient été essayées qu'à l'état vert, ont été perdus ou détruits durant la guerre. On a créé récemment une section d'étude des bois reconstitués qui fera des essais sur les aptitudes des bois malais au placage et au collage.

Chimie. Une nouvelle section a été créée pour l'étude de l'aptitude à la fabrication de pâtes pour l'industrie du panneau ou du papier de sources d'approvisionnement telles que des feuillus mélangés, les essences de reboisement, l'arbre à caoutchouc, les bambous, l'Imperata et la paille de riz. Du point de vue uniquement forestier, le but à atteindre est la recherche d'utilisations pour les importantes quantités de houppiers et de branches des essences commerciales qu'on laisse actuellement pourrir en forêt et les essences forestières sans valeur économique qui n'atteignent pas 1,20 mètre de circonférence à hauteur de poitrine et sont actuellement détruites au poison.

Recherches confiées au conservateur des forêts (utilisation). En gros, les études que sous-entendent ces recherches sont les suivantes:

a) amélioration des techniques d'exploitation,
b) amélioration des procédés de sciage,
c) emplois du trois dans la construction,
d) recherche de marchés.

En ce qui concerne (a), on fait, en liaison avec les agents des constructeurs, des essais d'équipements modernes d'exploitation et des démonstrations à l'usage des exploitants forestiers. On a fait récemment des essais avec le treuil automoteur Wyssen, de fabrication suisse, qui a suscité un vif intérêt en Europe. Cependant, les constructeurs, à la lumière de ces essais, pensent que des modifications sont nécessaires pour le rendre utilisable dans les conditions de la Malaisie.

En ce qui concerne les points (b) et (c), c'est en liaison avec la section de technologie que sont faites les recherches à l'échelle de l'application. C'est à l'ingénieur forestier, dépendant du conservateur des forêts (utilisation) qu'il appartient d'approuver les projets de scieries; il lui arrive souvent d'en faire lui-même les plans. En liaison avec la section de technologie, les possibilités d'emploi dans la construction des essences malaises ont fait l'objet d'une publication dans le M.F.R. N° 13 (actuellement en révision) et ont été diffusées sous forme de diagramme. Les techniques de protection contre les termites ont été essayées et les résultats publiés. On a récemment réalisé, en grandeur nature, une unité d'habitation à bon marché, en utilisant des essences accessoires ayant subi un traitement de préservation; on prévoit qu'elle pourra être vendue sur la base de 2 300 dollars malais.

En ce qui concerne le point (d) la section de technologie, en liaison avec le fonctionnaire forestier de Singapour, a été chargée d'établir les règles de classement des sciages pour la Malaisie. La FAO a recommandé l'adoption de ces règles comme base pour l'établissement de règles analogues en Extrême-Orient et dans la région du Pacifique. Cette section gère également des dépôts de bois en vue de l'acquisition, du tri, du classement, du séchage, de la préservation et de la vente des bois locaux. C'est le problème de la commercialisation des essences accessoires, moins bien connues, qui retient actuellement son attention. La construction d'unités d'habitation à bon marché, dont nous venons de parler, pourra apporter une bonne solution à ce problème.

Le programme actuel de recherche du Malayan Forest Research Institute, avec le détail de l'ensemble des travaux à réaliser par les différentes sections, a été publié en 1954 dans le Malayan Research Pamphlet N° 15 et, en 1955, dans le M.R.P. N° 15A sous le titre de Research Progress Report for 1954.

Principales références

1. FOXWORTHY, F. W. Commercial Woods of the Malay Peninsula. 1921.

2. FOXWORTHY, F. W. Minor Forest Products of the Malay Peninsula. 1922.

3. FOXWORTHY, F. W. Commercial Timber Trees of the Malay Peninsula. 1927.

4. BLAIR, R. W. et BYRON, F. E. Notes on Damar Penak. 1927.

5. WATSON, J. G. Malayan Plant Names. 1928

6. WATSON, J. G. Mangrove Forests of the Malay Peninsula. 1928.

7. BUCKLEY, F. A. Mangrove Bark as a Tanning Material. 1929.

8. FOXWORTHY, F. W., WOOLLEY, H. W. et PENDLEBURY, H. M. Durability of Malayan Timbers with a Note on Termites. 1930.

9. EDWARDS, J. P. Growth, of Malayan Forest Trees. 1930.

10. FOXWORTHY, F. NV. Dipterocarpaceae of the Malay Peninsula 1932.

11. BUCKLEY, T. A. Damars of the Malay Peninsula. 1932.

12. DESCH, H. E. Commercial Trees of the Malay Peninsula. The Genus Shorea. 1936.

13. DESCH, H. E. et THOMAS, A. V. Timber Utilisation in Malaya. 1940.

14. DESCH, H.E. Dipterocarp Timbers of the Malay Peninsula. 1940.

15. DESCH, H. E. A Manual of Malayan Timbers. 1re partie, 1940, 1954.

16. SYMINGTON, C. F. A Foresters Manual of Dipterocarps. 1943.

17. WYATT-SMITH, J. S. A Pocket Check List of Malayan, Timber Trees. 1952.

18. MENON, P. K. B. A Card Key to Malayan Timbers. M.F.R. N° 18, 1954

BARNARD, R. C. A Manual of Malayan Silviculture. 1re, 3e et 4e parties. Malayan Research Pamphlet. 1954,

BURKHILL, I. H. A Dictionary of the Economic Products of the Malay Peninsula. Government Printer, Singapour. 1930

Et parmi d'autres périodiques ou articles: The Malayan Forester, Malayan Forest Department Timber Trade Leaflets, Malayan Nature Journal et Gardens Bulletin of the Singapore Botanic Gardens.

(Traduit de l'anglais)


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