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Nouvelles du monde

Albanie

· Un article de journal indique que dans le cadre du premier plan quinquennal d'amélioration et de plantation forestières, datant de 1951, environ 8 000 hectares de forêts devaient être reboisés et des travaux d'amélioration exécutés sur 19 000 hectares. Au total, 133 pépinières forestières nouvelles devaient être installées afin de produire 48 millions de plants. Ce programme a été entièrement exécuté en quatre ans.

Le deuxième plan quinquennal national (1956-60) comprenait également un programme forestier, comportant le reboisement de 4 000 hectares, des travaux d'amélioration sur 36 000 hectares, 120 kilomètres de routes et 60 kilomètres de chemins de fer à voie étroite. On devait établir de nouvelles scieries ayant une capacité annuelle de production de 40 000 mètres cubes. En 1948, il existait 24 scieries dans le pays avec une production annuelle d'environ 60 000 mètres cubes. A la fin de 1951, un combinat forestier a été créé à Elbasan avec l'aide de techniciens soviétiques. Il a une capacité de production annuelle de 30 000 mètres cubes de sciages et de 5 000 mètres cubes de contre-plaqués.

Depuis 1951, une Semaine de l'Arbre a été organisée chaque année au cours de laquelle ont été plantés des milliers d'arbres d'essences diverses.

Australie

· Une délégation de la FAO a été invitée à assister à la septième Conférence forestière du Commonwealth britannique qui a eu lieu en Australie et en Nouvelle-Zélande l'année dernière. Les délégués de 18 pays du Commonwealth, représentant un cinquième des richesses forestières mondiales se sont réunis pour des tournées et des discussions qui ont duré de la fin août au début d'octobre.

L'essentiel du travail de la Conférence a été effectué dans les commissions. La Commission de la foresterie australienne dans son rapport, adopté par la Conférence, a présenté les recommandations suivantes:

1. Un inventaire détaillé des forêts naturelles appartenant tant à la Couronne qu'aux propriétaires privés doit être entrepris rapidement et terminé pour la Conférence du Commonwealth en 1967.

2. Toutes les forêts naturelles ayant une valeur actuelle ou future et situées sur les Terres de la Couronne doivent être désignées aussitôt que possible, comme faisant partie du domaine forestier permanent. Il est reconnu, en effet, que les forêts bien aménagées ne fournissent pas seulement du bois de qualité, mais peuvent en même temps servir à d'autres fins importantes, en particulier à la protection des bassins de réception.

3. Le programme tendant à obtenir une utilisation plus complète des forêts naturelles, à rendre possible l'application d'un traitement sylvicole et la restauration des forêts détruites par le feu et par une exploitation enlevant les arbres de qualité, doit être accéléré.

4. A l'urgente nécessité d'une expansion de la recherche forestière doit répondre la création d'un Institut central de recherches, pourvu de stations régionales, sous la direction du Forestry and Timber Bureau à Canberra. Il est indispensable de recruter un personnel de recherche correctement payé et hautement qualifié. Il appartient au Bureau de s'occuper des problèmes fondamentaux et d'assurer la coordination des travaux de recherche des Etats. Le Bureau devrait être assisté dans cette tâche par un Comité consultatif composé des représentants du Commonwealth, des différents services forestiers nationaux et de l'Organisation de la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth, et d'un nombre limité de savants éminents dans d'autres domaines.

Chili

· En décembre dernier, un expert de l'assistance technique de la FAO a accompagné un groupe de forestiers du Service de la conservation des ressources agricoles et forestières, du Ministère de l'agriculture, dans l'extrême sud du pays, dans les Magallanes et la Terre de Feu. Cette visite devait permettre au nouveau chef de la Division des Forêts d'inspecter cette région éloignée et d'étudier les relations pouvant exister entre l'exploitation forestière et l'élevage du mouton qui est, avec l'industrie pétrolière, l'une des principales activités de la région.

L'expert déclare qu'à part les régions du Monte Alto et du Rio Rubens, où de très belles forêts de Nothofagus pumilio doivent être conservées et améliorées parce qu'elles fournissent un bois excellent, l'ensemble du territoire est évidemment destiné, avec le temps, à être utilisé à l'élevage du mouton. Le relief relativement plat et le climat tempéré et généralement assez humide favorisent l'implantation de prairies étendues. A l'état naturel, on trouve une forte proportion de plantes non comestibles et d'espèces ligneuses appelées sans distinction mata negra (Verbena tridens, Berberis calafate, Mulinum spinosum, Escallonia rubra, Senecio patagonensis).

Le grand ennemi de la région est le vent qui, toujours très violent, atteint fréquemment des vitesses d'ouragan. Les périodes de temps calme sont, d'après les habitants, tout à fait exceptionnelles. Dans plusieurs endroits, la, végétation est couchée au sol par la, violence des vents violents. Ceux-ci brûlent la végétation herbacée et provoquent une terrible sécheresse lorsqu'il ne pleut pas. Les buissons fournissent à l'herbe une certaine protection, mais finissent par recouvrir pratiquement toute la surface du sol. Presque partout, les broussailles doivent être arrachées pour permettre l'extension des élevages de moutons. Actuellement, sur un élevage moyen, on peut nourrir un mouton à l'hectare. Si la brousse était défrichée et le sol semé avec des espèces plus comestibles, les possibilités d'élevage pourraient être quintuplées.

Sauf pour quelques terrains appartenant à des propriétaires privés, on a manifesté jusqu'ici assez peu d'enthousiasme pour les opérations de défrichement, naturellement très coûteuses. La, raison de cet état de choses est le système actuel de location des terres; les terrains appartenant à l'Etat et convenant à l'élevage sont classés, selon leur qualité, en trois catégories, puis répartis en lots de 2 500 à 100 000 hectares. Ces lots sont loués pour des périodes de 15 ans à des particuliers qui peuvent élever des moutons ou se livrer à d'autres activités agricoles ou même forestières. Cependant, à la fin des 15 ans, le terrain revient automatiquement à l'Etat sans que l'ancien locataire ait droit à une indemnité pour les constructions, les débroussaillements, les plantations ou les travaux d'amélioration.

Plus la terre a été améliorée, plus il y aura alors de compétiteurs pour l'obtenir, sans qu'aucune priorité soit accordée a l'ancien locataire pour l'obtention d'un nouveau bail. Il est compréhensible qu'en de telles circonstances. les locataires ne soient guère incités à apporter des améliorations.

Outre les trois catégories de terrains signalées plus haut, il est prévu que certaines zones peuvent être classées comme réserves forestières. Il existe dans la Terre de Feu une réserve très pauvre, d'environ 6 000 hectares, contenant surtout l'espèce appelée «laña dura» (Maytenus magallanica) qui fournit un excellent bois de chauffage, mais n'a aucune autre utilisation possible. Une autre réserve de 15 000 hectares dans les Magallanes a été dévastée dans le passé, mais elle est maintenant sérieusement entretenue par l'ingénieur forestier local; de belles régénérations ont commencé à apparaître, principalement de Nothofagus pumilio et de N. antarctica. Malheureusement, la réserve, à environ 10 mètres sous terre, est parcourue par des veines de charbon qui sont exploitées en plusieurs endroits et qui causent des affaissements de terrains; par ailleurs elle offre une source gratuite tentante d'étais de mine.

La réserve garnit les berges du Rio de las Minas, sur l'estuaire duquel est établi le port de Punta Arenas. Les dévastations antérieures de la couverture forestière ont entraîné une érosion accentuée de tout le bassin et par suite, l'ensablement du port. On a tenté de canaliser le cours inférieur de la rivière afin d'éviter les inondations qui dévastent fréquemment les bas quartiers de la ville. La véritable solution est évidemment de construire des barrages dans la partie supérieure du cours de la rivière et de reboiser le bassin qui, avec d'autres régions analogues, devrait être classé comme réserve forestière.

Un autre problème pour le forestier est de planter et d'installer dans cette région des brise-vent. Très peu d'arbres pousseront facilement, bien que l'existence de beaux peuplements de Nothofagus prouve que la chose n'est pas impossible. Il faut remarquer que de très beaux îlots boisés ont souvent poussé près des fermes derrière de hautes palissades de bois entrecroisés qui brisent la force du vent. Si le problème des brise-vent pouvait être résolu, cette extrémité de l'Amérique du Sud pourrait être transformée, permettant à la fois une amélioration de l'élevage et l'introduction de cultures sarclées.

Chine

· Le rédacteur de China Forestry périodique mensuel publié à Pékin, écrit qu'au début de décembre 1957 une conférence, convoquée conjointement par les Ministères de l'économie forestière et des industries forestières, a passé en revue les travaux forestiers exécutés en Chine pendant les cinq dernières années. Actuellement, moins de 8 pour cent du territoire de la Chine est constitué par des forêts, réparties de façon très irrégulière. L'objectif est de porter ce pourcentage à environ 20 pour cent pour la fin de 1967.

Protection des forêts

Une série de mesures de protection ont été prises ces dernières années pour préserver les forêts. L'Etat a voté des lois forestières tendant à restreindre les coupes abusives et les incendies de forêts. Il demande également à la population de collaborer et de lutter contre les incendies de forêts. L'attention des masses est attirée sur l'importance des arbres. Des organisations de prévention d'incendiés sont mises en place. Les villages des régions forestières s'engagent à s'aider mutuellement pour prévenir les incendies.

Au cours des deux ou trois dernières années, 5 700 kilomètres de routes forestières ont été construites et plus de 7 000 kilomètres de lignes téléphoniques ont été installées en forêt. L'année 1957 a vu l'installation de 37 stations météorologiques et de détection d'incendier et de 14 postes de lutte contre l'incendie équipés d'extincteurs chimiques. Dans les régions du Nord-Est et de la Mongolie intérieure, où se trouvent de vastes étendues de forêts, on a adopté la reconnaissance aérienne. Résultat: en de nombreux endroits aucun incendie de forêt n'a été signalé depuis.

Une attaque à fond a été déclenchée contre les ennemis de la forêt. Outre des produits chimiques saupoudrés ou pulvérisés, soit à la main, soit par avion, on a utilisé des parasites des insectes et des vers nuisibles à la forêt, en particulier des hyménoptères. On a commencé, à titre expérimental, à établir des prévisions d'attaques des ennemis de la forêt.

Lorsque les masses ont appris à s'intéresser aux arbres, leur imagination et leur esprit d'initiative leur suggèrent bien des remèdes efficaces. L'une des mesures acceptée par la population est celle qui consiste à faciliter la régénération naturelle en clôturant certaines zones forestières. On prétend que 3 890 000 hectares ont été enclos pendant la seule année 1956 pour favoriser la régénération naturelle. En cinq ans (1953-57), 5 910 000 hectares ont été clôturés dans le même but.

L'Etat a rendu cette méthode populaire et les paysans l'appliquent avec enthousiasme, car elle conduit non seulement à faire prospérer les forêts et à éviter ainsi l'érosion du sol et les inondations, mais elle permet d'obtenir également d'importantes quantités de bois de chauffage, de fourrage et d'engrais. L'exemple de Faku Hsiang (un hsiang est une unité administrative comprenant plusieurs villages) dans la province de Liaoning au nord-est de la Chine est instructif. En 1951, les paysans de ce hsiang ont clôturé 610 hectares pour favoriser la régénération naturelle. Cinq années plus tard, la clôture a été ouverte un certain temps et les villageois ont extrait pour 8 800 yuan (environ $3 520) de produits forestiers. En outre, grâce à la restauration de la couverture forestière, plus de 60 hectares de terres arides ont pu être transformés en rizières et les villageois ont pu élever des vers à soie dans la forêt régénérée ce qui leur a rapporté encore 20 000 yuan à l'automne dernier.

Le premier plan quinquennal avait prévu la plantation de 3 500 000 hectares de futaies. On affirme qu'à la fin de 1957, 5 160 000 hectares ont été plantés, ce qui dépassait le plan original de 45 pour cent.

AFGHANISTAN:

Dans certaines zones, des peuplements de Pinus gerardiana sont protégés par la population locale qui tire des revenus appréciables de la récolte et de la vente des graines comestibles. Cependant, les arbres sont presque tous trop âgés, et un petit nombre seulement de jeunes pins sont capables de s'installer par suite de la récolte des cônes, de l'enlèvement des aiguilles et de la litière sous les arbres et du pâturage. Cette espèce peut se régénérer naturellement et, si elle est protégée et correctement aménagée, elle pourra produire à la fois des graines comestibles et un supplément appréciable de bois.

Ci-dessus, un jeune P. gerardiana près de la «Khadei Pass», dans la Province du Sud.

Photo: B. Clarke

85 pour cent des forêts nouvellement plantées se trouvent dans les provinces au sud du fleuve Yangtsé. C'est dans les provinces du Sud que l'on a le plus travaillé, parce qu'il y est depuis longtemps traditionnel de planter des arbres et que la chaleur du climat, l'abondance des précipitations et la fertilité du sol provoquent une croissance rapide. Par exemple, dans la province de Tche-kiang, les cimes des pins forment un couvert serré en trois fois moins de temps que dans les provinces du Nord-Est. Aussi la région qui se trouve au sud du Yangtsé deviendra-t-elle, à l'avenir, la principale région productrice de bois d'œuvre du pays.

On estime que les nouvelles forêts plantées pendant la période du premier plan quinquennal commenceront à produire d'ici 30 à 40 ans. En prenant une moyenne de production de 150 à 300 mètres cubes de bois à l'hectare, la masse de bois produite par ces nouvelles forêts représentera plus de 1 000 millions de mètres cubes.

Les travaux géants de conservation des eaux entrepris par la Chine dans les vallées des fleuves Yangtsé et Huai sont bien connus. Mais si les arbres ne sont pas rétablis sur les rives supérieures de certains grands fleuves, spécialement du fleuve Jaune, et si les dévastations dues au désert de Gobi ne sont pas arrêtées, aucun travail de conservation ne peut être considéré comme définitif. En fait, il ne serait guère utile. C'est pourquoi, la construction de rideaux protecteurs et la plantation d'arbres pour la retenue des eaux et la conservation du sol tiennent une place si importante dans le programme de reboisement.

Des rideaux de protection contre le sable ont été plantés dans la partie ouest du nord-est de la Chine, l'est, de la Mongolie intérieure, les provinces de Hope, Chensi, Honan et Kansou. On a aussi projeté de construire des rideaux de protection dans la dépression de Tourfan dans le Sinkiang et sur l'île de Haïnan. La reconnaissance et la prospection de ces régions sont en cours.

Les boisements effectués en vue d'obtenir des produits forestiers spéciaux auraient dépassé les chiffres du projet original de près de 400 pour cent. En 1956, 600 000 hectares d'arbres produisant l'huile d'abrasin (Aleurites fordii) ont été plantés. Des arbres produisant l'anis étoilé (Illicium verum), l'huile de graines de thé (Thea oleosa), le suif végétal (Sapium sebiferum), les noix et le camphre (Cinnamomum camphora) ont également été plantés en très grand nombre, et la gestion de ces vieilles forêts a été améliorée. La production d'huile d'abrasin, en 1956, a dépassé d'environ 45 pour cent celle de 1949 et la production d'huile de thé comestible, en 1954, a été supérieure de 30 pour cent à, celle de 1950. L'exploitation forestière, en ce domaine, permet non seulement de satisfaire les demandes sans cesse accrues du marché intérieur, mais aussi d'obtenir une grande quantité de matières premières pour l'exportation. Des statistiques du Ministère du commerce extérieur montrent que, parmi les 23 articles de matières premières exportées pendant les quatre à cinq dernières années, 12 étaient des produits forestiers.

La Chine possède trois instituts de recherches spécialisés en foresterie: l'Institut forestier dépendant du Ministère des forêts à Pékin, l'Institut de foresterie et de pédologie à Chenyang (Moukden), et l'Institut de botanique de la Chine du Sud à Canton, les deux derniers rattachés à l'Académie des sciences de Chine. En outre, chaque province possède son propre centre de recherches.

Costa Rica

· En 1955, le Comité de coopération économique des cinq pays de l'Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua) a demandé au Comité d'assistance technique des Nations Unies de mettre à leur disposition, par l'entremise de la FAO, les services d'un expert de l'enseignement forestier en vue de développer l'enseignement forestier et les cours de formation déjà assurés depuis 1950/51 par l'Institut interaméricain des sciences agricoles.

En prenant cette décision d'aider au développement du programme de formation forestière de l'Institut de Turrialba, l'existence des écoles forestières de Mérida au Venezuela, et de Medellin en Colombie, n'a pas été oubliée; mais ces écoles sont établies sur des bases différentes: les étudiants y sont admis pour un cycle complet d'études forestières, comportant les disciplines fondamentales ainsi que leur application en foresterie. Les études y durent quatre ans, tandis qu'à Turrialba, elles sont limitées à une année d'enseignement supérieur intensif sur la foresterie et sont destinées à des étudiants déjà diplômés, sortant plus particulièrement d'une école d'agriculture. Outre l'enseignement qu'il reçoit, chaque «assistant diplômé» (titre donné aux étudiants à l'Institut de Turrialba) est tenu d'étudier spécialement un sujet de son choix, de préférence se rapportant à un problème spécifiquement forestier de son propre pays et de préparer une thèse sur ce sujet afin d'obtenir le titre (M.A.) conféré par l'Institut de Turrialba aux «assistants diplômés» ayant réussi leurs examens. En d'autres termes, les cours de Turrialba visent spécialement à compléter l'instruction des diplômés es sciences, en les orientant nettement vers la foresterie, ce qui leur permettra de devenir dans leur propre pays des personnalités dirigeantes en matière forestière.

Les ingénieurs des forêts qui seront chargés des fonctions d'administration et de direction sur un certain territoire et ceux qui désirent se spécialiser dans les recherches forestières sont également nécessaires à l'exécution d'un programme équilibré de développement de la foresterie. L'expérience des autres pays, qui ont eu la chance d'avoir des services forestiers depuis plusieurs années, montre que des hommes, qui sont de bons administrateurs ou de bons directeurs ne sont pas toujours aptes à la recherche, tandis que des spécialistes doués pour la recherche peuvent ne pas convenir aussi bien pour un poste d'administration ou de direction. Les disciplines enseignées dans les instituts de Turrialba et de Mérida, loin de s'opposer, sont donc complémentaires.

Il y aurait, de toute évidence, le plus grand intérêt à disposer, en Amérique centrale elle-même, d'un tel moyen de formation forestière. De même, la centralisation de l'enseignement forestier, à l'usage d'étudiants déjà diplômés, offre-t-elle de nombreux avantages lorsque cet enseignement intéresse un certain nombre de petits pays. L'Institut inter-américain des sciences agricoles de Turrialba est sans nul doute le centre le plus approprié de l'Amérique centrale. L'Institut est financé par les contributions d'un certain nombre de pays membres de l'Organisation des Etats américains, suivant un programme de coopération internationale; il possède de vastes aménagements résidentiels des salles de classes et des laboratoires, une excellente bibliothèque technique, des facilités pour l'expérimentation forestière sur son propre domaine et se trouve à proximité de tous les types importants de forêts de l'Amérique centrale. On dispose, en outre de professeurs qualifiés pouvant éventuellement enseigner physiologie, taxonomie, pathologie, économie et développement agricoles. Le coût total de ces études, y compris les dépenses de nourriture, de logement et de voyages au cours de l'année, est raisonnable et s'élève approximativement à 2 000 dollars.

M. E. J. Schreuder a été envoyé comme expert forestier de la FAO à l'Institut de Turrialba, de juin 1955 à septembre 1966, époque à laquelle il est passé à l'«Instituto Latino Americano de Investigación y Capacitación Forestal» à Mérida, Venezuela projet international de la Commission des forêts de la FAO pour L'Amérique latine. M. A. Hyndman Stein lui a succédé .

Etats-Unis d'Amérique

· L'activité du Service forestier dans le domaine des recherches sur les incendies de forêts s'est développée au cours des toutes dernières années. De nombreuses études d'intérêt local et quelques études d'intérêt général sont en cours. Parmi celles-ci, citons:

1. Evaluation des risques d'incendié.

2. Amélioration de la méthode consistant à employer des avions pour déverser de l'eau et des produits chimiques sur le feu afin d'appuyer l'action. des effectifs luttant au sol (emploi limité en Californie en 1956 et 1957).

3. Perfectionnement des accessoires pour hélicoptères permettant le déversement de l'eau ou la pose de tuyaux, que ce soit pour les petits ou les grands hélicoptères.

4. Essais d'emploi du borate de sodium et de calcium pour ralentir la marche du feu. Ces essais ont été concluants à la fois sur de petits incendies et sur des feux intéressant de grandes surfaces.

5. Renseignements sur les origines et le développement des orages; on recueille actuellement de plus amples informations à ce sujet et l'on a démontré qu'il était au moins possible de dissocier les cumulus en formation avant qu'ils atteignent le point de décharge électrique .

6. Mise au point d'«indices de sécheresse» afin de mieux montrer les effets cumulatifs du temps défavorable précédant sur le danger actuel.

Des plans de travail ont été élaborés pour poursuivre les études en cours et entreprendre de nouvelles recherches:

1. Il sera, procédé, dans Le Sud, à des essais d'emploi d'avions pour appuyer l'action des effectifs luttant sur le terrain.

2. On procédera dans le Sud à des essais d'emploi du borate de calcium et de sodium comme éléments de ralentissement du feu à la fois par application aérienne et au sol.

3. On développera les études sur la détection et la propagation des orages parallèlement aux recherches sur la désagrégation des nuages.

4. L'étude des feux courants sera développée.

5. On mettra au point des techniques pour procéder à une étude des vents dans les régions critiques.

6. On procédera à l'essai de méthodes permettant d'éliminer la broussaille pour faciliter la lutte.

7. On recherchera les moyens d'accroître l'efficacité de l'intervention initiale par une plus grande rapidité et par la mise en œuvre de moyens plus puissants.

8. On étudiera les moyens systématiques de déterminer et de classer les éléments combustibles.

9. On mettra au point les techniques d'incinération contrôlée permettant d'obtenir le résultat recherché avec toute la sécurité requise.

· La revue trimestrielle Fire Control Notes (notes sur la lutte contre les incendies) du Service forestier des Etats-Unis a pu disposer, en l957, de plus d'articles que de coutume traitant des principaux aspects de la lutte contre le feu. Elle a réservé une place plus modeste aux études traitant de l'outillage et des machines sans toutefois les négliger.

Un fonctionnaire supérieur du Service forestier a consacré une étude remarquable à l'ensemble de la question complexe de la lutte contre le feu mise au point dans la région septentrionale de la Rocky Mountain National Forest. Cette région, au cours des premières années de l'existence du Service forestier créé en 1905, a été le théâtre d'immenses incendies de forêts particulièrement dévastateurs qui, jusqu'en 1930, ont détruit annuellement une surface de l'ordre de 102 000 hectares (250 000 acres). La raison essentielle de ce dommage inadmissible est l'inaccessibilité de la plupart des forêts interdisant une intervention rapide des secours.

Depuis lors, l'emploi de moyens mécaniques puissants permettant la construction rapide et économique de routes de montagne a rendu possible au cours des années 1931-40, une large extension du réseau routier dans les massifs jusqu'alors inaccessibles. Il en est résulté une diminution de la surface moyenne incendiée annuellement qui est tombée à 25 300 hectares (62 500 acres).

Vers la fin de cette période, l'emploi d'avions dans la lutte contre le feu a conduit à la mise en œuvre du projet dit Smoke Jumper (Pompiers parachutistes) de sorte que, depuis 1951, la surface moyenne détruite annuellement n'est plus que de 3 290 hectares (8 000 acres). Ce résultat, sans nul doute, fut incontestablement atteint en partie grâce à des circonstances climatiques favorables.

A chaque pas fait en avant dans le domaine de la technique a correspondu une étude sérieuse du problème posé. Des méthodes nouvelles et plus complexes de lutte contre le feu ont dû être mises au point, chaque plan traite de la prévention, de l'organisation de la lutte active et de l'extinction. La leçon essentielle que l'on peut tirer des progrès accomplis au cours des 50 dernières années est que chaque nouveau progrès accompli dans les domaines de l'invention et de la recherche doit nécessairement correspondre à l'élaboration de nouveaux plans et de nouvelles méthodes. On peut donc dire que, par essence, la lutte contre le feu est matière à évolution continue. Chaque unité de base, qu'elle soit fédérale ou d'Etat, a mis au point sa propre organisation; celle qui est rapportée ici est considérée comme une des meilleures.

Un autre article important qui traite d'un nouveau moyen, l'avion-citerne, dont l'emploi se généralise en Californie, conduit à penser qu'une fois de plus une idée neuve est sur le point de voir le jour en matière de lutte contre les incendies. L'avion-citerne utilisé en Californie en 1956 et 1957 à quelques performances spectaculaires a son actif. A l'origine, les avions du type de ceux employés en agriculture déversèrent de l'eau, puis de l'eau additionnée d'une forte proportion de borate de sodium. Depuis lors, il a été nécessaire d'expérimenter la méthode en tenant compte des problèmes particuliers que pose son emploi au cours d'incendies difficiles. Jusqu'ici l'intervention aérienne par bombe à eau en matière de feux de forêts permet de contenir un incendie limité jusqu'à l'arrivée des premiers secours, d'abaisser les fortes températures des zones critiques pour permettre aux hommes d'approcher le feu et de travailler avec sécurité, d'éteindre les foyers épars, de constituer, en utilisant du borate, une ligne de combustion ralentie sur le front du feu là où les hommes ne peuvent intervenir, de réduire le risque des feux de cimes, de renforcer les lignes de défense existantes, d'appuyer directement les secours au sol travaillant activement à la création de lignes garde-feu, de traiter préventivement des zones où la naissance de foyers épars est à redouter. Jusqu'à maintenant, l'avion-citerne n'a pas la possibilité d'éteindre des feux courants de broussailles ou de peuplements, d'intervenir avec sécurité par grand vent, d'effectuer des déversements dans le fond de canons abrupts ou dans certains endroits inaccessibles, de diminuer la haute température des foyers dans des peuplements adultes, ni de travailler la nuit.

L'emploi de ce nouveau moyen de lutte contre le feu a nécessité la mise au point de nouveaux plans d'organisation. On utilise en effet, généralement, toute une flotte d'avions-citernes. Le choix du moment auquel doit être déclenchée cette intervention supplémentaire en liaison avec les secours sur le terrain et l'organisation même de cette liaison doivent faire l'objet d'études. Il en est de même pour la constitution d'une flotte aérienne adaptée aux opérations à entreprendre sur un terrain souvent accidenté et extrêmement difficile. L'emploi d'avions jugés d'un type trop ancien par la marine des Etats-Unis a permis de réaliser les opérations de a «bombardement» avec une précision et une sécurité accrues.

Cette méthode toute nouvelle peut encore conduire à reconsidérer les problèmes de la suppression de la couverture vivante dense et très dangereuse constituée par des essences facilement inflammables comme celles que l'on rencontre dans la brousse de la Californie méridionale et ailleurs, et dans les points critiques des territoires inaccessibles.

Tout progrès technique de cette sorte implique et requiert la mise à la disposition des personnels chargés de la lutte contre le feu de plus amples informations, nécessaires à une mise en œuvre efficace de la nouvelle méthode. Parmi celles-ci, citons celles qui intéressent les principes de la combustion et leur l'importance dans les méthodes de lutte contre le feu. Un article de Fire Control Notes, rédigé par une autorité qui fait foi en la matière, résume clairement ce que l'on sait actuellement sur ce sujet. Ainsi cette petite publication porte à la connaissance de ses lecteurs des informations sur ce qu'un spécialiste de la lutte contre le feu doit aujourd'hui savoir et savoir faire.

IRAK:

Populus X euramericana de 2 ans dans une vaste plantation de peupliers sur la rivière «Bigger Zab» entre Arbil et Mossoul. Ils sont irrigués grâce à la rivière.

Photo: S. von der Recke

LIBAN:

Il ne reste que deux îlots de forêts de cèdre dans le pays. L'un d'eux dont la superficie est de 2 hectares se trouve à 1900 mètres d'altitude. La photographie montre le plus gros cèdre de cette forêt. Noter l'homme dans l'arbre. Aux environs, des superficies étendues sont maintenant en cours de reboisement. On sème Cedrus et on plante Robinia pour servir d'abri.

Photo: S. von der Recke

· Wood for Marine Use and its Protection from Marine Organisms (Les bois employés dans la marine et leur protection contre les organismes marins) (ASTM Bulletin technique spécial N° 200, The American Society for Testing Materials, 1916, Race St., Philadelphie 3, Pa., 52 p.). Cet ouvrage contient dés documents qui ont été présentés à une session technique de la deuxième assemblée nationale de la zone du Pacifique qui s'est tenue en Californie à Los Angeles, le 17 septembre 1966. Quatre études particulières traitent: de la répartition et de l'importance des térébrants marins aux Etats-Unis, des essais d'immersion en milieu marin de bois traité à l'aide de divers agents de conservation; d'essais d'emploi de composés à base de métaux lourds, des relations existant entre les différentes espèces de Limnoria et de la durabilité des pilots créosotés. L'ouvrage comprend également une bibliographie destinée à mettre à la disposition des ingénieurs, sous forme d'un tableau à double entrée, l'indication des documents importants les plus récents et les mieux conçus traitant de la biologie et de l'écologie des térébrants marins, et analysant les diverses espèces d'organismes déprédateurs connus ainsi que les substances dans lesquelles ils pratiquent leurs forages. La bibliographie a été divisée en trois parties: une liste annotée d'ouvrages classés par auteurs ensuite, un classement général systématique des organismes; enfin, une liste des principales substances qui ont été attaquées par les térébrants.

Pris dans leur ensemble, les documents en cause ont eu pour but d'analyser les problèmes que posent les térébrants marins, de signaler les difficultés rencontrées, d'exposer les résultats des recherches spéciales entreprises sur la nature et la répartition de certains organismes, de définir les zones les plus exposées aux attaques et de mettre en évidence l'efficacité de certains procédés spécifiques de protection.

Iran

· Un ouvrage intéressant sur l'aménagement des forêts a été écrit récemment par Gholam Ali Banan, du Ministère de l'agriculture de l'Iran. Cet ouvrage est publié en persan. Il contient un exposé détaillé des méthodes classiques utilisées en Europe et en Amérique et applicables en Iran.

Après une introduction dans laquelle l'auteur explique notamment les relations entre la sylviculture et l'aménagement, l'ouvrage est divisé en deux sections. La première est consacrée aux principes généraux qui servent de base aux travaux d'aménagement forestier. Et l'auteur insiste ici sur les notions de peuplement normal et de possibilité, ainsi que sur les différentes sortes d'exploitabilité. La deuxième section traite des techniques d'aménagement et examine successivement les travaux préparatoires (reconnaissances, inventaires, division de la forêt en unités d'aménagement etc.), puis les travaux essentiels (établissement de la possibilité, choix des méthodes de traitement sylvicole et de régénération des peuplements ainsi que des règlements d'exploitation). Enfin, il examine certains cas particuliers: aménagement des peuplements après conversion, des pares et des forêts de tourisme, etc.

L'auteur mentionne en particulier le système des fonds de réserve qui est trop souvent négligé, bien qu'il présente des avantages incontestables en assurant une certaine souplesse dans l'aménagement pour faire face aux changements de la situation économique

L'auteur n'a pas fait de recommandations particulières au sujet des méthodes qui conviennent le mieux à la situation forestière actuelle de l'Iran. Il n'a examiné ni les possibilités d'aménagement mixte des forêts où le pâturage est autorisé, ce qui est si fréquent dans ce pays, ni l'utilisation pastorale et forestière des régions montagneuses. Toutefois, son ouvrage met à la portée des étudiants et des techniciens de langue persane une documentation excellente sur les problèmes d'aménagement forestier et sur les méthodes utilisées dans les autres pays pour les résoudre.

Nouvelle-Zélande

· La septième Conférence forestière du Commonwealth, déjà mentionnée dans la présente publication, fait, l'objet d'un compte rendu détaillé dans le numéro de décembre 1957 de l'Empire Forestry Review. En ce qui concerne l'utilisation d'essences exotiques dans les programmes de reboisement, question sur laquelle a particulièrement porté la Conférence et à propos le laquelle la Nouvelle-Zélande possède évidemment une très grande expérience, la Conférence a invité l'Institut forestier d'Oxford, Angleterre, à mettre au point et à publier un résumé général, par essence, des renseignements très complets fournis à la Conférence par les pays membres.

La prochaine Conférence doit, se tenir en 1962 en Afrique-Orientale - Kenya, Ouganda et Tanganyika.

En ce qui concerne plus particulièrement; la Nouvelle-Zélande, la Conférence recommandé:

1. Que l'on détermine la surface boisée minimum constituée par des essences indigènes nécessaires à l'intérêt national et que l'on fasse en sorte que cette surface boisée assure une production soutenue que l'on intensifie les travaux visant à restaurer les terrains partiellement déboisés dans les forêts de l'Etat; que l'on étudie plus soigneusement les problèmes posés pour les essences indigènes.

2. Etant donné l'importance que la régularisation des bassins de réception en montagne revêt pour la Nouvelle-Zélande puisque son niveau de vie global repose en grande partie sur le niveau élevé de la, production agricole et pastorale de ses plaines, que les autorités intéressées prêtent la plus grand e attention aux problèmes soulevés par la protection de la forêt, lors de la réalisation du programme de protection déjà amorcé.

3. Que l'on utilise un plus grand nombre d'essences exotiques afin d'obtenir des boisements variés.

4. Que l'on effectue de bonne heure des élagages et des émondages dans tous les peuplements d'exotiques de seconde génération et si possible, dans les peuplements plus jeunes de première génération, même si un traitement aussi précoce n'est pas directement rémunérateur.

5. Que l'on assure, étant donné les besoins en ce domaine, des débouches et des marchés nouveaux à la production forestière si l'on veut que l'aménagement des peuplements d'exotiques repose sur une base solide. Que d'importantes industries intégrées se développent dans les principales zones de forêts et que de petites unités industrielles s'établissent dans d'autres régions.

6. Etant donné la menace réelle représentent les maladies et les dégâts causés par les insectes, principalement pour les essences exotiques, que l'on intensifie les mesures préventives.

7. Qu'en dépit d'une expansion notable des recherches au cours de ces dernières années dans le domaine de la forêt, de nouveaux progrès soient réalisés de toute urgence étant donné le nombre de problèmes non encore résolus.

Philippines

· L'Institut de recherche sur les produits forestiers se trouve situé dans Makiling Park non loin de Los Baños, Laguna, sur un terrain de deux hectares. C'est une institution gouvernementale semi-autonome, rattachée à l'Université des Philippines pour des raisons de principe. Sa création est due à une prise de conscience de plus en plus nette de la nécessité d'utiliser les produits forestiers des Philippines de manière plus efficace et plus complète.

A partir d'environ 1905, des études sur les propriétés et les utilisations du bois ont été effectuées sur une petite échelle par le Bureau des forêts et le Bureau des sciences. En 1926, on a créé au sein du Bureau des forêts un service des produits forestiers chargé de poursuivre la recherche dans ce domaine et, en 1933, ce service a été transformé en section du Service des recherches forestières. Au cours de ces années ont été publiés de nombreux travaux de valeur qui sont encore utiles. En 1952, la création d'un laboratoire pour les produits forestiers a été ordonnée en tant que service distinct du Bureau des forêts. Ce laboratoire a commencé ses travaux de recherche en novembre 1954. Le 5 juillet 1957, un décret du président de la République réunissait la Section des produits forestiers du Bureau des forêts et le Laboratoire des produits forestiers en un seul organisme: l'Institut de recherche pour les produits forestiers. Cette réorganisation a donné au nouvel Institut une grande liberté d'action pour mener ses affaires et poursuivre ses recherches

Etant donné les méthodes que l'on utilise actuellement pour sortir les grumes de la forêt et les transformer en produits utiles, de nombreux arbres restent sur pied parce qu'ils présentent des défauts ou ne sont pas des essences commercialisables de façon profitable. De plus, on laisse sur place des souches hautes, des grosses branches, des houppiers et tout ce qui est cassé pour n'enlever que les grumes vendables. Une fois que ces grumes sont à l'usine pour y être transformées en bois scié, en contre-plaqués et autres produits, elles donnent de nouveaux déchets sous forme de sciure dosses, délignures, copeaux, rognures, écorce, morceaux brisés ou défectueux. Au total, la moitié ou les deux tiers du bois d'un arbre abattu se perd entre le moment où il sort de la forêt et celui où il parvient au consommateur final.

Cette énorme quantité de bois inemployé a une grande valeur potentielle, comme source de matière première pour de nouvelles industries à base de bois et pour de nouveaux produits. On peut utiliser, par exemple, quelques-uns de ces déchets pour en faire des panneaux de construction, de la pâte à papier, du charbon de bois, de la cellulose raffinée, des extraits d'écorce, des bois de petites dimensions et de nombreux produits chimiques. Ces produits ne peuvent être fabriqués de façon commerciale que s'ils sont rémunérateurs. Il n'y a pas d'usine qui puisse fonctionner longtemps à perte.

Un des principaux problèmes posés à la recherche en matière d'utilisation du bois consiste donc à trouver comment employer ces résidus de manière rentable. La solution du problème nécessite des recherches et des études qui devront être poursuivies sans interruption sur une grande échelle, mais qui seront, à la longue, nettement profitables pour la nation.

On peut résumer, comme suit, les objectifs que se propose le programme de recherche et de mise en valeur de l'Institut:

a) Etudier les propriétés de 3 000 essences forestières différentes des Philippines afin de déterminer quelles utilisations leur conviennent le mieux.

b) Etudier et améliorer le traitement chimique, le séchage, les traitements de protection et les autres industries de débit et d'amélioration du bois afin que celui-ci puisse être transformé en un produit final de façon plus efficace et plus rentable et que le consommateur soit pleinement satisfait.

c) Développer de nouvelles industries employant comme matière première les résidus non utilisés actuellement, et fournir ainsi des emplois nouveaux à la main d'œuvre et d'autres avantages économiques.

d) Trouver des utilisations rentables pour des essences qui ne sont pas encore utilisées et pour des essences possédant des propriétés intéressantes.

e) Entreprendre tout autre genre de recherche susceptible de contribuer à une utilisation plus efficace des produits forestiers.

L'Institut de recherche pour les produits forestiers a pu développer son programme de recherche grâce surtout aux efforts réunis du gouvernement des Philippines qui a fourni les bâtiments et paie les traitements du personnel et les frais d'exploitation, de l'Administration américaine de coopération internationale (U.S.I.C.A.) qui a fourni la majeure partie du matériel initial de recherche et d'exploitation, et de la FAO qui a envoyé, sous la direction de M. G. M. Hunt, des conseillers techniques dont la fonction est d'aider au choix du matériel, à la formation du personnel et à la mise en œuvre du programme de recherche. Ces institutions, de nombreux autres organismes ainsi que des particuliers ont donné des livres et des fournitures diverses, ont offert des bourses de perfectionnement à l'étranger et/ou ont apporté leur participation sous la forme d'une contribution financière.

Un conseil d'administration assume la direction générale de l'Institut. Les affaires administratives et financières et la recherche dépendent d'un directeur, d'un directeur adjoint et de cinq chefs de services. Ces services sont:

Le Service administratif qui gère les affaires administratives et financières, la marche et l'entretien de l'Institut.

Le Service des recherches chimiques qui étudie la composition chimique du bois et de ses sous-produits, la fabrication de la pâte, du papier, des panneaux de construction, de produits chimiques secondaires et les questions connexes.

Le Service des recherches industrielles qui étudie la résistance des bois, les questions relatives mécaniques du bois, et le degré d'adaptation des bois à certaines utilisations particulières.

PÉROU:

L'expert de la FAO chargé de l'assistance technique au Pérou nous envoie cette photo de magnifiques grumes d'acajou que l'on s'apprête à charger sur des camions de cinq tonnes à proximité de la route principale reliant Pucallpa à Tingo Maria. Les grumes sont débardées avec des tracteurs, et le chargement est effectué à l'aide de tracteurs équipés de treuils.

Photo: M. A. F. Dijkmans

Le Service de protection du bois qui étudie les propriétés physiques du bois, sa durabilité quand il est ou n'est pas traité, les procédés de protection et de séchage, les dégâts que causent les insectes et les champignons et toutes les questions connexes.

Le Service de technologie du bois qui étudie la structure microscopique et les caractéristiques des fibres du bois, les méthodes permettant l'identification de chaque essence, les rapports existant entre la structure, les propriétés et les diverses utilisations, la fabrication de placages, contre-plaqués et autres produits collés, les menus produits de la forêt, et toutes les questions connexes.

Le personnel de l'Institut comptait 152 employés en janvier 1958. Il comprend des ingénieurs chimistes et du génie civil, des ingénieurs électriciens et mécaniciens, des laborantins, des technologistes, des botanistes, des forestiers, des entomologistes, des pathologistes, des administrateurs, des employés de bureau, des ouvriers spécialisés, des charpentiers et des manœuvres. Il est nécessaire que tous s'intéressent au programme de recherche afin que celui-ci puisse être rapidement mis en œuvre dans tous les domaines auxquels il s'applique.

Suisse

· La Division des Forêts de la FAO s'est particulièrement intéressée à la thèse que M. E. Rieben, ingénieur forestier à Vallorbe, a présentée à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Cet ouvrage, intitulé La forêt et l'économie pastorale dans le Jura, constitue une étude très complète des pâturages de montagne du Jura suisse, et plus particulièrement du Jura de langue française qui comprend les cantons de Vaud, de Neuchâtel et de Berne. Toutefois, par la place très large que son auteur fait aux problèmes de l'utilisation des terres, et plus spécifiquement de leur utilisation forestière et pastorale en montagne et des relations existant entre ces activités, ce livre est d'un intérêt général pour tous les forestiers qui ont à se préoccuper de ces délicats problèmes.

La première partie du livre décrit le milieu physique et les circonstances historiques qui ont façonné l'aspect des régions de haute altitude du Jura de langue française. La presque totalité des pâturages de cette zone a été conquise sur la forêt par l'action de l'homme et de ses troupeaux. Tant que le peuplement humain a été peu dense, les terrains ont fait l'objet d'une double utilisation, pastorale et forestière, qui se poursuit du reste encore sur plus de 18 000 hectares, il en est résulté une répartition des utilisations souvent irrationnelle et fréquemment même dangereuse pour la conservation du sol. La loi forestière fédérale de 1902, en assimilant les pâturages boisés aux forêts et en prescrivant «de maintenir la superficie forestière actuelle des pâturages boisés» a donné aux forestiers une grande responsabilité dans le traitement des pâturages de montagne.

La seconde partie du livre présente un intérêt plus général. L'auteur y étudie l'influence réciproque des deux modes d'utilisation des terres: pastoral et forestier. Il montre successivement l'influence du pâturage sur la composition en essences des peuplements forestiers, dans ce cas particulier, la régression du sapin et du hêtre par rapport à l'épicéa, puis son influence sur les sols et enfin les conséquences désastreuses d'un pâturage abusif. M. Rieben démontre parfaitement, en conclusion de cette seconde partie, la nécessité, dans les conditions écologiques et édaphiques du Jura et dans le cadre d'une économie qui, comme c'est le cas ici, doit tirer le parti maximum des potentialités de production du sol, d'une ségrégation complète des utilisations forestière et pastorale des terres. Cela ne signifie nullement, bien entendu, que les boisements qui existent sur les pâturages en particulier sous forme de bouquets abris ou de brise-vent, doivent être nécessairement éliminés. Bien au contraire, il y a lieu de tirer le meilleur parti de ces boisements d'en constituer artificiellement si besoin est, et de prendre des mesures spéciales pour assurer leur régénération; mais il convient de les considérer comme des accessoires de l'exploitation pastorale à laquelle ils procurent certains bénéfices appréciables, s'ils sont convenablement disposés. Par contre, les boisements occupant sur ces pâturages des terrains susceptibles de produire un fourrage de qualité seront éliminés. Quant aux terrains réservés à la production du bois, le pâturage en sera définitivement et complètement exclu. La répartition des boisements à laisser subsister sur le terrain consacré au parcours dépendra des conditions locales et des buts recherchées le principal étant ici d'assurer au bétail un abri efficace contre les vents froids et les intempéries, et au sol une protection contre l'érosion par ruissellement sur les terrains à forte pente.

En principe, les arbres isolés ou formant des boisements clairs sous lesquels la qualité et la quantité du fourrage produit sont très déficientes seront éliminés, bien que, dans d'autres conditions que celles du Jura (l'auteur cite en particulier le cas des mélézins de haute altitude dans les Alpes) cette forme de boisement puisse avoir un intérêt pastoral défini.

Quant aux critères qui doivent être pris en considération pour fixer une répartition judicieuse des terres entre l'exploitation pastorale et l'utilisation forestière, maintenant nettement séparées, ils font l'objet de la troisième partie du livre. L'auteur examine successivement, les critères physiques (situation, géologie, pédologie, climat, relief qui, ensemble, constituent le groupement phytosociologique), puis les facteurs économiques et sociaux . En ce qui concerne les facteurs économiques, il note que, si l'on se base sur les taux de location des pâturages de montagne actuellement obtenus par les collectivités propriétaires, le rendement en argent à l'hectare, des terrains pastoraux n'atteint en moyenne que la moitié du rendement moyen des terrains forestiers (60 f suisses contre 120 f). Mais il conclut avec raison, que bien d'autres considérations doivent intervenir ici, et, en particulier, l'avantage considérable que tirent l'élevage et les populations montagnardes de l'estivage dans les pâturages alpestres.

La quatrième partie du livre est consacrée aux moyens de rendre effective la séparation des exploitations pastorales et forestières (à l'aide de haies et le clôtures) et de restaurer ou de boiser les terrains désormais soustraits au parcours.

L'élimination du parcours sur les terrains réservés à l'exploitation forestière devrait entraîner la nécessité de restreindre le nombre de bêtes admises au parcours. L'auteur estime cependant que ce n'est nullement une nécessite dans le Jura et que les améliorations pastorales qu'il décrit longuement dans la cinquième partie de son ouvrage doivent permettre de compenser très largement la production fourragère des surfaces soustraites au parcours. Il y a lieu toutefois de noter que l'exécution de ces améliorations suppose des techniques très élaborée,. et des moyens en main-d'œuvre, en matériel ou en capitaux qui peuvent assurément être aisément réunis dans le Jura, mais qui pourraient difficilement l'être tous dans d'autres conditions.

Même ici, les travaux de cette nature sont puissamment aidés non seulement par les organismes syndicaux ou coopératifs dont les propriétaires ou locataires de parcours sont eux-mêmes les animateurs. mais aussi par de larges subventions des cantons et de la Fédération. Cette contribution des divers intéressés à la réalisation des améliorations sylvo-pastorales fait l'objet de la sixième partie du livre. L'auteur y appelle en conclusion l'attention sur la nécessité d'une coordination des efforts de tous les organismes intéressés à une utilisation rationnelle des terres, et suggère l'institution d'«un organisme disposant des connaissances nécessaires en biologie, en technologie et en économie politique chargé spécialement des questions forestières montagnardes et d'économie pastorale, assurant ainsi la liaison entre les services de l'agriculture, des forêts et des améliorations foncières...» Recommandation très générale et qui s'appliquerait sans doute avec beaucoup plus de force encore dans bien d'autres régions.


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