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Point de vue d'un banquier sur les industries du bois

Une des principales difficultés que rencontrent les industries du bois consiste à trouver les capitaux nécessaires à leur développement. Il est donc toujours intéressant de connaître le point de vue des banquiers sur les industries du bois. Récemment, le Directeur général de la Banque commerciale suédoise (Svenska Handelsbanken) fut invité à prendre la parole à l'occasion de la réunion annuelle, à Stockholm, de l'Association suédoise des ingénieurs en pâtes et papiers. De nombreuses idées exposées à cette occasion, bien que destinées tout spécialement à un auditoire suédois, méritent d'être reprises:

«Il arrive souvent que nous ayons la tentation de chercher à percer les voiles qui nous cachent l'avenir, mais cela est particulièrement justifié lorsque nous pensons aux industries du bois. Il y a à cela deux raisons principales. Primo, les industries du bois dépendent d'une récolte qui n'atteint sa maturité qu'après des dizaines d'années, ce qui fait que tous les projets doivent être préparés longtemps à l'avance ... Secondo, ... les industries du bois nécessitent des investissements en capital plus importants que la plupart des autres entreprises industrielles. En effet les capitaux investis par ouvrier sont bien plus élevés pour les industries des pâtes et papiers que pour l'ensemble des industries. Plus les besoins en capitaux d'une industrie sont élevés, plus on doit évaluer avec précision l'orientation future car les risques d'échec sont en proportion de l'importance des investissements.

L'élément production des industries du bois a été caractérisé par une évolution progressive vers la fabrication de produits de plus en plus élaborés. C'est là un phénomène tout à fait normal... Peu à peu l'intérêt s'est déplacé des bois sciés et rabotés vers les pâtes à papier, puis des pâtes à papier vers les papiers et cartons. Aujourd'hui, la production des dérivés du bois d'œuvre est, en volume, à peu près du même ordre de grandeur qu'avant la guerre, tandis que la production de pâtes a augmenté de 40 pour cent, et celle des papiers et cartons de plus de 100 pour cent ...

Un aspect intéressant de cette évolution est que, en même temps que chacune de ces étapes se caractérisait par la mise au point de produits de plus en plus élaborés, il devenait possible d'utiliser des matières premières de qualité plus médiocre. Les bois de mauvaise forme, les déchets, les feuillus - considérés jusqu'à une date très récente comme n'ayant guère de valeur - ont pris une importance croissante en tant que matières premières...

Mais l'évolution de la production... a été encore plus influencée par les transformations du marché mondial... La production s'est mise à augmenter plus vite que les exportations. Depuis la guerre, la production totale de produits ligneux a augmenté d'environ 40 pour cent, alors que les exportations totales des mêmes produits sont restées sans grands changements. La production mondiale de pâte a pratiquement doublé, mais les exportations n'ont guère augmenté que de 20 pour cent... En matière de commerce international, nous vivons aujourd'hui dans un monde où l'on poursuit des buts divers. D'un côté, on s'efforce de libérer davantage les échanges. De l'autre, la plupart des pays cherchent de plus en plus à se suffire à eux-mêmes en ce qui concerne les produits forestiers, surtout pour le papier, le carton et, jusqu'à un certain point, la pâte.

Il est probable que l'importance du bois comme matériau de construction diminuera encore et que, de ce fait, il ne faudra guère compter sur une augmentation considérable des produits ligneux. En raison de l'augmentation du prix de la matière première de base, les produits dérivés du bois d'œuvre doivent maintenant faire face à une concurrence accrue - celle des produits de remplacement - et leur importance par rapport à l'ensemble des matériaux de construction n'a cessé de diminuer. Mais nous pouvons prévoir une expansion continue et importante de cette branche des industries ligneuses qui utilise le bois comme point de départ de la production de diverses sortes de fibres. Les besoins en papiers et cartons continuent à s'accroître de façon nette, et il n'y a aucun signe de diminution, même dans les pays qui ont la consommation par habitant la plus élevée. Les perspectives d'avenir des industries du bois comportent à la fois des facteurs favorables et des facteurs défavorables. D'un côté, le marché peut continuer à présenter des possibilités d'expansion rapide, même pour l'avenir, et les projets actuels de création d'une zone de libre échange sont susceptibles d'offrir de vastes possibilités. . . D'un autre côté, nous devons nous rendre compte du fait qu'une expansion continue risque d'être freinée par un manque de capitaux. Ceci nous amène à nous demander s'il n'est pas possible que l'industrie réduise ses besoins en capitaux par des économies appropriées. La tâche ne sera pas facile, mais ces questions et ces possibilités sont étudiées très soigneusement...

Il est un secteur dans lequel l'industrie doit être disposée à investir d'importants capitaux et un nombreux personnel: c'est la recherche. J'entends, par là recherche fondamentale aussi bien que recherche appliquée. En particulier, les efforts doivent être dirigés vers un travail d'élaboration à long terme, coordonnant les recherches sur les procédés techniques, la mise en valeur de la production et l'évaluation des possibilités du marché, de façon à atteindre un but final.

Enfin, je voudrais répéter que nous ne devons pas nous faire trop de souci pour la recherche des capitaux nécessaires. Il est indispensable que nous trouvions une solution, simplement parce que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser les industries du bois tomber dans le marasme. Après avoir suivi un certain temps une politique favorisant certains autres secteurs économiques, il se peut que nous nous apercevions que, tout compte fait, c'est l'industrie qui est la base de la prospérité du pays et, en particulier, en ce qui nous concerne, l'industrie du bois. Nous comprendrons peut-être, alors, qu'il est bien inutile d'ajouter des étages supérieurs à notre édifice national sans renforcer, en même temps, les fondations sur lesquelles il est bâti.»

FIGURE 1. - La mangrove dans la province de Surkat-thani, Thaïlande. Les essences utile. de ces forêts appartiennent pour la plupart à la famille des Rhizophoracées.

Photo: Royal Forest Department, Thaïlande.

FIGURE 2. - Plantations de changa-manga après une coupe d'ensemencement (Pakistan). Ces plantations, situées en zone sèche, sont irriguées.


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