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L'équipement de lutte contre les insectes et les maladies

S. F. POTTS

Entomologiste, Ancien fonctionnaire du Service forestier, Ministère de l'Agriculture des Etats-Unis.

L'application de produits en poudre, en solutions concentrées ou diluées ou sous forme d'aérosols, pour la lutte contre les insectes et les maladies, se généralise de plus en plus en agriculture et en foresterie. Ces techniques sont loin d'avoir atteint toutes leurs possibilités et de nombreuses surfaces pourraient être traitées de manière plus efficace et moins coûteuse si l'on disposait de renseignements plus complets et plus précis. Cet article décrit les méthodes mises actuellement en pratique en Amérique du Nord; il traite des insecticides et fongicides, et comprend, en outre des renseignements sur le matériel et les techniques d'application des nouveaux herbicides, sylvicides et engrais absorbés par voie foliaire. Les inconvénients possibles d'un usage généralisé de l'arme chimique en agriculture et en foresterie préoccupent beaucoup la FAO et plusieurs autres organismes. Ces conséquences défavorables font l'objet d'études spéciales, mais beaucoup d'éléments nouveaux doivent encore être réunis sur ce sujet.

Principes fondamentaux d'application

Relations entre la dimension des particules des insecticides, leur application, leur répartition et leur dépôt

Des travaux récents sur l'emploi d'insecticides sous la forme de fumées, d'aérosols au gaz liquéfié, et de vaporisations finement atomisées, avec du matériel actionné au sol ou d'avion, ont mis l'accent sur l'importance de la dimension des particules et des gouttelettes qui joue un rôle déterminant sur le dépôt, la répartition et l'efficacité des poudres et des pulvérisations concentrées (Potts, p. 716 à 719). Dans les conditions du travail de terrain, les minuscules particules de poudre finement broyées, celles des fumées insecticides, des aérosols finement atomisés et des vaporisations concentrées, ne se déposent pas individuellement sur la surface des plantes, des insectes ou des autres objets. Ceux-ci sont enveloppés d'une pellicule ou zone de résistance à travers laquelle il est impossible aux minuscules particules de pénétrer. Un champ électrique et un manchon d'air entourent ces objets et exercent probablement une répulsion sur les fines particules. Autour de ces objets, un microclimat dû à des différences de température, d'humidité et de poids de l'air, crée des courants d'air qui dispersent les fines particules. Pendant les journées chaudes et ensoleillées, le dépôt est particulièrement mince et l'on enregistre souvent une différence de température atteignant 10° F (5,6° C) entre la face ensoleillée d'une feuille et la face qui est à l'ombre. On remarque que le dépôt est plus faible sur la face inférieure que sur la face supérieure des feuilles en cuillère ou gaufrées.

Des particules plus grosses, sèches ou liquides, ainsi que des groupes ou agglomérés de petites particules de poudre, sont assez lourdes pour pénétrer dans cette pellicule résistante et prendre contact avec la surface des feuilles, des insectes ou des autres objets.

Poudres

Une série d'études effectuées de 1926 à 1935 ont dégagé les conclusions suivantes en ce qui concerne les poudres:

De petites particules individuelles ne se déposent pas bien. Les nuages de poudre se composent de particules individuelles et de groupes qui peuvent comporter de 25 à 300 particules individuelles (Potts, 1940). De tels groupes de particules de poudre peuvent rester sur une surface mais n'y adhèrent pas bien. Lorsque la poudre est projetée à grande distance de la poudreuse, ces groupes n'ont pas tendance à se disloquer, ni les particules à se grouper dans le nuage.

Les particules des poudres de substances lourdes telles que la barite, se déposent mieux que celles de matières légères telles que le derris, bien que le poids des particules individuelles ait moins d'importance pour la formation des dépôts que l'existence d'agglomérés dans le nuage de poudre.

Le dépôt de poudre est proportionnellement plus important lorsqu'il s'agit d'un nuage de poudre lourde projetée à faible vitesse que lorsqu'il s'agit d'un nuage de poudre légère expulsée à grande vitesse avec beaucoup d'air.

La poudre éjectée à grande vitesse pénètre dans la pellicule résistante qui enveloppe les objets situés à proximité de la poudreuse et se dépose sur eux; cependant à quelques mètres de la poudreuse l'effet de la vitesse initiale est perdu. Ceci explique en partie pourquoi le matériel utilisé au sol n'est généralement pas efficace pour poudrer de grands arbres.

La finesse d'une poudre indiquée sur l'emballage ne renseigne pas sur son aptitude à se déposer. Les insecticides suivants sont énumérés par ordre d'importance décroissante des proportions de poudre qui se déposent sur les feuilles: soufre, arséniate de plomb, derris, pyrèthre et cryolite. Les particules de soufre sont relativement grosses par rapport à celles des autres matériaux. Les particules d'arséniate de plomb sont lourdes et fines (le plus souvent moins de 2 microns de diamètre), mais, pendant le poudrage, il se forme des groupes de particules. Les particules de poudre de derris, de «cube» et de pyrèthre sont légères et grosses. Plus que la plupart des autres produits, la poudre de cryolite a tendance à se diviser en particules individuelles au moment de son emploi. Elle donne un dépôt plus léger que l'arséniate de plomb, mais on peut l'accroître de façon considérable en mélangeant 10 parts ou plus de «pyrophyllite» à une part de cryolite.

TABLEAU 1. - DIMENSION ET NOMBRE DE GOUTTELETTES DÉPOSÉES PAR UNITÉ DE SURFACE EN RÉPARTISSANT UNIFORMÉMENT 1 gallon (3,785 l) DE LIQUIDE SUR UNE SURFACE DE 1 acre (0,4 ha)a

Diamètre réel en microns

Volume en microns cubes

Nombre de gouttelettes par

Nombre de gouttelettes par square inch

1

0,52

1780125

-

2

4,2

222516

-

3

14,18

65930

-

4

33,6

27814

-

5

65,6

14242

-

6

113,4

8241

-

7

180

5197

-

8

269

3476

-

10

525

1780

-

12

907

1030

1148100

13,5

1289

725

-

15

1772

527

-

17,5

2814

332

-

18

3062

305

-

20

4200

222

143190

24

7257

129

-

25

7442

125

80625

30

14175

66

42570

35

22507

41,5

26767

40

33600

27,8

17931

45

47838

19,5

12577

50

65520

14,3

9224

55

87343

10,6

6837

60

113400

8,2

5289

70

180007

5,2

3354

80

268800

3,5

2157

90

382725

2,44

1574

100

525000

1,78

1164

110

699000

1,33

856

120

907000

1,03

664

130

1153000

0,81

530

140

1440000

0,65

425

150

1771000

0,53

347

160

2150000

0,43

277

170

2579000

0,36

232

180

3061000

0,30

194

190

3600000

0,26

168

200

4200000

0,22

142

220

5590000

017

111

240

7257000

0,12

78

260

9227000

0,10

65

280

11528000

0,08

52

300

14175000

0,066

43

400

-

0,028

18

500

-

0,014

9

1000

-

0,0018

1,1

a Équivalent de 934 568 microns cubes de liquide par millimètre carré.

Les poudrages par bandes, effectués par avion, atteignent souvent quelques centaines de mètres de large; mais ils sont rarement efficaces sur une largeur supérieure à 30 à 50 pieds (9 à 15 m). La zone d'efficacité correspond essentiellement à celle où se forme un dépôt d'agglomérés ou de groupes de particules.

Pulvérisations concentrées

Comme les poudres ne se déposent pas et n'adhèrent; pas de façon satisfaisante aux feuilles, on procède à des pulvérisations très concentrées d'insecticides, sous la forme de brouillards finement atomisés. Grâce à cette méthode on utilise un plus faible volume de produit à l'unité de surface. Bien qu'il soit nécessaire de procéder à une atomisation très fine, pour obtenir une bonne répartition du produit pour une faible consommation à l'unité de surface, les gouttelettes doivent être assez grosses pour que le dépôt sur les feuilles ou sur les insectes soit satisfaisant. Le dépôt est faible avec des gouttelettes dont le diamètre est inférieur à 20 microns; en fait, il ne s'en dépose qu'un tout petit nombre, quand leur diamètre n'excède pas 25 microns, sauf si elles se déplacent à très grande vitesse. Avec des pulvérisations finement atomisées, on obtient un premier dépôt plusieurs fois supérieur à celui dû aux poudrages. La perte de produit déposé provoquée par la pluie et le vent accentue, au profit des pulvérisations, la différence entre les pulvérisations atomisées et les poudrages.

Relation entre la taille des gouttelettes, le volume et le nombre de gouttes par unité de surface

Le tableau 1 donne le nombre de gouttelettes de dimensions déterminées qui se déposent par millimètre carré et par square inch (645 mm2) lorsqu'on répartit uniformément 1 gallon (3,785 l) de produit pulvérisé (3 785 000 milliards de m 3) sur une surface de 1 acre (0,4 ha). A une gouttelette de 40 à 70 microns de diamètre correspond un dépôt de 17 931 à 3 354 gouttelettes par square inch (27,8 à 5,2 gouttelettes/mm2) et à un diamètre de 80 à 100 microns, un dépôt de 2 157 à 1 164 gouttelettes par square inch (3,5 à 1,78 gouttelettes/mm2).

Lorsque l'on emploie des pulvérisations concentrées avec un matériel pneumatique au sol, la gamme de diamètres optimum des gouttelettes devrait se situer environ entre 30 et 80 microns, avec une moyenne massale de 40 à 50 microns. Pour les pulvérisations par avion, les diamètres devraient être compris entre 70 et 100 microns. Ces valeurs dépendent de la densité et du type de l'insecticide, de la volatilité du support, de l'état végétatif de la plante du genre d'insecte, du matériel de pulvérisation et dos conditions atmosphériques. Dans certains cas, qui seront étudiés dans cet article, il faut augmenter de façon considérable la dimension des gouttelettes des pulvérisations effectuées par avion. On verra sur le tableau 1 qu'une faible modification du diamètre correspond à une variation importante du volume et du nombre de gouttelettes. Par exemple, lorsque le diamètre passe de 40 microns à 20 microns, le nombre des gouttelettes est multiplié par environ 8. Lorsqu'il passe de 100 à 40 microns, le nombre de gouttelettes est presque multiplié par 16; lorsque le diamètre passe de 500 à 100 microns, le nombre est multiplié par environ 125. Il a autant de gouttelettes de 50 microns de diamètre dans un mélange de 1 gallon (3,785 l) que dans 143 gallons d'un mélange dont les gouttelettes ont 260 microns de diamètre. Dans toute pulvérisation la proportion des petites gouttelettes est bien plus grande que celle des grosses, mais les grosses gouttes forment la plus grande part du volume.

Pour les pulvérisations aériennes, il faut employer de plus grosses gouttelettes à cause du vent, des courants d'air ascendants dus au rayonnement de la chaleur, des couches d'air lourd et humide situées au-dessus des cimes des arbres, et des irrégularités et accidents du terrain. En volant à basse altitude sur de grandes surfaces de terrain plat, on peut utiliser des gouttelettes plus petites et par conséquent diminuer la consommation de produit, et le prix de revient.

Il est possible, en volant à basse altitude sur des cultures, d'employer des gouttelettes dont le diamètre s'abaisse jusqu'à 60 à 70 microns. Pour traiter les zones forestières, sauf lorsqu'il faut détruire des insectes sous un couvert épais, il est préférable d'employer des gouttelettes plus grosses.

Avec des produits de poids spécifique élevé (1,3 à 1,6) on peut faire déposer des gouttelettes plus petites qu'avec des produits de faible poids spécifique. Pour des gouttelettes de poids spécifique égal à 1 et de diamètre variable, le temps nécessaire pour tomber de 50 feet (15 m environ), dans une atmosphère calme, à la température de 23° C est le suivant:

Diamètre en microns

Temps

200

13,0 secondes

100

51,0 secondes

80

1,3 minute

50

3,4 minutes

40

5,2 minutes

20

21,0 minutes

10

1,4 heure

5

5,5 heures

1

5,0 jours

Habituellement les courants d'air ascendants ou descendants changent le rythme de montée ou de chute, mais la vitesse du vent ne l'affecte pas (Miller 1935 page 160). La loi de Stoke donne la vitesse de chuté des gouttelettes en fonction de leurs dimensions. Toutes choses égales par ailleurs, l'évaporation et la dérive sont d'autant plus importantes que les gouttelettes sont plus petites et qu'elles restent plus longtemps en suspension dans l'air. La température, l'humidité, la vitesse du vent et les propriétés du produit chimique ont une action sur l'évaporation et le dessèchement des particules. Lorsque l'évaporation est importante, la taille des gouttes diminue, elles tombent plus lentement et dérivent davantage. On augmente la taille et le poids des particules qui tombent en ajoutant du Yumidol (alcool hexahydrique hygroscopique). Les particules de pentoxyde de phosphore, de chlorure de magnésium et de chlorure de calcium augmentent en poids et en volume lorsqu'elles sont en suspension dans l'air; mais, mélangés avec un insecticide, ces produits chimiques causent des dommages à certaines catégories de feuilles.

Une gouttelette de poids spécifique 1, dont le diamètre est égal à 100 microns, qui tombe de 50 feet (15 m environ) dans un courant d'air se déplaçant parallèlement au sol, dérive des distances suivantes:

Miles par heure

Feet

Kilomètres par heure

Mètres

0,25

22

0,40

6,70

0,5

45

0,80

13,70

1

87

1,60

26,48

2

175

3,21

53,33

3

265

4,82

80,76

4

348

6,43

106,06

5

435

8,04

132,58

10

765

16,09

233,16

Une gouttelette de 200 microns de diamètre doit dériver de distances égales au quart de celles indiquées, une gouttelette de 50 microns de distances quatre fois plus grandes.

On obtient de très petites gouttelettes de 4 à 40 microns de diamètre par atomisage mécanique ou par atomisage au gaz liquéfié. Pour faire déposer le même nombre de gouttelettes d'une dimension donnée avec le procédé au gaz liquifié qu'avec le procédé mécanique, il faut utiliser davantage de liquide; la quantité à employer dépend de la proportion de gaz liquéfié de la solution.

Thermo-aérosols fumigènes

Les thermo-aérosols sont utilisables dans le cas de certains traitements effectués dans des zones clôturées ou des enceintes fermées. Ils ne semblent pas devoir jouer un rôle important sur le terrain bien qu'ils prennent l'aspect spectaculaire de nuages de fumée. Les fumées présentent un intérêt certain: celui de pouvoir être entraînées sur de longues distances et de se déposer sur les ailes, les pattes et les antennes de petits insectes en vol tels que moustiques et mouches communes.

Les principaux défauts des fumées insecticides sont les suivants:

1. Un pourcentage extrêmement faible de l'insecticide se dépose.

2. On ne peut les diriger contre le vent ni les amener à une hauteur quelconque fixée à l'avance.

3. La chaleur intense requise par le procédé décompose certains produits chimiques.

4. Il y a souvent risque d'incendie.

5. On ne peut généralement pas utiliser les suspensions de poudre dans l'eau.

La figure 1 montre un mode d'emploi des fumées, utilisant une huile combustible comme source d'énergie calorifique. De cette façon S. F. Potts et D. F. Barnes ont fait, de 1927 à 1929, des expériences dans presque toutes les conditions en employant des produits arsénicaux, du roténone, de la poudre de pyrèthre, de la nicotine et des huiles. Le dépôt, à l'extérieur, n'atteignait en moyenne qu'environ 2 pour cent de celui obtenu avec la même quantité d'insecticide passant par un pulvérisateur hydraulique. On s'est efforcé, sans succès, d'augmenter les dimensions des particules. En effet, lorsqu'on augmentait suffisamment les dimensions des particules pour les faire déposer, elles n'étaient pas projetées à plus de quelques pieds de l'appareil.

FIGURE 1. - Traitement par aérosol de fumée d'une foret attaquée par des chenilles de Liparis dispar (Gipsy moth).

En l'air, ces particules de poudre peuvent s'enrober de petites gouttelettes d'huile, que le mélange se fasse sous vide ou sous pression.

Les possibilités d'emploi d'aérosols au gaz liquéfié sont plus réduites que celles des pulvérisations concentrées mais beaucoup plus grandes que celles des fumées.

Pour obtenir une bonne répartition avec un faible volume de produit, il faut l'atomiser finement mais les gouttelettes doivent être assez grosses pour pouvoir se déposer sur les feuilles et les insectes. En principe, pour des pulvérisations effectuées du sol, il faut surtout des gouttelettes de 30 à 80 microns de diamètre. Pour des pulvérisations aériennes, il faut surtout des gouttelettes de 70 à 100 microns de diamètre s'il s'agit de vastes régions plates, et atteignant 100 à 300 microns pour traiter des insectes forestiers en terrain accidenté.

On connaît le nombre de gouttelettes d'une dimension donnée qui se déposent par unité de surface et par gallon de liquide employé sur un acre. Les aérosols fumigènes donnent un dépôt résiduel très faible.

Plusieurs facteurs influent sur la dimension des gouttelettes. Ce sont le type d'appareil, la pression, le modèle de jet, la dimension et la forme de l'orifice, la vitesse de l'air, la concentration de la pulvérisation, sa densité, le type d'insecticide, la tension superficielle, la viscosité du mélange, le taux de volatilité des ingrédients, la distance que les particules doivent parcourir, le vent et d'autres facteurs météorologiques, le volume et la densité du feuillage, la vitesse de dépôt.

Relation entre le débit du jet et le type d'orifice

Les données qui figurent dans le texte et, dans les tableaux qui suivent ont été obtenues grâce à des centaines d'expériences, des répétitions, des milliers d'échantillonnages et de mesures de gouttelettes effectués au cours des 10 dernières années pour étudier ce sujet à fond et dans toute son étendue. Les données et les renseignements fournis sont ceux de l'auteur, sauf indication contraire.

Le tableau 3 énumère les débits en eau de jets coniques et pleins correspondant à des diamètres d'orifice et à des pressions donnés. On fournira plus loin des indications sur le mode d'emploi et le montage de ces jets sous le titre «montage de l'équipement et emploi». Il est important de noter que les jets atomiseurs de type conique, avec un angle au sommet de 80°, ont un débit de liquide égal à 30 à 40 pour cent de celui d'orifices de type jet plein du même diamètre sous la même pression. Le rendement décroît quand l'angle de dispersion croît de 0 à 180 degrés. Les jets aplatis ou hélicoïdaux débitent théoriquement autant que les jets pleins. En fait, la plupart d'entre eux ont un débit inférieur de 10 pour cent à celui des jets pleins, à cause de la résistance des parois de l'extrémité du jet, juste avant l'orifice. En général, le débit est proportionnel à la racine carrée de la pression. Par exemple, un orifice donné a débité 5, 7,07 et 10 gallons à l'heure (18,9, 26,7 et 37,8 l/h) sous des pressions de 25, 50 et 100 pounds par square inch (1,75, 3,5 et 7 kg/cm2). La viscosité et la tension superficielle influent parfois sur le débit de liquide; ces facteurs varient avec la ternpérature. Par exemple, à la température du local, le débit de cinq jets sous pression est de 5 à 12 pour cent plus Élevé avec du kérosène et des huiles dont la viscosité est de 30 à 35 secondes Saybolt, qu'avec de l'eau. Pour une viscosité de 40 secondes, les débits d'eau et d'huile sont égaux. Pour une viscosité de 50 secondes, le débit d'huile est égal à 85 pour cent de celui de l'eau, et à 100 secondes, les huiles s'écoulent mal à travers des orifices inférieurs à 3/32 inch (23,8 millimètres). Cependant, des émulsions à 25 pour cent d'huiles dont la viscosité est comprise entre 100 et 200 secondes, s'écoulent approximativement à la même vitesse que l'eau. A une température égale ou inférieure à 30° F (- 1° C) les huiles d'une viscosité de 60 secondes ou plus s'écoulent mal par le jet.

TABLEAU 2. - DÉBIT DE JETS CONIQUES OU PLEINS POUR DES DIAMÈTRES DONNÉS D'ORIFICE ET DES PRESSIONS DONNÉES

Analyse de l'action des pulvérisateurs pneumatiques

Pour détruire les insectes avec le maximum d'efficacité, tout en faisant le moins de dégâts possible aux plantes, il faut pulvériser à une vitesse optimum des gouttes de dimension optimum, susceptibles de couvrir d'un dépôt aussi complet que possible les feuilles, les aiguilles, les rameaux et les insectes, qui sont situés à des distances données, horizontales ou verticales, du pulvérisateur. Pour pénétrer dans un feuillage dense et le couvrir, il faut des particules plus petites et pulvérisées à plus grande vitesse que pour un feuillage clairsemé et des arbres en repos végétatif. Lorsque l'on diminue la dimension des particules. il faut en même temps augmenter la vitesse de l'air qui entraîne les gouttelettes. Ce problème devient difficile à résoudre, car la vitesse de l'air décroît quand on s'éloigne du pulvérisateur; il faut donc accroître la dimension des particules afin que l'air les entraîne encore correctement lorsque la distance qu'elles ont à parcourir augmente. Dans la mesure du possible, les préparations utilisées ne doivent pas se volatiliser trop vite et, par conséquent, doivent former des gouttelettes dont les dimensions ne se réduisent pas au contact de l'air.

En cherchant à déterminer la dimension optimum des gouttes, on est arrivé à deux séries de résultats. L'une de ces séries correspond à des calculs théoriques basés sur les études de Sell (1931) sur le dépôt de particules placées dans un courant d'air en mouvement et sur la loi de Stoke (Miller, 1935) qui montre que les particules tombent à une vitesse variant avec leur diamètre, leur surface et leur poids spécifique. Les autres résultats ont été obtenus d'après des essais pratiques effectués sur le terrain.

La formule de Sell qui donne la vitesse minimum de l'air assurant un dépôt maximum est la suivante:

V1 = la vitesse minimum pour un dépôt maximum en miles par heure
S = la largeur de l'objet en inches
D = le diamètre des particules en microns.

TABLEAU 3. - VITESSE DE L'AIR NÉCESSAIRE POUR ÉQUILIBRER LA FORCE DE PESANTEUR DE GOUTTES DONT LE POIDS SPÉCIFIQUE EST DE 1 DANS LE CAS D'UNE PROJECTION VERTICALE

Diamètre des gouttes en microns

12,5

25

50

75

100

125

150

175

200

300


...Miles par heure...

Vitesse V2 de l'air qui équilibre la pesanteur en

0,01

0,044

0,018

0,38

0, 67

1, 06

1, 51

2,06

2,7

6,0


...Kilomètres par heure...


0,016

0,070

0,028

0,61

1,07

1,70

2,42

3,31

4,34

9,65

La vitesse de l'air ascendant nécessaire pour empêcher la chute, se calcule d'après la formule:

V2 = 0,0000605 D2

V2 = la vitesse de l'air en miles par heure qui équilibre la force de pesanteur d'une huile pesant 7,8 lb. par gal. (0,93 kg/l)

D = diamètre des particules en microns.

La vitesse de l'air nécessaire pour empêcher les gouttes de tomber est directement proportionnelle au poids spécifique de la solution pulvérisée.

TABLEAU 4. - VITESSE MINIMUM DE L'AIR ASSURANT UN DÉPÔT EFFICACE EN FONCTION DE LA DIMENSION DES GOUTTELETTES ET DE LA DIMENSION DES OBJETS

La vitesse minimum de l'air (V1) assurant le dépôt est inversement proportionnelle à la dimension des gouttes et à la vitesse (V2) qui permet d'équilibrer la pesanteur. Quand on a ces deux valeurs, il est possible de trouver la dimension optimum théorique des gouttes pour des objets de différentes dimensions.

Matériel de traitement au sol

Les pulvérisateurs pneumatiques

Les pulvérisateurs pneumatiques sont les plus intéressants des appareils de pulvérisation parce qu'ils renferment à la fois les principes de tous les types de matériel de traitement au sol et de nombreux principes de ceux qui servent aux traitements aériens. Ils possèdent une diversité d'usage et d'adaptation supérieure à celle des autres types. Leur emploi n'a pas encore bénéficié d'une faveur aussi grande que celle dont jouissent les appareils non pneumatiques à faible capacité, car seule une petite fraction des utilisateurs éventuels est familiarisée avec eux.

Les exigences propres et les accessoires particuliers des appareils de traitement de type pneumatique varient considérablement suivant la nature de la végétation et l'étendue des surfaces à traiter. Le tableau 5 indique, en chiffres ronds, les dimensions et capacités des 9 catégories correspondant aux principaux usages.

Turbines et buses

De même que la pompe est le «cœur» des pulvérisateurs hydrauliques, la turbine est, dans les pulvérisateurs pneumatiques, le «cœur» de la machine. Deux méthodes caractérisent comme suit l'utilisation des turbines:

1. Grande vitesse de l'air débité, 185 à 300 miles à l'heure (300 à 480 km/h), pour atomiser et projeter la bouillie.

2. Combinaison d'une vitesse modérée de l'air, 90 à 185 miles à l'heure (145 à 300 km/h) et de jets à pression hydraulique, ou de jets rotatifs à effet centrifuge pour diviser la bouillie et la répartir.

Il y a deux types généraux de turbines, soit à écoulement axial, soit centrifuge. On désigne sous le nom de pale incurvée, de cage d'écureuil ou de multipales, de Soroceo ou de turbines à étages multiples, de simples modifications de ces deux types. Aucun type particulier de turbine n'est le meilleur en toutes circonstances, car le choix d'une turbine donnée peut avoir, sur le modèle de machine, une influence favorable pour certains travaux et défavorable pour d'autres.

TABLEAU 5. - PUISSANCE, POIDS ET CARACTÉRISTIQUES DE DÉBIT DES PULVÉRISATEURS PNEUMATIQUES

Puissance requise en CV.

Poids en kilogrammes

Vitesse de l'air en kilomètres à l'heure (m.p.h.)

Volume d'air en mètres cubes par minute (cu.ft.min.)

Montage habituel

1,5 à 2

40-45

360

4,25

Brouette, pick-up, remorque, petit tracteur.


(90-100)

(225)

(150)


4 à 5

135

290

22,5

Remorque camion, tracteur.


(300)

(180)

(800)


7

225 et 90a

280

48

Remorque, camion, gros tracteur.


(500 et 200)

(175)

(1 700)


12

270 et 135

233

102

Remorque, camion, tracteur.


(200 et 300)

(145)

(3 600)


15

320

233

113

Camion, remorque, gros tracteur.


(700)

(145)

(4 000)


25 à 30

815 à 900

217

226

Camion, remorque derrière tracteur.


(1 800 à 2 000)

(135)

(8 000)


40 à 50

1 360

202

340 à 425

Camion, remorque derrière tracteur.


(3 000)

(125)

(12 000 à 15 000)


25

900

130 à 160

540

Camion, remorque derrière tracteur.


(2 000)

(80 à 100)

(19 000)


75b

1 800 à 2 250

193

680 à 850

Remorque derrière tracteur.


(4 000 à 5 000)

(120)

(24 000 à 30 000)


a Les poids de 90 et 135 kg correspondent à l'utilisation avec un moteur léger deux temps.
b Pour traiter de part et d'autre de la machine.

Les transmissions par courroie et quelques transmissions directes ont fait leurs preuves. Les transmissions par engrenages avec renvoi à angle droit, trop faiblement calculées, cassent constamment. Cependant, on peut réaliser un renvoi à angle droit solide et spécialement calculé pour travailler sur un châssis robuste et stable. Les turbines doivent être stables et aussi peu bruyantes que possible.

Les principaux facteurs qui caractérisent le type de turbine à utiliser sont la vitesse d'écoulement de l'air nécessaire pour assurer la dispersion et le dépôt de la bouillie, la taille de l'appareil et le nombre de servants nécessaires, un ou deux hommes. En général, les très petits appareils (figures 2 et 3) utilisent un flux d'air à grande vitesse pour disperser la bouillie par effet de cisaillement. En conséquence, ils doivent faire appel à des turbines à un ou deux étages à grande vitesse et faible débit d'air. Les appareils de puissance moyenne ou assez forte associent habituellement une vitesse de 125 à 150 miles à l'heure (200 à 240 km/h) et une pression hydraulique de 150 pounds par square inch (10 kg/cm2) ou moins, obtenue grâce à des gicleurs centrifuges, et destinée à atomiser la bouillie. Les appareils de ce type débitent couramment 4 000 à 10 000 cubic feet par minute (110 à 280 m3/mn) d'air avec l'un ou l'autre des types de turbine (figures 5 et 6).

FIGURE 2. - Pulvérisateur pneumatique monté sur patins pesant vide 90 pounds (40 kg); il peut être placé sur une charrette, un tracteur ou un camion pour le traitement des broussailles et des petits arbres jusqu'à 30 feet (9 m) de haut. (Cliché Connecticut Agr. Expt. Stn. New Haven, Etats Unis)

Les appareils à très gros débit et à faible vitesse d'écoulement peuvent nécessiter une petite soufflerie auxiliaire à grande vitesse et faible défit pour disperser la bouillie et la répartir dans le souffle d'une grosse turbine, ou bien atomiser la bouillie à l'aide de jets centrifuges ou à dépression de 200 à 600 pounds par square inch (14 à 42 kg/cm2). Pour la plupart des travaux en forêt ou sur arbres d'alignement, des vitesses d'écoulement de l'air de 120 à 150 miles par heure (190 à 240 km/h) sont nécessaires, associées à un débit d'au moins 8 000 cubic feet par minute (225 m3/mn). Des débits de 12 000 à 15 000 cubic feet par minute (340 à 425 m3/mn) à la vitesse de 120 à 135 miles par heure (190 à 215 km/h), ou encore 18 000 à 26 000 cubic feet par minute (510 à 740 m3/mn) d'air débité à 95 à 115 miles par heure (150-180 km/h), sont préférables pour le traitement d'arbres de 70 à 120 pieds (20 à 35 m), notamment lorsqu'il s'agit de détruire le scolyte de l'orme et certains autres parasites localisés dans la cime des arbres.

Il existe un rapport optimum entre la vitesse et le débit à la sortie permettant d'atteindre la hauteur ou la distance maximums. lorsqu'on dispose d'une puissance donnée dans les conditions normales de travail sur le terrain. Le volume d'air débité est proportionnel au carré du diamètre de la buse. Ainsi, à vitesse égale, une buse de 24 inches (61 cm) débite quatre fois plus d'air qu'une buse de 12 inches (36,5 cm). Pour le traitement d'arbres d'alignement, les vitesses optimums pour des buses de différentes dimensions sont données au tableau 6. Les chiffres du tableau 6 ne concordent pas exactement avec ceux du tableau 5 à cause de légères différences de dimensions des buses; de même, ils ne concordent pas avec ceux du tableau 7, celui-ci étant relatif au matériel réellement en service, alors que le tableau 6 indique les conditions optimums.

Dans les petits matériels tels que le modèle porté sur brouette, une vitesse d'air supérieure, 200 à 300 miles par heure (320 à 480 km/h), a été adoptée, car c'est la vitesse de l'air qui assure alors l'atomisation de la bouillie (figure 3).

Sur les gros matériels, la consommation de bouillie doit être étalonnée, de façon à permettre le réglage sur n'importe quel débit entre 20 et 180 gallons à l'heure(75 à 680 l/h), soit 1/3 à 3 gallons par minute (1,2 à 11,3 l/mn). (Figures 6, 7 et 8).

FIGURE 3. - Pulvérisateur pneumatique monté sur brouette. Le moteur de 1,5 CV (A) actionne la turbine à haute pression (B) qui débite 120 cubic feet (3,4 m3) d'air par minute, à la vitesse d'environ 240 m.p.h. (380 km/h) à la sortie du jet de 1 ¼ inch (3,1 cm) de diamètre (C). Le produit est maintenu en suspension dans le réservoir de 3 gallons (11,3 l) par l'agitation entretenue par un by-pass venant de la pompe. La pression fournie par la pompe (E), reliée au moteur par une courroie, est indiquée par le manomètre (F) et réglée à environ 5 pounds (0,35 kg/cm2) par la valve (G). Un filtre (H) entre le réservoir et la pompe, empêche l'engorgement des tuyaux. Le produit concentré passe à travers le robinet «tout ou rien» commandé en tournant la manette (J) placée sur la barre de direction gauche, puis il atteint l'entrée du jet. Il entre ensuite dans la chambre cylindrique (K) d'où il est projeté dans le courant d'air venant de la soufflerie par quatre buses de 1/16 d'inch (1,5 mm). Ce courant d'air à grande vitesse atomise le produit et projette le brouillard dans la direction vers laquelle est tourné le jet. En agissant sur la manette (L) placée sur la barre de direction droite on pointe le jet vers le haut ou vers le bas. Il peut pivoter sur un arc de 200°, ce qui permet de pulvériser de chaque côté. Le déplacement de l'appareil se fait sans effort, car son poids de 140 pounds (63 kg) est très bien équilibré sur les grandes roues de 16 inches (40 cm) munies de pneus de 4 inches (10 cm). Un seul homme peut ainsi effectuer le traitement.

La dimension, la forme et la souplesse de la buse d'éjection revêtent une grande importance.

Pour les petits matériels débitant à très grande vitesse, une buse très souple est essentielle pour l'obtention d'une couverture homogène. Pour le traitement d'arbres d'alignement ou la lutte contre les moustiques, pour lesquels un brouillard léger doit être entraîné à grande distance, la forme la plus efficace est la buse courte à section circulaire. Pour le gros matériel de traitement de vergers, conduit par un seul homme, une certaine fraction de la puissance et du débit d'air disponibles doit être sacrifiée afin d'assurer une dispersion suffisante au voisinage immédiat de la machine. Cette dispersion peut être obtenue avec des buses en fente ou en queue de poisson, avec des pales ou déflecteurs de jet, ou avec des buses circulaires multiples.

La vitesse du courant d'air à une distance donnée de la turbine dépend des huit facteurs qui suivent:

1. Vitesse du courant d'air;

2. Débit d'air;

3. Diamètre, pour une buse circulaire, ou largeur pour les buses en fente ou en queue de poisson;

4. Forme de la buse et incidence des déflecteurs de jets;

5. Température de l'air, humidité, composition et densité;

6. Courants d'air ascendants ou descendants;

7. Vitesse et direction du vent par rapport à celle du flux émis par la turbine;

8. Vitesse de déplacement de l'appareil; le déplacement diminue la portée et la vitesse du flux d'air: un déplacement à 2 miles à l'heure (3,2 km/h) équivaut à un vent de 5 miles à l'heure (8 km/h).

FIGURE 4. - Pulvérisateur pneumatique de 6 CV, avec buse unique de 5 inches (12,5 cm) de diamètre, jets, pompes et buse à trois trous.

TABLEAU 6. - VITESSE ET DÉBIT OPTIMUMS DANS LE TRAITEMENT D'ARBRES, POUR UNE BUSE CIRCULAIRE DE DIAMÈTRE DONNÉa

Diamètre de la buse en centimètres
(in.)

Vitesse optimum en kilomètres à l'heure
(m.p.h.)

Volume en mètres cubes par minute
(cu.ft.min.)

10,2

(4)

273,6

(170)

36,8

(1 300)

20,3

(8)

241,4

(150)

118,9

(4 200)

25,4

(10)

233,3

(145)

178,4

(6 300)

26,7

(10,5)

225,3

(140)

178,4

(6 300)

30,5

(12)

209,2

(130)

226,5

(8 000)

38,1

(15)

202,8

(126)

--b


45,7

(18)

198,0

(123)

--b


50,8

(20)

193,1

(120)

594,0

(21 000)

61,0

(24)

185,1

(115)

764,0

(27 000)






approx.

a Vitesse à la sortie du jet. La vitesse de dépôt est intérieure
b Chiffres non disponibles.

FIGURE 5. - Traitement de plants en pépinière, sur 6 lignes espacées de 30 inches (75 cm) à la fois, avec un pulvérisateur pneumatique monté, à 4 feet (1,2 m) au-dessus du sol, sur un petit tracteur.

La flexibilité de la buse peut déterminer le type de turbine à utiliser pour atteindre l'efficacité maximum en fonctionnement. Ainsi, certaines turbines à flux axial sont plus efficaces que les turbines à aubes ou centrifuges pour éjecter tout droit l'air de la turbine. Cependant, pour utiliser des turbines à flux axial dans le travail en forêt et sur arbres d'alignement, il est nécessaire de consacrer quelques chevaux de la puissance disponible à la déviation du flux d'air si la turbine et la buse ne peuvent être manœuvrées solidairement. Par ailleurs, certains modèles de turbines à aubes ou centrifuges équipés de courtes buses droites peuvent facilement tourner ou pivoter verticalement d'un arc de 180° à 230° sans perte d'efficacité du flux d'air. Ce mouvement, combiné avec une plate-forme tournant de 180° (demi-tour), est suffisant pour les autres cas. Cette disposition permet également de rendre les buses plus courtes, plus souples, plus simples et d'un emploi plus efficace.

Pompes

Trois grands types de pompe à liquide et à diaphragme peuvent être utilisés: à piston, centrifuge et à engrenages. Les pompes à piston et les pompes à diaphragme peuvent débiter n'importe quel mélange à n'importe quelle pression. Elles sont plus lourdes et plus coûteuses, mais bien entretenues elles durent plus longtemps que les pompes à engrenages. Les pompes métalliques centrifuges peuvent débiter n'importe quel mélange à basse pression (en-dessous de 40 p.s.i. - 2,8 kg/cm2). Les pompes à engrenages de type renforcé peuvent fournir jusqu'à 150 pounds (10,5 kg) de pression à 1 200 à 2 000 tours/minute. Habituellement, des substances abrasives comme les sulfures et la cryolite, utilisées aux vitesses et aux pressions très élevées des pompes à engrenages, usent les pignons de ce type de pompes. Elles ne résistent pas longtemps lorsqu'on applique de telles substances abrasives à grande vitesse avec des pressions supérieures à 15 à 20 pounds (7 à 9 kg). Cependant, à des pressions de 2 à 15 pounds (1 à 7 kg) et à des vitesses de 350 à 700 tours/minute, celles qui sont de bonne qualité peuvent résister de un à trois ans. Elles donnent habituellement plus de satisfaction que les pompes centrifuges pour la plupart des pulvérisateurs pneumatiques. Pour les petits appareils, une pompe à engrenages de ¼ d'inch (6 mm) est adéquate. Cependant, les gros engins exigent une pompe à engrenages de 3/8 d'inch (9,5 mm) ou de 3/4 d'inch (19,5 mm), ou une pompe à piston de 2 à 4 gallons par minute (9 à 18 l/mn) (figure 10).

TABLEAU 7. - VARIATION DU DÉBIT DE BOUILLIE POUR DES BUSES DE DIFFÉRENTES DIMENSIONS

Diamètre de la buse en centimètres
(inches)

Débit de bouillie, litres/heure
(gallons/h.)

Fourchette

Efficace dans la plupart des cas

3,2

(1,25)

19-57

(5-15)

27

(7)

5,1

(2)

38-95

(10-25)

53

(14)

10,2

(4)

57-152

(15-40)

75

(20)

25,4

(10)

76-274

(20-72)

150

(40)

33,0

(12)

95-456

(25-120)

190

(50)

38,1

(15)

114-570

(30-150)

230

(60)

45,7

(18)

133-638

(35-168)

265

(70)

50,8

(20)

152-684

(40-180)

305

(80)

61,0

(24)

171-684

(45-180)

340

(90)

FIGURE 6. - Pulvérisateur pneumatique de 30 CV monté sur plate-forme tournante pour le traitement des grands arbres.

FIGURE 7. - Atomiseur pneumatique de 25 CV traitant un chêne rouge de 24 mètres de haut. L'appareil est équipé pour le poudrage, la projection d'aérosols, de bouillie-poudre et de produits concentrés atomisés. Le dispositif du jet est adapté à l'importance du souffle. La large buse de sortie et le réglage de la vitesse de projection permettent d'obtenir un courant d'air étalé.

FIGURE 8. - Pulvérisateur pneumatique monté sur camion, traitant un orme de 21 mètres de haut en hiver.

Les systèmes de pompage requièrent une lubrification, des dispositifs de by-pass valables pour le liquide, des soupapes de sûreté et des manomètres à diaphragme pour protéger ces derniers contre l'intrusion du liquide. Les pompes à engrenages sans régulateurs de pression de sécurité incorporés sont à préférer pour l'usage général. Pour que la pompe fonctionne aux basses pressions fixées, il est essentiel qu'elle soit équipée d'une soupape de sûreté convenable et d'un by-pass à grande capacité. Une pression constante sans pulsations est essentielle dans tous les systèmes de pulvérisation.

Joints, garnitures et tuyaux

Tous les joints, les garnitures et les tuyaux doivent être résistants aux solvants huileux. Des fragments de caoutchouc se désagrégeant dans le circuit sont une plaie constante pour l'opérateur, en obturant sans arrêt les jets. Les joints de cuir et les tuyaux en néoprène (comme les tuyaux Weatherhead) ou autres plastiques sont plus résistants que les produits à base de caoutchouc naturel. On s'attend à ce que quelques matières plastiques nouvelles puissent remplacer le caoutchouc.

Cuves et agitateurs

Les cuves doivent avoir une dimension et une forme convenables. Ceci dépend des possibilités de la machine et de la nature du traitement. Sur les gros matériels, des cuves de 40 à 75 gallons (150 à 280 l) conviennent pour la pulvérisation des arbres d'alignement; mais pour les arbres fruitiers, des cuves de 75 à 300 gallons (280 à 1130 l) sont nécessaires. Un fond arrondi ou en forme d'auge est souhaitable, avec un agitateur mécanique pour mélanger toute espèce de bouillie et la brasser. L'agitation par by-pass est insuffisante. Les agitateurs à aubes doivent tourner lentement, balayer le fond et être munis d'un mécanisme de débrayage. Les agitateurs hélicoïdaux doivent tourner plus vite. Pour le remplissage, les cuves doivent être munies d'une large ouverture comportant un filtre amovible à mailles de 12 à 16. Il est utile de disposer d'un indicateur de niveau permettant la lecture du volume de bouillie restant dans la cuve. Le métal des cuves doit résister à la corrosion, et toute peinture intérieure qui leur est appliquée doit être en mesure de résister aux solvants huileux ou aux produits chimiques couramment utilisés dans les bouillies.

TABLEAU 8. - VITESSE DE L'AIR A UNE DISTANCE HORIZONTALE DONNÉE DE LA TURBINE, ÉMISSION PAR BUSE CIRCULAIRE DE DIAMÈTRE DONNÉa

a Instruments utilisés pour la mesure de la vitesse de l'air

1. appareil traduisant la vitesse de l'air en pression équivalente de la colonne d'eau;
2. manomètre d'aviation
3. indicateur pour faibles vitesses.
4. anémomètre.

b Pas de buse.

La construction doit permettre à l'opérateur de vidanger la cuve et toute la tuyauterie rapidement et complètement. A cet effet, un gros bouchon de vidange doit être placé sur la cuve au bon emplacement. Il est parfois commode de pouvoir brancher un tuyau au raccord du bouchon de vidange, de façon à pouvoir vidanger la bouillie inutilisée à l'endroit dont on dispose. Il est important d'éviter les puits à filtre au fond du réservoir. Il est également important d'avoir la possibilité de couper le réservoir de la tuyauterie d'épandage en un point situé immédiatement sous le réservoir, afin d'éviter que des constituants de la bouillie ne déposent dans la tuyauterie, les filtres et les jets.

Autres détails de construction

Les vannes du type robinet à vis ne doivent pas être utilisées, sauf pour régler la pression ou le débit du liquide par by-pass. Une vanne coupe-circuit à effet instantané, actionnée par un levier à pied ou à main, est absolument essentielle. Ce levier doit être commodément placé de telle sorte que l'opérateur puisse utiliser les deux mains à la fois pour la manipulation «au toucher» des leviers de commande de la buse et de la vanne d'arrêt du liquide et de la poudre. Il doit également lui permettre d'observer l'opération d'épandage d'une façon continue, sans changer la direction de son regard.

Un filtre plan de grande surface, de maille 16 environ, doit être placé entre le réservoir et la pompe. Un filtre plus petit, de maille 20, doit être placé sur la tuyauterie, entre la pompe et les jets. Tous les mélanges grossiers préparés à l'extérieur de l'appareil doivent être versés à travers un filtre par le haut du réservoir. De nombreux produits modernes entrant dans les bouillies et composés de particules de petites dimensions, ne nécessitent cependant pas de telles précautions.

Quelques moyens de mesurer et de régler la quantité de bouillie répandue par minute, par arbre, pour une surface donnée, ou pour une distance de parcours connue, sont également utiles. Par conséquent, le besoin se fait nettement sentir de l'un au moins des trois types de compteurs suivants: un compteur de débit, un compteur (cadran) de temps et un compteur de distance ou un tachymètre pour faibles vitesses servant à mesurer des vitesses de déplacement comprises entre 0 et 6 miles à l'heure (0 à 10 km/h).

La plate-forme peut être entraînée mécaniquement par un système de moteur hydraulique ou de moteur électrique muni d'un générateur; ou bien encore elle peut tourner sous la poussée du pied de l'opérateur sans qu'il quitte le siège de sa machine, ou grâce à un volant et un câble. Cette dernière méthode est la moins coûteuse et la plus simple. La plate-forme doit être munie d'un bon frein à main ou à pied.

Pour les traitements en forêt, contre les broussailles et les feuillus, des pulvérisateurs pneumatiques de 6 à 16 CV sont montés sur des tracteurs à chenilles. Pour les pulvérisations sur les arbres d'alignement et contre les moustiques, la machine est habituellement montée sur un camion à larges pneus, de façon à diminuer les dommages aux pelouses. Pour les traitements des vergers, elle est généralement tirée sur une remorque.

Pour le travail de nuit, un bon projecteur doit être monté sur la ou les têtes de la buse tournante.

Un laryngophone ou, de préférence, un appareil émetteur-récepteur portatif est utile pour permettre à l'opérateur et au chauffeur de communiquer entre eux. Le laryngophone coûte moins de 10 dollars et comprend deux écouteurs, quatre piles sèches de 1,5 volt, un fil à deux conducteurs gaîné de caoutchouc, et un laryngophone.

FIGURE 10. - Pulvérisateur pneumatique à dos, de 2 CV, pesant 38 pounds (17 kg). Sur la figure, le coussin destiné à protéger le dos de l'opérateur est placé sur son dos, dégonflé.

Caractéristiques des pulvérisateurs pneumatiques pour arbres de futaies et d'alignement

Débit d'air. 8 000 cubic feet par minute (226 m3/mn) ou davantage, en fonction de la vitesse.

Vitesse de l'air. 125 miles à l'heure (200 km/h) ou davantage, pour un débit de 8 000 à 10 000 cubic feet par minute (225 à 280 m3/mn); ou 90 à 110 miles à l'heure (145 à 180 km/h) pour des débits de 20000 à 30 000 cubic feet par minute (570 à 850 m3/mn).

Diamètre de la buse. 12 inches (30,5 cm) ou davantage en fonction du débit d'air.

Pompe. Elle doit fournir au moins 2 gallons par minute (7,5 l/mn). Une pompe à piston ou à diaphragme donne satisfaction pour tous mélanges et doit être préférée lorsque des suspensions de poudres mouillables doivent être appliquées à haute pression. Une pompe à engrenages ne donne satisfaction qui si l'on doit employer uniquement des solutions ou des émulsions. Une pompe à engrenages de ½ à 1 inch (12 à 25 mm) est acceptable pour les poudres mouillables si des pressions inférieures à 20 pounds (9 kg) sont utilisées, à condition que la pompe tourne à moins de 750 tours/minute pour réduire l'effet d'abrasion.

Réglage du débit. 1/5 à 2 gallons par minute (0,7 à 7,5 l/mn), avec ou sans dispositif de mesure.

Moteur. Habituellement, plus de 20 CV, en fonction du travail à réaliser.

Cuve. Contenance 40 gallons (150 l) ou davantage, avec une vanne de vidange convenable et revêtement intérieur en matière résistante à la rouille, à la corrosion, aux acides et aux solvants.

Agitateur. L'agitateur mécanique est préférable, notamment lorsque des suspensions doivent être utilisées.

Rotation de la buse. Un arc de 210° suffit. Facile à faire tourner mécaniquement ou à la main.

Plate-forme. Obligatoirement munie d'un frein et capable de faire facilement un tour complet (360°). Doit être facile à graisser, doit permettre un changement facile des vis platinées, des bougies, etc.

Vanne d'arrêt. De type à effet instantané, commodément placée pour l'opérateur.

Diamètre de braquage. Moins de 9 feet (2,80 m).

Encombrement du plancher. Moins de 73 x 73 inches (1,85 x 1,85 m).

Poids. Moins de 3 000 pounds (1360 kg).

Filtres. Un filtre convenable de maille 16 à 20 pour suspensions est nécessaire.

Atomisation. Capable de produire des particules de diamètre moyen compris entre 35 et 80 microns.

Construction. Robuste, résistante, simple, facile à manœuvrer, adaptable et facile à réparer et transporter.

Emplacement du siège et de l'opérateur. Ils doivent être abrités de la chaleur de l'échappement du moteur et des fuites d'air ou des produits pulvérisés.

Montage. Sur camions de type courant, ou montés sur remorque.

Possibilités d'emploi. Les pulvérisateurs pneumatiques doivent, en plus des spécifications ci-dessus, répondre aux exigences requises pour les tâches auxquelles ils sont destinés.

Une notice d'instructions sur la manière d'opérer et l'entretien du matériel doit être fournie avec la machine.

Pulvérisateurs a air comprimé et a dos

Pulvérisateurs à air comprimé

Ainsi nommés parce que de l'air y est comprimé dans un réservoir au-dessus du liquide. Les parties essentielles en sont un réservoir (généralement cylindrique) pour le produit à répandre, avec une poignée de transport ou une bretelle, un couvercle hermétique pour le remplissage, une pompe à air pour comprimer l'air à l'intérieur du réservoir, un tube de décharge qui amène le liquide contenu dans le réservoir dans le dispositif d'évacuation qui comprend un tuyau, une rallonge, une vanne de contrôle du débit, un filtre et un jet. Ils sont moins chers, plus faciles à nettoyer et plus populaires que les pulvérisateurs à dos munis de pompes à diaphragme ou à piston actionnées manuellement. Les pulvérisateurs à air comprimé sont normalement utilisés avec des pressions d'air de 25 à 50 pounds (11 à 22 kg) sur le liquide.

Pour les usages spéciaux, exigeant une pression constante bien définie, un réservoir à air auxiliaire est nécessaire, avec une soupape d'admission et Un régulateur à pression constante entre le réservoir d'air et le réservoir à liquide.

Quelques modèles disposent de bouteilles de gaz carbonique pour assurer la pression de fonctionnement. Ils débitent jusqu'à 15 gallons (57 l) de produit avec une pression de pulvérisation uniforme. Le coût du rechargement est peu élevé. L'emploi de gaz comprimé permet l'utilisation de toute la capacité du réservoir pour le produit à répandre.

Pulvérisateurs à dos

Comme le nom l'indique, ils sont transportés sur le dos comme un sac de montagne, au moyen de deux bretelles (figures 10 et 11). La forme du réservoir est étudiée pour s'adapter au dos, mais ce n'est pas toujours confortable. Quelques modèles ont des pompes à liquides incorporées du type à diaphragme ou à piston, que l'opérateur actionne constamment pendant la pulvérisation. Une cloche à pression diminue les pulsations. D'autres modèles sont équipés d'une pompe externe et à double effet du type à tiroirs. Les pressions maximums s'étendent de 80 pounds (36 kg) pour les pompes du type interne, à 175 pounds (80 kg) pour les pompes du type à tiroirs. La manœuvre de la pompe assure une légère agitation mécanique qui n'est pas suffisante pour les mélanges de poudres mouillables si on ne les secoue pas de temps en temps. Les leviers de la pompe peuvent être adaptés des deux côtés pour permettre le travail avec la main droite ou la main gauche.

La plupart des pulvérisateurs à dos sont fabriqués en acier galvanisé, mais quelques modèles peuvent être fournis en cuivre ou en acier inoxydable moyennant un supplément de prix. La contenance des réservoirs varie de 4 à 6 gallons (15 à 23 l).

Les pompes à incendie ordinaires à dos, ne conviennent pas pour l'application des bouillies concentrées.

Les défauts habituels des pulvérisateurs à air comprimé ou à dos actuels sont énumérés ci-dessous, avec quelques suggestions pour y remédier qui s'adressent aux constructeurs ou aux utilisateurs de tels appareils:

1. Le tuyau est trop court. Une longueur de 4 à 5 feet (1,2 à 1,5 m) est nécessaire pour assurer la portée et un effet de levier.

2. Des maux de reins sont souvent occasionnés par une protection rudimentaire du dos et par des fuites dans la partie supérieure des pulvérisateurs à dos. Ceci est particulièrement grave lorsqu'on applique certains solvants ou produits toxiques. Une adaptation convenable à la forme du dos, un rembourrage et des couvercles étanches seraient d'un grand secours.

3. Les caoutchoucs des garnitures et du piston sont immédiatement décomposés par les solvants huileux comme le xylène, les huiles et d'autres produits chimiques variés. Les pulvérisateurs devraient être équipés de matériaux résistants.

4. Certains pulvérisateurs n'évacuent pas la totalité du mélange contenu dans le réservoir.

5. La plupart des pulvérisateurs ne sont pas équipés de vannes durables, sûres, sans fuites.

6. Agitation insuffisante.

7. Les réservoirs ont tendance à être rongés et à rouiller. Ceci peut être évité par le revêtement de l'intérieur du réservoir avec une matière protectrice et par un nettoyage et un séchage rapides.

8. Les cannes-rallonges d'une longueur supérieure à 3 feet (1 m) sont trop lourdes. Un métal léger comme le magnésium devrait être employé. S'il est encore trop lourd, la rallonge devrait être montée sur une perche de bambou, ou placée à l'intérieur de celle-ci en faisant passer le tube dans un canal percé dans toute la longueur du bambou.

(à suivre)

FIGURE 11. - Traitement, avec un pulvérisateur à dos, de pousses terminales de pins avec un produit concentré pro jeté par des jets atomiseurs.


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