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Problèmes de planification régionale

RUDOLF FROMER
Professeur d'économie forestière, Ecole supérieure d'agriculture, Varsovie

FONDER la politique forestière sur la différenciation des facteurs naturels et économiques de la foresterie est un problème étroitement lié aux problèmes de coordination des tendances du développement dans l'industrie, l'agriculture, la foresterie et les autres branches de l'économie nationale. Un facteur prédominant qui influence ces tendances est l'accroissement de la population et de son niveau de vie.

Le problème de la détermination des bases économiques régionales de la foresterie en général, et de ses bases naturelles en particulier, est d'une grande importance pour l'économie nationale considérée dans son ensemble. Cela a été démontré par l'expérience de l'U.R.S.S. comme des Etats-Unis, par exemple, par les résultats bien connus des grands aménagements de la Tennessee Valley. En ce qui concerne les recherches sur la division d'un pays en régions naturelles (ou physiques) les ouvrages russes et finlandais sont d'une importance considérable. La littérature forestière scientifique polonaise s'est occupée pendant plus d'un siècle des problèmes de recherches en géognomique et en typologie. En 1950, A. Polujanski, forestier polonais bien connu, présentait un ouvrage de quatre volumes dans lequel il étudiait la parenté entre l'économie forestière régionale et l'industrie et l'agriculture, tenant aussi compte du niveau d'instruction et des possibilités de gains des paysans.

Aux 19e et 20e siècles, les recherches sur la division en régions naturelles (physiques) ont eu un large développement, et ont abouti à une série de projets de classification typologique comme, par exemple, le projet de classification de Jedlinski et Chodzicki avant la deuxième guerre mondiale, et celui de Dreszer, Chodzicki, Wloczewski et Mroczkiewicz après la guerre.

La division d'un pays en «sphères» et secteurs naturels (physiques) proposée par Mroczkiewicz constitue depuis peu la base des directives et de tous les principes de la planification de la sylviculture en Pologne.

Le présent article exprime des suggestions en vue de rapprocher des tendances opposées qui entravent souvent les progrès de la gestion forestière. Il traite principalement de la solution de continuité entre les possibilités de production naturelle et les nécessités économiques qui s'imposent à la foresterie. Mroczkiewicz propose la division du pays en huit sphères forestières naturelles - vastes surfaces correspondant chacune à certaines caractéristiques sylvicoles bien définies. Cette division garantit la productivité optimale en basant la planification de la sylviculture sur les caractéristiques du sol et du type de forêt de la sphère intéressée. En fixant l'étendue de ces sphères, elle rend possible la détermination des bases de la production de la forêt naturelle. La littérature scientifique moderne offre nombre de méthodes de détermination des traits principaux de la typologie forestière, par exemple les travaux de Braun-Blanquet, Sukachev, Aichinger, Pogrebniak, Paczowski, Niedzialkowski et d'autres auteurs qui font intervenir aussi bien la physiologie que la bio-géosociologie.

Division en régions

Pour déterminer les impératifs d'une gestion forestière convenable, il est nécessaire de tenir compte, dans l'ordre:

1. des possibilités de production;
2. des conditions de production économique qui influenceront les progrès de la foresterie;
3. des objectifs de la production, économique et physique.

La réalisation de ce postulat pourrait être obtenue par.

1. la délimitation de sphères naturelles déterminant les possibilités biologiques de production;

2. la délimitation de secteurs économiques à affecter à la production forestière, dans le but d'embrasser la gamme complète des tâches et objectifs de la production.

Les recherches sur la division en régions devraient être conduites par les voies aussi bien de l'analyse que de la synthèse, et basées sur des études statiques et dynamiques du développement de la foresterie dans ses relations avec les autres branches de l'économie nationale. Dans l'étude d'une unité forestière individualiste, il ne faut pas perdre de vue que cette unité doit être considérée comme partie d'une unité plus grande, une région économique qui, par hasard, n'a pas été mise en valeur, mais qui présente des caractères bien constants spécifiques de cette région particulière. Il n'est pas possible d'apprécier convenablement cette corrélation sans avoir déterminé les régions économiques*.

* Les définitions de la «région», et du «district», etc. sont données à la section «Régions économiques».

On peut examiner ces problèmes du point de vue du développement de la foresterie, ou de celui de l'industrie, élément le plus opposé qui soit, en regard de la foresterie. Une des tâches importantes de l'économie forestière est l'examen des tendances de la mise en valeur économique qui résultent de l'influence du secteur économique correspondant. Il faut ajouter que cette expansion doit être étudiée de différentes manières. La science forestière, et plus spécialement l'économie forestière, se sont développées tardivement et leur développement a toujours été étroitement subordonné aux nécessités de l'analyse pratique. Malheureusement, les recherches sur les relations entre la foresterie et les autres branches de l'économie nationale ne sont pas encore assez avancées dans la plupart des pays. La synthèse, c'est-à-dire l'économie politique appliquée, ne peut progresser que sur les seules bases de l'analyse mentionnée ci-dessus. Les réglementations et formalités découlant de la législation forestière et des aménagements forestiers n'ont d'effet que si elles concordent avec les besoins régionaux et les tendances de l'évolution. L'examen de la situation géographique et économique, qui exerce une influence prépondérante sur l'évolution de l'économie forestière, devrait constituer la base de l'élaboration de toute politique forestière et de tout aménagement forestier. Cette influence est particulièrement évidente en Pologne. On remarque immédiatement que le taux de boisement est beaucoup plus élevé à l'ouest que dans le reste de la Pologne. En outre, ce taux n'a pas régressé dans ces régions, non plus qu'en Allemagne, depuis la fin du 18e siècle; en fait, le taux de boisement y a légèrement progressé, tandis que dans le reste de la Pologne, il a régulièrement et rapidement baissé. Dans cette même période, il a diminué de près de 50 % et au cours des seules 20 années séparant les deux guerres mondiales, il a baissé d'environ 8,5 %. L'explication de ce fait réside dans le développement historique de l'économie de ces régions. La division de l'Allemagne en de nombreux petits Etats au 18e siècle et l'existence de grandes propriétés féodales vivant en autarcie fut la cause d'un isolement marqué (bien qu'initialement non recherché) des régions économiques. Ces petits Etats eurent un développement indépendant et parallèle, et, à certaines périodes du 18e siècle, furent même isolés les uns des autres par des barrières douanières. Par suite, ces régions eurent à développer toutes les branches de leur économie et en même temps à sauvegarder leur surface boisée. L'existence de ces territoires bien distincts et autarcique - petits Etats allemands et grands domaines féodaux - aboutit souvent à l'établissement de systèmes de législation forestière très différents - systèmes bien mieux adaptés aux particularités régionales des forêts de chaque territoire et jusqu'à ces derniers temps, la foresterie de ces régions restait presque inchangée dans sa forme.

Régions économiques

Par la notion de région économique, il faut entendre une certaine partie d'un pays, où tous les éléments interdépendants de la production se sont organisés ensemble ou s'organisent de façon certaine et apparente. La division en régions implique l'existence de limites. La limite d'une région n'est assurément que l'expression centrifuge de ses forces actives; elle est fixée à la ligne où l'équilibre des forces change. Bien que de telles limites ne soient pas matérialisées sur le terrain, elles ont une existence réelle. Dans le reste de cet article, le terme de «région» sera utilisé pour un ensemble de territoires à conditions économiques similaires, celui de» sphère» indiquera un ensemble de territoires présentant des qualités forestières naturelles semblables, tandis que celui de «district»signifiera un ensemble de territoires dont les qualités aussi bien naturelles qu'économiques sont similaires. Cela aboutit à une classification en régions et sphères. La division en régions et sphères n'est certes pas identique à la division administrative. La Pologne est divisée administrativement en 17 unités (wojewodztwo) avec, en outre, quatre grandes villes.

La littérature relative à ces problèmes, montre qu'on a eu tendance à délimiter les régions économiques sur la base d'éléments statistiques semblables, c'est-à-dire en englobant des territoires de caractères très similaires.

Il a été également tenu compte de la situation géographique et des activités économiques découlant de cette structure, lorsque ces régions économiques ont été délimitées. Depuis le début du 19e siècle, la ville et sa sphère d'influence ont été considérées comme une région. D'autres conceptions délimitent une région sur la base de la division du travail et des échanges dans le cadre d'un marché commun.

Le caractère plus ou moins intensif de l'agriculture pratiquée exerce une influence très importante sur la formation des régions; son niveau est souvent lié à l'établissement de centres industriels qui l'élèvent. L'activité de l'agriculture exerce, entre autres, une grande influence sur l'organisation forestière, une agriculture intensive provoquant une forte augmentation de la demande de certains assortiments déterminés de bois. Comme autres influences, on peut noter le danger accru de pâturage du bétail en forêt, le problème de la main-d'œuvre etc. Je n'analyserai pas ici les problèmes démographiques et leur influence fondamentale sur l'organisation de la région. J'insiste seulement sur le fait que:

1. Les régions délimitées doivent assurer une répartition i des forces productives telle qu'elle permette un équilibre régional entre le développement des moyens de production et l'accroissement de la puissance de travail.

2. Les régions doivent rechercher un certain équilibre entre elles, car le sous-développement d'une région n'est pas plus souhaitable que son sur-développement, en partie parce que ces extrêmes mettent en danger l'équilibre entre le développement économique et le développement social et causent à l'économie des pertes.

3. La mise en valeur optimale d'une région doit être entièrement intégrée, car c'est seulement ainsi que peuvent être obtenus, à son terme, la pleine utilisation des réserves économiques, l'abaissement des prix des transports, un plus grand profit de la production et de meilleures possibilités d'emploi.

Les régions économiques assument certaines fonctions dans le cadre de l'économie d'ensemble d'une région (par exemple, une région industrielle ou une région d'agriculture intensive ou extensive). La politique agricole a largement développé la recherche de systèmes de classification de l'intensité de l'utilisation du sol cultivable. Gerner définit un certain nombre de degrés; par exemple, le premier degré: moins de 25 % de plantes sarclées et plus de 30 % de pâtures; le quatrième degré: plus de 15 % de plantes sarclées, 35-50 % de céréales et 35-50 % de pâtures. Avec les degrés plus élevés, la proportion de pâtures augmente, jusqu'à 85 % au neuvième degré, pendant que la proportion de céréales décroît. Ces études, conduites dans la République fédérale d'Allemagne, montrent que les degrés inférieurs de l'intensité de la culture se trouvent principalement

(mais non pas uniquement) dans les régions à bas taux de boisement, les degrés supérieurs dans celles à taux élevé; par exemple, la station de montagne bien connue de Bad Tölz appartient au neuvième degré avec plus de 90 % de pâtures et 60 % de surface boisée dans le district. Je signale ces problèmes ni connus ni étudiés dans nombre de pays pour démontrer que le taux de boisement est très probablement le facteur qui augmente l'intensité de l'agriculture et occasionne des progrès dans l'équilibre et le niveau de la pratique agricole.

L'exercice pendant de nombreux siècles du parcours du bétail et de la chasse ont marqué de façon décisive le niveau et l'état de la foresterie. L'interdiction légale du parcours n'est pas une mesure suffisante. L'agriculture dans son ensemble doit se trouver placée à un niveau plus élevé si elle a pour objectif de créer des conditions convenables au développement de la foresterie. Au Danemark, les importations considérables d'aliments du bétail et les exportations croissantes de bourre ont été parmi les causes fondamentales du développement très important de la surface, de la valeur et du niveau de gestion des forêts de hêtre. Tout ceci prouve qu'il est nécessaire d'entreprendre des recherches synoptiques d'abord pour déterminer les relations réciproques entre le taux de boisement, la densité de population, les pourcentages en surfaces des différentes cultures agricoles, et pour examiner les rapports entre la quantité de bétail et la surface boisée. Etant donné que la technique agricole progresse en même temps que s'améliorent l'agriculture, la sylviculture et les méthodes d'utilisation des matières premières, un équilibre dynamique s'établira dans le cadre d'une région. Dans ces conditions, le développement d'une région a un caractère systématique et complexe, tandis qu'il était partiel et spontané dans le passé. Des études menées en Pologne sur la formation des régions économiques fournissent de nombreux exemples de l'influence de l'industrie sur la foresterie.

La figure 1, concernant l'unité administrative de Katowice (wojewodztwo Katowice) dont le degré d'industrialisation est élevé, montre que:

a) les forêts situées au voisinage immédiat de centres industriels sont endommagées par l'exploitation du charbon et du sable, par les insectes et par les fumées;

b) les forêts situées plus loin des centres industriels sont menacées par d'autres éléments;

c) seules les forêts situées au nord et au sud des centres sont restées en bon état.

Cette observation détermine aussi les buts d'une politique forestière dans ce district: améliorer la santé et la résistance des forêts par l'introduction d'essences feuillues et mieux les adapter aux exigences résultant du caractère industriel de l'unité administrative et de la densité élevée de population, en augmentant leur agrément et leur importance touristique, etc.

Quand on parle de régions économiques, il faut insister sur le fait qu'elles sont différentes des régions industrielles, qui ont été ou sont encore délimitées d'après les ressources anciennes ou récemment découvertes de matières premières, par exemple le centre industriel de Turoszow, fondé récemment sur le charbon, le centre de Tarnobrzeg sur le soufre, etc. Des régions industrielles sont aussi nées au voisinage de lieux où une industrie s'est exercée pendant longtemps, grâce à une structure particulière les distinguant des autres régions alentour (par exemple, le district textile de Lodz). Les districts industriels et particulièrement les districts importants à forte intensité industrielle, repoussent systématiquement au loin les forêts, ne conservant que quelques fragments de forêt à titre d'espaces verts. Ce fait est parfaitement visible dans l'unité de Katowice, on peut aussi l'observer nettement dans l'unité de Cracovie (wojewodztwo). Ce n'est que dans l'unité de Rydgozoz qu'un certain équilibre s'est maintenu entre les différentes branches de la production, bien que l'on puisse ici aussi observer des destructions de forêt par l'agriculture intensive (figure 2).

Quand on étudie sur une carte montrant les programmes d'avenir, les buts et tendances du développement économique de la Pologne, on peut voir clairement la forêt repoussée au loin et la pression subie par la foresterie. L'accroissement des surfaces consacrées à la culture agricole limite sérieusement les projets de boisement. Dans le passé, la planification de l'utilisation des terres ne tenait pas suffisamment compte des problèmes forestiers et subordonnait l'accroissement de la surface boisée et sa localisation à la croissance de l'industrie et de l'agriculture. Cela avait en définitive un effet fâcheux sur l'expansion de l'industrie et de l'agriculture elles-mêmes.

FIGURE 1. - Diagramme représentant l'unité administrative de Katowice et montrant les effets de l'industrialisation sur la forêt

FIGURE 2. - Diagramme représentant l'unité administrative de Bydgozcz et montrant l'équilibre maintenu entre les différents secteurs de la production bien que l'agriculture intensive ait contribué à une certaine destruction de la forêt.

On peut trouver un exemple de développement disproportionné, par exemple, dans les projets d'accroissement du taux de boisement, dans l'unité administrative de Lublin (19,9 %) - accroissement d'environ 10 % pour 1975 - tandis que les projets prévoient un accroissement de 62 % pour le cheptel. Cette dernière prévision peut augmenter l'érosion qui se manifeste sérieusement dans cette zone. Un développement aussi disproportionné peut être très néfaste si la foresterie ne joue pas pleinement son rôle propre dans l'économie polonaise. Cependant dans l'unité administrative de Koszalin qui a également un taux de boisement élevé, les plans de développement visent à une utilisation intégrée du bois la meilleure possible. L'industrie du bois est la principale industrie. Des projets analogues pour régions bien boisées sont en voie de réalisation, sur une plus grande échelle en U.R.S.S., où le plan général d'organisation forestière et d'utilisation du bois comporte, par exemple, pour la région de Perm, une production de nombreux millions de mètres cubes permettant l'utilisation complète d'environ 1,7 million de mètres cubes de déchets de bois et de bois de qualité inférieure. Autres exemples bien connus de ces tendances, la Svenska Celulose A. B., Sundsvall, et la Hellefors Brooks Co. en Suède.

Planification forestière

Comme il a été dit au début de cet article, la classification des forêts polonaises en sphères de structures physique et économique similaires est basée sur une différenciation naturelle déjà existante, et sur des projets déjà agréés de division du pays en régions économiques.

Cette dernière division fait partie des objectifs de la planification générale du territoire, qui a été basée sur les éléments suivants: revenu national par tête, prévision d'augmentation de la population jusqu'à 1975, participation de la production industrielle globale de la région à la production d'ensemble du pays, estimation de l'accroissement des investissements par tête dans la productivité agricole au cours de la même période, etc. Les éléments sont, comme on peut le voir, de caractère aussi bien statique que dynamique. En outre, les conditions de l'évolution historique, l'organisation des transports, etc., ont été pris en considération en cas de besoin. Sur ces bases, le pays a été divisé en quatre grandes régions économiques. En même temps que ces éléments, d'autres facteurs caractéristiques de la foresterie dans ces régions ont été déterminés, à savoir: taux de boisement, proportion de la surface forestière totale du pays pourcentage de matériel sur pied de la région intéressée, prévisions de l'accroissement de la surface forestière jusqu'à 1975, volume du matériel sur pied dans la région au cours de la même période, etc.

A titre d'exemple, voici, sous forme de tableau, la comparaison entre la région II (région sud-est à caractère plutôt agricole) et la région IV (fortement industrielle).

Comme le montre le tableau ci-dessous, les importantes différences économiques entre les deux régions amènent leurs productions forestières respectives à avancer suivant deux voies complètement différentes et à avoir des objectifs différents. Cette division fut reportée sur la carte du pays et reliée à l'existence de 8 sphères naturelles dont il fut question au début de cet article. La figure 3 montre, à titre d'exemple, la région économique IV (région Sud) où sont tracées les limites des sphères naturelles; on voit, dans cet exemple, l'étendue de la sphère Sudète et, partiellement, celle des sphères Carpathienne et Silésienne. Dans le cadre des limites de chaque région, l'ensemble du territoire a un caractère uniforme au point de vue économique, bien que l'on puisse noter des différences considérables dans une même région. Par exemple, l'aire de la région VIII est caractérisée par des qualités économiques et naturelles semblables, et elle appartient à la même région et à la même sphère naturelle. Néanmoins à l'intérieur d'une région ou d'une sphère, il existe des différences d'importance secondaire; par exemple à la limite sud de la région, il existe des forêts de montagne importantes pour les loisirs et le tourisme; il y a aussi de nombreuses petites forêts agricoles avec pâturage intensif. Les limites des districts sont des limites de sphères naturelles ou des limites de régions à agriculture intensive ou de régions industrielles. Ainsi ont été délimités dans la région sud six districts économiques et naturels, plus de 20 districts ont été délimités dans l'ensemble de la Pologne. La description suivante montre les différences économiques et naturelles entre les districts délimités dans la région sud.

TABLEAU 1. - COMPARAISON ENTRE LA RÉGION A CARACTÈRE AGRICOLE (II) ET LA RÉGION A CARACTÈRE INDUSTRIEL (IV)


Région Il
Région Sud-Est

Région IV
Région Sud

Revenu national per habitanta

87,1

119,5

Production en pourcentage de la production totale

11,1

45,2

Pourcentage d'accroissement de la populationb

137,5

133,7

Accroissement de la production agricolec

141,2

113,40

Accroissement de l'élevaged

177,4

154,3

Taux de boisement

20,8

26,5

Pourcentage de la surface forestière totale du pays

20,7

19,0

Pourcentage du matériel sur pied totalf

19,2

24,2

Densité du réseau routier forestier, km/ha

1,97

1,80

Progression du matériel sur pied f g

11 1,6

104,4

a Revenu national moyen = 100 en 1958.
bcd 1959-1975.
e Le niveau moyen actuel est plus élevé que dans la région Il.
f Bois d'industrie seulement.
g 1959. 1975, 100 en 1959, fournissant la possibilité.

FIGURE 3. - Diagramme représentant la région IV (région Sud) et montrant sa division en sphères et en districts.

District

Sphère

Qualités et physiques et économiques

a

VI

Petites surfaces agricoles près de la limite (agriculture intensive). Pas d'industrie. Taux de boisement élevé. District dans l'aire du pin, du chêne, du sapin, du hêtre, de l'épicéa et du mélèze. Forêts composées surtout de résineux avec quelques feuillus Sols formés à partir de moraines.

b

V

Cette zone comprend la plus grande partie de la région. Au centre, surtout agriculture hautement intensive sur les lisières il y a aussi quelques surfaces à agriculture intensive. District fortement industrialisé. Deux zones d'industrie lourde concentrée dans les secteurs est et sud-ouest (une partie du bassin houiller de Haute Silésie et le centre industriel de Walbraych). Outre le district industriel d'Opole le grand centre industriel de Wroclaw (Breslau) et de nombreux autres centres plus petits. District à taux de boisement élevé, comprenant la zone de forêt naturelle de la sphère de Silésie. Grande variété géologique du sol depuis les formations à base de diluvium jusqu'au sable mobile et aux dunes en passant par les sols à humus noir. On y trouve toute la gamme des essences forestières importantes épicéa, pin, avec quelques chênes hêtres, charmes, sapins; sur les meilleurs sols, forêts de chênes avec hêtres et charmes.

c

VII

La zone des Sudètes comprenant principalement la partie industrielle du bassin houiller de Basse Silésie. Grande concentration de centres communaux industriels. Agriculture intensive. Taux de boisement élevé. Le district comprend la zone de forêt naturelle de la sphère des Sudètes. Structure géologique très variée sur. tout granite et ardoises ou schistes. Sols également très variables selon les roches mères. Forêts d'épicéas en montagne dans les parties basses hêtre, sapin, épicéa, mélèze et érable Au pied dos montagnes, forêts d'essences variées avec hêtre, sapinépicéa, pin et chêne.

d

VI

District à caractère extrêmement industriel (district de Katowice Cracovie). Grand ensemble de villes industrielles. Agriculture surtout intensive (hautement intensive dans la partie centrale). Quelques forêts d'importance plus réduite. Sols formés de calcaire dur. Le hêtre est l'essence type de ce district, également chêne, sapin, épicéa, rarement pin.

e

VII

Zone au pied des Carpathes. Partie nord-ouest à caractère industriel également plusieurs centres industriels isolés. Le reste caractérisé par une agriculture intensive. Plus grande proportion de forêt qu'en «d». Sols sur grès, limons et ardoises ou schistes. Forêts mélangées avec sapin, hêtre épicéa, mélèze, érable; en outre pin et chêne dans la zone de transition.

f

VIII

Zone montagneuse des Carpathes dépourvue d'industrie; agriculture intensive. Forêts de grande importance sources minérales, centres de repos et de tourisme. Sols alluviaux pauvres en montagne, sols peu profonds sur granite. A la partie supérieure, dans l'aire de l'épicéa et du pin cembro forêts d'épicéa; à la partie inférieure hêtre, sapin, épicéa, érable et mélèze. Pin mugho dans les tourbières.

La division en districts ne coïncide pas avec la division administrative, mais les limites de régions coïncident exactement avec les limites de trois unités administratives; il y a donc une corrélation entre la division administrative existante et la division économique proposée. La règle principale pour la division est donnée par le fait que chaque district délimité constitue une partie d'une sphère naturelle déterminée.

Ce district présente ainsi des conditions économiques et naturelles semblables, et contribue à surmonter les contradictions existantes dans cette sphère. La méthode de délimitation de district décrite ci-dessus peut être appliquée aux forêts domaniales sous forme de directives obligatoires, aussi bien qu'aux forêts n'appartenant pas à l'État par des moyens indirects et des méthodes adéquates de politique forestière.

La répartition des forêts dans les régions économiques doit constituer la base de détermination de zones industrielles comprenant des scieries, des fabriques de contre-plaqué, de panneaux de fibres et de particules, et de pâte, etc. Le point de départ dans cette détermination est, d'un côté, la situation des usines de transformation du bois déjà existantes, et de l'autre (suivant les possibilités pratiques de production), les réserves de matières premières dans la région en question. Compte tenu de la transformation mécanique du bois (sciage et autres branches de l'industrie du bois), la capacité actuelle de production et les disponibilités de matières premières doivent être analysées en ne prenant en considération que les assortiments utilisables pour les fabrications de ces usines. Le résultat de l'analyse dans l'exemple cité montre qu'il existe dans toutes les unités sauf trois un grand excédent de capacité de production des scieries en regard des possibilités de production des matières premières disponibles.

La situation est différente pour la production de la pâte. Le pays dispose de grandes possibilités pour développer l'industrie de la pâte et des panneaux de fibres. La possibilité de production des réserves potentielles de matières premières pour ces industries dépasse la capacité de transformation des usines existantes dans plusieurs unités administratives. D'un autre côté, trois unités administratives (les unités de Katowice, de Cracovie, et, à un degré moindre, d'Opole) possèdent une capacité industrielle pour les produits de transformation du bois qui excède de beaucoup les possibilités de leurs propres ressources en matières premières.

Un développement plus poussé de l'industrie des panneaux de fibres et de particules, de pâte et de papier permettrait l'utilisation de plus du tiers des quantités des matières premières bois citées ci-dessus. Il serait possible de choisir des emplacements appropriés pour ce genre d'usines dans le cadre d'une localisation convenable de l'industrie du bois en général. En résumant cette analyse d'une division du pays en régions forestières économiques et naturelles nous devons souligner les objectifs de cette division et son importance pratique.

Outre le but déjà mentionné de la détermination de la parenté exacte de la foresterie et des autres branches de l'économie, une division régionale des forêts permettra de fixer les objectifs réels et les progrès à réaliser en foresterie, à savoir:

1. Objectifs économiques dans leur ensemble: en rapport avec les tendances de l'évolution de la foresterie dans la région, c'est-à-dire déterminant les tâches essentielles de production, protection, tendance des investissements, etc.

2. Objectifs d'une gestion forestière considérée en elle-même: la détermination de la parenté de la foresterie avec d'autres branches de l'économie et les tâches détaillées de chacune, en partant des tendances économiques communes.

3. Objectifs de production: détermination des tâches sous les différents aspects de la foresterie de production considérés en fonction de leur fin productive classification des sols pour déterminer exactement les essences devant composer les forêts; détermination de la structure optimum de la forêt, etc. La détermination des possibilités de production du point de vue physique, aussi bien qu'économique, permettra de faire le choix des essences les plus convenables pour le reboisement.

4. Objectifs particuliers du point de vue de l'aménagement des eaux, des buts récréatif, éducatif, scientifique et de protection, etc.

Ces objectifs seraient atteints grâce à la division ci-dessus en régions économiques et naturelles. Ils devraient ressortir des plans de développement futurs des différentes unités et régions, constituant ainsi une liaison entre les buts de la politique forestière et de la gestion forestière.

L'exemple suivant montre l'importance pratique de la méthode décrite:

District (a). Selon les conditions typologiques: sur mauvais sols, pin (Pinus silvestris) près de 90 %, sur sols meilleurs, pin en mélange avec environ 10-30 % de bouleau (Betula pubescens), sur certains sols, 30 à 50 % d'épicéa (Picea excelsa), sur les sols les meilleurs 10-15 % de chêne (Quercus pedunculata).

Objectifs de production sur mauvais sols: bois de mines et bois à pâte; sur sols meilleurs, une certaine proportion de grumes de sciage avec une révolution ne dépassant pas 100 ans. La production de ce district devra, si possible, être harmonisée avec les tendances de l'évolution de l'industrie dans le district voisin (b). Sur la plus grande partie des forêts, coupes à blanc par bandes de 60-80 mètres de largeur et de 2-4 hectares de surface. La classification des types de forêt dans l'ensemble du pays est bien entendu beaucoup plus différenciée et plus détaillée que celle exposée ci-dessus.

District (f). Hêtre (Fagus sylvatica) 40-60 %, sapin (Abies pectinata) 20-30 %, mélèze (Larix polonica) 10-20 %, selon les conditions de sols, et aussi épicéa. Objectifs de production: protection du régime des eaux, loisirs, tourisme, etc. Longue révolution (jusqu'à 150 ans); surtout bois de sciage. Les objectifs de protection sont les plus importants.

La subordination de ces plans à la politique générale économique constitue la base de la création de conditions convenables pour la croissance propre de la foresterie et de l'industrie de transformation du bois dans le cadre du développement économique global de la région économique visée.

Avec leur développement, les régions deviendront capables de se suffire partiellement à elles-mêmes en ce qui concerne leurs ressources en matières premières. Une partie de ces régions contribuera à fournir ces matières premières à leurs industries du bois. Le développement de la production des succédanés du bois et l'accroissement de la productivité des forêts et du taux de boisement des zones à taux initial bas contribueront aussi à élever la productivité de la région entière et à améliorer les conditions d'existence de la population.

La délimitation des régions économiques et districts rend possible:

a) la fixation d'objectifs économiques et de production pour la totalité des régions et districts forestiers et des domaines forestiers particuliers;

b) la création d'une législation et d'une administration forestières assises sur les bases physiques et économiques les mieux appropriées.

La méthode décrite ci-dessus, sous cette forme, est destinée en premier lieu aux pays économiquement très développés; ces pays souhaitent parfois asseoir leur politique forestière sur une base précise et différenciée. La méthode pourrait également convenir aux pays qui sont en train de définir les objectifs principaux de leur politique forestière. En pareil cas, la méthode utilisée pourrait être simplifiée dans sa forme.


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