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CHAPTER 9
LA POLITIQUE PRANCA1SE DE CONSERVATION PES RACES DOMESTIQUES EN PERIL

J.M. Devillard
Ministère de l'Agriculture - Bureau de la Selection
78, rue de Varenne 75700 PARIS

J. Bougler
Institut National Agronomique Paris-Grignon
16, rue Claude Bernard 75231 PARIS CEDEX 05

J.M. Duplan
Institut Technique de l'Elevage Bovin
149, rue de Bercy 75595 PARIS CEDEX 12

Plus de la moitié des 80 races francaises des espéces domestiques de grande taille (bovins, ovins, caprins, pores, chevaux et ânes) sont actuellement menacées de disparition. En 1976, le Ministére de l'Agriculture a déoidé d'aider à la mise en place de programmes de conservation pour ces races, par 1*attribution de crédits qui représentent 0,5% des crédits d'aide à 1'amelioration génétique. Quinze programmes de conservation ont ainsi été aidés en 1979 pour un coút moyen de 35,000 F ($ 8,000 U.S.) par programme. Les situations des raoes menacées sont trés diverses mais l'objectif est toujours de conserver un nonibre minimum d'animaux dans leur milieu. La conservation d'animaux vivants doit autant que possible être complétée par d'autres méthodes (conservation de sperme, conservation d'embryons, etc.).

Le bilan provisoire que l'on peut faire aprSs quatre annles de fonctionnement de ces programmes est largement positif, mais il importe de prendre certaines préoautions, en particulier d'ordre sanitaire, et de poursuivre l'analyse théorique de la gestion des petites populations. II faudra également chercher a définir plus précisément ce qu'est 1*originalité" d'une race et comment on peut la mesurer, car toutes les populations en voie de disparition ne méritent sans doute pas d'être conservées.

9.1 Historique de l'idle de conservation et des actions de conservation en France

Parmi les 80 races francaises des espèces bovine, ovine, caprine, porcine, chevaline et asine, 40 sont actuellement menacées de disparition puisqu'elles ne comptent plus que quelques milliers voire quelques centaines de têtes. Dans certaines races, le nombre d'animaus qui subsiBtent se compte même en dizaines. D'autres races, qui ne peuvent certes etre considlrles comme "en péril", car elles ont encore des effectifs depassant 10 000 têtes, se trouvent nlanmoins dans une situation préoccupante, du fait de la décroissance régulière de leurs effectifs. Les races bovines d'Aubrac et Tarentaise sont dans ce cas.

La situation des races menacées de disparition (localisation, nombre d'animaux, existence d'un programme) a été résuraée dans les cartes des Annexes 1, 2, 3, 4 sous une forme codifiée.

Avant 1965, la seule action de conservation menée en Prance a porté sur la race ovine Mérinos de Rambouillet: un troupeau de 100 à 200 têtes, offert par le roi d'Espagne à Louis XTV e été conservé depuis le 17ème siècle à la bergerie royale, puis nationale de Rambouillet, dans la région parisienne.

L'idle de la nécessité de la conservation d'autres races domestiques appara£t en France en 1965 et les premières actions de conservation soutenues par le Ministère de l'Agriculture datent de 1968, et portent sur la race bovine d'Aubrac, sur la raae bovine Bazadaise et sur la race ovine Solognote.

II faudra attendre 1976 pour que le nombre de programmes de conservation augmente notablement. En effet, cette mêrae année, la Commission Nationals d'Amélioration Génétique, qui assiste le Ministre de 1'Agriculture dans ses decisions en matiere de selection animale, affirma la nicessiti d'entreprendre des programmes de prospection, d'inventaire, d'étude et de conservation des races en voie de disparition, et proposa de riserver chaque ann!e a des actions de conservation une fraction (0,5%) des credits "Amelioration Ginitique" du budget du Ministere de 1'Agriculture.

Ces propositions furent adoptées at quinze programmes de conservation1/ ont été approuvés depuis; des aides financières ènt été accordées à ces programmes sur les budgets 1977, 1978 et 1979 du Ministère de 1'Agriculture. En 1979, 516,000 F ($120,000 U.S.) ont été ainsi affectés aux différents programmes de conservation. Cela représente une aide moyenne d'environ 35,000 F ($ 8,000 U.S.) par programme et par an.

En plus de ces 15 programmes approuvés existent pour d'autres races des programmes plus legers ou des projets de programme qui se preóisent peu à. peu sans s'être matérialisés (voir annexes 1, 2, 3, 4). Enfin, le Ministére de l'Agriculture a contribué, avec la Société Centrale d'Aviculture, à la raise en place, en 1978 d'un "Conservatoire des animaux de basse-cour" qui travaille à la conservation de 50 races régionales de poules, canards, oies, dindons et lapins.

L'augmentation rapiite du nombre des programmes de conservation après 1976 a trois causes:

  1. La Société d'Ethnozootechnie, fondée en 1971, et quelques personnes d'orignes diverses (chercheure, enseignants, fonctionnaires) ont largement contribué à faire admettre l'idée de la nécessité" de la conservation et ont aidé à la mise en place des premières initiatives.
  2. L'aide financière accordée par le Ministère de l'Agriculture a été déterminante.
  3. Enfin, la troisième cause est d'ordre psychologique• Ces races en voie de disparition étaient jusqu'alors relativement méprisées car insuffisamment productives et exploitérs dans des systèmes traditionnels, dans des régions plutôt pauvres. Les éleveurs et les associations d'éleveurs (Herd Book, etc.), voyant que l'on s'intéresse maintenant à leurs raoes ant été encouragées. Cet aspect psychologique a été trés important et a incité les éleveurs à s'intéresser et à adhérer aux programmes de conservation.

9.2 La doctrine de la conservation - la stratégie et les méthodes

9.2.1 La doctrine: conserver autant que possible les animaux dans leur milieu

9.2.1.1 La constitution de stocks de sentence a bien sûr été entreprise dans tous les cas où cela était possible, en particulier pour toutes les races bovines. Pour chaque race, on a essayé de constituer un stock de semence aussi diversifié que possible, afin de réduire le risque de dérive g!n!tique et d'appauvrissement en génes dans la race (maintien de la variabilité intra-race). Mais la constitution de stocks de semence n'est pas possible en l'état actuel de la technologie dans certaines espèces (ovins, porcins).

9.2.1.2 La conservation d'embryons congelès;

La conservation des races en voie de disparition dans 1'espèce bovine sous forme d'embryons congelés transplantables ultérieurement, à laquelle certains ont pensé, ne peut être envisagée comme méthode unique, en l'état actuel de la technologie, et cela pour deux raisons:

  1. Le rendement ne dépasse pas 25%: à partir de 100 embryons congelés puis décongelés et transplantés, on obtient au maximum 25 veaux. Les spécialistes affirment cependant que ce rendement est perfectible très rapidement.

1/pour 8 races bovines et 7 races ovines ou caprines.

  1. De plus, on ignore ce que sera ce rendement si la durée au cours de laquelle l'embryon est conservé sous forme congelée est beaucoup plus longue, ce qui serait bien le cas si cette technologie est utilisée pour la conservation. On manque en effet de recul pour garantir le maintien de la vitalité des embryons après un blocage de métabolisme qui aurait duré plusieurs années, ou plu­sieurs dizaines d'années. Le fait que le pouvoir fécondant des spermatozoïdes de taureau congelés à - 196°C ne s'atténue pas sensiblement sur une longue période - l'on dispose dans ce cas d'un recul de plus de 20 ans - constitue un élément favorable, mais il paraît prématuré, en l'état actuel des choses, d'affirmer qu'il en sera de même pour des embryons constitués de plusieurs centaines de cellules.

9.2.1.3 Maintien d'animaux dans leur milieu

La conservation d'animaux dans leur milieu, dans des troupeaux conduits par des éleveurs plutôt que dans des fermes d'Etat, paraît indispensable, même si la conservation de semences et d'embroyons congelés est techniquement possible. En effet, les potentialités de ces races sont en général très mal connues (performances zootechniques, mesure de l'adaptation â des conditions de milieu difficiles1/ , résistance au froid, à la chaleur, aptitude à consommer des fourrages grossiers, résistance à la marche, résistance à la maladie, etc....).

Il est donc nécessaire d'avoir des animaux vivant dans leurs conditions habituelles pour pouvoir faire ces études. De même, la poursuite de leur exploitation, dans leur milieu, est nécessaire à l'étude des systèmes agraires dans lesquels ils s'entégraient traditionnellement, ainsi qu'à la mise au point de nouveaux systèmes où ils pourraient prendre place à l'avenir.

Aussi les éleveurs ont ils toujours été associés aux actions de conservation (seule exception à justification historique: le Mérinos de Rambouillet), ainsi que les organisations auxquelles ils pouvaient appartenir (Coopérative d'insémination artificielle, Association tenant le livre généalogique).

9.2.2 Une stratégie adaptée à la grande diversité des situations

L'initiative des premiers programmes de conservation (avant 1976) est venue du souci des éleveurs eux-mêmes de maintenir les races qu'ils exploitaient. Ultérieurement (après 1976), il y a eu, dans d'autres races, reconstitution ou réanimation des associations d'éleveurs correspondantes (Herd Book, etc.), voire même prise en charge par un organisme à vocation plus générale dans le cas des situations les plus dégradées: Parc naturel régional ou national par exemple.

Dans tous les cas, une aide méthodologique a pu être apportée à ces diverses initiatives par les organismes nationaux, services publics, comme l'Institut National de la Recherche Agronomique ou des Etablissements d'enseignement supérieur agronomique ou Associations professionnelles.

Une méthodologie de la conservation et de la gestion des races de faible effectif a été élaborée par l'Union Nationale des Livres Généalogiques (U.N.L.G.), avec l'appui de l'Institut National de la Recherche Agronomique (I.N.R.A.). La conception et la mise en oeuvre des différents programmes, réaliseées de manière relativement pragmatique pour s'adapter à la situation particulière de chaque race ont été assurées, selon le cas, avec le concours de l'Union Nationale des Livres Généalogiques (U.N.L.G.), des Intituts Techniques par espèce (Institut Technique de l'Elevage Bovin, Institut Technique de l'Elevage Ovin et Caprin, Institut Technique du Porc), d'Etablissements Départementaux de l'Elevage (E.D.E.) et de Parcs Naturels Régionaux.

Les rôles respectifs de ces différents organismes varient selon les programmes, tel organisme jouant un rôle important dans tel programme, et moins important, ou bien inexistant, dans un autre programme. Les equipes se sont constituées autour du maítre d'oeuvre de chaque programme de manière relativement informelle, et cette souplesse a certainement constitué un element favorable au bon démarrage de la plupart d'entre eux.

1/C'est souvent l'aspect le plus original de ces races.

L'expérience a montré en tout cas que pour qu'un programme de conservation puisse être mis en place et poursuivi de manière efficace, les deux conditions suivantes devaient être remplies:

  1. Il doit exister, sur place, une personne, ou un groupe de personnes animant le maître d'oeuvre et jouant réellement le rôle de "moteur" et da coordinateur. Ce "moteur" n'existe pas encore pour certaines races menacées de disparition.
  2. Les éleveurs doivent manifester une certaine volonté de conserver la race. Souvent, cette volonté n'existait plus, mais l'action motrice du maître d'oeuvre les a alors amenés à manifester une volontfé active de conservation, qui se concrétise dans 1'adhésion au programme.

Les stratégies élaborées et les actions mises en oeuvre ont pris des formes difféVentes selon 1'importance numérique de la population subsistant (quelques dizaines, quelques cen-taines, quelques milliers) et selon son mode de reproduction (en particulier, possibilité ou non de stocker de la semence congelée):

  1. Lorsqu'il ne restait plus que quelques dizaines ou quelques centaines d'individus de la race considéreé, il fallait avant tout parer au plus pressé. Il s'agissait bien alors de conservation stricto sensu, la race étant mise "en réserve", en étantd'une insertion possible dans I'appareil de production, à plus ou moins long terme, tout au moins pour certains de ses gènes, sans que l'on doive se préoccuper de sa rentabilité à court terme. Le but est alors la constitution d'un noyau d'éleveurs et d'un noyau d'animaux capables de s'auto-renouveler.
  2. Lorsque la population subsistante comports encore quelques milliers d'animaux, la race conserve souvent encore une quasi-rentabilité, tout au moins dans des conditions dexploitation difficiles où elle peut exprimer son potentiel de "rusticité" et rivaliser avec des races plus productives. La stratégie de la conservation n'est plus la même que dans le premier cas, et une légére pression de sélection peut même être envisagée. La race ovine Solognote (1,200 animaux) et la race bovine Vosgienne (3,000 animaux) se trouvent dans ce cas.

Dans la pratique, l'organisme maítre d'oeuvre du programme de conservation (Herd Book, Flock Book, etc.) précise dans un contrat les obligations des éleveurs qui adheVeront au programme. L'éleveur doit par exemple s'engager à conserver tous les produits femelles nés dans son troupeau, jusqu'à un certain age, ou bien il s'engage à respecter, pour ses femelles reproductrices, un programme d'accouplement: pour cbaque vache du troupeau, le Herd-Book propose un choix limité de taureaux pour la saillie. En contrepartie de ces obligations, l'éleveur adhérant au programme bénéficie d'un certain nombre d'advantages (prime par vache présente, prime par produit femelle conservé, insémination artificielle gratuite, etc.). Bien sûr tous les éleveurs de la race n'adhèrent pas au programme.

9.3 Quelques exemples de programmes

On trouvera ci-après quelques exemples di programmes de conservation illustrant les différentes situations que l'on peut rencontrer: trois races pour lesquelles un programme de conservation fonctionne de manière satisfaisante, et une race pour laquelle existe un projet de programme.

9.3.1 Un programme ancien, bien rôde, et qui fut un sucoès; celui de la race ovine Solognote

Un programme de conservation de la race ovine Solognote fonctionne depuis 1969, véritable précurseur des programmes mis en place pour les autres races, après 1976. I1 regroupe 1,200 animaux, appartenant à 19 éleveurs, et il est probable que la race aurait disparu sans sa raise en place, il y a 11 ans. Le "Flock Book Solognot" gère ce programme de conservation.

Cette race, que l'on trouve en Sologne, oompte encore 1,800 têtes. Elle est d'une grande rusticité, résiste très bien à la douve du foie (les sols de Sologne sont très humides) et se contente d'une nourriture pauvre et déséquilibrée.

9.3.2 La race bovine "Bretonne Pie Noire"

Gette race rustique de très format (1,15 m de hauteur au garrot) et de robe pie-noire, est capable de valoriser l'herbe des régions pauvres de Bretagne; elle supporte bien des conditions très difficiles. II y avait encore 15,000 vaches Bretonne Pie Noire en 1975t il n'y en a plus que 3,000 en 1980. Un programme de conservation a été mis en place en 19?6. 49 éleveurs, possédant 350 vaches ont adhéré à ce programme. Après quatre années de fonctionnement, on peut affirmer que le programme a été efficace, puisqu'il a permis de constituer un noyau suffisant d'animaux répertoriés, identifiés et conserves dans leur milieu naturel. L'élevage de génisses nées en 1978, 1979 and 1980 a permis de rajeunir la population des femelles qui présentait un âge moyen élevé. Le programme est géVé par la "Société des Eleveurs de la race Bretonne Pie Noire".

9.3.3 La race bovine Vosgienne (une race que l'on voulait faire disparaître et qui s'est maintenue)

Cette race laitière rustique, de format moyen, valorise très bien les ressources fourragères des montagnes Vbsgiennes, en Alsace. Dans ces conditions difficiles, elle est économiquement très intéVessante• Bien qu'elle ait passé près de 25 ans sans existenoe officielle (la race n'était plus reconnue officiellement par le Mnistère de 1'Agriculture depuis 1955) ses effectifs se maintiennent à 3,000 têtes. Un programme de conservation fonctionne de mainère tout à fait satisfaisante. 20 éleveurs possédant 400 vaches toutes inscrites au contrôle laitier ont adhéré au programme. La dimension de la population permet d'exereer une légére pression de sélection par rapport au critère production laitière. La race a de nouveau été reconnue officiellement par le Ministère de 1'Agriculture en 1979.    

9.3.4 Une race au bord de la disparition; la race Asine Baudot du Poitou

Cette race d'ânes, originale par son très grand format (1,40 à 1.60 m de hauteur au garrot), que l'on rencontre dans la région du Poitou (Centre Ouest) était utilisée traditionnellement en croisement avec une race de chevaux de trait locale, pour produire des mules et des mulets de grande taille.

Un recensement effectué en 1977 a montré qu'il n'existait plus que 45 ânes et ânesses du Poitou répartis chez 14 éleveurs ou propriétaires.

Le Service National des Haras (Ministère de 1'Agriculture) et le Pare Naturel Régional du Marais Poitevin envisagont 1'installation d'une asinerie, avec 20 à 25 boxes, où seraient entretenus des ânesses appartenant au Parc Naturel Régional et des étalons (baudets) appartenant au Service des Haras. De plus, les éleveurs et propriétaires pourraient amener leurs ânesses à cette asinerie, pour la saillie. Si ce projet d'asinerie ne se réalise pas, le baudet du Poitou aura sans doute disparu au début du XXIème siècle.

9.4 Bilan provisoire des actions de conservation de 1976 à 1980

II est possible, après 4 années de fonotionnement de ces programmes, de dresser un bilan provisoire des opérations de conservation entreprises. Ce bilan paraît largement positif puisque la plupart des 15 programmes mis en place depuis 1976 fonctionnent de manière très satisfaisante. Des stocks de semence éné Ite" constitués mais il convient de diversifier encore les stocks de semence recueillie afin d'avoir en rserve, dans cheque race, des semences de taureaux de toutes les families. Dans la plupart des cas, le programme a entraîné un rajeunissement de la population de femelles de la race. Souvent, en effet, au départ des programmes, l'âge moyen des femelles était très éievé.

Dans plusieurs cas, la mise en place rapide d'un programme de conservation a réelleraent permis de sauver la raoe qui se trouvait au bord de l'extinction: la race bovine Villard de Lans aurait sans doute disparu si, dès 1977, les prendères actions n'avaient été entre-prises.

Ces programmes de conservation, finalement peu coûteux pour la collectivité, doivent être poursuivis, tant que l'on ne dispose pas d'une technique permettant de conserver les gènes sans avoir à conserver les animaux. II convient cependant de poser dès à présent un certain nombre de questions pour 1'avenir et de prendre certaines précautions, sous réserve de compromettre l'efficacité des programmes de conservation.

On peut dire en tout cas que la Prance a acquis une bonne expérience en matière de conservation, par la combinaison d'une approche théorique et d'une approehe pragmatique.

9.5 Comment envisager 1'avenir de la conservation: des précautions à prendre, des recherches a poursuivre.

9.5.1 Conserver des oheptels assainis

Il convient de porter une attention toute particulière à l'aspect sanitaire des cheptels inscrits au programme de conservation. II ne servirait à rien de conserver des cheptels non assainis pour la tuberculose et la brucellose, puisqu'aucun animal, et en particulier aucun taureau (pour l'espèce bovine) ne pourrait sortir de l'exploitation, à des fins de repro-duction, pour prélèvment de semence ou à destination d'un autre élevage. Les responsables des différents programmes doivent done désormais se montrer très exigeants en cette matière, pour les cheptels ayant des animaux inscrits au programme. L'importance de ce problème apparaít bien lorsque l'on sait que, fin 1979, 19,7% des 203 troupeaux de raoe bovine Aubrac devant entrer dans le programme de conservation Aubrac étaient infectés de brucellose, le même pourcentage au niveau Prance èntiire pour l'ensemble du cheptel bovin n'étant que de 4,5%.

9.5.2 Réflechir, pour 1'avenir, aux différentes méthodes de conservation possibles

La reflexión sur la conservation des races doit étre élargie à una reflexion plus globale sur la conservation de la variabilité génétique dans nos populations d'animaux domestiques. Ainsi, par exemple, la nécessité du maintien d'une certaine variabilité génétique á l'intérieur des grandes races sélectionnées où le nombre de géniteurs màles est réduit, déjà signalée par certain auteurs, ne semble pas avoir été suffisarament prise en compte. Cette reflexion globale doit débouoher sur une analyse des avantages et des inconvénients des différentes méthodes de conservation existantes et de celles qui seront peut Stre disponibles dans le futur. Afin d'amorcer cette réflexion, nous avons fait figurer dans un tableau détaillé (tableau 1) les différentes méthodes de conservation possibles, avec leurs avantages et leurs inconvénients respectifs, tels que ceux-ci peuvent être appréciés actuellement. Ces méthodes se répartissent en quatre grandes familles:

  1. Conservation de gènes:

(a) en "pool de gènes": Population mélange, obtenue par croisement au hasard et systématique de différentes races ou populations, se reproduisant ensuite en panmixie.

(b) sous forme de gènes isolés in vitro (ingéniérie génétique, "chirurgie génétique"), encore du domaine de la science fiction.

  1. Conservation de races sous forme d'animaux vivants:

(a) chez des éleveurs

(b) dans des fermes d'Etat

  1. Conservation de races "in vitro";

(a) sperme congelé

(b) embryons congelés.

Cout de la conservation d'une race sous forme d'embryons congeles 

Dans le coût total, il faut distinguer trois choses:

  1. Le coût de fabrication des embryons congelés, qui correspond à un investissement à réaliser, au moment où l'on décide de mettre en réserve des embryons.
  2. Le coût de la conservation (dépenses d'azote liquide, coût négligeable).
  3. Le coût de la reconstitution (coût de la transplantation: 100 F).

Les coûts 2 et 3 sont très faibles par rapport au coût 1 (investissements à réaliser).

Le coût de fabrication d'un embryon congelé, en France, est d'environ 550 F ($120). Dans l'état actuel de la technologie, 100 embryons congelés permettent d'obtenir 25 à 30 veaux vivants.

Actuellement, il faut donc investir 2,000 à 2,500 F ($500) pour pouvoir obtenir un veau vivant dans 10, 20, 30 ans. C'est un investissement modéré.

Dans l'état de la technologie actuelle, les rendements, aux différentes phases, sont les suivants:

Rendement:

55%

180 embryons collect�s (32 collectes car 5,5 embryons par collectes)

100 embryons congel�s (co�t de fabrication d'un embryon: 550 F ($125)

45 embryons viables apr�s d�cong�lation

25 � 30 veaux n�s vivants

45%

60%

Les spécialistes nous assurent que le rendement embryon congelé-veau vivant actuellement de 25% devrait être amelioré rapidement, ce qui réduira le coût de l'investissement à réaliser, pour obtenir un veau vivant dans le futur.

4. Conservation de la variabilité génétique à l'intérieur des grandes races très sélect-ionnées où le nombre de géniteurs mâles est limité (ex: races bovines de grande diffusion).

On notera que les avantages et les inconvénients de ces différentes méthodes de conservation ne sont pas toujours les mêmes pour les différentes espèces, du fait de la taille de ces espèces et de leur rythme de reproduction (intervalle entre générations) et aussi pour des raisons technologiques. On sait par exemple que la congélation du sperme est possible pour certaines espèces seulement. Il en est de même pour la congélation des embryons. Ne pourrait-on pas imaginer que l'une au moins de ces deux méthodes (congélation de sperme ou d'embryons) sera utilisable à l'avenir pour chacune de nos grandes espèces domestiques de ferme?

TABLEAU 9.1

Avantages et inconvéniente de différentes méthodes de conservation de la variabilité génétique

Méthodee possibles de conservation

Support physique de la conservation

Avantages
+

Inconvéniente ou exigences
_

Coneervation de gènes:
(1) "Pool de gènes"

Animaux vivants:
Population mélange obtenue par croisement au hasard et systématique de différentes races ou populations

+

Possible et peu coftteux dans les espèces de petite taille et à cycle de reproduction rapide (volaille)

Les associations de gènes souhaitées peuvent alors être obtenues assez rapidement par sélection.

Nécessite de conserver ces troupeaux croisés dans des ferines d'Etat.

Manque de souplesse (en particulier dans les espèces où l'intervalle entre 2 générations est long: l'ob- tention des associations de génes désirées prendra alors beaucoup de temps).

Dans les espèces de grande taille (bovino) le coût de la conservation serait probablement aussi elevé que si l'on conservait des races pures.

-
-

Conservation de races (ou de population)

Animaux 

(2) - Chez les éleveurs Éleveurs

Animaux vivants de race "puré"

L'évaluation de la race peut être poursuivie (études sur les performances zootechniques, mesure de l'adaptabilité à des conditions de milieu difficiles, thermorésistance, résistance a la marche, etc....)

La race est visible (important pour les utilisateurs potentiels).

Nécessité d'une organisation des éleveurs qui main- tiennent la race et d'un encadrement (organisation et encadrement pourraient être légers).

Coût plus elevé que (4) ou (5) mais le coût peut ètre limité.

La conservation dans des fermes d'Etat comporte des risques car les animaux sont dans un meilleur eitvi— ronnement et peuvent perdre peu à peu leur rusticité.

Vivants (3) - Dans des, fermes, d'Etat + -
-

(4) - Congélation du sperme

Sperme congelé

+

Coat très faible

-

La reconstitution de la race nécessite un temps assez long (3-4 générations; bovins 12 ans)

N'est pas possible pour toutes les espèces

-

(5) - Congélation des embryons

Embryons congeles

+

On peut reconstituer très rapidement des animaux de la race considérée

Le coût de la conservation proprement dite est faible (azote liquide, amortissement des cuves, etc...)

L'investissement a réaliser est modérés

  • Coût de fabrication d'un embryon congelé, pour l'expèce bovine: 550F ($125)
  • Pour etre sur de pouvoir obtenir 1 veau dans le futur, il faut congeler 4 embryons (rendement de 25% entre l' embryon congelé et le veau vivant), soit un investissement de 2.000 à 2.500F ($500). (Ce rendement de 25% sera amélioré dans un futur proche).
-

Rendement faible: 8 embryons prélevés—>4 embryons congeles—>1 veau vivant.

On ne sait pas coranent la vitalité d' embryons de 200 à 300 celluies va se conserver à long terme.

N'est pas possible pour toutes les especes.

Nécessité de mettre en place un système de gestión des stocks d' embryons congelés (pour savoir où se trouvent les embryons et connaítre l'état des stocks)

Nécessite de mettre en place une organisation bien structurée, placée sous le contróle des pouvoirs publica, afin d'éviter les risques de "chantage" par l'organisme détenteur. Définir qui prendra la deci­ sión du déstockage et de la transplantation des> embryons.

+ -
+ -
-
-

(6) - Maintien de la variabil-ité génétique dans les "grandes races" sélectionnées (en particulier aspèce bovine) où le nombre de géniteurs mâles est très réduit.

Ce problème ne semble pas avoir été pris en smpte jusqu' à présent par les instances chargées de la sélection animale pour l'espèc bovine, dans les différents pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe.

-

Le maintien d'une certaine variabilité dans une race peut ralentir la sélection, dans la mesure ou la pression de sélection devrait être diminuée, en particulier pour les géniteurs mâles.

(7) - Pour le futur? (soience fiction) Coneervation de gènes isolés, "in vitro"? Ingéniérie génétique, "chirurgie génétique^.

11 n'est pas impossible que, dans futur, on sache prélever sur des chromosomes, a des loci bien identifiés, les gènes alíe­les que l'on souhaiterait conserver. Cea allèles pourraient alors ètre conserves "in vitro".*** Conservation de reces (ou de populations)

+

Méthode qui devrait être très souple. Possibilité de constituer à volonté les asserablages de gènes que l'on Bouhaiterait?

-

Incertitude car nous n'avons aucune idée de ce que serait exacteuent certte méthode.

Quoi qu'il en soit, les différentes méthodes de conservation ne sont pas exclusivos les unes des autres; elles devront être combinées, au mieux, pour chaqué cas particulier. En l'état actuel des choses, le poids relatif des avantages et des inconvénients des différentes méthodes et le manque de recul nous conduisent cependant à privilégier la conservation d'animaux vivante chez des éleveurs et la conservation de sperme, quand elle est possible.

9.5.3 Poursuivre l'analyse théorique de la gestion des petites populations

"Les meubles ayant été sauvés", il est indispensable de savoir, pour chaque type de situation et pour chaque race, le nombre minimum d'animaux à faire inserire au programme pour chacun des detux sexes et la manière optimale de gérer la population et les accouplements pour être sûr de conserver tout le potentiel génétique de la race, à savoir toutes les associations de gènes originales et tous les alíèles originaux de la race.

II serait en effet inutile et même choquant d'exiger que l'Etat finance des prograrames de conservation portant sur des nombres d'animaux bien plus eleves qu'il n'est nécessaire.

L'approche théorique de la conservation des races doit done être affinée et l'on ne peut se contenter, au stade où en sont nos programmes, de l'affirmation selon laquelle il suffirait, pour conserver une race bovine, de maintenir une population de 200 à 300 vaches avec 15 taureaux.

9.5.4 Comment apprécier 1'originalité d'une race?

La question de 1'originanté comparée des races domestiques dont on envisage la conservation est loin d'être rásolue, elle se trouve pourtant au coeur du problème de la conservation des races. Qu'est-ce que l'originalité d'une race? Par quels critères (historiques, physiologiques, biochimiques, etc.) peut-on 1'apprécier? Est-il possible d'en donner une mesure relativement objective et globale? En particulier, le polymorphisme biochimique-1/ est—il, ou non, un bon indicateur de cette originalité? Comment mesurer la "distance génétique" entre deux races?

Tant qu'une réponse nette n'aura pas été apportée á ces questions, on devra considérer que les différentes races régionales menacées de disparition sont originales. On pourra cependant faire una exception à cette règle dans le cas d'une race située dans une zone géographique très limitée qui est, de toute évidence, une variété d'une race régionale elle-même menacée de disparition. La conservation à tout prix de la variété ne se justifie sans doute pas dans ce cas. Les animaux de cette variété devraient être raccrochés au programme de conservation de la race régionale, plus large, à laquelle ils appartiennent. Quoi qu'il en soit, on devra prendre garde de ne pas apprécier 1'originalité des races en fonction des seuls modes d'exploitation actuéis, puisque nous ignorons ce que seront, d'ici à 50 ou 100 ans, les conditions d'exploitation des animaux et de quels types d'animaux nous aurons besoin.

Il faut donc, dès maintenant, entreprendre une évaluation objective et multidimensionnelle de toutes les races régionales, tant du point de vue zootechnique que biochimique.

Il serait d'ailleurs nécessaire d'envisager, au niveau mondial, une codification, coordonnée entre pays, pour évaluer toutes les races domestiques menacées du monde et décrire leur originalité. Le problSme est de savoir comment arriver à cette codification coordonnée.

9.5.5 Qui doit financer les actions de conservation?

Le 1-H.nistére de l'Agriculture ne doit pas être le seul organisme à financer les actions de conservation. D'autres administrations (Ministère de l'Environnement, Délégation à l'Aménagement Rural,...), des Collectivités locales et les Pares Naturels Régionaux devraient aussi contribuer au financeraent de ces actions qui concernent presque toujours des races régionales.

1/ Groupes sanguins érythrocytaires, protéines du sérum sanguin, protéines du sérum du lait, etc ....

0n retiendra cependant que les aides aux actions de conservation sont en France tout au moins, négligeables par rapport à l'ensemble des aides accordées par l'Etat pour l'amélioration génétique des races (0,5%).

Le Parlement trancáis examinera d'ailleurs prochainement une proposition de loi pour la création d'un "Conservatoire des espèces végétales et animales pour l'Agriculture". Si ce Conservatoire est créé, des sources de financement nouvelles seront assurées.

9.5.6 Préciser et améliorer l'organisation de la struoture - oonseil du maítre d'oeuvre

Les programmes de conservation, on l'a vu, se sont mis en place de manière pragmatique, puisqu'il s'agissait de parer au plus pressé. II convient maintenant, après un certain rÔdage, de préciser dans chaque programme les rÔles respectifs des différents intervenants extérieurs au plan de la conception et de la réalisation, sans aller toutefois jusqu'à dífinir un raodlle unique d'organisation car la souplesse, dans un tel domaine, est indispensable.

French policy on the conservation of endangered breeds
Summary

Almost half the 80 existing French breeds of asses, horses, cattle, sheep, goats and pigs are now threatened vdth extinction, since they number no more than a few thousand head - even, in some cases, far less (Figures 1 and 2).

Other breeds, such as the Aubrac and Tarentaise cattle breeds, although they can oertainly not be considered as "endangered", are nevertheless ir. a situation that gives cause for concern because of the constant decrease in their numbers. They are therefore the subject of support measures of an economic nature.

For a long time, with the exception of a little isolated work undertaken by the National Natural History Museum on very limited numbers of animals, only the Merino de Rambouillet sheep breed was the subject of a rational programme based on a flock of 100 to 200 ewes kept in a closed breeding system at the Ecole Nationale d'Snseignement Ovin (National Sheep Training School). Since 1965, however, awareness of the need to preserve other endangered doraestic breeds has been gradually growing; the first conservation measures, supported by the Ministry of Agriculture, started in 1968-69, for the Aubrao and Bazadaise cattle breeds and the Solognote sheep breed. Not until 1976, however, did the number of pro­grammes increase rapidly. Some 15 of these programmes have now been approved by the Ministry of Agriculture and receive financial support which in 1979 totalled 516,000 francs, or about 0,5% of the amount devoted by this Ministry to genetic improvement measures; in addition, in 1978 the same MLnistry, together with the Société Centrale d'Aviculture (Central Poultry Farming Society) helped to establish a Conservatoire des Animaux de Basee-Cour (Small Animáis Conservation Farm) which is dealing at present with 21 chicken breeds, 2 duck breeds, 5 geese breeds, 3 turkey breeds and 17 rabbit breeds. Projects are being planned in other areas but have not yet materialized.

The Société d'Ethnozootechnie, founded in 19771, and various individuais (research workers, teachers, officiais) have done much to spread the idea of preservation and get some initial steps taken.

A large variety of situations

The initiative for the first conservation programmes carne from the breeders themselves, anxious to preserve the breeds they used. Later various likestock breeders associations were reconstituted or given new life, or even taken over by a more general agency, in the case of the worst situations, a regional or national nature park, for example.

In all cases, it has been possible for support to be given to these various initiatives by national agencies or public services such as the Institut National de la Recherche Agronomique (National Agricultural Research Institute), higher education establishments, or professional associations. So far support has "been given in a very pragmatic way, in the light of the particular situation of each breed. Experience shows that success depends on the existence of a local body to act as leader, the presence of an active worker, and a wish to conserve the "breed on the part of the stock farmers who use it.

The strategies worked out and the measures implemented nave taken different forms according to the numerical size of the population and its method of reproduction. When no more than a few dozen or a few hundred individuais of the breed concerned are left, it is necessary to attend to the most urgent things first. It is then a question of conservation in the strict sense of the term, the aim being to build up a nucleus of breeders and a nucleus of animais able to renew themselves while conserving the maximum genetic variability. When the existing population still consists of a few thousand animáis, some slight selection pressure can be contemplated, inbreeding being kept at a low level by organizing the population into families and introducing a plan for the rotation of sires. The Solognote sheep breed (1,200 animals) and the Vosgienne cattle breed (3,000 animals) are examples of this situation.

Keep the animals in their environment as far as possible

The constitution of semen stocks, when possible, reduces the risk of genetic impoverish-ment which may occur in populations of limited size.

The conservation of frozen embryos, even should it prove of use in the future, is not sufficient} it remains necessary to preserve the animals themselves in order to acquire better knowledge of their zootechnical characteristics, usually very little studied as yet, particularly from the point of view of the adaptation to difficult environments which undoubedly constitutes the most original aspect of these breeds; their continued utilization is necessary also for the overall study of the agricultural systems of which they traditionally form a part, as well as for the development of new systems in which they may take their place in the future.

First evaluation of the measures undertaken

It seems very positivo. In all cases the numbers necessary to ensure a sufficient level of genetic variability have been maintained. In many breeds the existence of the programme and the interest it has aroused among breeders has halted the drop in numbers and led to a rejuvenation of the female population. ílnally, in certain cases the constitution of a semen stock has made it possible to start diversification of the male parentage available.

Preoautions to be taken, research work to be carried out

1. Conserve disease-free stock

Very special attention should be paid to the health aspect of the stock covered by a conservation programme. It would be useless to conserve stock not cleared of tuberculosis and brucellosis, since no animal, and in particular no bull (for cattle) from such stock could be used for reproduction purposes, to provide semen or be sent to another farm.

2. Continue theoretical analysis of the management of small populations

It is essential to determine, for each type of situation and for each breed, the minimum number of animals of both sexes to be included in the programme and the best way of managing the population and matings in order to be sure of conserving all the potential and genetic variability of the breed. It would, in fact, be useless to ask the community to finance conservation programmes affecting a much higher number of animáis than necessary.

Some replies to these questions have already been provided by the work started when the existing programraes were introduced and now being pursued.

3. How can the originality of a breed be guaged?

The question of the comparative originality of the domestic breeds it is intended to conserve is far from being resolved, yet it is at the heart of the conservation problem. What is the originality of a breed? What are the criteria (historical, physiological, biochemical, etc.) for gauging it? Is it possible to establish relatively objective and comprehensive ways of measuring them? In particular, is biochemical polymorphism1/ a good indicator of this originality, or not?

Until a clear reply has been given to these questions, one must, for safety, consider that the different regional breeds threatened with extinction are original. In any case, care must be taken not to base an assessment of the originality of breeds only on present utiliaation systems, since we do not know what conditions vrill exist in 50 or 200 years and what kinds of animals we shall need.

4. Who should finanoe the work?

It seems normal that the Ministry of Agriculture should not be the only body to finance these activities. Other national or regional public bodies (Ministry of the Bnvironment, Land Management) should also participate.

Representativos of the agricultural profession should also come to a clear decision on this matter, since they are directly concerned in the development control of the breeds, and may lose them either through extinction, or through selected Keeds or strains being confined to private companies (the case of poultry and also, to a lesser extent, of pigs).

1/ Erythrocytic blood groups, proteins in the blood serum, proteins in the milk serum, etc.

La política normativa francesa de conservación
de razas domesticas en peligro de extinción
Resumen

Cerca de la mitad de las 80 razas francesas de las especies asnal, caballar, "bovina, ovina, caprina y porcina existentes están actualmente en peligro de desaparecer, ya que cuentan solamente con algunos millares de cabezas, y en algunos casos incluso mucho menos (figuras 1 y 2). Otras razas que ciertamente no pueden considerarse "en peligro" se encuentran, sin embargo, en una situación que inspira preocupación a causa de la disminución regular de sus efectivos; tal es el caso de las razas bovinas Aubrac y Tarentaise, que son objeto de medidas de apoyo económico.

Durante mucho tiempo, aparte algunas medidas aisladas adoptadas en el ámbito del Museo Nacional de Historia Natural sobre efectivos muy reducidos, (sólo la^raza ovina Merinos de Rambouillet ha sido objeto de un programa racional basado en un rebano de 100 a 200 ovejas mantenidas en un régimen cerrado de cría en la Escuela Nacional de enseñanza ovina. Sin embargo, a partir de 1965 gana progresivamente terreno la idea de que es necesario preservar otras razas domésticas amenazadas; de este modo, las primeras medidas de conservación sostenidas por el Ministerio de Agricultura comienzan en 1968-69 con las razas bovinas Aubrac y Bazadaise y la raza ovina Solognote. No obstante, sólo a partir de 1976 comienza a aumentar rápidamente el número de programas. Así pues, actualmente, el Ministerio de Agricultura ha aprobado 15 de estos programas que disfrutan de un apoyo financiero que en 1979 ascendía a 516 000 francos, es decir, approximadamente, el 0,5 por ciento de las cantidades asignadas por este Ministerio a medidas de mejoramiento genético. Por otra parte el mismo Ministerio ha contribuido también junto, con la Sociedad Central de Avicultura, al establecimiento en 1978 de una granja de conservación de animales de corral que se ocupa actualmente de 20 razas de gallinas, dos razas de patos, cinco razas de ocas, tres razas de pavos y 17 razas de conejos. En otros casos, progresan los proyectos sin que se haya materializado todavía su realización. La Sociedad de Etnozootecnia, fundada en 19711 así como varias personas de procedencias diversas (investigadores, profesores, funcionarios ...), han favorecido mucho el desarrollo de la idea de preservación y la realización de las primeras iniciativas.

Gran variedad de situaciones

La iniciativa de los primeros programas de conservación surgió de la preocupación de los propios ganaderos por mantener las razas que explotaban. Ulteriormente, en lo que respecta a otras razas, se restablecieron o reanimaron las correspondientes asociaciones de ganaderos, e incluso en las situaciones más graves, se hizo cargo un organismo con carácter más general, por ejemplo, un parque natural, regional o nacional.

En todos los casos, pudieron aportar un apoyo a estas diversas iniciativas los organismos nacionales, servicios públicos como el Instituto Nacional de Investigaciones Agronómicas o los centros de enseñanza superior, o las asociaciones profesionales. Hasta entonces, se prestó apoyo en forma muy pragmática, es decir en función de la situación particular de cada raza. La experiencia demuestra que el éxito depende de la existencia en el lugar de un organismo que desempeñe la función de administrador, así como de la presencia de un animador y de la voluntad de conservación de la raza por parte de los ganaderos que la explotan.

Las estrategias elaboradas y las medidas puestas en prática han adoptado formas diferentes según la importancia numérica de la población subsistente y su modo de reproducción. Cuando no quedan más que algunas decenas o centenas de ejemplares de la raza en cuestion, es preciso ante todo poner remedio a lo más urgente: se trata entonces de una conservación en sentido estricto, cuya meta consiste en el establecimiento de un núcleo de ganaderos y un núcleo de animales capaces de renovarse completamente conservando al máximo su variabilidad genética. Cuando la población subsistente suma todavía algunos millares de cabezas, se puede prever una ligera presión de selección, mientras que el mantenimiento de la consanguinidad a un nivel bajo se puede asegurar mediante la constitución de familias y la ejecución de un plan de circulación de los reproductores. Son ejemplos de esta situación la raza ovina Solognote (1 200 animales) y la raza bovina de los Vosgos (3 000 animales).

Conservar en lo posible a los animales en su propio medio

La constitución de reservas de semen, cuando sea posible, permite reducir el riesgo de empobrecimiento de genes que puede producirse en poblaciones de número limitado.

La conservación de embriones congelados, aunque pueda ser utilizable en el futuro, no es suficiente en la medida que sigue siendo necesario mantener a los animales mismos con vistas a obtener un mejor conocimiento de sus características zootécnicas, con frecuencia muy poco estudiadas todavía, sobre todo desde el punto de vista de la adaptación a medios difíciles, lo que constituye sin duda el aspecto más original de estas razas ; asimismo es necesario continuar su explotación para el estudio en conjunto de los sistemas agrarios en que se integraban tradicionalmente, así como para preparar nuevos sistemas en que podrían integrarse en el futuro.

Primer balance de las medidas adoptadas

Se considera en gran parte positivo. En realidad, en todos los casos se ha mantenido un número que asegura un nivel suficiente de variabilidad genética. En muchas razas, la asistencia de un programa y el interés que ha despertado entre los ganaderos ha frenado la reducción de los efectivos y ha producido un rejuvenecimiento de la población de hembras. Por último, en algunos casos la constitución de una reserva de semen ha permitido iniciar la di versificación a partir de los progenitores machos disponibles.

Precauciones que hay que tomar, investigaciones que hay que realizar

1. Conservar ganado libre de enfermedades

Conviene prestar una atención muy particular al aspecto sanitario del ganado inscrito en el programa de conservación. No serviría para nada conservar ganado no exento de tuberculosis y brucelosis, puesto que ningún animal, y en particular ningún toro (tratándose de la especie bovina) podría salir de la explotación, con fines de reproducción, para la toma de semen o con destino a otra ganadería.

2. Continuar el análisis teórico de la gestión de pequeñas poblaciones

Es indispensable determinar, para cada tipo de situación y para cada raza, el número mínimo de animales de cada uno de los dos sexos que hay que inscribir en el programa y la forma mejor de administrar la población y los apareamientos para estar seguros de conservar todas las posibilidades y variabilidad genéticas de la raza. En realidad, sería inútil exigir a la colectividad que financie programas de conservación para un número de animales muy superior al necesario.

Se han dado ya respuestas a estas preguntas con los trabajos que se han hecho desde la puesta en práctica de programas existentes y que continúan actualmente.

3. ¿Cómo apreciar la originalidad de una raza?

Aunque queda todavía mucho por resolver la cuestión de la originalidad comparativa de las razas domésticas cuya conservación se prevé, dicha cuestión es decisiva para la conservación de las razas. ¿Qué caracteriza la originalidad de una raza? ¿Mediante qué criterios (históricos, fisiológicos, bioquímicos, etc..) se puede apreciar? ¿Es posible dar de ella una medida relativamente objetiva y sintética? En especial, 1/ ¿es o no un buen indicador de esta originalidad el polimorfismo bioquímico?

Mientras no se haya dado una respuesta clara a estas preguntas, habrá que considerar, con precaución, que las diferentes razas regionales amenazadas con desaparecer son originales. En todo caso, hay que tener cuidado de no apreciar la originalidad de la raza en función sola-mente^de los modos actuales de explotación, puesto que ignoramos cuáles serán de aquí a 50 ó 100 anos las condiciones de explotación de los animales y de qué tipos de animales tendremos necesidad.

1/ Grupos sanguíneos eritrocitarios, proteínas del suero sanguíneo, proteínas del suero de la leche, etc.

4. ¿Quien debe financiar?

Parece normal que el Ministerio de Agricultura no sea el único que asegure el financiamiento de estas iniciativas; deberán participar también otros organismos públicos nacionales (Ministerios del Medio Ambiente, Ordenación Territorial) o regionales. Los representantes de la profesión agrícola tendrán asimismo que pronunciarse claramente sobre este asunto, pues en realidad se ven afectados directamente por el devenir y el manejo de razas de las que pueden verse privados por extinción o por privatización de las razas o estirpes seleccionadas (como es el caso de las aves de corral, y del ganado porcino, en una menor medida).

Figure 1 Races menaoées des espèces asine, chevaline et bovine

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Figure 2

 Races monacées dos especes ovine, caprine et porcino

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Figure 1

 Endangered ass, horse and cattle breeds

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Figure 2

 Endangered sheep, goat and pig breeds

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Figura 1

 Razas amenazadas de las especies asnal, caballar y bovina

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Figura 2 Razas amenazadas de las especies ovina, caprina y procina

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Annexe 1

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Annexe 2

Races Ovines Menacées

Voir légende Annexe 1

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Annexe 3

Races equines et asines menacées

Voir légende Annexe 1

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Annexe 4

Races caprines et porcines menacées

Voir légende Annexe 1

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