Tableau n°27 : Répartition des superficies boisées par catégorie de forêts en 1991.
Type de forêts |
Superficies (ha) |
Réserves (ha) |
Aménageable (ha) |
1. Forêts naturelles denses de montagnes Nyungwe + Cyamudongo Parc National de Birunga Gishwati Mukura |
97.500 12.760 8.800 2100 |
36.600 12.760 8.800 - |
60.900 - - 2.100 |
S/total |
121.160 |
58.160 |
63.000 |
2. Formations naturelles orientales Parc National de l’Akagera Domaine de Chasse du Mutara Forêts-galeries et savanes arborées |
241.000 34.000 55.000 |
241.000 - - |
- 34.000 55.000 |
S/Total |
330.000 |
241.000 |
89.000 |
3. Plantations Domaniales Communales + Institutions Privés + arborisation |
61.200 99.100 87.200 |
- - - |
61.200 99.100 87.200 |
S/Total |
247.500 |
- |
247.500 |
4. Potentiel de reboisement et d’arborisation Reboisements potentiels Arborisation potentielle |
- 50.000 140.000 |
- 50.000 140.000 |
|
S/Total |
190.000 |
190.000 |
|
TOTAL |
888.660 |
299.160 |
589.500 |
Les possibilités d’accroître les productions forestières peuvent être réalisées en utilisant les espaces à vocation forestière encore et en intensifiant les opérations susceptibles d’augmenter significativement la production du bois au niveau des forêts aptes à être aménagées.
En effet, en mettant en valeur le potentiel de terres à vocation forestière estimé à une superficie totale de 190.000 ha dont 140.000 ha utilisables pour l’agroforesterie et 50.000 ha pour les reboisements classiques, il y a lieu de faire passer la couverture forestière du pays à une superficie de 888.660 ha, soit environ 36,5% des terres nationales.
S’agissant des forêts aménageables, elles totalisent une superficie de l’ordre de 399.500 ha dont 38,4% représentent des formations naturelles pour lesquelles les techniques d’aménagement appropriées à nos conditions devraient encore être recherchées.
1.2. Evolution spatiale des superficies des forêts au Rwanda de 1960-1996 (Rapport Minagri, 1997).
Tableau n°28 :
Type de forêts |
Superficie en ha |
||||
1960 |
1970 |
1980 |
1990 |
1996 |
|
Nyungwe + Cyamudongo |
114.025 |
108.800 |
97.000 |
97.000 |
94.500 |
Gishwati |
28.000 |
28.000 |
23.000 |
8.800 |
3.800 |
Mukura |
3.000 |
3.000 |
2.000 |
2.000 |
1.600 |
Parc des Volcans |
34.000 |
16.000 |
15.000 |
14.000 |
12.760 |
Parc National de l’Akagera |
26.700 |
26.700 |
26.700 |
241.000 |
220.000 |
Domaine de chasse du Mutara |
64.000 |
45.000 |
45.000 |
34.000 |
20.000 |
Forêts-galeries et Savanes de l’Est |
150.000 |
150.000 |
90.000 |
50.000 |
30.000 |
Plantations |
24.469 |
27.156 |
80.000 |
295.200 |
256.000 |
Total |
684.594 |
644.956 |
619.000 |
742.000 |
638.960 |
Dans le cadre des forêts naturelles, durant la période comprise entre les années 1958-1979, on rapporte une déforestation pour la forêt de Nyungwe correspondante à une superficie d’environ 17.000 ha ; ce qui représente une régression de 15% de la surface en 21 ans. Au cours de la période 1958-1973, la forêt des volcans a également connu une déforestation massive ayant été à la base de la diminution de 49% de la superficie.
Plus tard, les deux massifs ont bénéficié de mesures de protection spéciales qui ont permis de ralentir, sinon mettre fin à cette régression.
Avec la guerre qu’a connu notre pays depuis avril jusqu’en juillet 1994, la physionomie de la superficie boisée a changé dans une certaine mesure puisque les pures estimations considèrent actuellement qu’au niveau des forêts artificielles, 15.000 ha de boisements ont été détruits alors que 35.000 ha ont été sérieusement endommagés.
En outre, certains espaces boisés naturels ont été partiellement occupés par les rapatriés qui y pratiquent ou l’agriculture, ou l’élevage ; tel est le cas de la forêt naturelle de Gishwati au Nord-Ouest, de la forêt naturelle de Mukura à l’Ouest, du Domaine de Chasse du Mutara et du Parc National de l’Akagera au nord-est du pays.
Considérant d’une part que jusqu’à présent dans le domaine de l’évaluation des superficies forestières, les chiffres sur lesquels se réfèrent tous utilisateurs tant nationaux qu’internationaux relèvent de pures estimations et dont la fiabilité reste à démontrer, et que d’autre part des bouleversements enregistrés au niveau du patrimoine forestier ont eu pour conséquence une réduction de superficies de boisements non encore exactement quantifiée, il s’impose un inventaire national des ressources ligneuses pour faire l’état de la situation particulièrement après la guerre.
Compte tenu du fait qu’il n’y a pas eu également d’inventaire national systématique réalisé pour des ressources ligneuses, il n'est pratiquement pas possible d’avoir des chiffres exacts des cubages disponibles dans le pays.
Cependant, la situation présentée au tableau. Ci-après donne les estimations de chiffres mentionnés dans le rapport de la Commission Nationale d’Agriculture de 1991.
Tableau n°29 : Estimation de la production potentielle du bois
Type de forêts |
A.A.M. (m3/ha/an) |
Superficies (ha) |
Matériel à l’hectare (m3) |
Volume total sur pied (m3) |
Possibilité annuelle (m3) |
Plantations existantes : -Domaniales -Communales + Institutions -Privées + arborisations |
9 9 20 |
61.200 99.100 87.200 |
260 310 200 |
15.912.000 30.721.000 17.440.000 |
550.800 891.900 1.744.000 |
S/total |
247.500 |
64.073.000 |
3.186.700 |
||
Forêts naturelles aménageables : -Nyungwe + Cyamudongo -Mukura -Galeries + Savanes arborées |
5 5 5 |
60.900 2.100 55.000 |
130 60 40 |
7.917.000 126.000 2.200.000 |
304.500 10.500 165.000 |
S/total |
118.000 |
10.243.000 |
480.000 |
||
Plantations + arborisations potentielles : -Plantations -Arborisations |
9 20 |
50.000 140.000 |
- - |
- - |
450.000 2.800.000 |
S/total |
190.000 |
- |
- |
3.250.000 |
|
Total |
555.500 |
74.316.000 |
6.916.700 |
La possibilité se définissant comme étant le volume de bois qui peut être relevé annuellement sans porter atteinte à la pérennité de la forêt, c’est à dire le volume correspondant à l’accroissement, le tableau ci-haut mentionné montre que cette possibilité est estimée à 6.916.700 m3 de bois. Ceci n’est cependant valable que dans la mesure où d’une part les forêts naturelles et les plantations forestières peuvent être mieux aménagées et d’autre part, les espaces à vocation forestières sont reboisés et la promotion de l’agroforesterie effectuée à grande échelle.
1.4. Utilisation du bois et de ses dérivés.
La filière-bois au Rwanda se trouve encore pratiquement au stade embryonnaire et le manque de structuration constitue l’un de ses handicaps. Cette mauvaise organisation ne permet pas par exemple d’améliorer la qualité de produits locaux ; ce qui a pour conséquence de favoriser les importations du métal et du bois pour des utilisations où le bois local serait un bon matériel de substitution (ex. Triplex pour plafonds, mobilier métallique, charpente et huisseries métalliques).
Pour le bois d'œuvre et de service, il est difficile de pouvoir chiffrer la matière première de façon précise car, ceci devrait être fait par le biais d’un inventaire systématique des boisements non encore réalisé.
Les bois ronds comprennent surtout les perches d’Eucalyptus dont le volume écoulé à la Capitale (Kigali) est de 15 à 20.000 m3/an. La consommation rurale est de près de 400.000 m3.
Les sciages locaux sont produits par les scieurs de long. L’essence locale la plus vendue est l’Eucalyptus (45%), suivie du Cyprès et du Grévillea. Le Pin dont on a une grande réserve de bois à l’ouest du pays (9.000 ha) est pour l’instant peu employé. On évalue la consommation de bois de sciage à 36.000 m3/an, exigeant la coupe de 72.000 m3 en volume brut.
En fonction des capacités d’encadrement assurées avant la guerre d’avril 1994 par deux scieries étatiques ainsi que les entrepreneurs-scieurs formés et appuyés par un projet spécialisé, le volume de bois scié/séché de qualité était seulement estimé à 5.000 m3/an.
S’agissant des utilisations relatives au domaine énergétique, d’après les calculs effectués sur la base des données fournies par le Ministère des Travaux Publics et le Ministère du Plan en 1991, la part du bois et de ses dérivés dans la satisfaction des besoins énergétiques de base avait été estimée à 95%.
Tableau n°30 : Consommation totale de l’énergie au Rwanda en 1991.
Type d’énergie |
TEP |
% |
Biomasse -Déchet agricole -Charbon de bois -Papyrus |
1.061.965 148.675 264.148 15 |
68,3 9,6 17,0 0 |
S/total |
1.474.803 |
94,9 |
-Tourbe |
1.553 |
0,09 |
Pétrole -Essence -Kérosène -Gasoil -Fuel -GPL -Méthane |
26.731 8.236 17.060 13.372 192 454 |
1,7 0,5 1,1 0,9 0 0 |
S/total |
66.046 |
4,2 |
-Electricité |
12.424 |
0,8 |
Total |
1.554.826 |
100 |
En 1997, la consommation de bois de feu était estimée à 7,1 millions de m3, 5% de ce volume étant absorbé par la petite industrie. Quant au charbon de bois produit par des moyens traditionnels et dont la consommation ne concerne pratiquement que les villes, la production annuelle était estimée à 46.000 tonnes, dont 80% sont vendus sur le marché de Kigali. Si les techniques de carbonisation actuelles (12% de rendement) n’évoluent pas, les besoins en charbon augmenteront annuellement de 35.000 m3 de bois supplémentaires.
Quant au prix actuel du charbon (1.600 à 1.700 Frw le sac) il est le triple de celui de 1991, surtout à cause des coûts de transport.
Les niveaux de consommation, caractérisés par un taux de croissance relativement modéré (2%/an) conduisent cependant à des prélèvements de la ressource-bois (3 millions de m3/an) qui dépassent les limites d’une exploitation rationnelle tout en laissant subsister un déficit énorme entre l’offre et la demande (4,5 millions de m3/an).
Comme cela apparaît au tableau n°30, pour combler ce déficit, la population utilise par exemple comme source d’énergie les déchets agricoles qui devraient normalement donner du fumier capable d’améliorer la fertilité des terres.
1.5. Forêt dans l'économie Nationale.
L’importance des forêts dans la contribution aux économies nationales est largement connue dans la majorité des pays du monde. Au Rwanda, malgré l’importance des superficies totales des terres occupées par les forêts (29%), les statistiques relevant de la comptabilité nationale faisaient seulement apparaître en 1987, une contribution des forêts au PIB estimée à 2%. Mais ce chiffre devait être considéré comme une sous-estimation exagérée compte tenu du fait qu’aucune étude approfondie n’a jamais été réalisée particulièrement sur les aspects économiques des forêts du pays. D’autre part, les estimations économiques effectuées jusqu’à date n’ont pas tenu compte de tous les biens et services provenant des forêts ainsi que d’autres particularités de l’économie forestière.
Un rapport d’étude de la Commission Nationale d’Agriculture (1991) considère par exemple que si les forêts existantes dans le pays étaient systématiquement aménagées, l’on pourrait s’attendre à une possibilité annuelle de production équivalente à une valeur de l’ordre de 1.997.555.000 Frw. Ceci n’inclue pas évidemment la valeur correspondante aux autres fonctions des forêts notamment les fonctions écologiques, esthétiques et sociales.
Malgré la faible contribution apparente de la foresterie à l’économie du pays, le rôle joué par les forêts dans le pays reste tout de même incontestable. En effet, le bois est le combustible domestique de la grande majorité de la population. En outre, les forêts participent à l’apport des revenus provenant de la création d’emplois pour des cadres et des ruraux et de la vente directe de la production forestière. En 1987, le Plan Forestier National estimait par exemple qu’environ 22% des ménages avaient un revenu issu de la vente des produits forestiers atteignant 540 millions de Frw. (en 1987, 1$ US = 100 Frw).
Au Rwanda, le rôle de la forêt dans la sécurité alimentaire est également d’une importance capitale. Elle contribue notamment à la fourniture des combustibles pour cuire les aliments, à la conservation de la diversité biologique et génétique ainsi qu’à la conservation de l’environnement pour une agriculture durable.