FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 04/00 - THAÏLANDE (21 mars)

TIMOR ORIENTAL (12 avril)

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires s'est rendue au Timor oriental du 30 mars au 7 avril afin d'évaluer la campagne en cours et les perspectives des approvisionnements pour la campagne de commercialisation 2000/2001 (avril/mars). Cette mission fait suite à une évaluation antérieure FAO/PAM de novembre dernier, consécutive aux violences intenses et aux déplacements de population sur grande échelle qui avaient accompagné le référendum sur l'indépendance, tenu le 30 août. On estime que de nombreuses personnes ont été tuées au cours de ces événements et que la quasi-totalité de la population a été déplacée, soit à l'intérieur du pays, soit exilée pour aller se réfugier au Timor occidental. Parallèlement, les services essentiels ainsi que les biens et propriétés ont été gravement endommagés, entravant considérablement les activités économiques et commerciales. S'agissant du secteur agricole, les troubles civils ont eu pour principale conséquence la perte directe de stocks de nourriture et de semences, la destruction de moyens de production et le déplacement de populations agricoles, le tout affectant les cultures de campagne principale en novembre-décembre.

Selon les observations de la mission de mars/avril, bien que ces facteurs aient effectivement nui aux activités agricoles, retardant en particulier les semis, il est probable que les conséquences générales sur le volume produit seront moins prononcées que n'aurait laissé prévoir la gravité des perturbations subies par le secteur. En effet, bien que les semis aient accusé un certain retard par rapport à la période optimale, les rendements n'en ont pas été gravement affectés, grâce en particulier aux précipitations généralement favorables liées à La Niña. En outre, les semis de riz n'ont pas subi de retard majeur, étant donné que la période d'ensemencement peut s'étendre de janvier à mars, en fonction du régime des pluies au cours d'une année et dans un secteurs donnés. Toutefois, les semis de riz ont été rendus plus difficiles par d'autres facteurs, notamment la pénurie d'animaux de trait ou de traction mécanisée, ainsi qu'un manque de main-d'œuvre dû au fait que les agriculteurs devaient achever d'ensemencer le maïs avant d'en faire autant pour le riz. Cependant, grâce à un régime de pluies généralement favorable et au prolongement de la campagne qui en découle, la productivité ne devrait pas se trouver affectée outre mesure. En conséquence, on prévoit une production de maïs et de riz satisfaisante, et sans aucun doute meilleure que la récolte de 1997/98, gravement amputée par la sécheresse due à El Niño.

Il faut s'attendre à ce qu'en dépit d'approvisionnements alimentaires dans l'ensemble adéquats, les perturbations infligées à l'économie et notamment aux marchés, ainsi que la perte de moyens de production et d'activités génératrices de revenu, exposent un nombre élevé de personnes à l'insécurité alimentaire au cours de l'année prochaine. Les difficultés de commercialisation à l'intérieur du pays ainsi que les destructions subies par les routes et le système de transport ont été considérablement aggravés par l'interruption brutale de l'accès aux voies d'échanges commerciaux, de distribution et d'approvisionnement vers le Timor occidental et le reste de l'Indonésie, essentielles pour le déroulement d'un grand nombre d'activités économiques tel que l'emploi salarié, la fourniture d'intrants et le commerce. La disparition de cette interaction économique ne manquera pas d'affecter en particulier la capacité de subsistance des habitants de villes comme Suai, Maliana et Ermera dans le secteur occidental. De plus, s'agissant de la commercialisation du riz, le démantèlement du BULOG, l'ancien Office national de la Logistique, a laissé un vide dans les modes d'achat et d'échange du riz; parallèlement, au niveau des villages, un certain nombre de négociants qui achetaient aux agriculteurs et revendaient sur les marchés locaux sont partis. De ce fait, on craint que les producteurs n'aient de grosses difficultés à écouler et à entreposer les excédents, non seulement de riz mais surtout de maïs, lequel sera plus vulnérable cette année aux pertes en entreposage. De surcroît, le retrait des subventions au riz par le biais du BULOG ainsi que d'autres mesures traditionnelles de protection sociale ne manquera pas d'aggraver la vulnérabilité aux pénuries alimentaires. Ce phénomène sera encore accentué par la réduction sensible de l'emploi structuré, notamment dans le secteur public qui occupait une place de premier plan dans le passé. Il faudra, par conséquent, continuer de prévoir une assistance alimentaire pour les secteurs les plus vulnérables de la société, jusqu'à ce que l'économie retrouve davantage de stabilité et que se reconstitue le pouvoir d'achat. À cela devra s'ajouter le maintien d'une aide internationale substantielle pour remettre sur pied le secteur agricole et les activités connexes telles que la commercialisation et la fourniture d'intrants. Si les interventions sont convenablement ciblées, les perspectives d'amélioration de la productivité sont prometteuses pour une agriculture encore largement sous-développée. On met actuellement la dernière main au rapport de la mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires.


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