FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 04/00 - MONGOLIE* (21 mars)

MONGOLIE* (21 mars)

Le pire des hivers qu’ai connu le pays en trente ans a entraîné la perte de plusieurs centaines de milliers de têtes de bétail, menaçant gravement le mode de vie et la sécurité alimentaire de près d’un quart de la population de 2,7 millions d’habitants, entièrement tributaires de l’élevage. Selon les rapports officiels, 1,7 million d’animaux auraient déjà péri, et un grand nombre d’autres bêtes mourront probablement au cours des prochaines semaines, vu la persistance de conditions très rigoureuses. Les régions les plus touchées sont celles du centre, de l’ouest et du nord- ouest, où l’on trouve 142 des 360 comtés du pays. Les zones les plus éprouvées sont celles de Dundgobi, Ovorkhangai, Uvs, Zavkhanto et Bayankhongor.

Le secteur de l’élevage joue un rôle extrêmement important dans l’économie de la Mongolie, car il constitue la source principale de nombreux ménages, et contribue de façon importante à obtenir des devises étrangères. En outre, compte tenu des distances importantes et de la difficulté d’accès à d’autres sources de nourriture, les animaux jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire des ménages, auxquels ils apportent les nutriments essentiels grâce à la viande et au lait. Les estimations dont on dispose indiquent qu’en temps normal, les animaux fournissent annuellement près de 92 kg de viande et 130 kg de produits laitiers par habitant. De ce fait, les pertes importantes de bétail auront un effet direct et grave sur la sécurité alimentaire d’un grand nombre de familles de pasteurs, tout particulièrement dans les zones éloignées et difficiles d’accès. Par ailleurs, les problèmes nutritionnels risquent fort d’être aggravés par les difficultés d’accès aux soins médicaux élémentaires, étant donné que les transports restent fortement entravés par le manque de chevaux.

La situation alimentaire des groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants pourrait se détériorer de façon sensible au cours des prochains mois, à mesure que s’épuiseront des réserves alimentaires hivernales essentielles telles que la viande séchée, le lait et les produits laitiers. D’ores et déjà, on voit des groupes appartenant aux secteurs plus vulnérables de la population nomade migrer vers les villes à la recherche d’un emploi. Cette situation ne pourra qu’exacerber les difficultés actuelles d’approvisionnement alimentaire dans certaines régions, difficultés qui sont apparues au cours des dix dernières années par suite de problèmes économiques d’ordre général.

Alors que des milliers d’hectares de pâturages restent enfouis sous une épaisse couche de neige, il faut impérativement fournir aux animaux survivants un complément de nourriture. Cependant, le gouvernement ne dispose que de ressources très limitées pour ce faire, son rôle à l’égard des activités agricoles est en déclin et il ne dispose pas de stocks d’urgence de nourriture pour la consommation humaine ou animale. Les difficultés d’approvisionnement en nourriture pour animaux sont encore entravées par les difficultés de transport, ainsi que par les conséquences d’une grave sécheresse qui a sévi durant la dernière campagne, réduisant la qualité des pâturages et la production du foin - normalement réservé pour l’alimentation animale au cours des mois critiques de l’hiver. Par conséquent, même avant que n’éclate la crise actuelle, l’état de santé d’une bonne partie du cheptel était déjà médiocre.

La crise alimentaire actuelle fait suite à plusieurs années de détérioration des normes nutritionnelles imputable à la profonde transformation des conditions économiques de larges couches de la population, à mesure que l’économie était réorientée, passant de la planification centralisée à la primauté du marché. Cette dernière évolution, en particulier, a largement exposé de nombreux groupes qui dépendaient des emplois publics et de l’aide sociale, aux aléas économiques, du fait qu’ils n’avaient guère d’autres sources de gain. Selon différents rapports remontant au milieu des années 90, les catégories les plus affectées par la pauvreté et l’insécurité alimentaire sont les chômeurs, les personnes âgées, les ménages dirigés par des femmes, les enfants, les retraités et les petits pasteurs.

Le gouvernement de Mongolie a lancé un appel à l’aide internationale, sous forme de nourriture, de vêtements, de médicaments et de fourrage pour le bétail survivant. En réponse à cet appel, les Nations Unies se préparent à lancer un appel à la communauté internationale, dont les contributions viendraient s’ajouter aux dons obtenus dans le cadre de l’effort de secours déjà entrepris.


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