FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 04/00 - RUSSIE, FÉDÉRATION DE (6 avril)

RUSSIE, FÉDÉRATION DE (6 avril)

Les perspectives initiales concernant les cultures céréalières d'hiver de 2000 sont bonnes. La surface ensemencée en cultures d'hiver, aujourd'hui estimée officiellement à 14,16 millions d'hectares, comprend quelque 13,4 millions d'hectares de céréales, soit une étendue marginalement supérieure à celle de l'an dernier, et une récolte se présentant beaucoup mieux. La surface touchée par le gel, entre 7 et 10 pour cent, devrait être inférieure à la moyenne et représenter environ la moitié de celle de l'année précédente. Les labours de printemps ont commencé dans les régions méridionales, et les réserves en humidité des sols sont bonnes, bien qu'il faille tenir compte d'un retard dans les labours et de certaines pénuries de semences. La situation financière de l'ensemble du secteur s'est améliorée en 1999, et le gouvernement a pris des mesures afin d'améliorer l'accès aux engrais et aux produits chimiques de phytoprotection. Cependant, les carences d'intrants, sous forme de crédits, de machines de traitement des cultures, de carburant et de capital circulant, continueront probablement de peser sur les rendements. L'objectif fixé pour les semis de printemps est de 60 millions d'hectares, dont 37,5 millions d'hectares de céréales.

La FAO estime la production céréalière de 1999 à 60 millions de tonnes, chiffre supérieur de 6 millions de tonnes à celui de 1998, année marquée par la sécheresse, mais néanmoins inférieure à la moyenne. Malgré la légère augmentation de la production, la situation globale des approvisionnements reste précaire et il ne sera pas possible de reconstituer les stocks fortement réduits en 1998/99. Au niveau global, les besoins liés à la consommation humaine sont couverts, mais la disponibilité d'aliments pour animaux reste insuffisante, ce qui pourrait entraîner une nouvelle réduction de la production animale. Les prix des céréales, qui étaient restés stables jusqu'au début de cette année, sont aussi en augmentation.

L'utilisation totale des céréales devrait décliner de 1 million de tonnes en 1999/2000 et tomber à 72 millions de tonnes, dont 21 millions de tonnes pour l'utilisation alimentaire directe, 0,5 million de tonnes pour l'exportation dans les républiques voisines, le reste correspondant aux semences, aux aliments pour animaux, aux pertes, à la transformation industrielle et aux stocks de clôture (niveau minimal). Étant donné que les disponibilités intérieures de céréales (production et stocks) sont estimées à 65 millions de tonnes tout au plus, les besoins d'importation se monteraient à 7,9 millions de tonnes. Jusqu'à présent, les engagements d'aide alimentaire relatifs à la campagne de commercialisation 1999/2000 se sont limités à 300 000 tonnes de blé (plus 200 000 tonnes supplémentaires de blé et de produits transformés destinés à certains groupes déterminés). En outre, les engagements d'aide alimentaire reportés de 1998/99 se montent à 2,8 millions de tonnes après ajustement, si bien que le solde à couvrir par des importations commerciales est de 4,7 millions de tonnes. Au cours des huit premiers mois de la campagne de commercialisation en cours, quelque 5,6 millions de tonnes ont été livrées, dont 2,4 millions de tonnes de céréales provenant du Kazakhstan. Des organisations bénévoles privées distribuent un certain volume d'aide alimentaire, au titre de l'aide humanitaire, à des organismes publics qui viennent en aide aux groupes nécessiteux.

La guerre en Tchétchénie a entraîné la destruction totale de villes, de villages et d'infrastructures essentielles, et elle a bouleversé le secteur agricole. Le nombre des personnes déplacées de l'intérieur passées de Tchétchénie en Ingoutchie fluctue en fonction de l'intensité des hostilités, et l'on observe actuellement un début de reflux. La mission des Nations Unies qui s'est rendue sur place en février 2000 a estimé leur nombre à 185 000, dont près de 75 pour cent vivant auprès de familles d'accueil, elles-mêmes dénombrées à 70 000 personnes. Le fardeau représenté par le nombre important de PDI par rapport à la population (320 000) a saigné à blanc les services de base que l'Ingoutchie, région déjà économiquement défavorisée, est en mesure de fournir; par conséquent, une aide humanitaire d'un volume considérable est nécessaire dans toute une gamme de domaines dont l'aide alimentaire, le logement, la santé et la nutrition, l'eau et l'hygiène, l'éducation, la création de revenus, les activités de remise en état intermédiaire, la logistique et la coordination. On a observé que tant les PDI que les familles d'accueil nécessitaient une aide alimentaire de base, de même qu'une assistance en matière de santé et de nutrition. Le PAM assumera la responsabilité des besoins alimentaires des 150 000 PDI d'Ingoutchie, tandis que le HCR se consacrera aux familles d'accueil. La distribution pose en outre un problème ardu, car les populations réfugiées en Ingoutchie sont réparties entre 261 sites différents. La santé continue de poser un problème majeur tant en Tchétchénie qu'en Ingoutchie, du fait des conditions inadéquates d’approvisionnement en eau et d'hygiène.

En Tchétchénie même, les autorités s'emploient à distribuer de la nourriture dans certains secteurs contrôlés par les Russes. Des mesures sont prises en vue de la distribution d'intrants, afin d'ensemencer quelque 80 000 hectares sur les 190 000 hectares de terres pouvant être mises en culture. Cependant, tant au plan de la sécurité qu'en ce qui concerne l'arrivée en temps utile et la distribution des fonds et des intrants nécessaires, les difficultés abondent. Les perspectives concernant la production vivrière en Tchétchénie pour la campagne en cours sont mauvaises, en raison notamment de l'étendue des dégâts subis par l'infrastructure, mais également par les secteurs de l'élevage et de la viticulture, sans parler de la nécessité de déminer les terres arables avant toute exploitation.

Une fois que la situation de sécurité sera améliorée, les populations rapatriées, qui ne pourront pas compter sur une récolte ni sur un emploi dans l'immédiat, auront besoin d'une aide considérable.


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