Fin mai 2000, 36 pays en développement sont menacés par de graves pénuries alimentaires, dues principalement à la sécheresse, mais également aux troubles civils et aux inondations, en Afrique en particulier.
En Afrique de l'Est, près de 16 millions de personnes sont confrontées à des pénuries alimentaires aiguës, attribuables principalement à des pertes de récolte et de bétail liées à la sécheresse. Les pasteurs de la sous-région sont les catégories la plus durement touchée par une succession de mauvaises pluies. En Éthiopie, plus de 8 millions de personnes se trouvent exposées, notamment dans la région de Somali, qui a subi trois années consécutives sans pluie ou avec des précipitations négligeables. En Érythrée, la situation alimentaire est critique pour plus de 600 000 personnes affectées par la guerre avec l'Éthiopie et par la sécheresse qui sévit dans les régions côtières. Au Kenya, près de 2,7 millions de personnes, situées principalement dans les régions pastorales du nord et du nord-est, sont confrontées à de graves pénuries alimentaires, tandis qu'en Somalie, près de 526 000 personnes sont également touchées. En Tanzanie, environ 800 000 personnes, réparties dans plusieurs régions, risquent de connaître de graves difficultés d'approvisionnements alimentaires par suite de la mauvaise récolte Vuli, la troisième en trois années successives. Au Soudan, une aide alimentaire d'urgence est nécessaire à l'intention de 2,4 millions de personnes affectées par la sécheresse et par la guerre civile qui se prolonge. En Ouganda, 215 000 personnes touchées par la sécheresse dans le nord-est connaissent des difficultés d'approvisionnement alimentaire, tandis qu'environ 112 000 résidents du district de Bundibugyo ont été déplacés par les troubles civils. Les pénuries alimentaires persistent au Burundi, et dans certaines régions du Rwanda. Les pluies qui sont tombées sur la corne au cours des dernières semaines ont considérablement soulagé la sous-région, éprouvée par la sécheresse; elles étaient particulièrement attendues par les pasteurs, la catégorie la plus durement éprouvée. En Afrique de l'Ouest, les pénuries alimentaires persistent en Sierra Leone, où l'on observe une résurgence des troubles civils qui perturbent la production agricole à un moment critique, celui des semis, tandis qu'au Libéria, la production demeure entravée par les conséquences de la guerre civile qui a sévi précédemment. En Afrique centrale, la situation des approvisionnements alimentaires s'est améliorée en République du Congo, grâce à l'accord de paix signé récemment, mais elle demeure précaire. Les troubles civils que connaît la République démocratique du Congo continuent de gêner les activités agricoles, notamment dans le nord-est où l'on signale une intensification des combats et des déplacements de populations. En Afrique australe, une intervention massive sous forme de secours et d'aide à la reconstruction continue d'être nécessaire au Mozambique et à Madagascar, suite aux dévastations causées par les inondations et les cyclones de forte intensité. La situation des approvisionnements alimentaires demeure très grave en Angola, ravagé par la guerre civile et où le nombre de personnes déplacées nécessitant une aide alimentaire d'urgence, en augmentation, atteint aujourd'hui 1,9 million.
En Asie, les cultures et le bétail de plusieurs pays ont été dévastés par une grave sécheresse. Au Pakistan, la sécheresse a durement affecté la province du Baluchistan, dans l'ouest, ainsi que certaines parties de la province du Sindh, dans le sud. Selon les rapports reçus, plusieurs centaines de personnes sont mortes par suite des pénuries de nourriture et d'eau, tandis que des millions de têtes de bétail connaissent des conditions précaires. En Inde également, le manque d'eau et d'alimentation pour animaux a entraîné la perte de plusieurs milliers de têtes de bétail dans un certain nombre d'États - Gujarat, Rajasthan, Madhya Pradesh, Andhra Pradesh et Orissa. Ailleurs, la situation alimentaire des pasteurs nomades de Mongolie reste précaire, après qu'ils aient subi le pire des hivers enregistrés depuis trente ans, qui a entraîné la mort d'une partie du cheptel. Au Timor oriental, la situation des approvisionnements alimentaires continue à se détendre, grâce à l'aide alimentaire internationale mais aussi à la récolte de maïs et de riz de cette année. Les difficultés chroniques d'approvisionnements alimentaires persistent en République démocratique de Corée, ce qui laisse présager une dépendance persistante à l'égard de l'aide alimentaire. Au Proche-Orient, la situation précaire que connaît l'Afghanistan en matière d'approvisionnements alimentaires a été aggravée par la sécheresse qui a sévi dans les régions du sud et du centre. En République islamique d'Iran, le retour de la sécheresse a affecté, cette année, 18 des 28 provinces du pays, situées principalement dans le sud, dans l'est et dans le centre, et de nombreux villageois, pris de panique, ont déjà commencé à vendre leur bétail à tout-va. En Iraq et en Jordanie, la sécheresse a gravement amputé la production agricole, tandis qu'en Syrie, des milliers de pasteurs affectés par la sécheresse restent tributaires d'une assistance. Parmi les pays de la CEI situés en Asie, les populations vulnérables d'Arménie, d'Azerbaïdjan, de Géorgie et du Tadjikistan nécessitent encore un secours humanitaire.
En Amérique latine, du fait des catastrophes naturelles qui se sont produites antérieurement, Cuba, le Honduras, le Nicaragua et le Venezuela continuent de recevoir une aide alimentaire. En outre, El Salvador et le Guatemala, qui ont été frappés par l'ouragan Mitch, restent eux aussi bénéficiaires d'une assistance alimentaire. En Haïti, une aide alimentaire est rendue nécessaire par les problèmes économiques structurels.
En Europe, on continue de fournir une aide alimentaire aux groupes vulnérables des Balkans, notamment en République fédérale de Yougoslavie. En Fédération de Russie, une aide humanitaire considérable, portant sur l'alimentation mais aussi sur le logement, l'eau et les conditions d'hygiène, continue d'être nécessaire pour les populations déplacées des familles d'accueil d'Ingouchie, ainsi que pour les personnes ayant fait retour en Tchétchénie.
