FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 06/00 - AFGHANISTAN* (3 juin)

AFGHANISTAN* (3 juin)

Une crise alimentaire très grave s’est développée en Afghanistan en raison de la forte sécheresse et de la poursuite du déclin économique. Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires qui s’est rendue dans le pays du 26 avril au 24 mai 2000 a noté que les cultures pluviales (blé et orge) n’avaient pratiquement rien donné, sauf dans quelques poches situées dans différentes régions. La production céréalière irriguée a également été gravement affectée par la sécheresse, entraînant une réduction estimée de la production de blé (irrigué) de quelque 33 pour cent par rapport à 1999. Selon les estimations, la production des cultures secondaires (riz, maïs, orge) aurait également chuté de 53 pour cent par rapport à 1999 et de 66 pour cent par rapport à 1998. La production céréalière totale en 2000 est estimée à 1,82 million de tonnes, soit une baisse de 44 pour cent par rapport à 1999 et de 53 pour cent par rapport à 1998. On estime, par conséquent, que les besoins d’importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2000/2001 (juillet/juin) atteindront un niveau élevé record de 2,3 millions de tonnes, soit plus du double du volume de l’année dernière qui était de 1,1 million de tonnes. Une estimation généreuse des importations céréalières commerciales d’environ 1 million de tonnes, soit quelque 31 pour cent de plus que l’estimation de l’an dernier, laisse un déficit énorme de 1,3 million de tonnes. L’aide alimentaire d’urgence du PAM, prévue et en cours de mobilisation, s’élève à 225 000 tonnes, ce qui laisse un déficit non couvert de plus de 1,0 million de tonnes. Une telle pénurie pourrait, si l’on n’y remédie pas, avoir des conséquences désastreuses pour la population. Des millions d’Afghans de toutes catégories – sédentaires, transhumants et nomades – ont peu ou pas du tout accès aux produits alimentaires sur les marchés et leur accès aux denrées alimentaires par l’intermédiaire de leur propre production a été considérablement réduit par la sécheresse. Leur pouvoir d’achat a chuté de façon significative en raison de l’absence de possibilités d’emplois dans le secteur agricole et en-dehors de celui-ci, du déclin de la production de cultures commerciales telles que les oignons, les pommes de terre, les amandes, les abricots et le pavot (qui fournit des emplois à nombre d’Afghans, même si ce n’est que pour une courte période) et du mauvais état du cheptel et ses taux élevés de mortalité. La situation s’aggravera probablement dans les mois à venir, les quelques mécanismes d’adaptation restants étant épuisés. En Afghanistan, les pluies débutent normalement en octobre/novembre. Même si les précipitations sont meilleures lors de la saison prochaine, les récoltes de blé ne seront pas disponibles avant mai/juin 2001. Toutefois, si les pluies venaient encore à faire défaut, l’ampleur et l’étendue des besoins pour la «sauvegarde de la vie humaine» uniquement seraient énormes. La mission a souligné le fait que la tendance positive de l’année en cours, en termes de superficie réduite consacrée au pavot, par suite des efforts de la communauté internationale appuyés par les autorités afghanes et facilités par la sécheresse, pouvait être renversée l’année prochaine si la population ne recevait pas une aide qui lui permette d’avoir accès aux denrées alimentaires et ne trouvait pas d’autres ressources économiques viables, qui se font de plus en plus rares.


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