FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 06/00 - SIERRA LEONE* (12 juin)

SIERRA LEONE* (12 juin)

Au cours de la première semaine de mai, les partisans du Front révolutionnaire uni (RUF) ont assassiné plusieurs militaires appartenant aux forces de maintien de la paix des Nations Unies et en ont pris en otage près de 500 lors d’une série d’attaques lancées dans le nord et l’est du pays. Cette situation a compromis l’application de l’Accord de paix de Lomé qui avait été signé en juillet 1999 pour mettre officiellement un terme à huit ans de guerre civile. Une avancée des rebelles sur Freetown au cours du week-end du 6 au 7 mai a créé une panique dans la capitale et entraîné l’évacuation de la majeure partie du personnel des Nations Unies, des ambassades et des ONG internationales vers les pays voisins. Aujourd’hui, la situation est revenue au calme dans la capitale mais les hostilités entre les forces pro- gouvernementales et les rebelles continuent à sévir dans l’est et le nord. Ces événements se sont déroulés à un moment critique pour les travaux agricoles, le riz (denrée de base du pays) étant normalement semé en mai/juin. Du fait de l’insécurité, la distribution des intrants a été suspendue et les opérations de secours qui étaient en cours ont été gravement désorganisées, notamment dans le nord, comme par exemple à Kambia, Lunsar, Makeni et Kabala. Des missions d’évaluation des secours humanitaires requis, qui avaient récemment rejoint des zones reculées telles que Kailahun et Kambia, ont été bloquées par les rebelles. En dépit des difficultés actuelles, une aide alimentaire continue à être distribuée aux personnes déplacées à l’intérieur du pays et aux autres groupes vulnérables dans les régions accessibles, notamment à Freetown, Bo et Kenema, dans la province du Sud. Toutefois, le PAM a été contraint de mettre un terme aux distributions destinées à près de 200 000 bénéficiaires et de réduire les programmes d’alimentation scolaire en faveur d’environ 30 000 enfants à Makeni, Lunsar et Magburaka. Selon les rapports, la population civile des villes contrôlées par les rebelles (Makeni, Lunsar, Magburaka et Fadugu, par exemple) a souffert de lourds prélèvements alimentaires. Même si la sécurité s’améliore dans les provinces du Nord et de l’Est, le mauvais état des routes, le manque chronique de carburant et l’insuffisance des structures logistiques continueront à entraver l’aide humanitaire. L’état des routes se dégrade durant la saison des pluies, empêchant toute distribution. De surcroît, de nombreux ponts ont été détruits et il n’existe pas de service de bac pour traverser les rivières; les vivres sont à présent transportés à bord de petits canots. La situation des approvisionnements alimentaires risque de s’aggraver avec la saison des pluies. Le pays continuera à souffrir d’un déficit alimentaire chronique et d’être tributaire d’une aide extérieure. Les organismes d’aide ont recensé, au total, près de 220 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays. Les estimations concernant le nombre total de personnes déplacées non recensées divergent fortement puisqu’elles se situent entre 500 000 et 1,2 million. Selon les estimations, 64 000 personnes, résidant principalement dans les régions du nord, ont été déplacées par les combats en mai. Des milliers de civils ont pris refuge dans les forêts voisines du Kabala pour fuir les combats. De nouvelles personnes déplacées, ayant rejoint Freetown et Port Loko, ont été regroupées dans les camps existants ou accueillies par des membres de leur famille. Selon les estimations, 490 000 réfugiés sierra- léoniens séjournent également dans les pays voisins d’Afrique de l’Ouest: en Guinée (360 000), au Libéria (96 000) et dans d’autres États d’Afrique de l’Ouest (34 000). Certains Sierra- Léoniens ont gagné la Guinée voisine, à pied ou par bateau, pour échapper à la recrudescence du conflit. Toutefois, selon les rapports, les partisans du RUF bloquent le passage de la frontière avec la Guinée. Le Libéria n’a signalé aucune augmentation sensible du nombre de réfugiés. Entre novembre 1999 et mars 2000, on estime que 10 000 réfugiés ont quitté le Libéria pour regagner les villes principales des provinces du sud et de l’est de la Sierra Leone. D’après les rapports, les rapatriés les plus récents viennent des districts de Kenema ou de Kailahun. De son côté, selon un nouveau recensement des réfugiés de la province de Forecariah (Guinée), le Haut Commissariat aux réfugiés a évalué jusqu’à 25 000 le nombre de réfugiés revenus dans le district de Kambia au début de l’année 2000.


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