FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 06/00 - SOUDAN* (13 juin)

SOUDAN* (13 juin)

La récolte de blé de l’an 2000 est achevée. Selon une récente mission FAO/SMIAR d’évaluation des récoltes, la production de blé s’élèverait à 214 000 tonnes, soit près de 24 pour cent de plus que la récolte réduite de l’an dernier, et un volume supérieur d’environ 60 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale, établie à environ 532 000 tonnes. En dépit des conditions météorologiques quasi optimales, les emblavures de blé ont considérablement régressé, du fait de la libéralisation de la production de blé et de la suspension des programmes gouvernementaux destinés à encourager la production de blé dans les périmètres d’irrigation de Gezira, Rahad et New Halfa. En 1999, le Gouvernement a retiré les directives visant à obliger les cultivateurs à ensemencer une partie de leurs terres en blé. Cette décision, conjuguée à l’abolition du remboursement des semences et des engrais, ont incité de nombreux agriculteurs à réduire fortement les superficies ensemencées en blé, à se tourner vers des cultures de rapport plus lucratives, telles que les légumes et les oléagineux, ou à laisser les terres en jachère. En conséquence, les emblavures de blé ont encore diminué, passant des 355 000 feddans (149 000 ha) qui représentaient déjà une régression pendant la campagne 1998/99 à 243 000 feddans (102 000 ha) seulement cette année – soit une diminution d’environ 32 pour cent. Toutefois, les conditions météorologiques favorables qui ont prévalu au cours de la période de végétation, associées à l’incidence relativement faible d’infestations de ravageurs, ont entraîné une nette augmentation des rendements. La mission a également revu à la baisse la dernière estimation de la production de sorgho pour 1999/2000 à environ 2,35 millions de tonnes, contre 3,11 millions de tonnes prévues par la mission FAO/PAM de l’an dernier. Cette diminution est essentiellement attribuable à une baisse des rendements et à des infestations de ravageurs (cécidomyie du sorgho, rats, sauteriaux et oiseaux, principalement). Selon cette nouvelle estimation, la production de sorgho diminuerait d’environ 45 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de l’an dernier et serait inférieure de près de 24 pour cent à la moyenne quinquennale. Aucune modification n’a été apportée aux estimations préliminaires de la mission FAO/PAM concernant la production de mil, établie à 499 000 tonnes. On estime donc que la production totale de céréales pour 1999/2000 se chiffrera à 3,14 millions de tonnes, y compris de petites quantités de maïs et de riz. Ce volume représente une baisse d’environ 39 pour cent par rapport à l’an dernier et de 24 pour cent par rapport à la moyenne quinquennale. Compte tenu de la diminution de la production céréalière de 1999/2000 et de l’amenuisement des stocks du fait, essentiellement, d’une augmentation soudaine des exportations en 1999, les cours des céréales ont considérablement augmenté depuis novembre 1999. Avec une production céréalière estimée à quelque 3,14 millions de tonnes, des importations céréalières commerciales fixées à 912 000 tonnes et une aide alimentaire prévue à près de 104 000 tonnes, les besoins céréaliers du pays, estimés à environ 4,7 millions de tonnes en 1999/2000, exigeront de lourds prélèvements sur les stocks. Selon les estimations, il faudra prélever 538 000 tonnes sur les stocks céréaliers, qui seront donc pour ainsi dire totalement épuisés à la fin de l’année de commercialisation en cours. La situation des approvisionnements alimentaires reste extrêmement précaire dans le sud du Soudan, du fait, essentiellement, de l’insécurité, ainsi que dans certaines poches des États de Kordofan, Darfour et Red Sea ainsi que Kessela dans le nord, où des pertes de récoltes et des déplacements de populations ont touché un grand nombre de personnes. Des dizaines de milliers de personnes, fuyant le conflit entre les pays voisins - Éthiopie et Érythrée - ont traversé les frontières pour prendre refuge au Soudan, pesant ainsi sur la situation alimentaire des régions frontalières. Le gouvernement soudanais a déjà lancé un appel à la communauté internationale pour venir en aide aux réfugiés. Les premières perspectives sont encourageantes en ce qui concerne les céréales secondaires de 2000/01 dont les semis sont sur le point de commencer. Le cours élevé des céréales observé actuellement dans le pays et de meilleures perspectives d’exportation vers l’Érythrée et l’Éthiopie voisins ont incité de nombreux cultivateurs à préparer les sols assez tôt et à étendre les emblavures, ce qui a été favorisé par le début précoce des pluies dans certaines régions. Le gouvernement a également adopté une stratégie de distribution anticipée d’intrants agricoles, tels que les semences, les engrais, le carburant et les pesticides.


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