FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 06/00 - TADJIKISTAN* (13 juin)

TADJIKISTAN* (13 juin)

Les précipitations inférieures à la normale depuis février, conjuguées à un temps chaud en avril et mai, ont pesé sur les cultures céréalières non irriguées et accru les besoins en eau d’irrigation. Les rendements céréaliers sont également réduits en raison des pénuries constantes d’intrants et de fonds de roulement, ainsi que du processus incomplet de privatisation des terres et de la transition vers une économie de marché (fourniture très limitée de crédits, entretien insuffisant du système d’irrigation, équipements vieux, accès insuffisant aux semences alimentaires et aux engrais, etc.). Contrairement aux rapports antérieurs, il apparaît désormais que la superficie consacrée aux cultures de céréales d’hiver de 2000 n’ait pas changé. Tandis que le blé dans les terres irriguées est, selon les rapports officiels, en bon état (même si certaines des terres dites irriguées ne sont pas, dans la pratique, irriguées ou le sont insuffisamment), l’état du blé dans les terres sèches, notamment dans les principales régions productrices de Leninabad au nord, de Khatlon au sud et de la vallée de Karategin a été affecté par la sécheresse. Les perspectives pour le coton, la principale culture irriguée, sont également bonnes. Toutefois, toute estimation quantitative objective de la récolte céréalière de 2000, en particulier de celle du blé, est difficile. Des statistiques systématiques et à jour concernant la superficie cultivée, les régions irriguées et la production des récoltes font gravement défaut et, lorsqu’elles sont disponibles, sont contradictoires. Selon les indications, la quantité de terres ensemencées en céréales (blé principalement) n’a cessé d’augmenter depuis 1998 lorsque, d’après les statistiques officielles, elle se serait stabilisée à environ 400 000 hectares. En 1999/2000, la superficie ensemencée en céréales aurait également atteint, d’après les rapports, environ 400 000 hectares. Entre 1993 et 1998, la superficie consacrée au blé pluvial s’est rapidement étendue avec la mise en production des pâturages des hautes terres, des terres vierges et de la plupart des parcelles restantes. L’accroissement de la superficie a été imputable à la pénurie chronique de pain et d’autres denrées alimentaires de base après l’indépendance et les troubles intérieurs (1992-1997), et à la pratique consistant à verser les salaires, dans les grandes exploitations, en blé, compte tenu du manque d’argent et de l’inflation élevée. En 1995 et 1996 (les dernières données disponibles), la superficie irriguée ensemencée en céréales était de 150 000 et 155 000 hectares, respectivement. Les semis de céréales (blé principalement) en 2000 sont demeurés à ce niveau, avec une reconversion des terres au coton sur environ 140 000 hectares. D’après les rapports officiels, ce blé irrigué serait de bonne qualité; toutefois, les données ventilées systématiques concernant le rendement moyen du blé provenant des terres irriguées et non irriguées ne sont pas disponibles. Selon une mission de la FAO en 1996, les rendements officiels, en particulier du blé, ont été nettement sous-estimés: sur des superficies normales de terres irriguées, le rendement moyen était de l’ordre de 1,5-2,5 tonnes/hectare et pouvait atteindre 3 tonnes/hectare au cours d’une année favorable comme 1997. En revanche, le rendement du blé pluvial était sensiblement inférieur, s’établissant à 1 tonne/hectare, voire moins. Compte tenu de la sécheresse actuelle, des pénuries chroniques de fonds de roulement et d’intrants et des rapports officiels selon lesquels la récolte de blé irrigué est bonne, la FAO estime provisoirement la production irriguée à 210 000 tonnes de blé (à savoir, 1,5 tonne/hectare pour 140 000 hectares, la valeur la plus inférieure) et à quelque 18 000 tonnes de riz pour 10 000 hectares de terres irriguées. Dans la région pluviale estimée, le rendement des cultures d’hiver est officiellement estimé à seulement 25 pour cent de la moyenne dans certaines régions, c’est-à-dire 0,25 tonne par hectare pour la superficie restante consacrée au blé. Sur la base de ces calculs, la récolte de blé de 2000 pourrait se situer entre 260 000 et 300 000 tonnes, et la récolte totale, y compris le blé et le maïs ensemencés au printemps, entre 330 000 et 380 000 tonnes. Le pire scénario (330 000 tonnes) représenterait 150 000 tonnes, soit presque un tiers, de moins que l’estimation officielle de la production en 1999 (qui était de 475 000 tonnes) et seulement 75 pour cent de la moyenne pour 1994-1999. Les semis des cultures de printemps ont bien avancé et la superficie ensemencée a été accrue. À des altitudes plus élevées, du blé de printemps est semé en petite quantité. Compte tenu des estimations officielles de la production de ces dernières années et des données d’importation obtenues, la consommation céréalière varie entre 900 000 et 950 000 tonnes par an; 730 000 tonnes seraient directement destinées à la consommation humaine, 70 000 à 110 000 tonnes seraient utilisées pour l’alimentation animale et environ 110 000 tonnes le seraient pour d’autres utilisations (principalement semences et pertes). Pour la campagne de commercialisation 2000/2001, l’utilisation céréalière intérieure est estimée à 920 000 tonnes, un volume proche de celui de 1999/2000. Par rapport à ces besoins, la production intérieure (riz en équivalent riz usiné compris et à l’exclusion des légumineuses) est estimée à 319 000 tonnes, laissant, dans le pire scénario, des besoins d’importations de 600 000 tonnes. En comparaison, les importations pour la campagne de commercialisation 1999/2000 étaient estimées à près de 490 000 tonnes, dont 66 000 tonnes provenaient de l’aide alimentaire. Les importations commerciales se sont élevées en moyenne à environ 300 000 tonnes entre 1995/1996 et 1999/2000 et ont atteint un volume estimé de 423 000 tonnes en 1999/2000. Dans le pire scénario, les besoins estimés d’importations - 600 000 tonnes, dont pratiquement 500 000 tonnes de blé – sont nettement supérieurs aux besoins habituels du marché au cours des cinq dernières années. Compte tenu de la sécheresse, de la récolte peu élevée et des prix du coton en 1999/2000 (l’un des principaux revenus d’exportation), il convient de prendre dûment en compte les mesures à prendre contre les effets de la sécheresse, à la fois sous la forme d’une aide alimentaire qui ne perturbe pas le marché et de produits non alimentaires connexes et sous la forme d’intrants et d’une assistance technique pour garantir une récolte meilleure l’année prochaine. La situation générale des approvisionnements alimentaires demeure problématique, la pauvreté étant endémique dans le pays. Près de 1 million de personnes vivent dans la pauvreté et le dénuement et souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë ou chronique. Les mécanismes d’adaptation sont épuisés et la perte des récoltes entraînera un autre déclin des conditions de vie de la population vulnérable qui ne dispose pas de revenu pour acheter du blé aux prix déjà croissants qui prévalent sur les marchés locaux. Les enquêtes nutritionnelles confirment l’existence d’un taux élevé de malnutrition parmi la population vulnérable et les enfants de moins de cinq ans. La faible récolte prévue augmentera le risque de malnutrition grave qui n’a cessé de croître au cours des quelques dernières années avec des taux généraux de malnutrition chronique supérieurs à 40 pour cent. Une assistance humanitaire en faveur des personnes vulnérables et un soutien pour le développement de l’agriculture continueront d’être nécessaires. En outre, 98 050 personnes pourraient avoir besoin d’une aide alimentaire en plus des 370 000 bénéficiaires actuels de l’aide alimentaire fournie par le PAM par l’intermédiaire de l’intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR). Les bénéficiaires supplémentaires vivent à Khatlon (65 000 personnes), Karategin (12 950 personnes) et Leninabad (20 000 personnes). Les besoins additionnels d’aide alimentaire pendant un an (jusqu’à la prochaine récolte) s’élèvent à 7 157 tonnes de farine de blé, 536 tonnes d’huile végétale et 360 tonnes de sucre.


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