FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 06/00 - ZIMBABWE* (5 juin)

ZIMBABWE* (5 juin)

L’escalade de la violence politique continue à perturber les activités économiques et les travaux agricoles. Malgré l’amélioration des conditions de végétation du maïs cette année, la récolte, qui se déroule normalement de mai à juin, a été interrompue en raison de l’invasion de 1 500 exploitations commerciales et de la confiscation de 804 autres exploitations par le gouvernement, sans versement d’aucune compensation. On signale également une augmentation des vols de céréales. Cette situation a créé un climat de méfiance parmi les exploitants commerciaux, et nombreux sont ceux qui ont abandonné les fermes et laissé le cheptel sans soin pour migrer vers les zones urbaines, relativement plus sûres. La désorganisation de la récolte de maïs risque de se traduire par une baisse de production, ce qui aura de graves répercussions sur l’ensemble de la sécurité alimentaire et de l’économie. La production agricole est assurée par deux catégories de cultivateurs: des exploitants commerciaux, opérant à grande échelle essentiellement dans le nord et dans l’est du pays, et les paysans des secteurs communautaires, travaillant à petite échelle dans le sud et l’ouest. Les grands exploitants commerciaux, qui représentent actuellement environ 4 000 personnes, fournissent environ de 30 à 40 pour cent de la production de maïs, dépassant les rendements obtenus par les agriculteurs des secteurs communautaires lors des années de sécheresse, comme en 1992, lorsqu’ils ont assuré 68 pour cent de la production totale. La production, sur les exploitations commerciales, est en moyenne quatre fois supérieure à celle des secteurs communautaires, du fait, en partie, des différences inhérentes à la qualité des terres, et surtout d’un plus grand nombre de réseaux d’irrigation, d’une utilisation de technologies plus modernes et d’une meilleure gestion, ainsi que d’un accès facilité aux fonds de roulement. De plus, le Zimbabwe satisfait plus de 60 pour cent de ses besoins en blé, production exclusive des exploitations commerciales. Ces exploitations jouent également un rôle prépondérant dans la production de tabac et de produits horticoles (fleurs coupées), destinés à l’exportation, ainsi que dans l’élevage pour ce qui est de la viande, du lait et d’autres produits laitiers. Le pays est aujourd’hui confronté à une grave crise économique. Le carburant manque fortement en raison d’une cruelle pénurie de devises, résultant essentiellement de l’importance des problèmes de la dette extérieure, de la suspension des versements des prêts internationaux pour non- respect des conditions fixées, du soutien du pays à la guerre engagée en République démocratique du Congo, et de la baisse des recettes à l’exportation. La pénurie de devises pèse également lourdement sur la production industrielle, du fait de l’irrégularité de l’approvisionnement en électricité et de l’insuffisance des matières premières fournies, les lignes de crédit étant bloquées aux entreprises du pays. Ainsi, si la production agricole venait à chuter brutalement, exigeant des importations substantielles, le Zimbabwe, en raison de sa faible capacité d’importation actuelle, aurait peu de possibilités de couvrir le déficit par des opérations commerciales.


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