SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET
L'AGRICULTURE DE LA FAO
|
3. SITUATION ALIMENTAIRE À KINSHASA
4. OBSTACLES AUX APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES DE KINSHASA
5. PRIX DES ALIMENTS ET ACCÈS À LA NOURRITURE
6. PRODUCTION VIVRIÈRE DANS LES PROVINCES DE BANDUNDU, DU BAS-CONGO ET DE KINSHASA
Les niveaux de vie en République démocratique du Congo (RDC) ne cessent de baisser depuis le milieu des années 70, en grande partie à cause de la mauvaise gestion économique et des troubles intérieurs. La situation a été aggravée par la guerre qui sévit depuis 1998, comportant des déplacements massifs de population. En 1998, le revenu par tête était estimé à 110 dollars E.-U., soit un des plus bas au monde. Les taux de croissance du PIB de -14,7 pour cent en 1999 et -5,5 pour cent durant le premier semestre 2000 témoignent d'une aggravation continue des conditions de vie. À Kinshasa, 70 pour cent de la population, désormais estimée aux alentours de 6-7 millions d'habitants, n'a pas 1 dollar E.-U. par jour à dépenser pour la nourriture. La malnutrition chronique touche 18 pour cent des enfants de la ville et plus de 30 pour cent des enfants de la périphérie, où les personnes déplacées par la guerre se sont installées.
Devant la montée de la crise économique et la détérioration de la sécurité alimentaire, le gouvernement de la RDC a prié la FAO d'envoyer une mission d'évaluation de la situation alimentaire dans la capitale, Kinshasa, et dans les provinces environnantes du Bas-Congo et de Bandundu, qui assurent une grande partie des approvisionnements alimentaires de la ville. Il était impossible d'évaluer la situation dans tout le pays à cause des conflits en cours.
La mission de la FAO a visité le pays du 20 septembre au 10 octobre 2000, et a été aidée par quatre consultants nationaux. Avant de se rendre sur le terrain, la mission a tenu des entretiens avec des hauts responsables des Ministères de l'agriculture, de la planification et de la reconstruction nationale, de la main-d'_uvre et des finances. Elle a également consulté le Représentant résident de l'ONU et les missions bilatérales, notamment le PNUD, le PAM, l'OCHA (Bureau pour la coordination des affaires humanitaires), l'Union européenne et les ambassades de Belgique, d'Italie et des États-Unis. À l'échelon provincial, la mission a rencontré le Gouverneur et le personnel du Bas-Congo, et les maires de Boma (Bas-Congo) et de Kikwit (Bandundu). Les négociants, les transporteurs et les représentants des associations d'agriculteurs ont également été interviewés.
D'une analyse des données disponibles sur les approvisionnements alimentaires intérieurs et les besoins, la mission estime le déficit vivrier de Kinshasa en 2000 à 1 million de tonnes, contre 954 000 tonnes en 1999. L'aide alimentaire actuellement fournie est ciblée sur les groupes les plus vulnérables (par exemple les enfants et les personnes déplacées par la guerre), tandis que les personnes démunies, victimes de la faim, doivent se débrouiller seules. Les mécanismes d'adaptation consistant à ingérer moins de nourriture, à réduire le nombre de repas et à faire pousser des légumes dans l'enceinte du foyer ont été exploités à la limite de leurs possibilités.
Divers facteurs principaux limitent l'approvisionnement alimentaire à Kinshasa, notamment: le piteux état des infrastructures routières, en particulier les routes partant de Kinshasa à Matadi et à Kikwit, ainsi que les voies de desserte; le harcèlement des transporteurs, des négociants et des agriculteurs par la police ou les militaires; l'interruption des approvisionnements alimentaires des Provinces d'Équateur et Orientale à cause de la guerre; la raréfaction du carburant due à la pénurie de devises étrangères; et le taux de change surestimé qui pousse les transactions commerciales vers le marché parallèle.
La mission recommande au gouvernement de faire respecter ses directives contre le harcèlement de la police/de l'armée et les prélèvements illicites aux postes de contrôle, aux ports et au marché. Deuxièmement, le gouvernement devrait unifier les taux de change officiel et parallèle en dévaluant le franc congolais, ce qui devrait se traduire par un accroissement des recettes fiscales et des disponibilités de monnaie forte dans le système bancaire, et, partant, de denrées importées actuellement en faible quantité, comme le carburant.
Si la réorganisation de toute l'infrastructure de transport est une tâche de longue haleine, les donateurs devraient aider le gouvernement à réparer d'urgence les tronçons cruciaux des routes principales partant à Kinshasa, en accordant la priorité au segment Bangu-Tumba (109 km) sur la route de Matadi et aux sections Mosango-Masimanimba et Kwango-Kenge (80 km) sur la route de Kikwit. Il s'agira là d'une étape déterminante pour rétablir des flux normaux de produits alimentaires vers la capitale. En outre, l'assistance aux autorités provinciales et aux communautés locales pour l'entretien des voies d'accès devrait être considérablement renforcée.
Par ailleurs, la communauté internationale devrait encourager le gouvernement et les groupes rebelles dans le conflit en cours à ménager des couloirs humanitaires qui permettraient de rétablir le commerce de produits alimentaires et autres produits entre Kinshasa et les provinces de l'est et du nord. Pour Kinshasa, la création d'un couloir avec la Province de l'Équateur aurait des effets bénéfiques immédiats sur les approvisionnements alimentaires, car cette province détiendrait des stocks considérables de manioc, de maïs et d'huile de palme.
En dépit de son vaste territoire s'étendant sur 2 268 000 km² de terres essentiellement fertiles et de ses considérables ressources minières et forestières, la République démocratique du Congo n'a pas été en mesure de couvrir les besoins essentiels de sa population, estimée à 46,19 millions de personnes en 1999. Le PIB par habitant n'a cessé de diminuer au fil des ans depuis le début des années 70, pour s'établir à 110 dollars E.-U., en valeur réelle, en 1998, soit un des plus bas du monde. Le déclin économique a été exacerbé par des regains de conflits intérieurs en 1991 et en 1993, et, par le déclenchement, en 1998, de la guerre actuelle qui s'est traduite par la partition de facto du pays en provinces sous le contrôle du gouvernement et en zones entre les mains des rebelles. Cette situation a quasiment interrompu les flux d'échanges intérieurs entre les deux moitiés du pays. Ainsi, le taux de croissance du PIB est tombé de 3,7 pour cent en 1998 à 14,7 pour cent en 1999. Aucune amélioration n'est prévue pour l'an 2000, le taux du premier semestre étant de 5,3 pour cent1.
Le déclin du PIB durant les trois dernières années traduit les fortes contractions de la production dans les principaux secteurs économiques. En particulier, durant l'exercice biennal 1998-1999, la production de cuivre a baissé de 18 pour cent, celle de cobalt de 40 pour cent, et celle de diamants de 23 pour cent, comme le montre le Tableau 1 ci-après2. De même, la production de café et d'huile de palme -les principales denrées agricoles d'exportation- a chuté respectivement de 34 pour cent et de 30 pour cent durant la même période.
Denrées
|
1998
|
1999
|
2000
(janvier-juin)
|
1999/1998
(% de changement)
|
Production minière
|
||||
Cuivre (tonnes)
|
38 236
|
31 225
|
13 620
|
-18
|
Cobalt (tonnes)
|
3 871
|
2 308
|
1 768
|
-40
|
Diamants (milliers de carats)
|
26 083
|
20 116
|
10 426
|
-23
|
Or (kg)
|
151
|
207
|
26
|
37
|
Cultures d'exportation
|
||||
Café (tonnes)
|
37 092
|
24 430
|
7 803
|
-34
|
Huile de palme (t.)
|
6 102
|
4 245
|
3 131
|
-30
|
Le secteur industriel plonge aussi rapidement, les entreprises licenciant massivement ou mettant la clef sous la porte. L'instabilité de la conjoncture a découragé les investissements, y compris l'entretien des infrastructures existantes et du patrimoine national. Toutefois, si la production industrielle a subi un déclin général, il y a eu d'importants accroissements de la production de certains biens de consommation, comme le savon (35 pour cent), l'huile de friture (28 pour cent), les chaussures (49 pour cent), dus au rétablissement du commerce avec Brazzaville, la capitale de la République voisine du Congo3. Les mauvais résultats de l'économie ne permettent pas au gouvernement de collecter suffisamment de recettes pour financer les investissements dans les infrastructures économiques et sociales ainsi que les fonctions gouvernementales ordinaires, outre les dépenses militaires actuelles. Par exemple, les recettes du gouvernement pour le premier semestre de l'an 2000 n'ont été que de 3 347 millions de CDF, tandis que les dépenses s'élevaient à 6 069 millions de CDF4. Le déficit de 2 722 CDF a été financé essentiellement par l'accroissement de la masse monétaire.
En juin 2000, le taux de change a été officiellement fixé à 24,74 CDF pour un 1 dollar E.-U., tandis que les taux du marché parallèle étaient estimés à 51,50 CDF, selon la Banque Centrale du Congo. En septembre 2000, le taux du marché parallèle était d'environ 90 CDF alors que le taux officiel n'avait pas changé.
L'utilisation d'un taux de change surévalué dans les transactions du gouvernement et dans les affaires a eu l'effet négatif de soutirer des devises du système bancaire et des coffres de l'État pour les attirer vers le marché parallèle, aggravant la pénurie de produits de base comme le carburant, dont les prix sont indexés sur le taux de change officiel. En février 2000, une mission du FMI a recommandé, entre autres, d'harmoniser les taux de change officiel et parallèle du franc congolais et de lever graduellement le contrôle des prix, en particulier ceux des hydrocarbures. Le gouvernement a décidé d'appliquer ces recommandations, mais le taux de change officiel est toujours en vigueur et les prix du pétrole restent indexés sur ce taux.
L'amenuisement des revenus, un manque de monnaie forte et la guerre en cours qui a retenu toute l'attention du gouvernement et l'affectation des ressources, n'ont pas permis d'investissements appréciables dans l'agriculture. Pour l'année budgétaire 1999/2000, les investissements totaux planifiés ne représentaient que 4 pour cent du budget du gouvernement, dont une très faible part allouée au secteur agricole. À l'exception de ces efforts gouvernementaux limités, comme la promotion de la production vivrière sur le Plateau de Bateke près de Kinshasa, les projets agricoles, passés et présents, ont généralement été financés par les organisations internationales, l'assistance bilatérale, les ONG, et, parfois, par les gouvernements provinciaux.
Cependant, compte tenu de la conjoncture économique et politique instable, l'assistance externe en faveur de l'agriculture a eu un impact limité. Les communautés agricoles ont été contraintes à de fréquents déplacements depuis les insurrections de 1991 et de 1993, jusqu'à la guerre en cours qui a démarré en 1998. Les déplacements ont entraîné un surpeuplement des terres marginales, comme dans les zones périurbaines de Kinshasa. De nombreuses exploitations ont dû être abandonnées et certaines agro-industries, notamment dans le Bas-Congo et la province de Bandundu, ont quasiment cessé toute activité. Les cultures pérennes sont retournées à la brousse dans les grands domaines, et les routes d'accès qu'ils étaient chargés d'entretenir, ont été abandonnées. Ces facteurs se sont traduits par une baisse progressive de la production agricole.
La situation de marasme alimentaire de Kinshasa s'explique par divers facteurs, notamment une forte croissance démographique au cours des dernières années, une pauvreté omniprésente et des disponibilités alimentaires nettement insuffisantes face aux besoins toujours croissants. La population de Kinshasa est actuellement estimée entre 6 et 7 millions d'habitants5. Son taux de croissance, qui était de 4,7 pour cent par an durant les années 90, a accéléré depuis 1998 avec la guerre qui a forcé des grands nombres de populations à chercher refuge en ville. Les nouveaux arrivants s'installent sur les terres marginales aux abords de la ville ou rejoignent des membres de leur famille dans les ménages déjà appauvris et surpeuplés du centre. Une étude de 1999 indique que 50 à 57 pour cent de la population de Kinshasa vivait avec moins d'un dollar E.-U. par jour et par personne, et 85 à 89 pour cent des habitants dépensaient plus de la moitié de leurs revenus pour la nourriture. Or, selon une enquête réalisée par CEPLANUT en juin 2000, la situation se serait considérablement détériorée, près de 70 pour cent des résidents de Kinshasa n'ayant même pas un dollar par jour à consacrer à l'alimentation. Les emplois salariés sont limités et se raréfient compte tenu du déclin économique persistant, et les ménages tirent plus de 70 pour cent de leurs maigres revenus d'activités informelles. L'inflation ne cesse d'affaiblir leur pouvoir d'achat qui, selon l'OCHA, a dégringolé de 45 pour cent depuis 1998.
La même enquête cite des niveaux élevés de malnutrition, en particulier chez les enfants, dont plus de 30 pour cent souffrent de malnutrition chronique et de retard de croissance en périphérie contre 18 pour cent en ville. Le tableau 2 et les diagrammes 1 et 2 donnent une idée de l'écart entre besoins alimentaires estimés et disponibilités alimentaires à Kinshasa en 1999. Le calcul des besoins alimentaires de la capitale se fonde sur des études des budgets des ménages datant de 1996 (cité par l'OCHA)6, tandis que celui des disponibilités alimentaires s'inspire d'une méthodologie utilisée en 1991 par le Bureau d'études7. Le tableau montre un déficit de 954 000 tonnes, soit près du double des disponibilités locales. Le déficit le plus important concerne la farine de manioc.
Produits alimentaires
|
Besoins alimentaires
(tonnes)
|
Disponibilités
(tonnes)
|
Farine de manioc
|
522 013
|
200 832
|
Maïs
|
83 516
|
30 579
|
Riz
|
113 090
|
21 876
|
Légumes
|
115 990
|
78 028
|
Bananes-plantains
|
152 826
|
23 917
|
Haricots
|
46 405
|
25 425
|
Poisson
|
58 006
|
1 590
|
Viande
|
23 202
|
3 316
|
Autres
|
291 765
|
67 622
|
Total
|
1 407 000
|
453 000
|
Source: voir notes 6 et 7.
Source: Voir notes 6 et 7.
Pour l'an 2000, la mission estime les besoins alimentaires à 1 510 000 tonnes mais ne prévoit aucune modification des disponibilités alimentaires locales, ce qui signifie un déficit d'un peu plus d'1 million de tonnes (contre 954 000 tonnes en 1999). Une rapide enquête menée durant la deuxième semaine d'octobre 2000 dans 10 ports de Kinshasa8 retenus par la mission - assurant environ 60 pour cent du trafic fluvial arrivant dans la capitale - montre une réduction continue et parfois drastique des quantités débarquées (tableau 3).
1998
|
1999
|
20001/
|
2000/1998 (%)
| |
Manioc (tonnes)
|
7 240
|
5 320
|
2 200
|
30
|
Maïs (tonnes)
|
4 188
|
3 679
|
1 876
|
45
|
Haricots (tonnes)
|
350
|
58
|
50
|
14
|
Arachides (tonnes)
|
2 075
|
1 250
|
900
|
43
|
Huile de palme (barils de 200 l)
|
600
|
530
|
150
|
25
|
Il est à noter que depuis le début de la guerre en 1998, les approvisionnements à Kinshasa provenant des zones entre les mains des rebelles, notamment la Province de l'Équateur, la Province Orientale, la province Nord-Kivu et certaines parties de la Province de Kasaï, qui assuraient une grande part des approvisionnements totaux de la ville, ont été interrompus.
Compte tenu des disponibilités alimentaires locales nettement insuffisantes, des augmentations proportionnelles des volumes d'importation sont à prévoir. Malheureusement, les importations alimentaires en général ont reculé sensiblement depuis 1997 (tableau 4).
Denrées
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
20001/
|
Maïs (grain)
|
156 733
|
22 001
|
3 558
|
5 990
|
0
|
2 834
|
Farine de maïs
|
13 627
|
5 715
|
1 723
|
10 179
|
0
|
0
|
Riz
|
47 614
|
54 040
|
97 981
|
41 962
|
49 015
|
76 108
|
Blé
|
221 817
|
67 460
|
113 802
|
132 116
|
0
|
0
|
Farine de blé
|
88 156
|
26 553
|
291 922
|
81 098
|
185 662
|
70 890
|
Pommes de terre
|
132 910
|
70 442
|
170 897
|
186 420
|
0
|
0
|
Malt
|
15 131
|
14 602
|
15 168
|
15 406
|
0
|
0
|
Sucre
|
17 919
|
3 476
|
28 110
|
33 866
|
0
|
0
|
Poisson salé
|
4 275
|
2 723
|
7 573
|
5 543
|
1 012
|
256
|
Poisson congelé
|
0
|
91 766
|
87 006
|
104 970
|
112 657
|
59 167
|
Produits carnés
|
11 610
|
13 207
|
32 495
|
23 736
|
9 666
|
12 580
|
Produits laitiers
|
12 020
|
8 802
|
11 488
|
10 597
|
63 060
|
2 788
|
Total
|
721 812
|
380 787
|
861 723
|
651 883
|
421 072
|
224 623
|
Si 1998 pouvait être encore considéré comme une année normale pour les importations alimentaires avec 651 883 tonnes, en 1999, celles-ci ont chuté de 35 pour cent pour s'établir à 421 072 tonnes. Si les importations devaient se poursuivre au même rythme que durant la première moitié de l'année, les importations totales atteindraient quelque 449 000 tonnes pour l'an 2000. Néanmoins, étant donné l'aggravation de la situation des devises, les importations effectives devraient être inférieures. En outre, d'après des études réalisées précédemment (y compris celle de l'OCHA en juillet 2000), 15 pour cent des importations alimentaires sont acheminées ou consommées dans les provinces voisines. Ceci étant, la mission estime les importations alimentaires de Kinshasa en 2000 à 380 000 tonnes.
Les importations estimées (380 000 tonnes) et les approvisionnements intérieurs (453 000 tonnes) s'élèvent à 833 000 tonnes, soit loin derrière des besoins de 1 510 000 tonnes. L'écart considérable (677 000 tonnes) signifie que les disponibilités de nourriture sont extrêmement diluées et que la grande majorité des habitants de Kinshasa souffrent de graves pénuries alimentaires, ce qui explique la malnutrition généralisée.
Les principaux facteurs entravant les approvisionnements alimentaires à Kinshasa sont la production vivrière insuffisante dans l'arrière-pays de Kinshasa, notamment sur le Plateau de Bateke, l'extrême dégradation des infrastructures de transport dans les provinces voisines du Bas-Congo et de Bandundu, le harcèlement des transporteurs, négociants et agriculteurs par la police et l'armée, en particulier dans la province de Bandundu, l'interruption des approvisionnements en provenance des provinces de l'Équateur et Orientale, et la raréfaction des devises étrangères déjà limitées pour les importations de vivres et de carburant. Ces facteurs seront brièvement commentés par la suite.
Kinshasa et son arrière-pays sont connus pour être des zones inadaptées à l'agriculture à cause des sols sablonneux, pauvres en matière organique, à la faible capacité de rétention d'eau. Ceci est particulièrement vrai sur le Plateau de Bateke qui souffre de pénuries chroniques d'eau et où l'irrigation en puisant dans les eaux souterraines pourrait être prohibitive. Il faut envisager le recours aux engrais et à des méthodes d'exploitation adéquates, telles que la ponctualité des semis, pour tirer parti des précipitations. Pour de nombreux petits agriculteurs, y compris des résidents de Kinshasa à qui le gouvernement alloue des parcelles, il s'avère difficile de pratiquer une agriculture financièrement rentable et écologiquement viable sur le Plateau de Bateke. Le directeur d'une importante société d'importation de produits alimentaires, qui s'occupe désormais de production agricole à grande échelle, a raconté à la mission que son entreprise avait prévu de semer, en 2000/01, quelque 1 500 hectares de maïs sur une partie des terres qui lui avaient été allouées sur le Plateau de Bateke. La société dispose d'un matériel agricole de pointe, d'ingénieurs agricoles, d'agronomes et de techniciens, ainsi que de stocks appréciables d'engrais et de produits chimiques à pulvériser. Mais elle attendait le carburant. Elle prévoit des rendements de 3 tonnes/ha, qui, selon ses dires, seraient rentables, mais seulement si elle se concentrait sur les semences de maïs, plutôt que sur le maïs destiné à la consommation directe. Les petits et moyens agriculteurs que l'on installe sur le Plateau ne pouvaient espérer atteindre un résultat positif avec leurs moyens limités et leurs pratiques agricoles traditionnelles.
En attendant, pour conjurer la crise alimentaire de Kinshasa, d'autres solutions devraient être prises d'urgence en considération, notamment affronter certains des plus graves problèmes observés par la mission dans les provinces du Bas-Congo et de Bandundu, les fournisseurs habituels de la capitale en denrées alimentaires. La dégradation des infrastructures routières est extrême dans ces provinces, en particulier sur les grands axes les reliant à Kinshasa, ainsi que les routes desservant les marchés pour écouler la production agricole de l'arrière-pays. Une société de transport a confié à la mission qu'en 1995, sa flotte de 16 camions pouvait acheminer du port de Matadi (capitale du Bas-Congo) à Kinshasa, 4 000 tonnes de marchandises importées chaque mois, chaque camion effectuant une moyenne de huit aller-retour par mois, et ramenant du bois d'_uvre, du café et d'autres cultures d'exportation à expédier outremer. Aujourd'hui, avec 23 camions, la société ne réussit à transporter que 2 800 tonnes de Matadi à Kinshasa, car il faut une semaine environ à un camion pour parcourir le trajet A/R de 300 km, et la plupart du temps, il rentre vide à Matadi. Les coûts d'entretien et le risque de démolir les véhicules sur ces routes en si mauvais état sont très élevés, tandis que le cash-flow de la société diminue. Les coûts de transport représentent entre 25 et 30 pour cent des prix à la consommation à Kinshasa9. Les transporteurs du secteur privé avec lesquels la mission s'est entretenue ont demandé instamment la remise en état immédiate, non pas de la route Matadi-Kishasa dans sa totalité (qui pourrait être graduelle), mais d'un tronçon primordial, celui reliant Bangu à Tumba (109 km), afin de rétablir cette liaison vitale vers l'océan Atlantique.
De même, des segments du grand axe Kikwit - Kinshasa ont besoin de réparations urgentes, le plus pressant étant le tronçon Mosango - Masimanimba (30 km) et celui de Kwango à Kenge (50 km), selon les membres de la communauté des affaires de Bandundu.
Il est à noter toutefois que des travaux de réfection étaient en cours sur les deux routes Kinshasa - Kikwit et Kinshasa - Matadi durant la visite de la mission, mais à partir de Kinshasa, et non sur les tronçons indiqués par les chefs d'entreprise.
Les liaisons routières de Kinshasa étant de plus en plus inadaptées au transport commercial, le transport fluvial revêt une importance croissante dans la province de Bandundu, en particulier à partir des ports situés sur les fleuves Kasaï et Kwilu. Toutefois, le transport fluvial, qui prend au moins deux fois plus de temps que le transport sur route, ne convient pas aux produits hautement périssables comme le poisson, les fruits et légumes, même si son prix de revient représente 20 pour cent du chargement (contre 50 pour cent pour le transport routier). Il est également victime de la pénurie de carburant et de navires, outre les infrastructures vétustes de nombreux ports.
Tout comme le transport fluvial dans la province de Bandundu, le transport ferroviaire dans le Bas-Congo devrait constituer une variante pour expédier les denrées alimentaires et autres, de Matadi et d'autres localités vers Kinshasa. Toutefois, la vétusté du matériel et le manque de locomotives (seulement quatre sont en état de fonctionnement, alors qu'il en faudrait dix au minimum) ont pesé sur la fiabilité du rail et réduit sa part de trafic (par rapport à la route) de 70 pour cent environ il y a une dizaine d'années, à moins de 30 pour cent aujourd'hui, en dépit de l'état déplorable du réseau routier.
Provinces
|
Produits alimentaires
|
Mode de transport
|
Itinéraire
|
Observations
|
1. Bas-Congo
|
Manioc, haricots, bananes, gibier, huile de palme, viande, sucre,
farine de blé, pommes de terre, légumes
|
Par voie de terre
|
Tshela- Boma-matadi-Mbanza-Ng.-Kinshasa; Kimvula-Inkisi-Kinshasa
|
La plus grande partie de la route Matadi-Kinshasa est dans un état
déplorable.
Le chemin de fer a un matériel vétuste
|
Par chemin de fer
|
Matadi-Kinshasa
|
|||
2. Bandundu
|
Manioc, maïs, arachides, bananes, huile de palme, poisson
|
Par voie de terre
|
Popokabaka- Kasongolunda-Feshi-Kikwit-Masi-Manimba-Kenge-Kinshasa
|
Route Kikwit-Kinshasa en très mauvais état
|
Par voie fluviale
|
Mangai-Kwa-Kinshasa; Lukenie-Mfini-Kwamuthu-Kinshasa
|
|||
3. Équateur
|
Manioc, maïs, riz, arachides, bananes, huile de palme, gibier,
poisson
|
Bumba-Mbandaka-Kinshasa
|
Approvision-nements interrompus depuis le début de la guerre
(1998)
|
|
4. P.Orientale
|
Riz, haricots, viande, poisson, pommes de terre, légumes
|
Par voie fluviale
|
Kisangani-Bumba-Mbandaka-Kinshasa
|
idem
|
5. Nord-Kivu
|
Viande, légumes, pommes de terre
|
Par route et voie fluviale
|
Goma-Beni-Kisangani
|
idem
|
Par voie aérienne
|
Goma-Kinshasa
|
|||
6.Kasaï-Orientale
|
Riz
|
Par voie fluviale
|
Sankuru-Kasaï-Kinshasa
|
|
Par route et voie fluviale
|
Lodja-Sankuru-Kasaï-Kinshasa
|
On n'insistera jamais assez sur la nécessité de réparer
de toute urgence les principales routes d'accès. Les agriculteurs et
les autorités des provinces du Bas-Congo et de Bandundu ont informé
la mission que seulement 15 pour cent environ de la production vivrière
de localités isolées et reculées -dont certaines représentent
de grandes zones productrices- accèdent au marché. L'expérience
récente dans les deux provinces montre que la réfection/l'entretien
des routes d'accès dans certaines localités a déclenché
un intense commerce de denrées alimentaires produites localement. Divers
donateurs ont apporté leur soutien aux programmes de remise en état
des routes de desserte, mais les besoins restent considérables.
Le harcèlement par la police et l'armée aux points de contrôle dans les provinces, et dans les ports et parcs de stationnement de Kinshasa, est un grave obstacle à l'approvisionnement alimentaire de la capitale. Il est largement condamné par la communauté des affaires, la société civile et les pouvoirs publics et comporte de nombreux prélèvements illégaux sur les biens transportés. La route la plus touchée par ce fléau est celle qui relie Kikwit à Kinshasa, où, selon les transporteurs, la police et l'armée ont installé 32 points de contrôle. La quantité de prélèvement illicites dépend de la valeur des denrées transportées, mais le minimum par véhicule serait de 100 CDF en septembre 2000. Dans un port de Kinshasa, la mission a observé qu'au moment du débarquement, des sacs de 80 kg de manioc se vendaient à 1 500 CDF; lorsqu'ils quittaient le port, ils coûtaient 2 200 CDF, la différence de 700 CDF correspondant pour l'essentiel aux prélèvements illicites.
Le taux de change du franc congolais surestimé, officiellement de 24,74 CDF pour un dollar E.-U. depuis juin 2000, ne semble pas atteindre le but poursuivi par le gouvernement de fournir des biens et services de base à des prix abordables, mais plutôt de contribuer à la pénurie de devises étrangères en encourageant les transactions du marché parallèle où le taux est 3 à 4 fois plus élevé. La détérioration persistante de la situation des réserves en devises se traduit par une baisse des importations de produits alimentaires et de carburant, aggravant les problèmes de transport déjà graves. Conformément aux recommandations du FMI, il faut harmoniser les deux taux de change et libéraliser progressivement les prix du carburant.
La grave pénurie alimentaire à Kinshasa, conjuguée à une inflation galopante, fait grimper les prix des produits alimentaires de base, avec des hausses spectaculaires ces derniers mois. Ainsi, de juin à août 2000, le prix au kilo de la farine de manioc a augmenté de 35 pour cent, celui de la farine de maïs de 37 pour cent, et celui des feuilles de manioc de 325 pour cent, comme le montre le tableau 6 et le graphique 3 ci-dessous.
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Août/Juin 2000 (%)
| |
Farine de manioc
|
20,4
|
22,8
|
17,6
|
16,8
|
20,6
|
25,1
|
30,2
|
34
|
35,5
|
Farine de maïs
|
27,0
|
22,6
|
13,4
|
11,7
|
15,5
|
18,1
|
20,8
|
24,8
|
37,0
|
Riz
|
17,4
|
18,8
|
19,2
|
19
|
20,7
|
24,3
|
27,7
|
29,7
|
22,2
|
Feuilles de manioc
|
5,8
|
5,5
|
6,1
|
6,1
|
5,7
|
6,5
|
12,8
|
28,3
|
335,4
|
Haricots secs
|
55,8
|
54,7
|
47,7
|
49,5
|
53,8
|
67,3
|
84,7
|
86
|
27,8
|
Poisson frais
|
34,6
|
27,4
|
30,5
|
31,7
|
38,8
|
45,8
|
59,3
|
61,4
|
34,1
|
Le manque d'informations sur le marché est un autre facteur limitant le commerce de produits alimentaires de base. Les agriculteurs des villages isolés et les négociants des villes de province connaissent rarement les prix en vigueur à Kinshasa. En outre, les préoccupations liées à l'inflation et la pénurie de biens de consommation de base se sont traduits par un accroissement du troc, les négociants échangeant des denrées, comme savon, tissu, kérosène et sel, contre les produits des agriculteurs.
La majorité des habitants de Kinshasa a de plus en plus de mal à accéder à la nourriture, notamment les chômeurs, les salariés et les personnes ayant des revenus fixes. L'étude du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires de juillet 2000 conclut que les revenus monétaires demeurés inchangés depuis septembre 1999 avaient perdu 73 pour cent de leur pouvoir d'achat en juin 2000. Les révisions des revenus effectuées de temps à autre dans les secteurs privé et public sont très inférieures au taux d'inflation. La pratique de certains employeurs consistant à indexer les salaires locaux sur le taux de change officiel réduit davantage le pouvoir d'achat de leurs employés.
Dans l'ensemble, par conséquent, le pouvoir d'achat de la population de Kinshasa se détériore rapidement. L'étude de l'OCHA cite une enquête rapide effectuée en décembre 1999 qui avait calculé qu'une famille de sept personnes habitant à Kinshasa avait besoin d'environ 12,2 dollars E.-U. par jour -soit 370 dollars par mois- pour satisfaire ses besoins alimentaires standard, alors que le revenu moyen d'un ménage n'était que de 70 dollars E.-U. par mois.
La malnutrition chronique touche 18 pour cent des enfants de moins de 5 ans vivant en ville, et plus de 30 pour cent de ceux vivant en banlieue, où des populations croissantes continuent à s'amasser, en particulier en provenance des zones de guerre. Selon le PNUD, l'apport calorique par personne et par jour à Kinshasa est de 1 000 kcal, soit nettement inférieur à un apport de 2 200 kcal recommandé pour l'Afrique subsaharienne.
L'aide alimentaire actuelle, fournie essentiellement par les organismes des Nations Unies et les organisations bilatérales, est ciblée sur les enfants -le groupe le plus vulnérable- les mères allaitantes, les personnes déplacées à l'intérieur du pays et autres groupes vulnérables. La majorité des populations pauvres victimes de la faim doit se débrouiller toute seule.
La grave pénurie alimentaire à Kinshasa est pour une large part attribuable à l'interruption des approvisionnements alimentaires des provinces de l'Équateur et Orientale depuis le déclenchement de la guerre en 1998. Le rétablissement des routes d'approvisionnement entre Kinshasa et ces provinces, en particulier avec la province de l'Équateur qui dispose de stocks importants de manioc, de maïs et d'huile de palme prêts à être expédiés, allégerait considérablement la situation alimentaire de Kinshasa. Il permettrait également la reprise des expéditions de produits manufacturés vers ces provinces. Cette éventualité, peu probable avant l'arrêt de hostilités, mérite d'être exploitée notamment dans le cadre des dispositions prévues dans l'Accord de Lusaka.
Les cultures vivrières dans les provinces du Bas-Congo, de Bandundu et de Kinshasa sont pour l'essentiel le fait de familles agricoles qui utilisent des méthodes traditionnelles et des outils manuels très simples. L'agriculture itinérante est encore couramment pratiquée et le recours aux engrais chimiques ou aux semences améliorées est limité.
Il y a deux campagnes agricoles principales: la campagne A, qui s'étend de septembre à janvier, et la campagne B, de février à juin. Les principales cultures vivrières sont le manioc (le principal aliment de base), le maïs, le riz, l'arachide, les haricots, les bananes et le taro, en particulier dans le Bas-Congo. Les légumes sont cultivés dans les basses terres durant la saison sèche ainsi qu'aux abords des grandes villes et dans l'enceinte des ménages.
Kinshasa et son arrière-pays ont des sols généralement sablonneux et peu fertiles où l'eau peut constituer un facteur limitant pour la production agricole, comme sur le Plateau de Bateke. Dans la Province du Bas-Congo, la forte densité de population (55 habitants/km²) s'est traduite par une réduction substantielle de la taille des exploitations et la réduction de la période de jachère à deux ans dans certaines zones. Les agriculteurs que la mission a rencontrés dans la région du Bas-Fleuve n'avaient pas assez de terres à cultiver et on a dû leur octroyer des parcelles à titre temporaire dans les villages voisins.
De 1990 à 1996, la production vivrière a augmenté à un rythme annuel de 2 pour cent dans les provinces à l'étude, par rapport à un taux de croissance démographique de 3,3 pour cent. Les mauvais résultats de la production vivrière sont en grande partie attribuables à la suspension de l'assistance des donateurs à la suite des pillages de 1991 et 1993 des stations de recherche et des installations de vulgarisation pour la production et la distribution de semences. Le tableau 7 présente les tendances de la production des principales denrées vivrières de base.
1991/92
|
1992/93
|
1993/94
|
1994/95
|
1995/96
|
Moyenne
| |
Manioc
|
6 190 207
|
6 027 281
|
5 770 118
|
5 620 825
|
5 222 460
|
5 766 178
|
Maïs
|
206 987
|
221 033
|
231 641
|
188 012
|
207 346
|
211 004
|
Riz
|
63 228
|
64 444
|
65 906
|
39 435
|
45 340
|
55 671
|
Arachides
|
165 831
|
179 727
|
174 778
|
162 660
|
141 582
|
164 916
|
Plantains
|
249 335
|
257 433
|
257 245
|
81 548
|
78 457
|
184 804
|
Haricots
|
21 006
|
21 507
|
22 009
|
14 379
|
15 231
|
18 826,4
|
Les troubles intérieurs et la guerre, la détérioration des routes et des chemins de fer, les pénuries d'intrants et la réapparition des maladies du manioc, ont accéléré le recul de la production vivrière.
La production de 1999/2000 a, en outre, souffert des pluies tardives suivies d'inondations dans les provinces du Bas-Congo et de Kinshasa, ainsi que de la portée insuffisante des actions de vulgarisation. Ainsi, par rapport à 1998/99, les superficies totales ensemencées ont été réduites de 2,8 pour cent, comme le montre le tableau 8.
1998/99
|
1999/2000
|
% changement
| |
Manioc
|
578 823
|
560 049
|
-3,2
|
Maïs
|
307 953
|
304 098
|
-1,3
|
Riz
|
52 837
|
50 994
|
-3,5
|
Arachides
|
174 075
|
167 920
|
-3,5
|
Plantains
|
27 191
|
26 832
|
-1,3
|
Haricots
|
43 872
|
41 171
|
-6,2
|
Total
|
1 184 751
|
1 151 064
|
-2,8
|
Le recul a été plus prononcé pour les haricots, le riz et le manioc. La distribution de semences par les organismes humanitaires et les ONG, avec l'assistance technique de la FAO, a atténué la baisse des superficies ensemencées en maïs.
La production agricole totale de 1999/2000 dans les trois provinces est estimée à 5 292 000 tonnes, dont 4 765 000 tonnes de manioc, soit 90 pour cent. La part de maïs s'élève à 223 000 tonnes, soit 4 pour cent. Une répartition de la production par province est présentée dans le tableau 9 ci-dessous.
Manioc
|
Maïs
|
Riz
|
Plantains
|
Arachides
|
Haricots
|
TOTAL
| |
Bandundu
|
1 250 000
|
189 557
|
24 027
|
43 726
|
123 459
|
6 255
|
1 637 024
|
Bas-Congo
|
3 500 000
|
19 902
|
17 700
|
56 552
|
13 427
|
13 886
|
3 621 467
|
Kinshasa
|
15 040
|
13 590
|
2 289
|
0
|
2 743
|
142
|
33 804
|
Total
|
4 765 040
|
223 049
|
44 016
|
100 278
|
139 629
|
20 283
|
5 292 295
|
1999/2000 (1)
|
1998/99
(2)
|
1991/92-1995/96 (3)
|
Objectif
1999/2000 (4)
|
(1)/(2) %
|
(1)/(3) %
|
(1)/(4) %
| |
Manioc
|
4 765 040
|
5 073 005
|
5 766 178
|
8 413 640
|
-6,1
|
-17,4
|
-43,4
|
Céréales
|
267 065
|
353 550
|
266 675
|
416 702
|
-24,5
|
0,0
|
-35,9
|
Plantains
|
100 278
|
101 619
|
184 804
|
284 251
|
-1,3
|
-45,7
|
-64,7
|
Légumineuses
|
159 912
|
165 827
|
183 742
|
390 846
|
-3,6
|
-13,0
|
-59,1
|
TOTAL
|
5 292 295
|
5 694 001
|
6 401 399
|
9 505 439
|
-7,1
|
-17,3
|
-44,3
|
Par rapport à 1998/99 et à la période d'avant la guerre 1991/92-1995/96, la production en 1999/2000 a baissé respectivement de 17 et 7 pour cent; elle est inférieure de 44 pour cent aux objectifs gouvernementaux, comme l'indique le tableau 10.
Les rendements ont été victimes des inondations, de la mauvaise qualité des semences et des maladies des végétaux. La production réduite de manioc - le principal aliment de base - est source d'inquiétude, en particulier après la suspension des programmes de recherche et de distribution de boutures de manioc résistant à la maladie de la mosaïque du manioc. On estime à 80 pour cent les pertes de manioc causées par la mosaïque et à 10 pour cent les pertes dues à la cochenille du manioc. Les variétés traditionnelles de manioc sont plus exposées aux maladies et aux ravageurs que les variétés nouvellement introduites, même si à l'heure actuelle, ces dernières ne couvrent que 5 à 10 pour cent des superficies cultivées en manioc. Il est indispensable de rétablir et de renforcer les programmes de recherche et de vulgarisation portant sur le manioc afin d'activer la production de cette importante denrée de base.
Face à la grave pénurie alimentaire, un nombre croissant de résidents de Kinshasa ont recouru à la production maraîchère, essentiellement dans l'enceinte de leurs foyers. Selon le Service national de l'horticulture, le nombre de cultivateurs de légumes de Kinshasa est passé de 7 255 en 1996 à 12 058 en 2000.
L'élevage a lieu principalement dans les provinces de l'Est qui sont entre les mains des rebelles. Les approvisionnements de Bandundu et du Bas-Congo étant entravés par le mauvais état des routes, la consommation de b_uf par habitant à Kinshasa a été réduite de 7,5 kg à 3 kg au cours des deux dernières années, selon le SNSA. Les prix sont montés en flèche, passant de 120 CDF/kg à 500 CDF/kg durant la même période. Compte tenu de leur faible pouvoir d'achat, les gens se tournent vers des produits plus économiques comme le poisson et le poulet. Pour donner une nouvelle impulsion aux approvisionnements, le gouvernement a importé 800 000 poussins d'un jour entre octobre 1999 et mars 2000.
L'élevage de poissons a également essuyé de fortes pertes durant les insurrections civiles et la guerre. Selon le SNSA, une trentaine de grands pisciculteurs ont abandonné leurs étangs. Les activités de recherche et de vulgarisation sur la pisciculture et sur la production d'alevins ont toutes été interrompues. Toutefois, le gouvernement a formulé un programme pour la production de 1 437 tonnes de poisson en 2001 dans les provinces de Bandundu, du Bas-Congo et de Kinshasa. Mais vu ses difficultés budgétaires, il semble peu probable que le programme soit mené à terme.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected] ). Il est également possible de recevoir automatiquement, par messagerie électronique, les Alertes spéciales et les Rapports spéciaux, dès leur publication, en souscrivant à la liste de distribution du SMIAR. A cette fin, veuillez envoyer un message électronique à l'adresse suivante: [email protected] , sans indiquer la case "objet" en indiquant le message ci-après: subscribe SMIARAlertes-L Pour être rayé de la liste, envoyer ce message: unsubscribe SMIARAlertes-L |
1 Banque Centrale du Congo `Condensé d'informations statistiques' n°23/2000, 15 septembre 2000 et `Évolution économique et financière récente' (septembre 2000).
2 Les chiffres relatifs aux diamants et à l'or ne tiennent pas compte des quantités importantes sorties clandestinement du pays.
3 Banque Nationale du Congo, op. cit .
5 Selon les projections démographiques de l'INS (Institut national des statistiques), la population de Kinshasa serait d'environ 6 millions d'habitants en 2000 sur la base d'un taux de croissance annuel de 4,7 pour cent, contre les 7 millions estimés par le FNUAP.
6 OCHA RDC "Impact humanitaire de l'environnement socio-économique : Tendances et faits marquants pour la ville de Kinshasa', Mission de programmation pour la relance du secteur agricole et rural (MIPRO), 1996.
7 Bureau d'études, d'aménagement et d'urbanisme (BEAU), 1991. Les informations complémentaires sont tirées d'études du CEPLANUT et de l'UNICEF (1993).
8 Il s'agissait des ports suivants: ORGAMAN, SAC, DOKOLO, PORT PUBLIC LOMATA, MBASA GLM, CELCO, OBMA, SICO, LUZA, ZELO.
9 Tiré du `Plan triennal de relance du secteur agricole pour la région urbaine de Kinshasa - 1998' p. 304 et de données fournies à la mission par AFRITANS à Matadi.