FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires No.5, novembre 2000 - Page 3

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SITUATION DES RÉCOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

VUE D'ENSEMBLE

Le nombre de personnes dans le monde entier qui connaissent de graves pénuries alimentaires a nettement augmenté puisque elles sont maintenant 62 millions au lieu de 52 millions environ à la même époque l'année dernière. Cet accroissement concerne en grande partie l'Afrique subsaharienne, où le nombre de personnes touchées est passé de 19 à quelque 28 millions. La situation est particulièrement tendue au Kenya, en Érythrée, en Éthiopie et dans certaines régions de Tanzanie, qui risquent de connaître de graves pénuries alimentaires pendant une bonne partie de l'année à venir. Ailleurs dans le continent, même si une certaine amélioration de la production vivrière est observée au Libéria et en République du Congo, les conséquences de la guerre civile continuent à perturber l'agriculture et le ravitaillement en vivres en Sierra Leone et en République démocratique du Congo. En revanche, les perspectives des approvisionnements alimentaires sont généralement favorables en Afrique australe où, selon les prévisions, la production de 2000 augmenterait de quelque 17 pour cent par rapport à l'année dernière.

Dans de vastes régions de l'Asie, la situation reste également très tendue du fait de la sécheresse qui a sévi précédemment et des inondations plus récentes. Certaines régions du Cambodge et du Viet Nam sont encore submergées, ce qui entrave les activités humanitaires et agricoles. La recrudescence de la sécheresse dans l'ouest et le centre de l'Inde, pour la deuxième année consécutive, risque d'aggraver la situation humanitaire, déjà difficile. Ailleurs dans la région, la sécheresse précédente a fortement réduit la production céréalière de nombreux pays. La situation en RPD de Corée, en Afghanistan et en Iraq suscite une inquiétude particulière car tous ces pays connaissent déjà des difficultés de ravitaillement en vivres. La situation alimentaire des pays asiatiques de la CEI (Arménie, Géorgie, Tadjikistan) restera extrêmement difficile l'année prochaine en raison de la baisse estimée à 5 millions de tonnes enregistrée par la production totale.

Il est prévu que la production céréalière de la Communauté européenne, des pays de la CEI situés à l'ouest de l'Oural et des pays baltes augmente par rapport à l'an dernier. En revanche, dans les Balkans, la production du printemps a été fortement réduite du fait du temps sec/chaud.

Aux États-Unis, la production de blé de 2000 a chuté de quelque 3,5 pour cent par rapport à 1999, tandis que celle de céréales secondaires, bien que supérieure au niveau de l'an dernier, est largement inférieure aux prévisions précédentes.

SITUATION PAR RÉGION

Afrique

En Afrique de l'Est, malgré des pluies bénéfiques dans certaines régions, la situation alimentaire reste précaire du fait des effets persistants de la sécheresse et des troubles intérieurs dans plusieurs zones. Actuellement, plus de 20 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, les pénuries alimentaires risquant de se poursuivre jusque dans le courant de 2001. Par ailleurs, les pasteurs de Somalie, d'Éthiopie, d'Érythrée, du Soudan et de Djibouti seront sérieusement touchés par l'interdiction récente (19 septembre) concernant les importations de bétail en provenance de leur pays, décidée par les principaux pays importateurs de la Péninsule arabique, en raison d'une poussée de fièvre de la Vallée du Rift. Une interdiction analogue, qui avait duré un an, avait en 1998 sérieusement perturbé les économies des pays exportateurs de la Corne de l'Afrique.

La situation alimentaire est particulièrement grave au Kenya, en Érythrée et en Éthiopie, où des importations céréalières massives, principalement sous forme d'aide, sont encore nécessaires pour éviter la famine. Le Kenya connaît toujours des disettes dues à la sécheresse et, selon les estimations, près de 3,3 millions de personnes auraient besoin sans plus attendre d'une aide alimentaire. Les graves pénuries d'eau et de pâturages dans le nord et l'est du pays ont entraîné d'importantes pertes de bétail. En Érythrée, compte tenu du déplacement d'un très grand nombre de cultivateurs des riches régions agricoles de Gash Barka et de Debub, qui assurent plus de 70 pour cent de la production céréalière, la campagne agricole est compromise cette année. La situation des approvisionnements alimentaires est très préoccupante pour plus de 1,5 million de personnes déplacées par la guerre. En Éthiopie, en dépit de récentes pluies bénéfiques, la situation alimentaire reste en général extrêmement précaire. On estime que 10 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire. En Somalie, les perspectives des approvisionnements vivriers se sont dans l'ensemble améliorées du fait des bonnes récoltes de la campagne principale (« Gu »), qui ont été précédées de récoltes de la campagne secondaire (« Deyr ») satisfaisantes dans certaines régions du sud. Au Soudan, les perspectives générales concernant la production céréalière de 2000 sont variables. La situation alimentaire est alarmante dans certaines régions du sud du fait de la sécheresse et des troubles intérieurs. En Tanzanie, la production devrait baisser dans un certain nombre de régions du fait du retard et de l'insuffisance des pluies. Plusieurs régions connaissent de graves pénuries alimentaires. En Ouganda, la situation générale des approvisionnements vivriers est satisfaisante, mais elle reste précaire dans le nord-est, en raison principalement de la récolte médiocre de la dernière campagne.

Dans la région des Grands Lacs, la période de temps sec prolongée qui a duré de mai à la mi-octobre au Rwanda et au Burundi a eu un effet préjudiciable sur les rendements des cultures de base (bananes et manioc) et a retardé les semis des céréales et des haricots de la première campagne de 2001. Au Rwanda, le gouvernement a lancé un appel pour obtenir une assistance sous forme de vivres et d'intrants agricoles destinée à 267 000 personnes très gravement touchées.

En Afrique australe, les semis des céréales secondaires de 2001 sont en cours. Les pluies moyennes ou supérieures à la moyenne qui sont tombées à partir de la deuxième quinzaine d'octobre ont augmenté l'humidité des sols pour les travaux agricoles et ont été bénéfiques aux cultures à semis précoces. Dans l'ensemble, les conditions de végétation sont jusqu'ici favorables. Cependant, des réductions des emblavures sont attendues en Afrique du Sud du fait de la faiblesse des prix, et au Zimbabwe en raison du programme prévu de réinstallation dans les exploitations commerciales, mais ces réductions pourraient être compensées par des accroissements dans d'autres pays. La récolte du blé de 2000 est bien avancée dans la sous-région. La production totale est estimée à 2,2 millions de tonnes, chiffre qui dépasse d'environ 10 pour cent celui de 1999 mais reste inférieur à la moyenne sur cinq ans. La production de l'Afrique du Sud, qui représente plus de 80 pour cent de la production régionale globale, devrait dépasser de 22 pour cent la récolte médiocre de l'an dernier. Au Zimbabwe, on prévoit que la production sera inférieure d'un quart à celle de l'an dernier en raison de l'insécurité qui régnait au moment des semis.

La production totale de céréales secondaires de la sous-région en 2000 est estimée à environ 19 millions de tonnes, soit 24 pour cent de plus que l'an dernier. Les pluies abondantes qui sont tombées pendant la période de végétation ont permis d'obtenir ce bon résultat, en dépit des graves inondations et des pertes de récolte subies dans certaines régions. La production a fortement augmenté en Afrique du Sud, au Zimbabwe, en Zambie, en Namibie et au Botswana. Au Malawi, la récolte de céréales secondaires a atteint le même niveau record que l'an dernier. Cependant, des récoltes moins importantes ont été engrangées au Mozambique, à Madagascar, en Angola, au Swaziland et au Lesotho.

La situation générale des approvisionnements alimentaires est satisfaisante du fait de la bonne récolte céréalière de cette année et de la capacité d'importation commerciale de la plupart des pays de la sous-région. Cependant, la situation alimentaire reste précaire pour un nombre de plus en plus élevé de personnes déplacées en Angola, pays déchiré par la guerre : on estime que 1,9 million de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. Une aide alimentaire est également nécessaire pour 240 000 personnes qui vivent dans les régions méridionales de Madagascar, frappées par la sécheresse, et connaissent de graves difficultés de ravitaillement en vivres. Au Mozambique, malgré une nette amélioration de la situation des approvisionnements dans les régions méridionales, 172 000 personnes très vulnérables, dont celles qui ont été le plus touchées par les graves inondations du début de l'année, ont encore besoin d'une aide alimentaire.

En Afrique du Nord, les travaux de préparation du sol sont en cours en vue des semis des cultures d'hiver de 2000. La production totale de blé est estimée à 9,6 millions de tonnes, soit environ 15 pour cent de moins que l'an dernier et un volume inférieur à la moyenne. Cette baisse est imputable au temps sec qui a persisté pendant la campagne de végétation et a réduit les rendements et la production dans tous les pays de la sous-région, sauf en Égypte où les cultures de blé sont en grande partie irriguées. En Algérie et au Maroc, la production, largement inférieure à la moyenne, a fléchi de quelque 37 pour cent par rapport à 1999, tandis qu'en Tunisie, elle est inférieure à la moyenne et marque un recul de 43 pour cent. La récolte des céréales secondaires de 2000 dans la sous-région est estimée à 8,7 millions de tonnes, soit quelque 12 pour cent de moins que l'an dernier, du fait des conditions météorologiques défavorables en Algérie, au Maroc et en Tunisie. En Égypte, la production a augmenté d'environ 3 pour cent.

En Afrique de l'Ouest, les perspectives de récolte sont inégales. Dans le Sahel, la moisson des céréales secondaires est en cours. L'état des cultures est en général satisfaisant dans la moitié ouest du Sahel, tandis que les vagues de sécheresse d'août/septembre ont nui aux cultures dans le centre et dans l'est du Burkina Faso, dans la majeure partie du Niger et dans la zone sahélienne du Tchad. Plusieurs missions conjointes FAO/CILSS d'évaluation des récoltes, qui se sont rendues en octobre dans les neuf pays du Sahel membres du CILSS, ont estimé la production céréalière totale de 2000 à 9,5 millions de tonnes, soit 16 pour cent de moins que le volume record de 1999. Des récoltes inférieures à la moyenne sont attendues au Burkina Faso, en Mauritanie et au Tchad, tandis que la production est proche de la moyenne au Mali et au Niger et supérieure à la moyenne au Cap-Vert, en Guinée-Bissau et au Sénégal. En Gambie, la récolte devrait être exceptionnelle. Les pâturages sont en général abondants dans toutes les zones pastorales, mais ils sont maintenant en train de se dessécher. Des attaques de sauteriaux ont été observées au Tchad, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal. On signale une petite infestation de criquets pèlerins dans le centre de la Mauritanie et dans le nord du Mali.

Du fait des conditions de végétation généralement favorables, les perspectives de récolte sont encourageantes dans les pays riverains du golfe de Guinée. Cependant, en Sierra Leone, la reprise des combats en octobre a perturbé les activités agricoles et les programmes de secours et entraîné de nouveaux déplacements de populations. En revanche, au Libéria, on s'attend à une amélioration de la production vivrière ; fin novembre/début décembre 2000, une mission d'évaluation des récoltes du SMIAR examinera les perspectives de récolte et la situation actuelle des approvisionnements alimentaires.

En Afrique centrale, les perspectives de récolte sont généralement favorables en République centrafricaine et au Cameroun. Suite à la signature d'un accord de paix, la sécurité est mieux assurée en République du Congo, mais la production vivrière ne s'est pas encore redressée. En République démocratique du Congo, la guerre civile continue à désorganiser toutes les activités économiques et agricoles. On estime le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays à 1,8 million, mais en raison de l'insécurité, il est très difficile d'atteindre ceux qui ont besoin d'être secourus.

Asie

Alors qu'un certain nombre de pays doivent encore se relever après les catastrophes naturelles qui les ont frappés précédemment, de nouveaux typhons et de nouvelles tempêtes ont exacerbé les problèmes, et les sécheresses répétées ou prolongées risquent d'aggraver la misère dans certaines régions. Dans les pays les plus touchés, après les pires inondations survenues depuis des décennies, les eaux de crue doivent encore se retirer au Cambodge et au Viet Nam, où l'on craint de plus en plus que les semis du riz de la campagne principale ne soient sérieusement retardés. Le Laos également a été frappé par des inondations, qui sont toutefois moins graves. Au Bangladesh et aux Philippines, les typhons de la deuxième quinzaine d'octobre ont causé de nouveaux dégâts aux cultures (de riz principalement). Cependant, ces pays pratiquant deux ou trois cultures de riz par an, les perspectives restent dans l'ensemble satisfaisantes. En Inde, on a signalé que la mousson du douzième mois était normale, mais de manière générale, la sécheresse suscite de nouvelles inquiétudes dans l'ouest et dans le centre, notamment dans le Gujarat, le Rajasthan, le Madhya Pradesh central et le Maharashtra, qui ont également souffert de la sécheresse l'an dernier. S'agissant des ressources en eau, la situation est très préoccupante car la nappe phréatique a considérablement diminué après deux années de sécheresse, et l'eau pourrait manquer pour les semis de campagne d'hiver (Rabi) qui vont bientôt commencer. Une grave sécheresse a sensiblement réduit la production de blé et de maïs en Chine cette année, de 12 et de 20 pour cent respectivement par rapport à 1999. Les perspectives concernant le riz se sont toutefois un peu améliorées depuis le dernier rapport. En République islamique d'Iran, les graves répercussions de la sécheresse qui a frappé le pays pour la deuxième année consécutive continuent également de se faire sentir, notamment parmi les éleveurs, car un grand nombre de têtes de bétail sont mortes l'année dernière et les perspectives de reconstitution du cheptel au printemps prochain sont peu encourageantes. Pour ce qui est des céréales, les précipitations seront déterminantes pour la reprise de la production de blé, principal aliment de base, dont les semis sont en cours. De graves difficultés d'approvisionnement alimentaire persistent en République populaire démocratique de Corée, où la sécheresse enregistrée pendant la campagne, conjuguée aux graves problèmes de fond du secteur agricole, a entraîné une baisse de la production céréalière en 2000, après deux années relativement stables, 1998 et 1999. Le pays accuse cette année le plus gros déficit vivrier depuis 1997 (année de sécheresse également), mais par contre, il dispose maintenant d'importantes quantités d'aide alimentaire annoncée, qui est déjà en cours d'acheminement. Les catastrophes naturelles (hiver rigoureux l'année dernière et sécheresse cette année) auxquelles s'ajoutent les problèmes économiques dus à la transition continuent à compromettre sérieusement les perspectives des approvisionnements alimentaires en Mongolie. D'après des études récentes, la malnutrition chronique persiste dans un certain nombre de régions peuplées de nomades, où de nombreuses familles vivent dans des conditions d'extrême pauvreté, pratiquement sans ressources.

Dans plusieurs pays du Proche-Orient, du fait de la persistance de la sécheresse et des conflits, des millions de personnes ont des difficultés pour assurer leur subsistance. En Afghanistan, une très grave crise alimentaire s'est déclarée à la suite de deux années consécutives de sécheresse et d'un conflit intérieur prolongé. La sécheresse de 2000 a détruit les cultures et décimé les troupeaux dans tout le pays et plus de 3 millions de personnes ont un besoin urgent d'aide. Par ailleurs, l'intensification de la guerre civile, en particulier dans les régions septentrionales, a entraîné de nouveaux déplacements de populations, rendant la situation alimentaire encore plus précaire. En Iraq, deux années de sécheresse ont dévasté les cultures et aggravé la situation des approvisionnements alimentaires, déjà tendue. De même, en Jordanie, la sécheresse a sérieusement nui aux cultures et aux pâturages, et des milliers d'éleveurs ont besoin d'une aide.

Dans les pays de la CEI situés en Asie, on estime que la production céréalière totale chutera de 5 millions de tonnes, tombant à 20 millions de tonnes, en raison principalement de la baisse de la production de blé. En conséquence, la situation générale des approvisionnements alimentaires devrait être extrêmement tendue et les besoins d'aide alimentaire et d'importations céréalières sont en nette augmentation par rapport à l'an dernier. Au Kazakhstan, la récolte, estimée à 11,7 millions de tonnes, est inférieure au niveau record de 14 millions de tonnes atteint l'an dernier, mais elle reste proche de la moyenne et les excédents exportables du pays, qui s'élèvent à environ 4,4 millions de tonnes, pourraient couvrir en partie les besoins d'importation de la région.

Dans la plupart des petits pays de la région, l'insuffisance des réserves d'eau pour les cultures irriguées ou pluviales a aggravé les problèmes chroniques du secteur agricole et a eu pour conséquence des récoltes médiocres. Dans les régions les plus touchées (en Arménie, Géorgie, Tadjikistan et Karakalpakstan, région autonome de l'Ouzbékistan), les cultures pluviales ont été pratiquement perdues et les rendements des cultures irriguées ont diminué de plus de la moitié. Cette situation a entraîné des pénuries alimentaires et un grave manque de semences, auquel il faudra remédier pour assurer la reprise de la production l'an prochain. Ce sont surtout les céréales qui ont souffert, mais également les pommes de terre, les fruits, les légumes, les oléagineux et les autres produits qui assurent la sécurité alimentaire des ménages. Par ailleurs, du fait de la rareté des pâturages et de l'insuffisance de la production fourragère, le cheptel a dû être considérablement réduit. Étant donné que l'élevage assure une part importante des apports en protéines des ménages et que la vente des produits animaux excédentaires représente une source majeure de revenus en espèces pour les ménages ruraux, il sera nécessaire cette année d'augmenter non seulement l'aide alimentaire mais aussi la quantité de céréales fourragères fournies. Les besoins totaux d'importation de la région sont estimés à 3,8 millions de tonnes, contre 3,3 millions de tonnes l'an dernier. Les besoins d'aide alimentaire sont estimés à 981 000 tonnes, dont 826 000 tonnes de blé et 148 000 tonnes de céréales secondaires. Sur ce total, les contributions annoncées à ce jour s'élèvent à 360 000 tonnes.

En Arménie, la production céréalière totale (219 000 tonnes) est inférieure de 27 pour cent à celle de 1999, tandis que la production de pommes de terre risque de chuter de 40 pour cent, tombant à 250 000 tonnes. En conséquence, on estime que les besoins d'importations céréalières seront portés à 515 000 tonnes et ceux d'aide alimentaire à 145 000 tonnes. En Géorgie, la production céréalière totale est maintenant estimée à 343 000 tonnes, soit seulement 44 pour cent de la production estimative de 1999 et 52 pour cent de la moyenne. Les besoins d'importations céréalières de la Géorgie en 2000/01 sont estimés à 748 000 tonnes et le déficit non couvert à 235 000 tonnes. Au Tadjikistan, les besoins d'importations céréalières de la campagne de commercialisation 2000/01 (juillet/juin) sont estimés à 794 000 tonnes et les besoins d'aide alimentaire non couverts s'élèvent à 295 000 tonnes. En Ouzbékistan, selon certaines indications, la récolte céréalière totale de 2000 serait inférieure de 10 pour cent à celle de l'année dernière, tombant au-dessous de 4 millions de tonnes, et la production de coton marquerait également un recul. Les populations sinistrées du Karakalpakstan auront besoin cette année d'une aide humanitaire. En Azerbaïdjan, le niveau inférieur à la normale des précipitations et des principaux cours d'eau a entraîné également des pertes de récolte. Ailleurs, les pénuries d'eau se sont aussi traduites par des pertes de récolte plus localisées au Kyrgyzstan et au Turkménistan. Malgré le manque d'eau, la production céréalière de 2000 a dépassé l'objectif au Turkménistan.

Amérique latine

En Amérique centrale et aux Caraïbes, les principaux travaux en cours pour les cultures vivrières concernent les semis des céréales et des haricots de la deuxième campagne 2000/01, qui sont presque terminés. Les perspectives de récolte sont peu encourageantes en El Salvador, au Honduras et au Nicaragua, qui ont été touchés cet été par une sécheresse exceptionnellement longue (« canicula ») et plus récemment par les pluies torrentielles et les inondations dues à l'ouragan « Keith ». Le Belize a été particulièrement frappé et le secteur des exportations agricoles aurait énormément souffert. On signale également des dégâts dans le secteur agricole du Guatemala, mais des récoltes de céréales et de haricots proches de la moyenne sont néanmoins attendues. Au Mexique, la récolte de l'importante culture de maïs du printemps/été vient seulement de commencer et, selon les prévisions provisoires, la production serait moyenne. En Haïti, les récoltes totales des céréales et des autres cultures vivrières de 2000/01 devraient être réduites en raison du temps très sec qui a nui aux cultures pendant le premier semestre de l'année. Les rendements devraient être moyens à Cuba et en République dominicaine.

Dans les régions méridionales de l'Amérique du Sud, la moisson du blé de 2000/01 a commencé. Au Brésil, les conditions météorologiques ont sérieusement nui aux cultures et la production devrait être réduite. Elle devrait être moyenne en Argentine, principal producteur de la sous-région. Au Chili et en Uruguay, une reprise de la production est attendue après les récoltes réduites à cause du mauvais temps de l'année précédente. Les semis du maïs de 2000/01 ont également démarré dans les régions méridionales et, d'après les estimations provisoires, les emblavures prévues seraient proches de la moyenne. Dans les pays andins, la récolte de maïs de 2000 devrait être exceptionnelle au Pérou, tandis qu'elle pourrait être légèrement supérieure à la moyenne en Équateur. Une production de maïs moyenne est attendue en Colombie et au Venezuela. En Bolivie, les travaux agricoles de préparation ont commencé pour les cultures de céréales et de pommes de terre de 2001, mais quelques semis précoces sont également signalés, en particulier dans les vallées.

Europe

Dans la Communauté européenne, la production céréalière totale de 2000 est estimée à près de 216 millions de tonnes, soit 6 pour cent de plus que l'an dernier et un volume supérieur de 6 pour cent à la moyenne des cinq dernières années. La production de blé et de céréales secondaires a progressé tandis que la petite récolte de riz a reculé. Les perspectives concernant les céréales d'hiver sont incertaines après les fortes pluies généralisées qui ont entravé les semis dans plusieurs régions, en particulier dans le nord de l'Italie. La péninsule ibérique, où des précipitations supplémentaires sont nécessaires pour créer des conditions favorables aux semis du blé et de l'orge d'hiver, échappe à cette situation générale d'humidité. Dans les pays de l'Europe de l'Est, le temps sec persistant entrave les semis des céréales d'automne. Faute de pluies suffisantes, les superficies ensemencées finales pourraient être inférieures aux prévisions et les plantes risqueraient d'être en mauvais état au moment de la dormance, ce qui les rendrait plus fragiles face aux risques de l'hiver.

Dans les pays de la CEI situés à l'ouest de l'Oural, la récolte est pratiquement achevée. Selon certaines indications, la production totale du Bélarus, de la Moldova, de la Fédération de Russie et de l'Ukraine dépasserait d'environ 8 millions de tonnes celle de l'an dernier, du fait de la meilleure récolte (+ 11 millions de tonnes) engrangée en Fédération de Russie et au Bélarus, accompagnée toutefois de récoltes moins bonnes en Moldova et en Ukraine. La production totale de blé pourrait augmenter d'environ 3 millions de tonnes, tandis que celle de céréales secondaires a progressé de 5,5 millions de tonnes. Les importations céréalières totales devraient reculer de 4 millions de tonnes, pour tomber à près de 6 millions de tonnes, ce qui témoigne d'un assouplissement de la situation des approvisionnements en Fédération de Russie, avec toutefois des difficultés de ravitaillement en vivres ailleurs. En Fédération de Russie, la récolte céréalière de 2000 atteindra probablement 71 millions de tonnes, soit près de 20 pour cent de plus que le volume estimé par la FAO l'année dernière. En 2000/01, les importations céréalières pourraient diminuer de moitié par rapport aux 8 millions de tonnes de l'an dernier. En Ukraine, du fait des problèmes économiques chroniques dans les exploitations et des conditions météorologiques très inégales, la production céréalière (25 millions de tonnes) est encore plus faible que l'an dernier (26 millions de tonnes). Le pays a déjà importé 100 000 tonnes de blé rien qu'en juillet, alors qu'en 1999/2000, les importations se chiffraient à un peu moins de 0,5 million de tonnes. Après trois récoltes médiocres consécutives, les exportations céréalières devraient reculer en 2000/01 par rapport aux 3 millions de tonnes de 1999/2000. Au Bélarus, la production céréalière de 2000 pourrait se redresser, pour atteindre un volume estimatif de 4,7 millions de tonnes, ce chiffre étant encore inférieur à la moyenne mais largement supérieur au résultat médiocre de l'an dernier (3,6 millions de tonnes). En Moldova, la sécheresse a vraisemblablement fait tomber la production céréalière totale de 2000 à 1,8 million de tonnes. Les exportations de blé ont été interdites afin d'assurer les approvisionnements intérieurs.

Dans les pays baltes, l'économie et la situation des approvisionnements alimentaires s'améliorent après le choc provoqué par la dévaluation du rouble russe. La récolte céréalière de 2000 s'est nettement redressée dans les trois pays.

Dans les Balkans, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la République fédérative de Yougoslavie ont été touchées par le temps sec et chaud du printemps et de l'été qui a fortement réduit les récoltes de printemps (maïs, oléagineux, betterave à sucre, pommes de terre et légumes). En Bosnie-Herzégovine, les besoins d'importations de blé risquent de continuer à augmenter. En Croatie, la production de blé d'hiver (1,1 million de tonnes) est meilleure que celle, médiocre, de l'an dernier mais celle du maïs et des autres cultures du printemps a nettement fléchi et aucune exportation de maïs n'est prévue (seulement un peu de blé). Dans la République fédérative de Yougoslavie, la campagne agricole de 1999/2000 a été exceptionnellement difficile sous l'effet conjugué des catastrophes causées par l'homme, des inondations et de l'engorgement des sols en hiver, et de la sécheresse prolongée au printemps et en été. La production de blé est inférieure à 2 millions, mais elle suffit à couvrir les besoins intérieurs. Les rendements des cultures de printemps sont très fortement réduits. Le pays est tributaire des exportations de produits agricoles, y compris de céréales, de produits animaux et de fruits, pour régler les importations essentielles de carburant, et compte tenu de l'augmentation des prix de la nourriture et du carburant, l'année s'annonce difficile. Les populations à faible revenu ont besoin d'une aide.

Amérique du Nord

Aux États-Unis, les semis du blé d'hiver sont pratiquement achevés. Le rythme d'ensemencement a été plus lent que la normale en raison du temps excessivement sec. D'après les premières indications, les emblavures varieraient peu par rapport à la superficie de l'an dernier. Cependant, faute d'humidité, l'état des plantes pourrait être dans de nombreuses régions moins bon qu'il ne l'est en moyenne au moment de l'arrivée de l'hiver, ce qui les rendrait plus fragiles face aux risques de cette saison. Officiellement, la récolte de blé de 2000 est maintenant estimée à 60,5 millions de tonnes, soit environ 3,5 pour cent de moins qu'en 1999. D'après les dernières prévisions, la production de céréales secondaires s'élèverait à environ 278 millions de tonnes, volume largement inférieur aux estimations précédentes, en raison du temps sec de la fin de la campagne, mais qui reste supérieur de 5 pour cent à celui de 1999. Au Canada, la récolte de 2000 est pratiquement terminée, plus tard que la normale en raison de la pluie et du temps frais. La production de blé et de céréales secondaires est un peu en-dessous du volume de l'an dernier et de la moyenne.

Océanie

En Océanie, les perspectives concernant les récoltes de blé et de petites céréales secondaires de cette année en Australie se sont dégradées du fait du temps sec et chaud persistant des deux derniers mois. Dans le nord et dans l'ouest en particulier, les cultures ont souffert de ces conditions météorologiques, qui ont nui aux rendements et à la qualité. La FAO prévoit maintenant pour 2000 une production de blé de 20 millions de tonnes, chiffre largement inférieur à celui de 1999 et inférieur à la moyenne.


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