FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires No.1, mars 2001 - Page 3

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SITUATION DES RÉCOLTES ET DES APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES

VUE D'ENSEMBLE

Les pénuries alimentaires provoquées par des catastrophes - récentes ou actuelles, naturelles ou induites par des activités humaines - continuent à toucher de nombreux pays dans toutes les régions du monde. Aujourd'hui, 33 pays et plus de 60 millions de personnes connaissent, à des degrés divers, une situation alimentaire critique. En Afrique sub-saharienne, malgré une récente amélioration des conditions météorologiques, l'Éthiopie, le Kenya, le Soudan et la Tanzanie souffrent encore des effets de la terrible sécheresse qui a récemment frappé l'Afrique de l'Est. Une aide alimentaire d'urgence continue à être fournie à ces pays par les organismes humanitaires et les donateurs internationaux. Par ailleurs, les populations déplacées par la guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie et par les troubles intérieurs qui sévissent en Angola, au Burundi, en République démocratique du Congo, en Guinée, en Sierra Leone et au Soudan, sont totalement tributaires de l'aide alimentaire d'urgence. En Afrique australe, les perspectives concernant les récoltes en cours ne sont guère favorables dans certaines régions, ce qui s'explique par les effets d'une longue période de sécheresse en janvier et par les inondations au Mozambique.

En Asie, la situation des approvisionnements alimentaires reste difficile dans plusieurs pays, essentiellement en raison des catastrophes naturelles. En Afghanistan, des sécheresses successives, des hivers rigoureux et un conflit civil interminable ont provoqué une grave crise alimentaire. Une aide humanitaire importante doit être fournie dans les plus brefs délais pour mettre un terme aux souffrances de la population et éviter d'autres pertes en vies humaines. En Mongolie, une suite de sécheresses et d'hivers rigoureux ont causé la mort de nombreuses têtes de bétail, alors que celui-ci constitue le principal moyen de subsistance et la source de revenus essentielle pour plus d'un tiers de la population, en particulier pour les éleveurs nomades. L'ONU a lancé un appel pour que le pays reçoive une aide internationale. En RDP de Corée, l'hiver le plus froid enregistré depuis des dizaines d'années et une maigre récolte en 2000 ont considérablement aggravé la situation alimentaire, déjà précaire, qui règne dans le pays depuis six ans. En Inde, un terrible tremblement de terre a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et détruit des habitations et une infrastructure dont la remise en état prendra des années et sera extrêmement coûteuse. En Asie centrale, les pays de la CEI ressentent encore les effets de la violente sécheresse qui a sévi récemment; c'est le cas en particulier de l'Arménie, de la Géorgie, du Tadjikistan, pays qui ont encore besoin d'une aide alimentaire.

En Amérique latine, une série de tremblements de terre a frappé El Salvador au début du mois de janvier et à la mi-février, causant des pertes en vies humaines et faisant subir de graves dégâts aux habitations et à l'infrastructure. Ces détériorations vont entraver la production et la commercialisation des denrées alimentaires en 2001.

En Europe, les emblavures de blé d'hiver dans l'Union européenne seront vraisemblablement moins importantes que l'année dernière, en raison des conditions météorologiques quelque peu défavorables de l'automne dernier. Dans les pays d'Europe centrale et orientale, les perspectives concernant les céréales d'hiver ne sont guère favorables, du fait d'une sécheresse persistante en Hongrie et dans presque toute la partie méridionale de la péninsule des Balkans. Ailleurs, on signale que les conditions de croissance sont proches de la normale.

En Amérique du Nord, il se peut qu'au cours de l'hiver dernier - l'un des plus froids jamais enregistrés aux États-Unis - le gel ait fait plus de dégâts qu'à l'accoutumée dans certaines régions, réduisant ainsi les rendements. Selon les estimations officielles, les emblavures de blé d'hiver ont diminué de 5 pour cent par rapport à l'an dernier, régressant ainsi au niveau le plus bas depuis 1971.

SITUATION PAR RÉGION

Afrique

En Afrique de l'Est, la moisson des céréales secondaires de 2000/2001 est en cours dans la plupart des pays. Les précipitations sont tombées en quantité suffisante pendant la campagne, améliorant légèrement les perspectives au Kenya, en Somalie, en Tanzanie et en Ouganda. La situation des approvisionnements alimentaires reste toutefois précaire dans la région en raison des effets durables de la sécheresse et des conflits qui sévissent dans certaines régions. En outre, les éleveurs de la région ont été très éprouvés par l'embargo imposé sur leurs produits par les grands pays importateurs de la péninsule Arabique à cause de la fièvre de la vallée du Rift. En 1998, un embargo semblable avait déjà perturbé les économies des pays exportateurs de bétail de la Corne de l'Afrique.

En Éthiopie, la récolte de la campagne principale « meher » a été bonne grâce aux conditions météorologiques favorables dont ont bénéficié les principales zones de végétation. Si les disponibilités alimentaires s'en trouvent globalement améliorées, la sécurité alimentaire du pays reste toutefois précaire pour quelque 6,2 millions de personnes, notamment dans les régions de pâturages. Au Kenya, on estime que, malgré de meilleures précipitations, 4,4 millions de personnes ont un besoin urgent d'aide alimentaire. Le manque cruel d'eau et de pâturages dans le nord et l'est du pays a entraîné d'importantes pertes de bétail. En Érythrée, la campagne agricole de 2000 a été compromise par le déplacement d'un très grand nombre de cultivateurs des riches régions agricoles de Gash Barka et de Debub, qui assurent plus de 70 pour cent de la production céréalière du pays. La situation des approvisionnements alimentaires des 1,5 million d'individus déplacés par la guerre et des 300 000 personnes touchées par la sécheresse suscite de vives inquiétudes. Les perspectives alimentaires se sont globalement améliorées en Somalie, les récoltes de la campagne secondaire ("deyr") et de la campagne principale ("gu") ayant été satisfaisantes. On estime cependant que de nombreuses personnes dépendent de l'aide alimentaire en raison d'une série de sécheresses et d'une insécurité persistante. Au Soudan, l'arrivée tardive des pluies et de longues périodes de sécheresse sont responsables de graves pénuries alimentaires dans l'ouest du pays. Les réserves alimentaires ont fortement diminué. La situation alimentaire est préoccupante dans certaines régions du sud du pays en raison de la sécheresse et des troubles intérieurs. On estime que 2,9 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire. En Tanzanie, malgré les précipitations bénéfiques tombées récemment, des années de sécheresse successives ont paralysé l'approvisionnement alimentaire dans les régions du nord et du centre, et de ce fait 800 000 personnes ont besoin d'une aide alimentaire. En Ouganda, la situation des approvisionnements alimentaires reste précaire à Gulu, Kitgum, Bundibugyo, et dans certains endroits des secteurs de Kasese et de Kabarole, surtout en raison de la mauvaise récolte de l'année dernière ou de l'insécurité.

Un appel interinstitutions des Nations Unies a été lancé le 30 janvier 2001 afin d'obtenir 353 millions de dollars E.-U. destinés à venir en aide à 12,2 millions de personnes frappées par la sécheresse dans la Corne de l'Afrique.

Grâce à des pluies abondantes apparues dès la mi-octobre au Rwanda et au Burundi, la production vivrière de la campagne A de 2001 a été satisfaisante. Les récoltes ont cependant été réduites dans certaines régions, en raison d'un temps sec, et une aide alimentaire doit être fournie à la population affectée.

En Afrique australe, une période prolongée de temps sec au mois de janvier dans les pays du sud a assombri les perspectives concernant la récolte de céréales secondaires de 2001. Les précipitations ont été nettement inférieures à la moyenne en Namibie, dans le sud de l'Angola, au Botswana, au Lesotho, dans le sud du Zimbabwe, dans le sud du Mozambique, en Afrique du Sud, au Swaziland et dans le sud de Madagascar, et les rendements pourraient donc être réduits. En revanche, dans le nord, des pluies abondantes ont déclenché des inondations localisées dans le centre et le sud du Mozambique ainsi que dans certaines régions du Malawi et de la Zambie. La superficie totale ensemencée en céréales secondaires devrait être inférieure à celle de l'année dernière, ce qui s'explique surtout par les réductions effectuées en Afrique du Sud, en raison des prix peu élevés, et par le Zimbabwe, suite à des événements liés aux questions de réforme agraire. Les premières prévisions annoncent que la production de maïs de cette année n'atteindra pas le bon niveau de celle de l'année dernière. Les dernières estimations de la FAO concernant l'ensemble de la production de blé de la sous-région en 2001 ont été révisées à 2,4 millions de tonnes, résultat moyen même s'il représente une hausse de 11 pour cent par rapport à l'an dernier.

Suite à une bonne récolte de céréales en 2000, la situation générale des approvisionnements alimentaires reste satisfaisante. La situation alimentaire et nutritionnelle est encore critique pour un nombre de plus en plus important de personnes déplacées par la guerre qui déchire l'Angola. Les promesses d'aide alimentaire étant très nettement insuffisantes pour couvrir les besoins, de nouveaux engagements doivent être pris d'urgence. Au Zimbabwe, la situation alimentaire est également difficile pour les ménages vivant dans les villes et pour ceux qui, dans les secteurs communautaires, sont tributaires des achats de maïs. Le prix de ce dernier ainsi que d'autres denrées a fortement augmenté au cours des derniers mois à cause de l'inflation, des pénuries de carburant et de la dépréciation continue de la devise nationale. Quelque 240 000 personnes connaissent de graves difficultés de ravitaillement dans les régions méridionales de Madagascar, où la récolte de l'année dernière a été amputée par la sécheresse. C'est également le cas des personnes touchées par les inondations au Mozambique et au Swaziland.

En Afrique du Nord, les semis de la plupart des céréales d'hiver de 2000/2001 ont été effectués pour une récolte qui commencera à partir du mois d'avril environ. Malgré un certain retard dans les semis en Algérie et en Tunisie, les conditions sont pour l'instant favorables. Il faudra cependant qu'il pleuve davantage dans ces pays, ainsi qu'au Maroc, pendant les deux ou trois mois à venir pour que les cultures parviennent à maturité et que la récolte soit bonne. En Égypte, la superficie ensemencée en blé et en orge devrait encore augmenter cette année en raison des mesures incitatives adoptées par le gouvernement pour accroître la production.

En Afrique de l'Ouest, un temps sec de saison règne au Sahel. On cultive actuellement les cultures de décrue ou de contre-saison. Les perspectives sont moins favorables que l'année dernière en Mauritanie et au Sénégal en raison d'une faible crue du fleuve Sénégal. Plusieurs missions conjointes FAO/CILSS d'évaluation des récoltes, qui se sont rendues dans les neuf pays du Sahel membres du CILSS, ont estimé la production céréalière totale de 2000 à 9,5 millions de tonnes, soit environ 15 pour cent de moins que le volume record de 1999. Les récoltes ont été inférieures à la moyenne au Burkina Faso et au Tchad, proches de la moyenne au Mali, en Mauritanie et au Niger et supérieures à la moyenne au Cap-Vert, en Guinée-Bissau et au Sénégal. La récolte a atteint un record en Gambie.

Compte tenu des bonnes conditions de végétation, les prévisions concernant les récoltes sont généralement favorables dans les pays côtiers situés le long du golfe de Guinée. Cependant, en Guinée et en Sierra Leone, des combats ont toutefois perturbé les activités agricoles et commerciales, entraîné de nouveaux déplacements de population et entravé les programmes de secours. Au Libéria, la production de paddy de 2000 est estimée à 144 000 tonnes, alors qu'elle avait atteint 259 000 tonnes en 1998, avant la guerre. Ces trois pays restent fortement tributaires de l'aide alimentaire internationale.

En Afrique centrale, les perspectives concernant les récoltes sont généralement favorables en République centrafricaine et au Cameroun. En République du Congo, la sécurité est mieux assurée suite à la signature d'un accord de paix, mais la production vivrière ne s'est pas encore redressée. Une aide alimentaire est fournie aux réfugiées et aux personnes déplacées à l'intérieur du pays. En République démocratique du Congo, la guerre civile incessante maintient la situation alimentaire dans un état critique. On estime aujourd'hui à 2 millions le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Asie

La Mongolie connaît de nouveau un hiver terrible, après celui de l'année dernière qui, selon les estimations, a causé la mort de 3 millions d'animaux. Cette situation menace les moyens de subsistance et les revenus d'un tiers de la population, essentiellement des éleveurs nomades. Les températures sont descendues jusqu'à - 50o, et de fortes chutes de neige ont recouvert les pâturages sur lesquels le bétail paît habituellement en hiver. D'importantes pertes de bétail ont déjà été enregistrées. Les rigueurs du climat rendent également extrêmement problématique l'acheminement des vivres et des médicaments dans les régions où se trouvent les populations les plus touchées. L'ONU a lancé un appel pour obtenir une aide d'urgence en faveur du pays. Dans la RDP de Corée, la situation des approvisionnements alimentaires suscite une vive inquiétude, étant donné l'ampleur des effets d'un des hivers les plus froids depuis des décennies. On a enregistré à la mi-janvier les températures les plus basses depuis 50 ans. La situation devient de plus en plus précaire pour d'importantes couches de la population déjà affaiblies par des années de pénuries alimentaires et des difficultés d'accès aux services de santé, à l'électricité et au combustible de chauffage. L'Inde a été frappée par le plus terrible tremblement de terre qu'elle ait connu depuis 50 ans. Le fléau, d'une amplitude atteignant presque 8 sur l'échelle de Richter, a dévasté l'État du Gujarat, dans l'ouest du pays, faisant des dizaines de milliers de victimes et causant de très graves dommages à l'économie. Au Cambodge, les pertes de paddy dues aux inondations survenues à la fin de l'an dernier se sont traduites par un déficit en céréales de quelque 45 000 tonnes, qui devrait être couvert par l'aide alimentaire déjà en cours d'acheminement. Une mission du même type se trouve actuellement au Laos pour évaluer les pertes de récolte dues aux inondations qui se sont produites l'année dernière à la même époque.

Dans plusieurs pays du Proche-Orient, une grave sécheresse, un hiver rigoureux et des conflits continuent à menacer les moyens de subsistance de millions de personnes. En Afghanistan, un froid extrême a fait de nombreuses victimes, rendant plus aiguë la crise alimentaire très grave provoquée par deux années consécutives de sécheresse et une guerre civile incessante. La sécheresse de 2000 a gravement nui aux cultures et au bétail dans tout le pays. Plus de 3 millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence. L'intensification du conflit, en particulier dans le nord du pays, a en outre entraîné de nouveaux déplacements de population et rendu ainsi la situation alimentaire encore plus précaire. En Iraq, deux années de sécheresse ont considérablement réduit la production vivrière et rendu encore plus critique une situation alimentaire déjà difficile. La sécheresse de 2000 a également infligé d'importants dégâts aux cultures et aux pâturages en Jordanie, laissant des milliers d'éleveurs sans ressources.

Dans les pays de la CEI situés en Asie, la perspective pour les céréales d'hiver de 2001 est incertaine. Les récoltes ayant été amputées par la sécheresse en 2000, des pénuries de semences ont restreint les superficies qui auraient pu être ensemencées en blé d'hiver dans plusieurs pays, notamment en Arménie, en Géorgie et au Tadjikistan. Selon certaines indications, les emblavures de blé d'hiver auraient régressé à deux tiers environ de la normale en Arménie et en Géorgie. En revanche, on prévoit une augmentation des emblavures de blé en Azerbaïdjan, le blé d'hiver n'y ayant pratiquement pas souffert des effets de la sécheresse estivale. Dans de nombreux pays touchés par la sécheresse, le taux d'humidité des sols, insuffisant en raison d'un hiver doux et d'un printemps chaud et sec, n'a pas encore été entièrement reconstitué.

La récolte céréalière totale des huit pays de la CEI situés en Asie a chuté de 24 millions de tonnes en 1999 à 21 millions de tonnes en 2000. C'est la production de blé qui accuse la baisse la plus importante, puisqu'elle est estimée à 17 millions de tonnes environ, contre 19 millions de tonnes en 1999. Une grave sécheresse a réduit la production dans de nombreux petits pays à l'exception de l'Azerbaïdjan et du Turkménistan. Les rendements moyens ont également été inférieurs à ceux de l'an dernier au Kazakhstan, où la production céréalière de 2000 devrait, selon les estimations officielles, atteindre 11,6 millions de tonnes (contre 14,3 en 1999), dont 9,1 millions de tonnes de blé (contre 11,2 en 1999). La production totale de céréales secondaires a également été réduite (2,3 millions de tonnes contre 2,8 millions de tonnes en 1999), ce qui s'explique surtout par le fait que les cultures de printemps ont manqué d'eau (irrigation ou précipitations). La récolte de paddy a également été touchée, notamment en Ouzbékistan où les cultures irriguées des zones septentrionales ont souffert de mauvais approvisionnements en eau d'irrigation. En revanche, la production totale de céréales - et de blé en particulier - a fortement augmenté en Azerbaïdjan et au Turkménistan, ce qui est la conséquence de la privatisation des terres et d'un accroissement important des emblavures.

Dans les pays à faible revenu de la CEI touchés par la sécheresse et accusant un déficit vivrier - notamment l'Arménie, la Géorgie et le Tadjikistan - 4 millions de personnes continuent à avoir besoin d'une aide internationale. Il faudra par ailleurs aider à la reprise de la production vivrière de cette année par une fourniture d'intrants. En Azerbaïdjan, malgré une meilleure récolte, les couches les plus pauvres de la population ont encore du mal à se procurer de la nourriture en quantité suffisante. Dans le nord de l'Ouzbékistan, les populations vulnérables de la région de Karakalpakstan ont subi d'importantes pertes de récolte et de revenu et ont besoin de secours.

Amérique latine

En Amérique centrale et dans les Caraïbes, on prépare la terre pour les céréales secondaires de la première campagne de 2001. Les semis de céréales et la production céréalière totale sont restés en 2000 au même niveau que l'année précédente. Mais la situation a varié d'un pays à l'autre. On estime que la production de céréales du Mexique a légèrement augmenté en 2000, et le temps frais qui règne actuellement favorise la croissance du blé d'hiver. En revanche, la production céréalière a reculé au Salvador, au Guatemala, en Haïti, au Nicaragua et au Honduras, à cause d'une vague de sécheresse estivale et du passage de l'ouragan "Keith". Deux tremblements de terre ont frappé le Salvador au début du mois de janvier et de février, faisant de nombreux morts et détruisant les habitations et l'infrastructure des communications. Les céréales de la seconde campagne étaient déjà récoltées lorsque la catastrophe a eu lieu, mais on craint que des dysfonctionnements dans la fourniture des intrants nécessaires à la production ne nuisent aux cultures de la première campagne, dont les semis doivent se dérouler à partir d'avril ou mai.

La récolte de blé est terminée en Amérique du Sud, et les céréales secondaires se développent de manière satisfaisante dans de bonnes conditions météorologiques. Les premières prévisions officielles du Brésil annoncent une hausse de la production de maïs. La récolte de paddy a commencé à Corrientes et dans le nord du Rio Grande do Sul. La superficie ensemencée en paddy est moins importante que l'année dernière en raison des limitations de crédit et des prix de marché peu élevés. En Bolivie, des pluies torrentielles et la sécheresse ont provoqué des dégâts localisés, et le gouvernement a déclaré l'état d'urgence dans certains des départements touchés. On signale des conditions météorologiques normales dans les autres pays andins.

Europe

Conséquence des conditions météorologiques assez peu propices de l'automne dernier, la superficie cultivée en céréales d'hiver dans l'UE sera probablement inférieure à celle de l'année dernière. Cette réduction touchera surtout les emblavures de blé car, outre les problèmes liés aux conditions météorologiques, on prévoit cette année de consacrer certaines terres à la culture des céréales fourragères et des oléagineux. Les perspectives concernant les céréales d'hiver sont peu encourageantes dans les pays d'Europe centrale et orientale, ce qui s'explique par la sécheresse persistante qui sévit en Hongrie et dans la quasi-totalité de la zone méridionale de la péninsule des Balkans. Dans ces pays, un temps sec a nui à la percée des cultures, tandis que des températures anormalement élevées ont favorisé un développement prématuré des cultures, ce qui les rend vulnérables à toute chute soudaine de température. Il semble que les conditions météorologiques hivernales soient plus proches de la normale en Pologne, en République tchèque et en République slovaque.

Dans les pays de la CEI situés à l'ouest des monts Oural (Bélarus, République de Moldova, Fédédation de Russie et Ukraine), les premières perspectives pour les cultures de 2001 sont satisfaisantes. La superficie totale ensemencée en céréales d'hiver pour la récolte du printemps/été de 2001 s'est accrue, notamment en Ukraine et dans la Fédération de Russie. Les conditions de végétation ont été satisfaisantes jusqu'à présent dans l'ensemble, malgré des vagues de froid extrême. En Fédération de Russie, la superficie ensemencée en cultures d'hiver a augmenté de 0,5 million d'hectares, passant ainsi à 14,6 millions d'hectares, ce qui est principalement dû à une augmentation des semis dans le nord du Caucase et l'on signale que 90 pour cent des cultures sont en bon état. En Ukraine, la superficie ensemencée a augmenté, selon les estimations, de 0,6 million d'hectares pour atteindre 8,4 millions d'hectares. Les conditions de végétation ont été jusqu'à présent généralement bonnes pendant la campagne 2000/2001.

La récolte totale de céréales pour l'an 2000 (à l'exception des légumineuses) dans les quatre pays de la CEI en Europe est estimée par la FAO à 99 millions de tonnes, soit 9 millions de tonnes de plus que le bas niveau de l'année précédente. Cette augmentation est pour l'essentiel due à une meilleure récolte en Bélarus et dans la Fédération de Russie. La production accrue de la Fédération de Russie compense largement les moindres résultats de l'Ukraine. Selon les estimations, la production totale de blé a augmenté, s'établissant à 52 millions de tonnes. Les meilleures récoltes engrangées dans la Fédération de Russie ont compensé la mauvaise récolte de l'Ukraine. La production totale de céréales secondaires en 2000 est estimée à 46 millions de tonnes, ce qui représente 6 millions de tonnes de plus que l'an dernier. Dans la Fédération de Russie, les estimations de la FAO concernant la production de céréales en 2000 est de 70 millions de tonnes, ce qui représente 11 millions de tonnes de plus que l'estimation de 1999. Tenant compte d'une sous-estimation systématique, les estimations de la FAO concernant les deux années sont en moyenne supérieures de 10 pour cent aux estimations officielles (2000: 65,4 millions de tonnes; 1999: 54,7 millions de tonnes). La production de paddy est restée stable à 0,6 million de tonnes. Au Bélarus, la production de céréales de 2000 est estimée à 4,5 millions de tonnes (contre 3,6 millions de tonnes en 1999). En revanche, en République de Moldova et en Ukraine, la production de céréales de 2000 a souffert une fois de plus de la sécheresse. La production en République de Moldova est, selon les estimations officielles, surestimée à 2 millions de tonnes, soit un tout petit peu moins que le faible volume de 2,1 millions de tonnes enregistré l'année dernière. En Ukraine, la FAO estime maintenant la récolte de céréales de 2000 à seulement 22,9 millions de tonnes, moins que la mauvaise production de 1999 (qui fut de 26,4 millions de tonnes) et moins que les prévisions officielles de 24,4 millions de tonnes. Elle entend ainsi tenir compte de l'avis des négociants et des experts qui font part d'une surestimation, notamment en ce qui concerne les céréales de printemps.

En Tchétchénie et dans les républiques avoisinantes, les personnes déplacées ou sans foyer à cause du conflit continuent d'avoir besoin d'aide. Les conditions hivernales sont particulièrement difficiles. Dans les Balkans également, les populations vulnérables de la République fédérale de Yougoslavie et des pays proches continuent d'avoir besoin d'aide.

Dans les pays de la Baltique, (Estonie, Lettonie et Lituanie), les premières prévisions pour les céréales d'hiver de 2001 sont satisfaisantes bien que le développement des cultures soit légèrement moins avancé que l'année dernière à la même époque. La production céréalière de 2000 est remontée à environ 3,8 millions de tonnes (1999: 3,3), la production de blé ayant légèrement augmenté pour atteindre 1,4 million de tonnes et celle de céréales secondaires s'accroissant de 23 pour cent pour se situer à 2,4 millions de tonnes.

En République fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro), la perspective pour la récolte des céréales d'hiver de 2001 est incertaine. Les rapports indiquent que les emblavures de blé se sont peut-être rétablies à un niveau à peu près normal, mais que les semis ont été souvent tardifs à cause d'un temps sec en octobre et en novembre et que la disponibilité en intrants constitue encore un problème. La pluie et des températures clémentes comme celles de décembre dernier ont favorisé le démarrage des cultures. La récolte céréalière de 2000 a enregistré un recul de 40 pour cent et atteint un niveau estimé à 5,2 millions de tonnes. Des prix non rémunérateurs pour le blé, de graves pénuries d'intrants, des inondations et des phénomènes d'engorgement ont réduit la récolte de blé de 2000 à une quantité estimée à 1,7 million de tonnes, tandis qu'une sécheresse persistante a pratiquement réduit de moitié la récolte de maïs de printemps (3,1 millions de tonnes) et touché également la plupart des autres cultures vivrières. La perspective pour la culture de blé de 2001 est incertaine. La perspective concernant la récolte de blé en 2001 est également incertaine en Croatie. Les plans officiels et les mesures d'aide pour la campagne de semis des cultures d'hiver de 2000/2001 prévoient une réduction de 18 pour cent des emblavures de blé, et les réserves d'humidité restent faibles. La récolte céréalière de 2000 est tombée à 2,8 millions de tonnes, la sécheresse ayant réduit les rendements des céréales secondaires de printemps. En Bosnie-Herzégovine, la tendance à la réduction des semis de blé semble devoir se poursuivre.

Amérique du Nord

Les conditions météorologiques restent satisfaisantes pour la culture du blé d'hiver au États-Unis. Il se peut toutefois qu'après un hiver qui compte parmi les plus rigoureux jamais enregistrés les pertes dues au gel soient par endroits supérieures à la normale. Sur toute l'étendue des Grandes Plaines, le développement des cultures est inférieur à la normale. Selon les estimations officielles, les emblavures de blé d'hiver ont continué à diminuer, accusant un recul de 5 pour cent par rapport à l'an dernier, jusqu'au niveau le plus bas depuis 1971. Au Canada, les semis de blé et de céréales secondaires ont généralement lieu en mai/juin. Selon les premières indications concernant les intentions des agriculteurs, les surfaces ensemencées seront semblables à celles de l'année dernière.

Océanie

La récolte de céréales d'hiver de 2000 vient de se terminer en Australie. La production de blé est estimée à quelque 21 millions de tonnes, chiffre légèrement supérieur à la dernière prévision mais inférieur d'environ 4000 tonnes à la récolte exceptionnelle de l'an dernier. Les premières prévisions concernant les cultures de céréales secondaires de l'été 2001 (le sorgho pour l'essentiel) dont les semis ont été effectués récemment sont plutôt défavorables à cause du temps sec. La superficie ensemencée sera vraisemblablement réduite. Une série de tremblements de terre a frappé la Papouasie-Nouvelle-Guinée en décembre mais les dégâts ont été limités. Dans les îles Salomon, malgré un accord de paix signé en octobre dernier, la sécurité est toujours instable. À Fidji, la situation des approvisionnements alimentaires est généralement satisfaisante, mais on signale de graves problèmes nutritionnels dans plusieurs endroits. À Samoa, il faudra qu'il pleuve plus au cours des prochains mois pour que les cultures se développent normalement.


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