Table des matièresPage suivante


ÉDITORIAL

Le rotin

Àtravers le monde, des centaines de millions de personnes font le commerce du rotin ou l'utilisent à de multiples fins, allant de la fabrication de meubles - les articles en rotin les plus connus - à la confection de cannes, de poignées de parapluie, de paniers, de nattes, de chapeaux, de cordes, de cages à oiseaux et de pièges à poissons. Toutefois, dans leur aire de répartition naturelle représentée par les forêts tropicales d'Asie et d'Afrique, les ressources en rotang - dont il existe environ 600 espèces - sont en voie d'épuisement dû à la surexploitation, à la mauvaise qualité de l'aménagement des forêts et à la disparition de certains habitats.

Ce numéro d'Unasylva braque les projecteurs sur ce produit forestier non ligneux (PFNL) important. Le premier article de C. Sastry dresse un panorama de la ressource et des problèmes intéressant le développement mondial du rotin, en faisant le point sur la gestion de la ressource, les technologies et les recherches, ainsi que sur le commerce et l'industrie. Des progrès ont été accomplis dans la compréhension du rotin, comme culture de rapport, dont Sastry examine le potentiel pour les petits exploitants et pour ceux qui gèrent de grandes plantations. On dispose de connaissances taxonomiques fragmentaires sur les espèces de rotin, et les confusions de la nomenclature gênent les activités de recherche et de développement sur cette plante. Dans le deuxième article, J. Dransfield examine les problèmes de la taxonomie du rotin, ainsi que la biologie et l'écologie de ce groupe de plantes.

Si la majorité des espèces que l'on connaît aujourd'hui sont originaires d'Asie, 20 espèces appartenant à quatre genres sont endémiques en Afrique, où jusqu'à une époque récente, le développement de cette ressource a été gêné par des lacunes dans les connaissances de base.

T. Sunderland dresse un bilan de l'état des ressources de rotin en Afrique, et examine les questions unfluençant l'expansion de leur utilisation et de leur commerce.

Comme beaucoup de PFNL, le rotin est récolté à l'état sauvage, mais il peut aussi être cultivé. Au Kalimantan (Indonésie) le rotang planté dans le cadre d'un système traditionnel de riziculture sur brûlis a joué pendant longtemps un rôle essentiel, comme source de revenu primaire, complémentaire et/ou en cas de crise. Comme le démontre B. Belcher dans son article, le rôle du rotin dans les stratégies de subsistance des ruraux est en train de changer, sous l'effet combiné de facteurs politiques et économiques.

Le rotin peut-il être exploité dans une optique de durabilité? S.F. Siebert se penche sur cette question, en se concentrant sur une étude des effets écologiques de l'exploitation des cannes dans le centre de Sulawesi, en Indonésie.

Des traitements après récolte, notamment dessévage, traitement à l'huile, blanchiment et protection contre les insectes et les champignons, sont nécessaires pour accroître la valeur commerciale du rotin. W. Liese résume les problèmes et les contraintes qui se posent aux stades du traitement, de la transformation et de l'utilisation du rotin.

Enfin, L.H. Hong, V. Ramanatha Rao et W. Amaral décrivent les travaux réalisés par l'Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI) dans le domaine de l'identification, de la diversité et de la conservation des ressources génétiques en rotin.

Les articles rassemblés dans ce numéro sont tous inspirés de documents présentés à la Consultation d'experts sur le développement des ressources en rotin, qui s'est réunie à Rome du 5 au 7 décembre 2000, pour évaluer l'état actuel de la ressource et son utilisation, identifier les principaux problèmes auxquels est confrontée l'industrie du rotin et formuler des recommandations pour promouvoir la coopération économique et technique en vue de développer les ressources en rotin, à l'échelle mondiale. Les documents seront publiés dans leur version intégrale dans les comptes rendus, qui seront disponibles vers la fin de 2001.

L'un des problèmes soulignés par la Consultation d'experts, et dont de nombreux auteurs se sont fait l'écho dans ce numéro, est l'absence de statistiques fiables sur le rotin, à tous les niveaux. À part quelques exceptions, les inventaires forestiers nationaux ne comprennent pas le rotin, aussi dispose-t-on de peu d'informations quantitatives sur la base de ressources, le volume de la production et la valeur du commerce. Les chiffres fournis par les différentes sources sont extrêmement variables. Nous rappelons à nos lecteurs que les chiffres cités dans ce numéro ne sont que des estimations.

La collecte de statistiques et l'échange d'informations sur le rotin figurent parmi les principaux objectifs du Réseau international sur le bambou et le rotin (INBAR), créé en 1993, avec pour mandat mondial de promouvoir le développement des ressources en bambou et en rotin pour améliorer les conditions socioéconomiques et environnementales. (Voir le profil d'INBAR dans Unasylva 198: 48-53.) En outre, des institutions internationales comme le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), l'Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), l'Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI) et la FAO s'occupent du rotin, soit à travers des programmes spécifiques, soit indirectement dans leurs programmes de garantie des moyens de subsistance.

Compte tenu de son importance économique, écologique et socioculturelle, il faut de garantir la durabilité des approvisionnements en rotin. Les droits de propriété, l'amélioration de la qualité, le contrôle de l'exploitation illégale, l'information sur les marchés, la prévention des pertes après récolte et les politiques d'incitation fiscale sont des questions qui méritent notre attention si l'on veut contribuer à accroître les profits des cueilleurs et des producteurs, et, partant, les inciter à agir de manière à conserver la ressource de manière plus durable. 


Début de pagePage suivante