FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 04/01 - ARMÉNIE* (9 avril)

ARMÉNIE* (9 avril)

Les perspectives céréalières de la campagne 2001 sont meilleures grâce aux pluies bénéfiques de mars, qui ont permis de rétablir l’humidité des sols et de remplir les réservoirs d’irrigation. Toutefois, il faudra que les pluies continuent au cours des prochains mois pour assurer de bonnes récoltes. La persistance de la sécheresse en 2000 a entraîné une réduction de la production céréalière de 25 pour cent, la ramenant à 225 000 tonnes, ainsi qu’une pénurie de semences. Les superficies sous céréales d’hiver (blé essentiellement), qui seront récoltées en 2001, ont donc régressé de 30 pour cent, pour s’établir à 70 000 hectares. Le pays espère augmenter les emblavures de céréales de printemps, pour les porter à 115 000 hectares. Il est tombé beaucoup moins de neige cet hiver que d’habitude mais les pluies viennent de commencer. Selon des images satellitaires, les cultures sont en meilleur état que l’an dernier dans plusieurs régions (certaines zones de Kotaik, Vaiots Dzor et Siunik sud). Les perspectives d’approvisionnements en 2001 dépendront essentiellement de la progression des superficies consacrées à des céréales de printemps à plus faible rendement et de la disponibilité de semence de pommes de terre pour permettre aux agriculteurs de produire cette culture de première nécessité. Les pâturages et la production fourragère ont également souffert de la sécheresse. La production d’œufs et de viande a augmenté de près d’un cinquième en 2000 tandis que celle de lait a légèrement fléchi.

Les besoins en importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2000/01 (juillet/juin) sont estimés à 515 000 tonnes, dont 458 000 tonnes de blé et 44 000 tonnes de céréales fourragères destinées à fournir des rations de survie au bétail, principale source de protéines et de revenus des ménages ruraux. Les besoins d’importations sont nettement supérieurs à la moyenne et comprennent 146 000 tonnes d’aide alimentaire. Les importations céréalières au cours des 8 premiers mois de la campagne de commercialisation s’élèvent à près de 239 000 tonnes de céréales, dont 78 000 tonnes d’aide alimentaire.

Près de 68 pour cent de la population sont sans ressources, dans l’indigence ou proches du seuil de pauvreté. Cette constatation relève de données d’enquêtes, dont une étude systématique des ménages effectuée avec l’appui de la Banque mondiale. Selon cette étude, 55 pour cent de la population vit dans la pauvreté ou la misère. Deux critères ont été retenus pour définir les ménages pauvres et ceux vivant dans l’indigence. Dans le premier cas, il s’agit de familles dont le niveau de consommation par habitant (assortiment minimum d’aliments et de biens de consommation) se situe en-deçà du seuil de pauvreté, établi à 11 735 drams (21,5 dollars E.-U.). Dans le second cas, ce sont des ménages dont le niveau de consommation par habitant (assortiment minimum de produits alimentaires) est inférieur au seuil alimentaire, fixé à 7 194 drams. Environ 32,14 pour cent de la population est victime de la pauvreté et 22,91, de l’indigence, ces chiffres, pour les ménages, correspondant à 30,53 pour cent et 19,14 pour cent respectivement. De plus, certains ménages sont considérés comme potentiellement pauvres car la fourchette de leurs revenus, entre 12 000 et 12 500 drams, dépasse à peine le seuil alimentaire. En conséquence, environ 68 pour cent de la population pourrait avoir besoin de programmes d’aide sociale. L’étude a également constaté que le niveau réel de chômage était de 27,3 pour cent, ce qui est nettement supérieur à l’estimation officielle de 10 à 11,5 pour cent. Le salaire mensuel moyen est de 20 157 drams, soit moins de deux fois le seuil de pauvreté, et près de 17 pour cent de la population active gagne trop peu pour assurer un revenu supérieur au seuil alimentaire. Les salaires ne constituent toutefois pas la principale source de revenus monétaires: ils n’en représentent que 24,6 pour cent alors que la vente de produits agricoles en assurent 32,1 pour cent, le travail indépendant, 10,6 pour cent, et les retraites et les allocations assurées par l’État, 9,3 pour cent. Environ 19,3 pour cent des revenus proviennent de transferts effectués par de la famille, dont 12,8 pour cent de parents vivant à l’étranger (ce poste représente à lui seul plus que les retraites et les allocations d’État. La privatisation a une incidence limitée sur les sources de revenus: seulement 0,1 pour cent est en effet lié à la propriété (baux, intérêts, dividendes, etc.). La répartition des revenus est très inégale. Les revenus des plus riches (20 pour cent de la population) sont 32,2 fois plus élevés que ceux des plus pauvres (également 20 pour cent de la population). L’étude a en outre confirmé qu’au moins 620 000 Arméniens (et peut- être même 1 million), sur une population totale officiellement estimée à 3,8 millions, vivent actuellement à l’étranger à la recherche d’autres sources de revenus. La majorité de ces personnes sont en âge de travailler et les deux tiers sont des hommes.

Les problèmes économiques, politiques et sociaux qui affaiblissent le pays depuis dix ans se traduisent par un chômage, un sous-emploi et une insécurité alimentaire considérables. La malnutrition chronique touche près de 15 pour cent des enfants en milieu rural, même en temps normal. Le PAM prévoit de fournir des secours alimentaires d’urgence à environ 297 000 agriculteurs de subsistance et autres ménages vulnérables. Ces secours, qui seront distribués entre le 1er novembre 2000 et le 1er juillet 2001, comprennent du blé fortifié en fer, de l’huile végétale et des légumineuses. L’Opération d’urgence proposée sera pleinement intégrée à l’Intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) en faveur de 170 000 autres bénéficiaires, également en vigueur jusqu’en juin 2001. Le tonnage combiné restant à distribuer dans le cadre de l’IPSR actuelle se chiffre à plus de 28 000 tonnes jusqu’à la mi-2001.