FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 04/01 - CAMBODGE (21 mars)

CAMBODGE (21 mars)

Lors de la saison humide de 2000, le pays a subi l’une des plus graves inondations enregistrées ces dernières années. Nombre de cultures, de riz principalement, ont été perdues et l’infrastructure, les biens et les voies de communication ont été dévastés. Selon les estimations, environ 3 millions de personnes ont été touchées, 500 000 ont été déplacées et près de 400 ont trouvé la mort.

Au lendemain du sinistre, une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des approvisionnements alimentaires a constaté qu’environ 400 000 hectares de riz de la saison humide avaient été perdus en raison des inondations. Toutefois, indépendamment des pertes dues aux inondations, les précipitations ont été supérieures à la moyenne; en conséquence, la campagne a été favorable dans l’ensemble et les rendements ont été supérieurs à ceux de 1999, année de production record. Le riz de la saison humide et de décrue a été récolté. Selon les dernières estimations du Ministère de l’agriculture, la récolte de paddy de la campagne humide de 2000 se chiffre à 3,2 millions de tonnes, soit près de 100 000 tonnes de moins que les estimations officielles concernant la production de riz de la saison humide en 1999. La production de la saison sèche devrait s’élever à 800 000 tonnes, portant ainsi la production totale à environ 4 millions de tonnes pour la campagne de commercialisation 2000/2001.

D’un point de vue national, la situation de l’offre et de la demande de riz est satisfaisante. Toutefois, en raison des inondations, un grand nombre de personnes dont la situation frôle déjà le seuil de la subsistance et de l’insécurité alimentaire en temps normal, sont d’autant plus vulnérables aux pénuries alimentaires. Au Cambodge, on identifie en général trois grandes catégories de personnes “exposées à l’insécurité alimentaire”. À l’heure actuelle, le groupe le plus important se compose de personnes en situation chronique d’insécurité alimentaire (environ 2 millions). La seconde catégorie est constituée de “groupes vulnérables”: les handicapés, les malades, les orphelins, etc. (de 500 000 à 600 000 personnes). La troisième catégorie regroupe des personnes en “situation temporaire d’insécurité alimentaire”, suite à des phénomènes tels qu’incendies, inondations et sécheresse (près de 50 000 personnes normalement). Cette année cependant, du fait des inondations exceptionnelles, on estime que 3 millions de personnes entrent dans cette dernière catégorie. Une analyse de la vulnérabilité montre que, sur ce chiffre, environ 500 000 personnes pourraient être plus particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire. Compte tenu de l’ampleur du problème, ces personnes risquent de devenir des victimes chroniques si elles sont obligées de recourir à des mesures extrêmes (vente des terres, contraction de dettes à lourds intérêts, etc.) pour couvrir le déficit alimentaire du ménage, par suite des dégâts provoqués par les inondations. Néanmoins, si elles peuvent bénéficier d’une aide alimentaire ciblée, la majorité d’entre elles devraient être en mesure de se remettre sur pied d’ici la prochaine récolte. Afin de satisfaire les besoins alimentaires de ces 500 000 personnes, la mission recommande qu’une aide alimentaire supplémentaire soit fournie pendant quatre mois. L’Opération d’urgence en cours (EMOP 6296.00) couvrira en partie ces besoins (un mois et demi), mais 16 000 tonnes de denrées alimentaires supplémentaires sont nécessaires pour combler le reliquat.