FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 04/01 - MONGOLIE* (23 mars)

MONGOLIE* (23 mars)

L’an dernier, l’hiver le plus rigoureux enregistré depuis des décennies avait gravement compromis la sécurité alimentaire d’un grand nombre de personnes, en particulier des éleveurs nomades. Cette année encore, le pays subit un hiver dévastateur, ce qui exacerbera les problèmes d’approvisionnements alimentaires. Une neige épaisse continue d’entraver les transports et les communications, et près de 114 000 familles nomades sont complètement isolées dans 20 provinces. Environ 850 000 têtes de bétail ont péri à cause des intempéries alors qu’un tiers de la population est entièrement tributaire de l’élevage pour assurer sa subsistance et se procurer des revenus. Selon les estimations, les pertes de bétail s’élèveront à 1 million d’ici la fin de l’hiver. En outre, les conditions météorologiques perturbent le transport des vivres et des fournitures médicales vers les régions où la population est le plus fortement exposée aux pénuries alimentaires. L’hiver glacial succède à un été sec qui a réduit les cultures fourragères nécessaires au bétail. La situation devrait empirer au cours de l’hiver.

Les effets d’un nouvel hiver rigoureux et de la réduction de fourrage auront une incidence considérable sur l’élevage. Ce secteur joue en effet un rôle décisif dans l’économie car il constitue la principale source de revenus des ménages et contribue de manière importante à obtenir des devises étrangères. Les lourdes pertes de bétail et la diminution des produits carnés en résultant ont entraîné une forte hausse du prix du bétail (jusqu’à 40 pour cent), d’où un effet domino sur l’inflation et sur le coût de la vie, aggravant encore la sécurité alimentaire des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. Outre la viande, le lait manque cruellement dans les campagnes, réduisant l’une des principales sources de protéines et de nutriments dans le régime alimentaire. Les familles d’éleveurs nomades ont également eu d’énormes difficultés à trouver d’autres sources de revenus, la plupart n’ayant pas reçu l’éducation ou la formation voulues pour d’autres emplois. Néanmoins, nombre d’entre elles ont migré vers les villes et les centres urbains, exacerbant les problèmes existants de chômage et de vulnérabilité aux pénuries alimentaires.

Les pénuries alimentaires actuelles font suite à plusieurs années où l’état nutritionnel de certaines couches de la population s’est sensiblement dégradé à mesure que l’économie planifiée a cédé la place à l’économie de marché. Cette transformation a plus particulièrement touché les nombreux groupes tributaires des emplois et des services d’assistance publics, du fait qu’ils n’avaient guère d’autres sources de revenus. Selon divers rapports établis au milieu des années 90, la pauvreté et l’insécurité alimentaire touchaient surtout les chômeurs, les personnes âgées, les ménages dirigés par une femme, les enfants, les retraités et les petits éleveurs. Les études récentes réalisées par Save the Children Fund et ADRA signalent des taux élevés de malnutrition chronique dans plusieurs régions d’élevage nomade où nombre de familles, ne disposant pour ainsi dire d’aucune ressource, vivent dans l’indigence.

Fin janvier, les Nations Unies et le gouvernement ont lancé un appel à la communauté internationale avec un double objectif: d’une part, venir en aide aux populations vulnérables vivant dans les provinces sinistrées et d’autre part, renforcer les capacités de la Commission nationale d’urgence (SEC) et d’autres partenaires nationaux importants afin de mieux gérer et coordonner la planification préalable aux catastrophes et les interventions nécessaires. L’appel couvre une période de quatre mois, allant du 1er février au 31 mai 2001, et porte sur 7 millions de dollars E.-U. en espèces et 4,7 millions de dollars E.-U. en nature pour venir au secours de 73 comtés.