FAO/SMIAR - Perspectives de l'Alimentation No.3 - juin 2001 - P. 13

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Sucre

Il est établi qu'en 2000/01 la consommation mondiale de sucre dépassera la production, étant donné que l'on enregistre une réduction de la production dans plusieurs des principaux pays producteurs de sucre. Ce déclin s'explique notamment par la réaction des pays exportateurs de sucre à l'extrême faiblesse des cours mondiaux en 1999/2000 - en février 2000 ces cours ont atteint leur niveau le plus faible depuis 14 ans. Les mauvaises conditions météorologiques ont accentué un certain recul. Selon les prévisions, la production mondiale de 2000/2001 devrait atteindre 129,4 millions de tonnes, soit une baisse de près de 5 pour cent par rapport à 1999/2000, tandis que la consommation mondiale devrait être de 130,7 millions de tonnes. C'est le déficit apparent des approvisionnements, conjugué à l'augmentation de la demande d'importation dans plusieurs grands pays consommateurs, qui a contribué ces derniers mois à raffermir les cours mondiaux.

Perspectives de production

Selon les prévisions révisées de la FAO concernant la production mondiale de sucre pour 2000/01, cette dernière s'établirait à 129,4 millions de tonnes (valeur brute), soit 200 000 tonnes de moins que les prévisions initiales de novembre 2000 et 6,4 millions de tonnes de moins que la production mondiale de sucre en 1999/2000. La majeure partie du déclin de la production est attribuable à la restructuration de la production en raison de l'extrême faiblesse des prix mondiaux du sucre. Les mauvaises conditions météorologiques ainsi que les retards dans la récolte, notamment dans les pays en développement, ont encore réduit les perspectives de la production mondiale. Les chiffres concernant la production des pays développés ont été révisés à la hausse de 80 000 tonnes; toutefois, une réduction supplémentaire d'un million de tonnes relativement aux prévisions initiales de novembre 2000 pour les pays en développement, a complètement épongé ce gain.

Les prévisions révisées de production sucrière dans les pays développés, quoique légèrement supérieures aux estimations préliminaires réalisées en novembre 2000, continuent de représenter, à 41,8 millions de tonnes, un volume inférieur de 5,4 pour cent, ou 2,4 millions de tonnes, au niveau atteint en 1999/2000. Les principaux déclins ont été enregistrés en Australie avec une réduction de 1,08 million de tonnes, dans la CE avec 900 000 tonnes, et aux États-Unis avec 500 000 tonnes. Les gains réalisés dans les autres pays développés, notamment la Pologne et l'Afrique du Sud, n'ont pas suffi à compenser ces pertes. Selon les prévisions de production pour 2000/01, la production devrait augmenter de 50 000 tonnes en Fédération de Russie et de 238 000 tonnes en Pologne, étant donné que les campagnes de transformation ont donné des résultats supérieurs aux prévisions; en Afrique du Sud, les bonnes conditions météorologiques devraient entraîner une augmentation de production de 100 000 tonnes.

Les prévisions révisées concernant les pays en développement pour la période 2000/01, qui s'établissent à présent à 87,6 millions de tonnes, traduisent un déclin de 4,4 pour cent de la production de sucre relativement aux 97,1 millions de tonnes produites en 1999/01. Cette réduction est attribuable en grande partie à l'effet conjugué des ajustements de production et des mauvaises conditions météorologiques au Brésil, pays dont la production de sucre devrait être amputée de 2,5 millions de tonnes, mais aussi à la situation en Chine, où l'on prévoit que la production sera inférieure de 1,05 million de tonnes à celle de 1999/2000. Plusieurs facteurs ont contribué au déclin enregistré en Chine, parmi lesquels la poursuite de la réduction des emblavures parallèlement à celle de la rationalisation du broyage, les conditions météorologiques extrêmement sèches pendant les semis et le fait que dans certaines provinces, les prix en vigueur favorisaient la production céréalière plutôt que la production sucrière. Les mauvaises conditions météorologiques qui ont prévalu dans d'autres pays en développement devraient également accentuer le déclin de la production de sucre.

Selon les prévisions, la production totale de l'Amérique latine et des Caraïbes pour 2000/01 sera de 37,1 millions de tonnes, soit une réduction de 7,3 pour cent par rapport à 1999/2000. La production de sucre du Brésil pour 2000/01 devrait s'établir à 17,3 millions de tonnes, soit près de 13 pour cent de moins que la production de 1999/2000. Les conditions météorologiques particulièrement mauvaises et accompagnées de pluies torrentielles ont perturbé la récolte et le broyage de la canne à Cuba, tandis que le Mexique subissait le contrecoup du mauvais temps et d'une grève sectorielle affectant sa production. On prévoit, à Cuba, un recul de 500 000 tonnes, qui devrait porter le volume de la production à 3,5 millions de tonnes, alors qu'au Mexique, cette production devrait s'établir à 4,9 millions de tonnes, après une perte de 170 000 tonnes.

En Afrique, les perspectives concernant la production sucrière en 2000/01 sont les mêmes que pour 1999/2000 avec une production devant atteindre 4,7 millions de tonnes. À Maurice, la production s'est redressée de 120 000 tonnes après que les intempéries ont affecté la récolte de 1999/2000. Au Kenya, le déclin de 100 000 tonnes enregistré dans la production devrait être compensé par une production légèrement supérieure en Éthiopie. En Turquie et en Égypte, une production supérieure aux prévisions a permis d'obtenir une augmentation de 600 000 tonnes pour le Proche-Orient en 2000/01, et un niveau de production supérieur de près de 11 pour cent à celui de 1999/2000 pour la région. En Turquie, l'évolution satisfaisante des cultures et les rendements supérieurs aux prévisions devraient donner une bonne campagne pour la betterave à sucre. La production est estimée à 2,7 millions de tonnes, soit 23 pour cent de plus que la production de 1999/2000.

En Extrême-Orient, la production sucrière de 2000/01 connaît l'un des reculs les plus marqués après celui de l'Amérique latine, avec une réduction des prévisions touchant la Chine, la Thaïlande et les Philippines. Les prévisions donnent, pour l'Extrême-Orient, un volume total de production de 39,5 millions de tonnes, soit 4 pour cent ou 1,7 million de tonnes de moins qu'en 1999/2000. En Chine, la production sucrière de 2000/01 devrait atteindre 7,15 millions de tonnes, soit un déclin de 1,05 million de tonnes par rapport à la production de 1999/01. En Thaïlande, la production devrait être de 300 000 tonnes inférieure à celle de 1999/2000 et s'établir à 5,4 millions de tonnes. Aux Philippines, la vétusté des équipements de transformation continue de peser sur les rendements sucriers, et l'on prévoit que la production subira une réduction allant jusqu'à 100 000 tonnes en 2000/01, pour s'établir à 1,7 million de tonnes.

Perspectives concernant la consommation

Selon les prévisions, la consommation mondiale de sucre devrait augmenter de 1,6 pour cent ou 2,1 million de tonnes, passant ainsi de 128,6 millions de tonnes en 1999/2000 à 130,7 millions de tonnes en 2000/01. La majeure partie de l'augmentation devrait provenir des pays en développement, avec un taux de croissance annuel de 2,3 pour cent reflétant directement la croissance démographique ainsi que le redressement économique en Extrême-Orient. Dans les pays développés, la croissance de la consommation demeure relativement stagnante, avec un taux de croissance annuel inférieur à 0,5 pour cent.

Production et consommation mondiales de sucre

   
Production
Consommation
1999/2000
2000/2001
2000
2001
 
(. . millions de tonnes, équivalent sucre brut . .)
MONDE
135,8
129,4
128,6
130,7
Pays en dé veloppement
91,7
87,6
82,8
84,7
Amérique
       
latine et
40,1
37,1
23,5
23,8
Caraïbes
       
Afrique
4,7
4,7
6,9
7,0
Proche-
       
Orient
5,2
5,8
10,0
10,3
Extrême
       
Orient
41,2
39,5
42,2
43,5
Océanie
0,5
0,4
0,1
0,1
Pays déve loppés
44,2
41,8
45,9
46,1
Europe
23,1
22,2
19,7
19,8
dont: CE
(19,1)
(18,2)
(14,4)
(14,4)
Amérique du Nord
8,3
7,8
10,6
10,6
CEI
3,9
3,8
10,0
10,1
Océanie
5,5
4,4
1,2
1,2
Autres pays
3,4
3,6
4,3
4,3
Source: FAO

La consommation totale des pays développés devrait augmenter et passer de 45,9 millions de tonnes pour l'année précédente à 46,1 millions de tonnes pour 2001. La majeure partie de cette croissance est attribuable à la CEI, où la consommation devrait augmenter de 85 000 tonnes et atteindre 10,1 millions de tonnes. Pour les pays développés, le Bélarus, la Géorgie, la Lettonie et le Turkménistan connaissent le taux de croissance le plus élevé, avec une moyenne de 4,8 pour cent pour ces quatre pays. On prévoit que la consommation demeurera relativement stable en Europe et en Amérique du Nord, avec 10,6 et 14,4 millions de tonnes, soit 0,27 et 0,40 pour cent respectivement pour 2001.

Dans les pays en développement, la consommation devrait augmenter de 2,3 pour cent ou 1,9 million de tonnes en 2001, pour atteindre 84,7 millions de tonnes. L'Inde devrait rester le principal pays consommateur du monde, avec 17,9 millions de tonnes pour 2001, soit un taux de croissance annuel de 4,7 pour cent, légèrement supérieur à la croissance quinquennale moyenne de 4,2 pour cent. Pour bon nombre de pays d'Extrême-Orient, les taux de croissance de la consommation continuent de dépasser ceux des pays d'autres régions, du fait du renforcement continu de leurs économies. Pour l'Extrême-Orient, les projections concernant la consommation en 2001 s'établissent à 43,5 millions de tonnes, soit près de 3 pour cent de plus qu'en 2000, avec comme chefs de file l'Inde et la Chine. Cependant, la Malaisie, la République de Corée, l'Indonésie et les Philippines constituent d'autres pôles de croissance.

Pour les pays du Proche-Orient, on prévoit une croissance de la consommation sucrière de 2,5 pour cent en 2001, pour un total de 10,3 millions de tonnes, progression légèrement inférieure à la dernière moyenne quinquennale, soit 3 pour cent. Le taux de croissance pour les pays d'Amérique latine et pour les Caraïbes devrait atteindre près de 1,4 pour cent, avec une utilisation totale de 23,8 millions de tonnes. Pour l'Afrique, la consommation devrait s'établir à 7 millions de tonnes en 2001, avec un taux de croissance estimatif d'un peu plus de 1 pour cent en deçà de la moyenne quinquennale africaine de 3,7 pour cent.

Perspectives concernant les échanges commerciaux et les prix

Les cours mondiaux du sucre, et en particulier ceux du sucre brut, se sont raffermis par suite des prédictions annonçant un déficit des approvisionnements en 2000/01, ainsi que de la poursuite du redressement des économies des principaux pays importateurs d'Extrême-Orient et de la Fédération de Russie. Les prix mondiaux du sucre, qui avaient atteint leur point le plus bas depuis 14 ans en février 2000, ont enregistré une remontée de près de 80 pour cent pour se fixer autour de 10 cents en septembre 2000. Une partie de cette reconstitution devait s'éroder au cours des derniers mois, face à des déficits des approvisionnements en provenance de plusieurs pays producteurs inférieurs aux prévisions. Au cours des derniers mois, le cours du sucre brut a fluctué autour de 8 à 9 cents américains la livre. Pendant la période 2000/01, le renforcement des prix a été en grande partie limité au marché du sucre brut, étant donné que les prix du sucre blanc restent faibles en raison de la production de betterave à sucre de la CE supérieure au volume prévu, mais aussi des niveaux de stocks élevés concentrés dans les principaux pays consommateurs, l'Inde en particulier. On estime en effet que 10 millions de tonnes faisant partie des stocks mondiaux sont concentrés en Inde, tandis que la majeure partie du solde des excédents mondiaux se trouve dans les autres grands pays importateurs.

Selon les premières indications, après avoir accusé un déclin en 2000/01 dans les principaux pays producteurs, tels que le Brésil, l'Australie, la Thaïlande et la Chine, la production de sucre devrait se redresser pendant la campagne 2001/02. Cependant, alors que les attentes concernant les achats supplémentaires de sucre offerts sur le marché mondial par la Chine, en vue d'augmenter les stocks intérieurs du pays, pourraient entraîner le renforcement des prix à court terme, les perspectives concernant l'augmentation de la production mondiale pourraient tracer le cadre pour un affaiblissement des cours mondiaux du sucre au cours de l'an prochain.


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