FAO/SMIAR - Cultures et Pénuries alimentaires 06/01 - SOUDAN* (18 juin)

SOUDAN* (18 juin)

Les cultures de blé de 2000/01, toutes irriguées et semées le long du Nil dans le nord du Soudan, sont maintenant récoltées. Une récente mission FAO/SMIAR d’évaluation des récoltes a estimé à 299 000 tonnes la production nationale pour 2000/01, soit 40 pour cent de plus que la récolte réduite de l’année dernière, mais 30 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. La libéralisation de la production de blé et la suppression des programmes de soutien public qui avaient favorisé les hauts niveaux de production au début des années 90 ont incité de nombreux agriculteurs à réduire considérablement leurs cultures de blé au cours des deux dernières années et à passer à des cultures de rapport plus lucratives tels que les légumes et les oléagineux. En 2001, les agriculteurs ont été encouragés par les cours élevés du blé au moment des semis, et des niveaux de rendements satisfaisants ont été atteints grâce à des températures plus fraîches que la moyenne, à un approvisionnement amélioré en eau d’irrigation, à la fourniture d’intrants en quantité suffisante et aux faibles incidences des ravageurs et des maladies.

Les estimations définitives de la production de sorgho et de mil pour 2000/01 ont été révisées à la baisse par la mission, soit 2,49 millions de tonnes et 483 000 tonnes, respectivement, contre 2,67 millions de tonnes et 496 000 tonnes, selon les estimations établies par la mission FAO/PAM à la fin de l’année dernière, essentiellement en raison des plus faibles rendements et des ravages causés par les parasites. De ce fait, la production céréalière globale de 2000/01 est estimée à 3,33 millions de tonnes, dans lesquelles sont comprises de faibles quantités de maïs et de riz. Cela représente une hausse de 7 pour cent par rapport à la récolte moyenne - très inférieure - de l’année dernière, mais une baisse d’environ 21 pour cent par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. Les besoins révisés en importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2000/01 (novembre/octobre) sont estimés à 1,44 million de tonnes. Les importations commerciales sont estimées à environ 1,2 million de tonnes, soit environ autant que le volume réel des importations de l’année dernière. Les toutes dernières estimations de l’aide alimentaire d’urgence, en voie d’acheminement ou de mobilisation, représentent 55 000 tonnes, ce qui laisse un déficit non couvert d’environ 145 000 tonnes.

Les récoltes plus faibles de deux années consécutives, conjuguées à l’épuisement pratiquement total des stocks, ont provoqué une flambée des prix des céréales. En mars et avril 2001, les cours du sorgho étaient en moyenne de 45 000 livres soudanaises (LSd), contre 15 000 LSd pour la même période en 1999 et 30 000 LSd en 2000. Une telle augmentation a réduit l’accès à la nourriture pour les couches les plus pauvres de la population. Le pouvoir d’achat de nombreuses personnes, notamment des éleveurs nomades, s’en est trouvé sérieusement érodé. Après avoir utilisé leurs moyens d’adaptation jusqu’à la dernière extrémité, les agriculteurs et d’autres groupes vulnérables ont migré en quête de travail et de nourriture. Le nombre de personnes qui ont participé aux programmes du PAM "vivres-contre-travail" a augmenté dans des proportions spectaculaires.

Les efforts du gouvernement pour atténuer les pénuries alimentaires en levant des droits de douane sur les importations alimentaires et en finançant les achats de grains par l’intermédiaire de la Strategic Commodity Stock Authority, instituée récemment, ont aidé dans une certaine mesure à stabiliser les marchés céréaliers. Cependant, comme la période de soudure commence et que les annonces de contributions ne couvrent qu'une partie de l'aide alimentaire demandée, la situation risque de s’aggraver dans les mois à venir. La population la plus touchée par la sécheresse de l’année dernière est concentrée dans les régions suivantes: le grand Darfour et Kordofan, Bahr el Ghazal, Bahr el Jebel, East Equatoria, Jonglei, Mer Rouge et la province de Butana dans l'État de Gézira. Le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire d’urgence au Soudan est estimé, selon les derniers chiffres, à 2,97 millions, toutes touchées par la sécheresse et/ou la guerre civile. Les premières perspectives concernant les cultures vivrières de la campagne principale 2001, pour la récolte à partir de septembre, ne sont pas encourageantes. Un niveau pluviométrique que l’on prévoit inférieur à la moyenne pendant la principale saison des pluies (juin-septembre) sur la majeure partie du pays, conjugué aux nouvelles vagues de déplacements de populations déplacée sous l’effet de l’intensification récente du conflit dans la région de Bahr el Ghazal, devrait affecter gravement la production agricole.