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MIGRATION ET RÉPARTITIONS SAISONNIÈRES

Figure 16. Au sein de la zone de rémission, les criquets pèlerins se déplacent avec les vents. Ceux-ci les amènent dans des zones déterminées au cours de l’été (Sahel et désert indo-pakistanais) et au cours de l’hiver et du printemps (Afrique du Nord-Ouest, rives de la mer Rouge et Balouchistan).

Zones de reproduction printanière

  • Afrique du Nord-Ouest
  • Iran, Pakistan
  • Intérieur de l’Arabie Saoudite et Yémen
  • Péninsule de la Somalie et Afrique de l’Est*

Zones de reproduction estivale

  • Soudan, Érythrée, Éthiopie
  • Afrique de l’Est*
  • Sahel, Afrique de l’Ouest
  • Frontière indo-pakistanaise

Zones de reproduction hivernale

  • Côtes de la mer Rouge et du golfe d’Aden
  • Péninsule de la Somalie et Afrique de l’Est*

* pendant les invasions généralisées

Comme les essaims volant de jour et les ailés solitaires volant de nuit se déplacent dans le sens du vent, les changements saisonniers des flux d’air amènent les criquets pèlerins dans des zones déterminées selon les saisons (voir Fig. 16). Par exemple, en début d’été, les criquets pèlerins se déplacent vers le Sud, de l’Afrique du Nord-Ouest au Sahel d’Afrique de l’Ouest. Pendant l’automne, ils retournent vers le Nord mais les basses températures nocturnes limitent le déplacement des ailés solitaires volant de nuit par rapport aux essaims volant de jour.

Les déplacements dans le sens du vent ont tendance à amener les criquets pèlerins dans une zone donnée pendant la saison durant laquelle la pluie est la plus probable, par exemple dans le Sahel d’Afrique de l’Ouest et au Soudan en été et sur les côtes de la mer Rouge en hiver. Après les pluies, les criquets effectuent leur maturation et se reproduisent. Quand la nouvelle génération d’ailés est capable d’un vol soutenu, le régime saisonnier des vents peut avoir changé et les conditions de reproduction peuvent s’avérer médiocres. Les criquets migrent alors rapidement vers une autre zone, fréquemment sur très grandes distances.

Ce qui précède n’est exact que dans le cadre d’une approche globale. Des déplacements ont souvent lieu au cours de périodes de vents particuliers sans nécessairement coïncider avec le régime des vents dominants. En outre, des déplacements rares, et même sans précédent, se produisent. C’est une des raisons pour lesquelles, chaque année, seule une partie de la zone de reproduction saisonnière est infestée. Une autre raison principale de l’échec de la reproduction est l’absence de pluies saisonnières.

Saison acridienne

Saison des pluies

Éclosion

Mue imaginale

Printemps (grande saison des pluies)

Février à mai

Mars à juin

Mai à août

Été

Juin à septembre

Juillet à septembre

Août à octobre

Hiver (petite saison)

Octobre à janvier

Octobre à janvier

Novembre à février

Figure 17. Les ailés et les essaims de Criquet pèlerin ne volent pas toujours avec les vents dominants mais peuvent, au contraire, attendre que soufflent des vents particuliers.

(A) Afrique de l’Ouest: en automne, les vents dominants sont de secteur nord. Cependant, les essaims ne vont pas se déplacer vers le sud. Au contraire, ils se déplacent vers le nord à travers le Sahara durant les quelques journées de vents de secteur sud, associés à une dépression atmosphérique au-dessus de la partie occidentale de la Méditerranée (indiquée par un L); cela est dû au fait que les vents de secteur sud sont plus chauds que les vents de secteur nord.

(B) Zone de la mer Rouge: pour pouvoir migrer de l’intérieur de l’Arabie vers le centre du Soudan au début de l’été, les essaims ne peuvent voler que pendant les rares journées de vents d’altitude traversant la mer.

Facteurs régissant la migration des essaims

On peut toujours identifier un vent suffisamment chaud provenant approximativement de la bonne direction pour expliquer pourquoi une migration particulière d’un essaim a eu lieu. Cependant, il existe souvent d’autres vents que les essaims auraient pu utiliser pour se déplacer mais ils ne l’ont apparemment pas fait. Par exemple, en automne, en Afrique de l’Ouest, les essaims se déplacent fréquemment vers le Nord et traversent le désert du Sahara, transportés par les vents chauds de secteur Sud associés aux dépressions sur la partie occidentale de la Méditerranée (Fig. 17A). Les vents de secteur Nord-Est, plus fréquents, sont souvent suffisamment chauds pour permettre le retour des essaims mais cela ne semble pas se produire. Sur la seule base des vents et des températures, les essaims devraient se déplacer vers le Sud et non vers le Nord à partir de la ceinture sahélienne d’Afrique de l’Ouest. Effectivement, certains essaims de criquets pèlerins se déplacent bien dans cette direction, communément appelée «circuit Sud». Dans la zone de la mer Rouge, des essaims ont volé à de nombreuses reprises du centre de l’Arabie saoudite vers le centre du Soudan en début d’été mais, pour se faire, ils doivent profiter des rares journées de vents d’altitude traversant la mer et, même dans ce cas, les essaims choisissent apparemment une altitude déterminée (voir Fig. 17B). Il semblerait qu’il existe des conditions physiologiques ou écologiques indispensables à la migration et non encore connues.

Facteurs régissant la migration des ailés solitaires

Si la végétation est verte et abondante, les criquets pèlerins solitaires, comme les essaims, restent sur place après la mue imaginale. Lorsque la migration a lieu, elle peut se produire au cours de plusieurs nuits successives. Par conséquent, leurs déplacements ne consistent pas en mouvements bien définis et ont tendance à mieux refléter, durant ces nuits-là, la direction moyenne des vents que les déplacements des essaims. On croyait autrefois que les ailés solitaires ne migraient pas et il est possible que, dans certaines circonstances au moins, une partie de la population se maintienne sur place.

Migration des criquets pèlerins

S’il est possible de répondre par l’affirmative à toutes les questions suivantes, il existe une forte possibilité pour que les ailés ou les essaims migrent:

  • Les criquets peuvent-ils voler?
  • La température est-elle suffisamment élevée?
  • Le vent n’est-il pas trop fort?
  • Les conditions de sol et de végétation sont-elles sèches dans la zone où se trouvent actuellement les criquets pèlerins?

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