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QUELLES MESURES PRENDRE À L’AVANCE?

Figure 5. Une planification prévisionnelle sera limitée par la fiabilité des prévisions à moyen (4 à 6 semaines) et long termes.

Alertes précoces

La migration et la reproduction des acridiens dépendent toutes deux des conditions météorologiques, dont la prévision n’excède pas quelques jours (voir Fig. 5). Le Service d’information sur le Criquet pèlerin de la FAO (DLIS) à Rome est le mieux placé pour prévoir les développements acridiens à moyen terme (4 à 6 semaines). En ce qui concerne les prévisions à long terme, tout ce que le DLIS peut fournir est une alerte générale jusqu’à 6 mois à l’avance. Une alerte de ce type concernera une région dans son ensemble et non un pays en particulier et l’échelle du développement ne pourra qu’être estimée en termes très généraux. Les alertes précoces sont particulièrement peu fiables au début d’une recrudescence.

Question fréquemment posée no 3 (voir réponse page 54)

Comment un pays reçoit-il une alerte précoce concernant des invasions?

Figure 6. Un plan d’action prévisionnel efficace comporte plusieurs éléments différents.

Conseil: un bon plan d’action prévisionnel comprendra plusieurs scénarios correspondant à différents niveaux d’infestations acridiennes (ex: faible, moyen, élevé). Les ressources nécessaires pour la prospection et la lutte antiacridienne devront être estimées pour chaque scénario. Les différents niveaux d’infestation devront se référer à la situation prévalant dans le pays et les pays voisins, aux conditions écologiques, aux prévisions concernant les précipitations, à la probabilité d’une reproduction, au risque d’invasion, aux données historiques sur la fréquence des invasions et à l’expérience déjà acquise. Étant donné la nature imprévisible du Criquet pèlerin, tout plan d’action prévisionnel devra être constamment mis à jour car la situation changera au cours du temps.

Plans d’action prévisionnels

Une invasion généralisée ou des infestations majeures nécessiteront presque toujours des ressources plus importantes que celles qui sont disponibles dans un pays pendant une période de rémission. Il est peu probable que les pays situés hors de la zone de rémission disposent d’une capacité permanente de lutte antiacridienne. Des plans d’action prévisionnels devraient être mis au point dans le premier cas pour renforcer la capacité limitée déjà existante et, dans le deuxième cas, pour créer rapidement une capacité effective de lutte (voir Fig. 6).

Les plans d’action prévisionnels précis varieront énormément d’un pays à l’autre en fonction de la dimension de la zone potentiellement à risque, de la valeur des cultures dans cette zone, de la structure organisationnelle du gouvernement et des ressources pouvant être mobilisées. Néanmoins, tout plan d’action prévisionnel devrait prendre en compte des points suivants:

Le plan devra inclure:

Dans certains pays, le Ministère de la Défense contribue à la lutte antiacridienne. Cela fonctionne mieux s’il y a eu d’attentifs contacts préalables. L’armée de terre ou de l’air a sa propre structure organisationnelle devant opérer en parallèle avec celle du Service de protection des végétaux. Bien que cela puisse créer des difficultés potentielles, il est néanmoins important d’assurer une participation des militaires au cours des campagnes.

Il est conseillé de tester tout plan d’action prévisionnel en effectuant un exercice de simulation dans lequel on suppose qu’un nombre considérable d’essaims a subitement envahi le pays. Il st possible de demander à la FAO de concevoir un tel exercice.

Préparation de la campagne – résumé:

  • établir un Comité directeur des bailleurs de fonds
  • assurer l’approvisionnement en pesticides
  • choisir le type d’aéronefs et rédiger les contrats
  • recruter et former du personnel supplémentaire

Figure 7. Membres potentiels d’un Comité directeur national de bailleurs de fonds.

Préparatifs

La nature non spécifique et le manque de fiabilité des prévisions à long terme posent un problème majeur. Il est probable que ni les pays ni les bailleurs de fonds ne seront disposés à fournir des ressources pour combattre une menace incertaine. Les bailleurs de fonds auront besoin de prévisions assez précises avant d’être disposés à agir et de telles prévisions ne sont possibles que quelques mois, voire quelques semaines seulement, à l’avance. En outre, des migrations qui ne s’étaient jamais produites dans le passé ont déjà eu lieu et de telles situations se renouvelleront certainement dans le futur.

Il peut être difficile d’obtenir des fonds suffisamment tôt pour garantir les ressources nécessaires à l’exécution d’une campagne. La FAO devrait être contactée aux premiers signes d’une invasion imminente ou d’un accroissement important des effectifs acridiens.

Comité directeur des bailleurs de fonds

Aux premiers signes d’une recrudescence ou d’une invasion acridienne, il faudra établir un comité pour suivre l’évolution de la situation acridienne et coordonner l’assistance des bailleurs de fonds. Compte tenu du rôle de la FAO comme coordinateur reconnu de la lutte antiacridienne, un comité de ce type est souvent créé grâce à une action conjointe entre le représentant de la FAO et les hauts fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture. S’il n’y a pas de représentant de la FAO dans le pays concerné, le représentant du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) prendra action au nom de la FAO. Ce comité, généralement appelé Comité directeur des bailleurs de fonds, devra accueillir des représentants des bailleurs de fonds, le représentant de la FAO, le chef du Service de protection des végétaux, le responsable de la campagne, le chargé de l’information acridienne et les autres parties concernées telles que les ministères et les autres organisations nationales ayant voix au chapitre et contribuant activement à la campagne antiacridienne (voir Fig. 7). La composition exacte du comité varie d’un pays à l’autre. La responsabilité de déterminer qui est le mieux placé pour être membre du comité incombe à chaque pays. Le Chargé de l’information acridienne fournit généralement l’information sur la campagne et l’état des ressources au Comité qui l’examine au cours de réunions régulières, hebdomadaires ou mensuelles selon l’urgence de la situation.

Question fréquemment posée no 4 (voir réponse page 54)

Quelle devra être la fréquence des réunions du Comité directeur des bailleurs de fonds et qui devra le présider?

Figure 8. Quelques moyens pour se procurer les pesticides nécessaires aux campagnes de lutte antiacridienne.

Approvisionnement en pesticides

L’aspect le plus difficile de la gestion d’une campagne de lutte antiacridienne est probablement l’achat, la livraison, le transport interne, l’entreposage et la destruction des pesticides. Pourtant, comme ils représentent souvent plus de 50% du coût total d’une campagne, il est important de les gérer d’une façon aussi effective et efficace que possible.

La plupart des pays ne pourront probablement pas épandre efficacement plus de 120 000 litres de pesticide UBV au cours d’une campagne de huit à dix semaines. Si on prévoit un supplément de 40 000 litres de pesticide pour pallier les difficultés de positionnement, il faudra donc acquérir au total 160 000 litres de pesticide pour un coût d’environ 2 millions de dollars E.-U.. Peu de pays peuvent se le permettre. Une fois les pesticides commandés, leur livraison prend un à trois mois par bateau (voir Fig. 8). Il est, par conséquent, peu probable que l’assistance extérieure puisse être organisée assez rapidement pour permettre un approvisionnement en pesticide durant la période pour laquelle des prévisions acridiennes assez fiables sont possibles. Une alternative évidente est de disposer de stocks permanents dans le pays. Toutefois, cette formule est très onéreuse car beaucoup de pays devront être approvisionnés. En outre, les pesticides doivent être entreposés avec soin et, malgré ces précautions, se détériorent. Dans un pays donné, des décades peuvent s’écouler avant une invasion majeure et pourtant la durée de conservation d’un pesticide n’excède pas quelques années dans un pays chaud. Cela signifie que le pesticide devra être détruit au rebut et remplacé. Une destruction correcte est difficile et onéreuse mais est essentielle sinon le pesticide peut poser un risque pour la santé. Pour éviter une telle éventualité, le pesticide devrait être utiliser contre d’autres ravageurs des cultures et le remplacer; cela pourrait nécessiter un reconditionnement et peut-être une reformulation.

Une autre possibilité consisterait à acquérir le pesticide à partir de stocks disponibles dans des pays voisins. Cela ne sera faisable que si ce pays est disposé à renoncer à ses stocks alors qu’il peut être lui-même menacé par des Criquets pèlerins ou se trouver au beau milieu d’une campagne de lutte antiacridienne. Les pesticides ne doivent pas être périmés et leur formulation doit être appropriée. Ils doivent être livrés rapidement au pays demandeur. Les frais de transport pourraient être couverts par la FAO ou par des bailleurs de fonds dans le cadre d’un accord parfois appelé triangulaire, c’est-à-dire entre trois parties, le fournisseur et le bénéficiaire du pesticide et le tiers qui paye les frais de transport.

Une solution partielle au problème global d’approvisionnement en pesticides serait la création, avec l’appui des bailleurs de fonds, d’une banque de pesticides. Les pesticides pourraient être transportés par avion à partir de cette banque seulement où et quand ils sont nécessaires. Il resterait des problèmes de distribution dans le pays mais ces problèmes existeront toujours. On peut les surmonter, mais seulement jusqu’à un certain point, en prépositionnant des stocks sur le terrain; cela n’est possible que si de très grandes quantités de pesticides sont disponibles. Au cours d’une campagne, il est presque toujours nécessaire de repositionner les pesticides. La création d’une banque de pesticides ne devrait pas intervenir avant que la FAO n’ait déclaré une urgence acridienne généralisée.

Question fréquemment posée no 5 (voir réponse page 54)

Une banque de pesticides a-t-elle déjà été créée dans le cadre de la lutte antiacridienne?

Figure 9. Comparaison entre avions et hélicoptères au cours de campagnes de lutte antiacridienne.

Question fréquemment posée no 6 (voir réponse page 54)

Est-il possible d’utiliser d’autres aéronefs pour le transport?

Choix des aéronefs

Il faut décider du type d’aéronef le plus approprié pour son pays (voir Fig. 9). Les avions sont utiles pour traiter de vastes superficies planes telles que des plaines côtières ou situés dans l’intérieur du pays. Les hélicoptères peuvent être plus utiles pour traiter en terrain montagneux, où les infestations se trouvent dans de petites zones inaccessibles. Qu’il s’agisse d’un avion ou d’un hélicoptère, un aéronef approprié aux campagnes de lutte antiacridienne devrait avoir les caractéristiques suivantes:

Autonomie de vol. Les aéronefs doivent souvent intervenir à des distances considérables, pouvant parfois atteindre 100 à 200 km, de la base, et doivent donc avoir une bonne autonomie de vol. Les petits hélicoptères ont une autonomie de vol limitée, une capacité de charge utile médiocre (souvent, ils ne peuvent pas transporter plus de 200 litres de pesticide) et sont relativement lents.

Réservoir à pesticide de taille moyenne. Il faudra trouver un compromis entre la taille du réservoir à pesticide et une bonne autonomie de vol. La contenance du réservoir à pesticide de la plupart des aéronefs ne dépasse pas 2 000 litres. L’autonomie de vol est au maximum de quatre ou cinq heures. Un aéronef épandant du pesticide UBV n’a pas besoin d’un grand réservoir de pesticide s’il ne peut pas pulvériser plus de 300 litres de pesticide UBV au cours d’une sortie. Cela peut toutefois être différent pour les traitements en barrières pour lesquels un plus grand réservoir serait souhaitable.

Siège pour un observateur. Il peut être utile d’avoir un observateur à bord lors des opérations antiacridiennes. Si cela n’est pas possible, l’observateur devra être au sol, équipé de moyen de communication sol-air, pour appuyer et superviser les opérations de traitement.

Bonne visibilité de la cible. Cela est important pour bien voir les cibles à traiter. Les avions à ailes hautes sont préférables car ils permettent une meilleure visibilité.

STOL. Une construction robuste et des capacités de décollage et d’atterrissage courts (STOL) sont requises pour que l’aéronef puisse opérer à partir de pistes rudimentaires improvisées. Un train d’atterrissage à trois roues n’est pas souhaitable car un tel avion peut se retourner si la roue avant heurte une ornière lors du décollage ou de l’atterrissage. L’utilisation d’un hélicoptère permet d’éviter ces problèmes.

Disponibilité en carburant. Les avions utilisent soit du carburant avion (AVGAS), soit du kérosène (JET A1). Le choix devra se faire selon la disponibilité en carburant dans le pays. Cela peut limiter encore plus le choix d’un hélicoptère. Par exemple, si l’hélicoptère utilise de l’AVGAS, il n’y a peut-être que quatre types d’hélicoptères appropriés disponibles, tous avec les mêmes caractéristiques d’exploitation.

Les caractéristiques détaillées des avions et hélicoptères fréquemment utilisés pour la prospection et la lutte antiacridienne sont présentées en Annexe 1.12.

Figure 10. Un aéronef peut être loué localement ou à l’extérieur.

Conseil: un contrat de location d’aéronefs devrait être aussi détaillé que possible pour éviter tout malentendu ou toute confusion entre la compagnie de location et l’unité antiacridienne.

Question fréquemment posée no 7 (voir réponse page 55)

Est-il possible d’utiliser les aéronefs disponibles dans les Services de protection des végétaux de pays voisins ?

Figure 11. Au cours des campagnes antiacridiennes, du personnel local peut être recruté pour venir en appui au personnel permanent.

Contrats de location des aéronefs

Un aéronef approprié aux opérations antiacridiennes ne sera localement disponible à la location que dans quelques pays. Cela signifie que, dans de nombreux cas, les contrats devront être passés avec des compagnies étrangères (voir Fig. 10). Les besoins en carburant et en d’autre type d’appui logistique peuvent être inclus dans le contrat de location. Un tel avenant peut être souhaitable même s’il accroît considérablement les frais de location. Les compagnies étrangères qui fournissent les aéronefs engagent des frais considérables simplement pour leur mise en place et demandent par conséquent un tarif élevé pour cette mise en place ou une garantie d’utilisation en heures de vol. Les aéronefs de traitement de location devront être équipés pour la pulvérisation en UBV (voir Annexe 2.7).

Si des aéronefs sont localement disponibles, il peut être possible de passer un contrat à long terme. Ces contrats portent généralement sur plusieurs années bien qu’ils puissent être rédigés pour couvrir seulement une utilisation saisonnière. La garantie d’utilisation ainsi que le tarif horaire peuvent être relativement faibles mais l’aéronef n’est pas toujours disponible car la compagnie peut avoir d’autres contrats prioritaires en cours. Toutefois, un aéronef peut généralement être mis à disposition rapidement pour intervenir en cas d’urgence imprévue si un contrat existe déjà. Un contrat à long terme coûte moins cher qu’un contrat à durée déterminée mais il implique une confiance mutuelle entre le Service de protection des végétaux et la compagnie aérienne loueuse. Il devrait être possible de rédiger des contrats à long terme pour la fourniture d’aéronefs si et quand cela est nécessaire dans l’ensemble de la zone d’invasion mais un tel système devrait être garanti par les bailleurs de fonds. Si cela n’est pas réalisable, une alternative consiste à équiper pour la prospection et la lutte antiacridiennes d’autres aéronefs localement disponibles, tels que ceux utilisés par l’armée de l’air.

La FAO dispose d’une liste des compagnies pouvant fournir des aéronefs appropriés pour les campagnes antiacridiennes. La FAO peut également apporter son assistance à la préparation des contrats, soit locaux soit auprès de compagnies basées hors du pays.

Détachement et formation du personnel

Il est probable qu’une campagne de grande envergure nécessitera plus de personnel que celui qui est normalement affecté aux activités antiacridiennes pendant les périodes de rémission (voir Fig. 11). Le personnel pouvant être affecté aux interventions de lutte antiacridienne lors d’une situation d’urgence, devrait être désigné à l’avance. Ces agents devront recevoir une formation, à la fois lors de stages formels et de détachements à court terme pour participer à des activités antiacridiennes. Cette formation devra prendre la forme d’un stage dans l’unité antiacridienne dans les pays où une telle unité existe. L’importance de l’effectif supplémentaire potentiellement utile est limitée et ne dépasse certainement pas deux à quatre agents en détachement par agent antiacridien permanent. Comme dans le cas des aéronefs, la mobilisation de ressources supérieures en nombre à celles qui peuvent être efficacement utilisées est non seulement peu rentable mais également contre-productif.

Dans la plupart des pays situés hors de la zone de rémission, une campagne devra être exécutée presque entièrement par des agents en situation de détachement.

Question fréquemment posée no 8 (voir réponse page 55)

Qui va payer les salaires des agents détachés?

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