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COMMENT ORGANISER UNE CAMPAGNE?

Structure organisationnelle d’une campagne:

  • quartier général centralisé
  • bases de terrain pour la prospection et la lutte

Figure 12. Exemple d’une structure organisationnelle de campagne.

Une campagne de lutte aérienne devrait être basée sur la structure de l’unité antiacridienne. Si aucune unité antiacridienne n’existe, il faudra créer une structure similaire. Il faudra qu’un seul fonctionnaire soit responsable de la campagne et dispose des pleins pouvoirs décisionnels; cette personne est généralement le chef de l’unité antiacridienne, si elle existe.

La campagne devra être organisée à partir d’un quartier général en liaison radio avec tous les opérateurs de terrain. Le contact sera également maintenu avec les fournisseurs de pesticides, de carburant et de tout autre équipement et matériel ainsi qu’avec les cadres du Service de protection des végétaux, les représentants des bailleurs de fonds, le Service météorologique national et la FAO (voir Fig. 12). Dans la plupart des pays, le quartier général de la campagne sera établi au siège de l’unité antiacridienne. Si les infestations acridiennes sont loin du siège de l’unité antiacridienne, il pourra être nécessaire d’établir le quartier général de la campagne sur le terrain, à proximité des infestations.

Les opérations de terrain devront généralement être effectuées à partir de différentes bases de terrain, chacune disposant d’une piste d’atterrissage aménagée dans sa zone d’intervention. Si les infestations acridiennes sont localisées et limitées à une seule zone ou si l’objectif est d’empêcher les essaims d’atteindre une zone relativement peu étendue de cultures de rente, la campagne pourra être réalisée à partir d’une seule base. Chaque base de terrain devra avoir un agent responsable qui n’aura de comptes à rendre qu’au responsable de l’ensemble de la campagne. L’agent responsable de la base de terrain devra avoir une expérience ou au moins une formation en traitement aérien antiacridien. Un schéma organisationnel typique est présenté Fig. 12.

Il peut être nécessaire de créer plusieurs équipes spécialisées qui devront se déplacer sur le terrain entre les bases de terrain et le quartier général au cours de la campagne. Une équipe peut être en charge de la réparation et de l’entretien des véhicules, des pulvérisateurs et des autres équipements. Une autre peut être nécessaire pour effectuer les contrôles relatifs à la santé et à la sécurité du personnel de lutte. Une troisième équipe peut effectuer les suivi d’impact sur l’environnement et évaluer l’efficacité des traitements. Pour plus de détails, consulter le fascicule intitulé «Précautions d’usage pour la santé humaine et l’environnement».

Conseil: une campagne de lutte antiacridienne efficace dépend de l’implication active des équipes terrestres qui complètent et appuient les équipes aériennes. Ces deux types d’équipes doivent étroitement coopérer.

Question fréquemment posée no 9 (voir réponse page 55)

Une campagne peut-elle être décentralisée, chaque province étant responsable des opérations de prospection et de lutte?

Figure 13. Le personnel du quartier général et ses fonctions.

Quartier général

Le personnel du quartier général devrait au minimum consister en un fonctionnaire responsable de la campagne, un responsable adjoint (normalement, le cadre supérieur de terrain de l’unité antiacridienne), un chargé de l’information acridienne et, éventuellement, son assistant, et un cadre administratif/logisticien. Chacune de ces personnes a des tâches spécifiques à accomplir (voir Fig. 13).

Le fonctionnaire responsable de la campagne ou, si il/elle est sur le terrain, son adjoint devra:

Le fonctionnaire responsable de la campagne doit avoir sous son seul contrôle les ressources disponibles telles que les camions de ravitaillement dont il/elle décide du déploiement et de la réaffectation. Une hiérarchie claire des responsabilités doit exister et l’autorité ne doit pas être divisée. Attribuer des ressources à des agents qui ne sont pas sous le contrôle du fonctionnaire responsable de la campagne peut engendrer la confusion et entraîner inefficacité et échec.

Le chargé de l’information acridienne et son assistant(e) devraient:

Figure 14. Le personnel des bases de terrain et ses fonctions.

Bases de terrain

Les principales activités de la base de terrain consistent à trouver et à baliser les cibles pour les opérations de lutte, à superviser et à guider les aéronefs lors du traitement de ces cibles, à déployer des aéronefs de prospection et des équipes terrestres pour rechercher de nouvelles cibles et à planifier les opérations quotidiennes.

Les traitements aériens sont généralement réalisés par un aéronef monomoteur ayant une autonomie et une taille de réservoir à pesticide limitées. Couvrir la superficie correspondant à la zone probablement infestée pendant l’invasion généralisée, nécessitera plusieurs bases de terrain, chacune implantée à proximité d’une piste d’atterrissage. La superficie pouvant être couverte à partir d’une base de terrain dépendra du type d’aéronef affecté à cette base. Une autonomie de vol de quatre heures donnera un rayon d’action maximum de 200 km environ à l’aéronef de traitement (voir Fig. 12).

Chaque base de terrain devrait avoir un responsable et plusieurs agents antiacridiens pour diriger un ou plusieurs aéronefs de traitement et peut-être des aéronefs de prospection (voir Fig. 14). Les bases de terrain peuvent aussi être équipées pour réaliser des traitements terrestres limités mais une telle opportunité est discutable car les équipes terrestres peuvent ne pas être très motivées quand des traitements aériens sont en cours dans la même zone. Les agents antiacridiens de terrain peuvent faire des prospections terrestres quand ils ne sont pas totalement investis dans l’appui aux interventions aériennes.

Le responsable de la base de terrain devrait:

Un agent antiacridien de terrain devra être présent sur le site de traitement avant et pendant les opérations. Cela est particulièrement important dans les zones où aucune autre équipe de prospection n’est présente. Un agent antiacridien devra toujours être présent à la base de terrain pour:

Figure 15. Utilisation d’un aéronef pour localiser les essaims en déplacement.

Figure 16. Déterminer la position de la cible acridienne à traiter.

Localisation des essaims en déplacement

Les essaims se déplacent toujours sous le vent sur de grandes distances. Toute personne localisant un essaim devrait essayer de noter la direction du vent. Si aucun indice n’est visible de l’aéronef, jeter une banderole (ou un rouleau de papier) pour déterminer la direction du vent. Lorsqu’elle touchera le sol, son extrémité se trouvera sous le vent.

Pour localiser à nouveau un essaim, l’aéronef devra retourner à l’endroit de la dernière observation et commencer ses recherches sous le vent (voir Fig. 15). La distance maximale à parcourir pour retrouver l’essaim dépend de la vitesse du vent et du temps écoulé depuis la dernière signalisation. Les essaims ne se déplacent jamais beaucoup plus vite que le vent au niveau du sol. Cependant, il est possible qu’ils ne volent pas du tout lorsque le vent est très fort. Les équipes terrestres peuvent suivre les essaims dans les zones accessibles, alerter d’autres équipes proches du passage des essaims et chercher tout essaim qui peut s’être posé peu après le coucher du soleil.

Détermination de la position d’une cible

La position d’une cible observée lors d’une prospection doit être déterminée e manière à ce qu’elle puisse être trouvée par l’aéronef de traitement. Même lorsque prospection et lutte antiacridienne sont associées, il est important de savoir où le traitement a été effectué. Des GPS de poche sont disponibles à des coûts raisonnables; ils donnent la latitude, la longitude et certaines autres informations. Tout aéronef de prospection ou de traitement devrait être équipé de GPS (voir Fig. 16). Cela devrait être une condition stipulée dans tous les contrats de location d’aéronefs (voir Annexe 2.7). Ces dispositifs constituent un complément important à la lecture des cartes conventionnelles.

Pour plus de détails sur la façon de localiser et de délimiter les cibles, consulter le fascicule intitulé «Lutte antiacridienne».

Question fréquemment posée no 10 (voir réponse page 55)

Qu’est-ce qu’un GPS différentiel et quand devrait-il être utilisé?

Tâches d’un agent antiacridien lors de la supervision de traitements aériens - résumé:

  • évaluer la nécessité du traitement
  • choisir la méthode de traitement et calibrer les pulvérisateurs
  • sélectionner les cibles à traiter
  • être présent sur le site du traitement, au sol ou à bord de l’aéronef
  • maintenir un contact radio avec le pilote
  • s’assurer qu’aucune personne ni aucun animal ne se trouve à proximité du site du traitement.

Figure 17. Superviser et guider un aéronef de traitement.

Supervision et guidage de l’aéronef de traitement

Le pilote est seul responsable de l’aéronef et est la seule personne qui puisse décider si son utilisation est sans danger. Par contre, le choix de la cible et de la méthode d’épandage ne sont pas de son ressort et il ne faudra pas s’attendre à ce qu’il/elle prenne des décisions à ce sujet. Ces décisions doivent être prises par l’agent antiacridien de terrain, soit au sol, soit à bord de l’aéronef de prospection (voir Fig. 17).

L’agent antiacridien et le pilote devraient bien comprendre les conditions des épandages en UBV (voir le fascicule intitulé «Lutte antiacridienne»). Seul l’agent antiacridien présent sur place devrait décider si un traitement est justifié ou non et de quelle façon il devra être effectué. Avant le traitement, l’agent antiacridien devra vérifier les réglages de l’équipement de pulvérisation, noter la quantité de pesticide emportée et aider le pilote à vérifier le débit. Durant les opérations, il devra vérifier que le pilote effectue le traitement selon les instructions données, par exemple à l’altitude et avec l’espacement entre les passes recommandés et dans de bonnes conditions atmosphériques.

On ne peut jamais trop souligner le fait que le succès ou l’échec d’une campagne dépend des décisions prises par les agents antiacridiens de terrain. Le coût d’exploitation d’un aéronef et du pesticide qu’il épand est de l’ordre de 10 000 dollars E.-U. par jour. Le discernement de l’agent antiacridien est capital pour éviter de gaspiller ces fonds. À eux seuls, aéronefs et pesticides ne résoudront pas le problème acridien. Sans agents antiacridiens bien formés, s’appuyant sur une bonne organisation, les moyens de traitement seront juste gaspillés.

L’agent antiacridien devra toujours se trouver sur le site de traitement et maintenir un contact radio avec le pilote de l’aéronef. Il/elle devra s’assurer qu’aucune personne ni aucun animal ne se trouve à proximité. Sauf si l’aéronef est équipé d’un GPS différentiel (DGPS) ou qu’un autre aéronef guide celui de traitement, des porte-fanion devront être présents sur le terrain pour guider le pilote. Si le pilote ne dispose que des coordonnées de la cible pour la localiser et la traiter, il/elle peut utiliser la fonction “GO TO” [ALLER À] du GPS. Cependant, sans appui terrestre, le pilote peut avoir des difficultés à identifier la cible à traiter.

Figure 18. Utiliser des aéronefs différents pour la prospection et le traitement.

Figure 19. Planifier les opérations quotidiennes.

Utilisation des aéronefs de prospection

Le rôle d’un aéronef de prospection est de trouver des cibles pouvant être traitées par un aéronef (voir Fig. 18). Choisir où utiliser un aéronef de prospection est difficile car il est rare que chaque base de terrain en ait un. Les bases de terrain doivent partager cet aéronef de prospection et son utilisation devra donc être décidée par le quartier général sur la base de l’analyse quotidienne de la situation générale.

Dès que l’aéronef de prospection trouve une cible, les coordonnées GPS doivent être transmises par radio à l’aéronef de traitement ou à la base de terrain. Quand la prospection concerne des bandes larvaires, il peut être possible de trouver en quelques jours un nombre suffisant de cibles pour que les aéronefs de traitement soient ensuite mobilisés un certain temps.

Les hélicoptères peuvent être utilisés pour la prospection. Ils présentent l’avantage de pouvoir se poser pour confirmer une cible de traitement potentielle. En l’absence de balisage au sol, ils peuvent également guider le pilote de l’aéronef de traitement par un vol stationnaire au-dessus de la cible lors des opérations de lutte.

Un ULM (avion Ultra-Léger Motorisé) peut aussi être approprié pour trouver des cibles et être plus rentable que les avions et les hélicoptères.

Planification quotidienne

Une fois le traitement terminé, le responsable de la base de terrain devra vérifier avec ses agents antiacridiens et les pilotes le travail effectué au cours de la journée et en informer le quartier général (voir Fig. 19). L’aéronef de prospection et les équipes terrestres devraient être envoyés sur le terrain juste avant le coucher du soleil pour localiser les essaims qui peuvent s’être posés en fin de journée. Ces essaims pourront être traités tôt le lendemain matin, avant leur envol. Sur la base des résultats obtenus les opérations de prospection et de lutte du lendemain devraient être planifiées à la fin de chaque journée. De plus, le plein des aéronefs et des véhicules devra être fait et l’équipement préparé le soir même pour éviter toute perte de temps le matin suivant. Une carte montrant les zones traitées et les secteurs nécessitant encore prospection et traitement peut grandement aider à la prise de décisions. Le quartier général devra être informé quotidiennement, et parfois plusieurs fois par jour, et consulté lors de la planification des opérations du lendemain.

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